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EAN : 9782072687549
160 pages
Gallimard (14/11/2016)
4.38/5   12 notes
Résumé :
Publié en 1948, avec 125 lithographies de Pablo Picasso, Le chant des morts, qui devait ensuite prendre place dans Main d'oeuvre, est l'un des ensembles poétiques majeurs de Pierre Reverdy et l'un des plus singuliers puisqu'en résonance directe avec les années d'occupation, les déportations et l'ignominie des camps d'extermination. Jamais Reverdy n'avait ainsi retranscrit, dans sa langue unique, sa "magie verbale" disait André Breton, une suite aussi repérable d'évé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un recueil unique, insolite.
Il est déjà difficile de parler de poésie, mais alors cet objet-là, il faut l'avoir eu en mains, parcouru, contemplé, médité.
Par où commencer?
Le texte d'abord. L'écriture en a été achevée le 5 janvier 1945. Tout n'était pas encore connu de l'enfer dont on sortait.
Ce sont des chants funèbres, de mémoire, de deuil, de ténèbres, de souvenir, d'hommage, de tristesse, mais aussi de vie, de résistance, de rayons de clarté qui aident à tenir, à ne pas désespérer.
Pour ces textes, Reverdy est revenu à l'écriture manuscrite comme à quelque chose de primordial, d'intime.
Et enfin, il a proposé à son vieux compagnon Pablo Picasso d'y mettre sa main.
Et voilà cette écriture ornée de traits, de points, de courbes, de ronds, dans une constante couleur rouge, comme une scansion supplémentaire, un enrichissement, une enluminure.
Le tout a paru à très peu d'exemplaires en 1949. Et finalement a été réédité en Poésie Gallimard en 2016, en respectant la disposition, mais pas les dimensions, de l'original.
Il vaut la peine de se plonger posément dans ce profond dialogue du mot et du trait.
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Le chant des morts de Reverdy, "enluminé" par Picasso selon les propres mots du poète, fut publié en 1949 et porte le souvenir de la guerre, peut-être, du moins y est-il question de sang (comme la peinture rouge de Picasso) et de mort, mais aussi de la soif de vivre, notamment lorsque la voix personnelle devient voix d'un collectif, du "je" au "nous".
Le lyrisme et les images sont puissants, donnant au recueil une beauté inquiétante.
Lien : https://thomasspok.blogspot...
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis pris à l'aile

Je me suis pris à l'aile exquise du hasard
J'avais oublié de le dire
J'avais perdu le sens de la distance
Dans la débâcle du présent
Serré dans les filets rigides de la raison
Étouffé de forces précises
Je tournais sans comprendre autour de la maison
Assis debout perdu dans le délire
Et sans mémoire à remonter aux limites obscures
Plus rien à conserver dans les mains qui se brouillent
À retenir ou à glaner entre les doigts
Il n'y a que des reflets qui glissent
De l'eau du vent filtrés limpides
Dans mes yeux
Et le sang du désir qui change de nature
Des images des images sans aucune réalité
Pour se nourrir
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Dans le détour

Dans le détour qui nous engage à peine
La dédicace d'un sourire
Une maille de l'autre lien
Jamais perdu
Soulève la chair qui respire
Retiens le souffle dans ta main
Une aile palpite à ma tempe
Je pars demain
Et dans le train bleu qui déraille
Le feuillage des souvenirs
La lampe plus basse que la nuit
Une rancune inconsolable
C'est tout dans le calcul des songes
Mentir pour plaire sans faiblir
Il n'y aura jamais plus de monde
Au détour pour nous voir mourir
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C'est dans les moisissures
d'un soleil au col d'été
que le long fleuve
des jours noirs a
pris sa source
Et sous la pluie à verse
des regards sans appui
l'orgueil déficelé
jeté dans les rigoles
Un tapis sans couleur
de mousse desséchée
Dans la gorge brûlée
de soif les pas plus durs
plus sourds et plus légers
battent le rythme
de la honte.

(p. 9-11)
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Le monde est ma prison

Le monde est ma prison
Si je suis loin de ceux que j'aime
Vous n'êtes pas trop loin barreaux de l'horizon
L'amour la liberté dans le ciel trop vide
Sur la terre gercée de douleurs
Un visage éclaire et réchauffe les choses dures
Qui faisaient partie de la mort
À partir de cette figure
De ces gestes de cette voix
Ce n'est que moi-même qui parle
Mon cœur qui résonne et qui bat
Un écran de feu abat-jour tendre
Entre les murs familiers de la nuit
Cercle enchanté des fausses solitudes
Faisceaux de reflets lumineux
Tous ces regrets
Ces débris douloureux crépitent au foyer
Encore un plan qui se déchire
Un acte qui manque à l'appel
Il reste peu de choses à prendre
Dans un homme qui va mourir
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Je me suis évadé des lignes trop obscures
Et je ne peux plus revenir
J'ai recouverts de sel les traits de ma figure
et je n'ai plus de place au monde que j'ai fui
Cherche dans le soleil
Cherche dans les ténèbres
Et cherche dans ton cœur un impossible écho
Vers les traînées d'ennui de l'exil en toi-même
Plus haut

(p.40)
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Videos de Pierre Reverdy (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Reverdy
Robert Bober Il y a quand même dans la rue des gens qui passent - éditions P.O.L où Robert Bober tente de dire comment et de quoi est composé son nouveau livre "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent", et où il est notamment question de son précédent livre "Par instants la vie n'est pas sûre" et la poursuite de sa conversation avec Pierre Dumayet, d'identité indéterminée et d'identités, d'innocence et de bonté, d' enfance et de rencontres, du yiddish et de Georges Perec, de Seth et de Julien Malland, de Martin Buber et de Gaston Bachelard, de Cholem Aleikhem et du film "Tevye le laitier" de Maurice Schwartz, de Zozo et de la rafle du Vel d'hiv, d'images et livres, de Robert Doisneau et de la photographie, de Pierre Reverdy et de la librairie du Désordre à la Butte aux Cailles, à l'occasion de la parution de "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent" en octobre 2023 aux éditions P.O.L, à Paris, le 10 janvier 2024

"– Alors, toujours aussi gros ? – Et toi, toujours aussi con ? C'est comme ça que j'ai compris qu'ils étaient copains. le gros, derrière son comptoir, c'était le patron du bistrot-guinguette « Chez Victor » situé derrière la place des Fêtes au fond de l'impasse Compans. le con était accoudé au zinc en attendant d'être servi. Plus tard, bien plus tard, je suis retourné voir le bistrot « Chez Victor », je ne l'ai pas retrouvé. Tout le quartier avait été détruit."
+ Lire la suite
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