DU FEU
on aime parfois allumer dans la nuit des feux protecteurs
des pénates et des sentiers intimes
et laisser dériver ses pensées premières le long des voies
sans balise
on aime creuser dans son lit les plumes et le coton de
quelques blessures passées et dormir dans le plaisir du
plaisir
on aime vivre dans le vivier de quelques amis
et les écouter nous écouter des voix nues
on aime tout cela et plus encore et mieux on aime
particulièrement toucher l’âme
EAU VIVE
se souvenir
à l’imparfait
l’eau
qui serpente
oriflamme de nacre
dans l’épaisseur
vive s’ébat
dans les marnes
et les dépôts
un peu de bru/me
de brui/ne
couleur de lait
nourrice aux seins
solides et bolides
caresse les joncs
coule dans la gorge
l’orge et le jour
s’éteint
réceptacle
de la mémoire
parchemin
jamais ne meurt
le goût de
la promenade
CHEMIN
en amont du siècle
par où passent les
loups
je creuserai
mon chemin
en balisant
de blancs
les mots
qui mènent
à la défaite
je louerai
l’eau et le sable
je soulèverai
le soleil
jusqu’à
plus soif
et bénirai
le cyprès et
l’ortie
en aval
j’ouvrirai
la perspective
et lorsque la
nuit viendra
j’allumerai
un feu
pour mes amis
SACREMENT
La nuit les rêves la brèche
Spasme
À la croisée des abîmes les semailles en friche
L’imminence
Je traverse les battements de ton cœur tes arcanes
enterre tes errances
Pensées mortes
Entrevoir une clairière après l’obscurité
Voir le ciel
Pensées mortes
Entrevoir une clairière après l’obscurité
Voir le ciel
UNE NUIT DE SENS
à perte de nu
vers l’infini définir
cet insaisissable
devenir
monte à cru
une nuit
de sens
pour quel tourment
s’assemble
au coin du temps
je navigue à vue
mon amour s’isole
dans la note sourde
la nuit à blanc