Le chat du Rabbin, tome 10 : Rentrez chez vous !

Les albums du Chat du Rabbin sont souvent un peu ardus, mais dans ce dernier il va falloir s'accrocher. Culturellement d'abord : il est question de décret Crémieux, de déclaration Balfour, de juifs pratiquants la Kabale bonapartiste, d'Alya et de kibboutz socialiste tout de même ! Au niveau de la violence, ensuite : dans chaque tome on croise une kyrielle de gens traitant aussi mal les juifs que les animaux, mais ici ils sont bien chargés.

C'est l'album de l'épineuse question du retour en Israël. du point de vue juif exclusivement s'entend, mais ça fait déjà bien assez de choses à dire. Dans le groupe des personnages, il se trouve que trois y sont déjà allés : le rabbin, le rabbin du rabbin, et Zlabya. Chacun d'entre eux raconte son aventure, et en quoi cela (ne) les motive (pas) à aller vivre là-bas. Des trois, c'est le récit de Zlabya le plus développé, et il a la particularité de faire suite directement au précédent tome. On retrouve donc une jeune fille déguisée en garçon, qui ne sait pas trop quoi faire de cette liberté nouvelle, et se laisse un peu balloter par les évènements.

Comme à chaque tome, on apprend une foule de choses sur le judaïsme. On croise aussi une galerie de personnages particulièrement pittoresques. Un album spécialement dense.

Dans ce dixième tome, le mari de Zlabya propose de s'installer en Israël, ce qui a pour effet que chaque personnage va raconter ce qui lui est arrivé en se rendant là-bas.

J'avais bien aimé cette lecture, faite il y a quelques mois, mais ce n'est pas non plus celle qui m'a le plus marquée puisque j'ai eu du mal à me souvenir de ce qui s'y passait vraiment.

Mais je garde le souvenir de l'humour de Joann Sfar toujours très présent qui, à travers le personnage du chat, nous parle de religion, de conflits... D'ailleurs, le passage avec le communiste était particulièrement amusant !

Quand le mari de Zlabya se met dans l'idée d'aller s'installer en Israël, le rabbin, le rabbin du rabbin et Zlabya elle-même racontent leurs voyages respectifs en Terre Promise
Dans cet album plus grave que les précédents, l'humour est peut-être un peu moins présent (notamment parce que le chat s'exprime un peu moins), mais l'intérêt historique est plus fort, avec notamment une analyse comparative très pertinente du décret Crémieux et de la déclaration Balfour.
J'ai aussi beaucoup aimé l'image de couverture montrant une Zlabya plus âgée avec son fils et son chat.

La famille du rabbin se fait insulter alors qu'ils sont en train de réaliser une cérémonie au bord de l'eau. "Sales juifs", "rentrez-chez vous!" Cela dégénère en bagarre et le mari de Zalbya en a marre. Il décide d'aller vivre en Israël pensant certainement être mieux traité là-bas... Pour le dissuader de cette mauvaise idée chacun y va de son anecdote dénigrant la terre promise.

Première historiette, celle du vieux rabbin du rabbin qui va raconter un période de son enfance où une dame catholique l'a emmené comme traducteur pour son voyage en terre sainte. Aucun des deux n'y trouvera l'odeur de sainteté venu chercher...
Deuxième histoire, beaucoup plus longue, celle de Zalbya qui se cherche un indépendance. Elle tombe sur une espèce de juif errant dépressif, elle en tombe amoureuse on ne sait trop pourquoi ni comment, et elle décide de le suivre jusqu'en Israël dans son village natal "un Kibboutz". Une espèce de communauté un peu étrange.
Troisième histoire très brève, celle du rabbin et ses problèmes d'enterrement. Que faire de tous ses juifs qui demandent à se faire ensevelir dans la terre promise de leur ancêtre ? Alors que Israel ne veut plus de l'immigration juive, vivant ou mort.
Et l'on termine par le recit de vieillesse de Zalbya et son mari, leur enfants et petits-enfants qui vont faire du tourisme à Jerusalem.

Comme souvent j'ai du mal à accrocher, le volume est épais, 90 pages, et les bavardages qui couvrent les gaufriers de Sfar me paraissent très hermétiques. Cela pourrait être une bonne occasion de découvrir la culture juive, leur religion, leur mésententes, leur idéaux. Mais je ne trouve pas ça bien écrit, c'est abscons, et les enchainements sont vraiment bizarres. Cela parait n'avoir ni queue ni tête. Seul la présence du chat, apporte une vraie fraicheur dans cette bande dessinée.

Et voici déjà le tome 10 des aventures de notre félin bavard, irrévérencieux et presque immortel compte tenu de son grand âge et de sa longévité dans l'histoire.

J'ai moyennement accroché avec cet album très dense, il ne m'a pas toujours fait rire, malgré son impertinence habituelle. Mais je l'ai trouvé très instructif d'un point de vue historique. Joann Sfar nous rappelle quelques faits marquants, comme le décret Crémieux, la déclaration Balfour, la création de l'état d'Israël, la guerre du Kippour…

l'éternelle quête de la Terre Promise, le lieu où s'installer pour vivre en toute quiétude et sécurité. Ici, chacun, tour à tour, raconte ses aventures plus ou moins heureuses, qu'il y a vécues : Zlybia, le rabbin, le père du rabbin. Pour notre plus grand plaisir, leurs récits sont toujours interrompus par les remarques acerbes et les quelques vérités débitées par le chat. L'auteur remonte ainsi le temps et l'histoire de cette famille juive, nous faisant voyager de 1870 à 1973, d'Alger à Nice en passant par Tel Aviv et Jérusalem.

Le titre de cet album est « Rentrez chez vous ! » Oui, mais où exactement ? Ce n'est pas si simple lorsque partout on se sent rejeté et on se fait traiter de « Sales Juifs ! ». Antisémitisme, bêtise, intolérance, racisme par exemple vis-à-vis des migrants sont hélas toujours d'actualité. Joann Sfar, comme à son habitude, prend le parti de l'humour et de la dérision pour mieux dénoncer ces fléaux.

Il va sans dire que je lirai, avec curiosité et intérêt, le tome 11 qui est paru récemment.