J'ai hésité un moment avant de me procurer ce livre, craignant une approche trop hermétique ou "gnangnan". Rien de tout cela.
Cet ouvrage est "arrivé" au bon moment où je me posais les mêmes questions.
D'après l'auteure "être soi-même" est un état d'être, une attitude.
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De ces parcours parallèles et relativement semblables qui partent d'expériences terrestres pour s'élancer vers la vie mystique, celui de Swâmi Prajnânpad diffère. Il va en sens contraire.
À partir d'une éducation traditionnelle, religieuse, comprenant les nombreux impératifs de la caste brahmane orthodoxe hindoue qui était la sienne, y compris le mariage avec une pré-adolescente de huit ans, imposé par son frère aîné qui remplaçait leurs deux parents morts prématurément, il s'éleva au-dessus des principes reçus et de la rigidité des habitudes religieuses aussi bien que des croyances inculquées dès l'enfance. Aller au-delà de tous les « ismes », qu'ils soient catholicisme, hindouisme ou bouddhisme, comme il le demanda plus tard. Les « ismes » dont il émergera avec la ténacité d'un acharné de vérité, se nomment hindouisme et brahmanisme. On pourrait aussi y inclure le « religionnisme » et le ritualisme.
Tel est le parcours commencé par le jeune Yogeshvar Chattoppadhyay jusqu'au moment où il devint Swâmi Prajnânpad. Dont l'enseignement ne visait que le dépouillement, non seulement des « ismes » bien entendu, mais aussi, en ce qui le concernait, des préjugés et des règles immémoriales de sa caste. Iconoclaste s'il en fut, Swâmi Prajnânpad rejette l'usage des mantras, l'adoration des idoles, les prières et même les chants dévotionnels dont il était pourtant féru tout au long de son jeune âge, et qu'il pratiquait alors assidûment. Doté d'un intellect acéré et pointu, encore affûté par les études scientifiques qu'il suivit avec persévérance et succès, Swâmi Prajnânpad rejette résolument tous les obstacles qui risquent d'empêcher la discrimination ; il traque ce qui appartient, même un tant soit peu, au domaine de l'illusion, ce qui recouvre le réel dans sa nudité crue et le bloc entier des a priori et des croyances sujettes â caution et non testées ou non remises en question dans un esprit de vérité. Un intensif balayage quotidien en se méfiant de la redoutable habileté du mental pour masquer aussi bien les fait extérieurs que notre réalité intime. Voir « ce qui est tel que c'est » : le but. Le chemin : se délivrer de la déformation de notre vision comme des multiples encombrements de notre esprit, y compris l'idée d'un dieu personnel et de ses innombrables aspects chers aux coutumes dévotionnelles indiennes.
Aspects faisant partie de l'inévitable cohorte des croyances suivies des conditionnements qu'elles suscitent. Depuis les idées toutes faites et les concepts subjectifs jusqu'au dépouillement absolu, depuis les constantes qualifications et les jugements qui surplombent sans cesse le réel jusqu'à la nudité simple des choses telles qu'elles sont, ainsi se déroula son itinéraire de vérité. « Truth is so simple », disait-il.