AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782374982236
240 pages
Wombat (20/01/2023)
3.83/5   12 notes
Résumé :
Le dernier qui restera se tapera toutes les veuves : c’est ainsi que Cavanna intitula en 1983 sa chronique sur la disparition de son ami Reiser. De 1969 à 2013, notamment dans les pages de Charlie hebdo, Cavanna écrivit plus de soixante textes pour évoquer le décès de maintes célébrités (De Gaulle, Mesrine, Mitterrand, Lady Di…), de personnalités de la culture et des sciences (Brassens, Sartre, Monod, Polac…), d’artistes et amis (Coluche, Doisneau, Choron, Topor…), ... >Voir plus
Que lire après Le dernier qui restera se tapera toutes les veuvesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Retrouver la verve de Cavanna par-delà sa mort est pour Horusfonck un rare plaisir teinté de quelques douleurs!... Qui plus est, dans ces textes dédiés aux très chers, chers et beaucoup moins chers disparus.
Certaines de ces chroniques m'ont foutues le frisson et d'aucunes me firent monter des larmes... Dame! J'ai retrouvé-là quelques connaissances dont le départ m'a bien retourné.
... Les Mouna, Reiser, Brassens, Schlingo, Dard, Toubo et tous/toutes les autres qui revivent dans ce recueil soigné et...miraculeux? Les voilà si vivants!
Cher Cavanna, si vachard, si tendre, si juste.
Cher Cavanna...
Commenter  J’apprécie          652
(Merci à Babelio Masse Critique et aux éditions Wombat, collection "Les intempestifs" de m'avoir envoyé ce livre en échange d'une critique.)


J'ai reçu de l'éditeur, et de Cavanna posthume, un livre fabuleux, une sorte d'anthologie, une encyclopédie de toutes les personnes d'une époque, sous forme de nécrologie. La bonne blague ! Nous livrer une anthologie sous forme de nécros ! Et surtout, quelle richesse ! Tous ces gens qu'on apprécie (ou justement pas), rassemblés sous la plume de Cavanna ! On peut même rechercher son père, ou un ami, quelqu'un qui a été célèbre, un pape ou un pigeon, une orangue-outangue. le taureau, pardonnez-moi, je l'ai sauté, hé oui, même si c'est très joliment écrit (ou peut-être justement à cause de cela) je n'ai pas eu le coeur de lire plus que le premier paragraphe. Et la dernière phrase, bien prévisible… Je l'ai donc sauté, le taureau, par amour, et je pense qu'il a préféré ça à ce que les autres lui font, les salauds.


Ce livre, c'est aussi la nécro de toute une époque. Cavanna nous fait entrer dans ce monde, il décrit comment cela se passait à Hara-Kiri et Charlie Hebdo. Il ne parle pas toujours beaucoup des morts, mais d'autres choses aussi, ou de ses idées sur certains sujets.
Et puis il y a la mort de Hara-Kiri, de L'Hebdo Hara-Kiri, après quoi il y avait l'après… l'après, pour Charlie Hebdo. J'appréhendais de devoir lire toutes les nécros d'après les attentats, pour m'apercevoir que la vie de Cavanna avait pris fin en janvier 2014. Dommage que nous ne pouvons pas lire ce qu'il aurait écrit sur le sujet et les victimes. Pour lui, de ne pas l'avoir vécu, je ne sais pas si c'est dommage. Car il en aurait été malade à en mourir.
Sa nécro de toute une époque nous fait rire, elle nous fait chaud au coeur. Pourtant, il y a parfois ce regard dans les yeux du lecteur qui réfléchit à la connerie de l'être humain, et qui rêve à la possibilité d'un monde sans cons.


J'ai aussi remarqué la différence de style entre la première partie du livre et la seconde, les nécros parues dans Hara-Kiri et celles dans Charlie Hebdo. Hara-Kiri se voulait « bête et méchant » et le style l'est, à merveille. Parfois, nous avons besoin de cet humour. L'humour bête et méchant (mais beau et original !) est parfois le seul moyen d'attirer l'attention tout en mettant le doigt sur la plaie. le lecteur voit la justesse. Il rigole mais il réfléchit aussi. Et qu'est-ce que ça fait du bien de savoir qu'il y en a d'autres qui pensent comme nous ! Qui le disent, mieux, qui osent le publier et font vaillamment face à la censure.
L'autre style est celui de Charlie Hebdo. Dans Charlie Hebdo, plus trop de mots comme « cons », « salauds », « merde » ou « putain », pas de cul, un langage plus journalistique - je préfère l'appeler littéraire car il est vraiment bien ficelé -, toujours rigolo, percutant et gentil, mais sans gueuler. Cela n'enlève rien à la saveur, au raisonnement.
Choisir entre les deux styles est difficile. Je suis heureuse que les deux existent. Tous deux visent la vérité, sans jamais perdre la chaleur humaine, détruire qui ou quoi que ce soit entièrement (pour preuve la nécro de Bin Laden 😉). Les deux styles sont nécessaires, selon le public, selon la situation.


Pour terminer, il faut passer à l'immortel (« L'éternel », comme disait Rimbaud). Sa chronique sur l'immortalité est bête mais une ode à la vie. A cause de cela justement, elle pose la question d'un monde, d'une vie sans cons. Un monde où le concept même de la vie et de la mort, du temps, serait quelque chose d'entièrement différent. Un monde pour lequel chaque individu doit aller au bout du bout du déconditionnement, faire table rase, même du soi. Et comme Cavanna le dit si bien : « ça veut dire apprendre à penser juste. Ca veut dire commencer par faire table rase de tous les automatismes. Ca veut dire se déconditionner. » (J'ajoute un conseil personnel : ne faites pas ça un par un, vous n'en finirez pas, car il y en a des conditionnements ! Aller à la racine, le soi, et le rejeter 100%, et puis... ne rien faire et voir ce qui se passe. Bonne aventure.)


Cavanna ne me voit pas ni ne me lit mais je me fais un petit plaisir en m'adressant directement à lui : merci pour tout, Cavanna.
Commenter  J’apprécie          10
Nécro spiritual.
Quelle bonne idée de ressusciter Cavanna en compilant ses nécrologies écrites entre 1969 et 2013 ! La plume facile, la verve intacte, le temps n'a guère de prise sur un tel homme épris de vie. Ses hommages sont pudiques et vibrants. Ils dessinent un parcours intellectuel, géographique et sentimental par personnes interposées. Il ne s'agit pas d'usurper la place du mort mais François Cavanna ne triche pas et se révèle toujours à travers ses admirations et ses lancers de piques. Aucune lassitude à lire cette succession de vies en abrégé. On sourit, on s'émeut, on ricane, on éprouve le besoin d'en savoir plus. Cela réveille des souvenirs comme lorsque l'auteur raconte Mouna, éternel indigné, harangueur des badauds parisiens qui les faisait parler dans une épingle à nourrice : "Où que mes pieds me traînassent, je tombais sur Mouna et son vélo. Deux inséparables. Il reste le vélo. Qui pleure." Cavanna juxtapose Charles de Gaulle, Pompidou, Mesrine, Neuneuil le doux clodo de la Maube, Dayou, l'orang-outan du Jardin des plantes, ses proches et ses intimes, Luigi Cavanna, le père, Roger Pavarini, le poteau des origines, Gébé, Fred, Reiser, les amis admirables et tant d'autres qui forment une constellation aimantée, une fratrie éclairante. À exhumer ces petites pépites pétulantes, cela donne envie de reprendre langue avec la vie mouvementée et truculente de Cavanna, dans l'ordre et jusqu'au bout.
Commenter  J’apprécie          80
Un recueil de 66 nécrologies publiées de 1969 à 2013 par Cavanna dans Charlie Hebdo ou Hara Kiri Hebdo, précédées de celle que DDT (Delfeil de Ton ) rédigea à la mort de celui-ci en 2014 .

Cavanna s'avoue  « pas très porté sur les discours au-dessus de la tombe vide » . C'est même pour lui « une des plus chiantes corvées journalistiques, surtout quand on connaît le gars. Surtout quand on l'aimait bien » . La nécro est alors plus brève «  le chagrin ne nourrit pas mon éloquence » avoue-t-il .
Mais quand disparaît une personnalité du monde de la politique, du spectacle ou des médias, le nécro, parcours obligé pour le journaliste et polémiste qu'il est, se déploie alors plus longuement .

Pour les personnages publics, alors que « les confrères mettent leur haut de forme », Cavanna , lui « met son nez rouge » .
C'est là que l'anticonformisme, l'antimilitarisme , l'impertinence , l'humour vachard et ravageur de Cavanna se déploient …...
C'est pour lui l'occasion d'évoquer non seulement le défunt mais aussi le domaine dans lequel celui-ci s'est illustré . Cavanna en profite alors pour déployer sa verve de polémiste et ses talents
d'écrivain .

Si sa plume est acerbe, sa prose reste élégante. Certains termes grossiers ou scatologiques apparaissent au milieu de phrases à l'imparfait du subjonctif.
Il lui arrive aussi de pasticher des textes connus . La nécro de Leon Schwarzenberg reprend la forme de la chanson de Brassens : Mon vieux Léon . Celle de François Mitterand : le déserteur de Boris Vian « Monsieur le Président, J'vous écris une lettre, Maint'nant qu'vous avez l'temps »

Rien à voir, vous l'avez compris avec les nécrologies de Leon Zitrone « Ni fleurs, ni Zitrone »

Certaines nécros m'ont paru bien longues, certaines m'ont émue, d'autres m'ont fait sourire.
Chacun, s'il aime le style de Charlie Hebdo, pourra trouver son bonheur dans ce florilège.
Ouvrage lu dans la cadre de Masse critique .
Je remercie Babélio et les éditions Wombat de m'a voir permis de découvrir cet ouvrage
Commenter  J’apprécie          10
Merci à Babelio Masse Critique et aux éditions Wombat pour cette lecture divertissante, enrichissante et surtout très drôle!
On retrouve, dans cette anthologie, les nécrologies rédigées par Cavanna entre 1969 et 2013 et publiées dans L'Hebdo Hara-Kiri ou dans Charlie Hebdo.
Entre l'humour "bête et méchant" (première époque) et le style Charlie, l'humour, la dérision et la critique féroce restent les mêmes, avec peut être graduellement plus de gravité dans le ton.
C'est une pépite que je vais garder à portée de main, histoire de me réjouir à nouveau de certaines nécrologies ... parfois juste pour retrouver "le petit chat est mort"! ou pour certaines bien précises, comme celles de Luigi Cavanna, son père, de Pompidou ou celle de l'Hebdo Hara-Kiri.
A consommer sans modération!
Commenter  J’apprécie          70


critiques presse (3)
Bibliobs
27 février 2023
Dans les journaux ordinaires, les nécrologies respectent certains usages. « Hara-Kiri » puis « Charlie Hebdo » n’étaient pas des journaux ordinaires. Et de 1969 à 2013, Cavanna, qui était au fond leur pape François, y a pratiqué l’oraison funèbre comme le reste : en homme libre, qui se foutait autant des conventions que de les contredire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
06 février 2023
A l’heure des adieux, le Bossuet de Charlie Hebdo n’est pas du genre à balancer l’encensoir sur ceux qui ne l’ont pas mérité. Plutôt à cracher sur leur tombe et rigoler un bon coup. C’est tout le bonheur de la soixantaine de textes réunis par les éditions Wombat à l’occasion du centenaire de cet écrivain et journaliste de talent, né le 22 février 1923.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
06 février 2023
Les morts n’étaient pas tous des braves types pour l’écrivain, dont on célèbre le centenaire. Un recueil de ses « enterrements » pour « Charlie Hebdo » en témoigne.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
CHARLIE SCHLINGO

Schlingo, Charlie Schlingo, vient de mourir. Il avait débuté dans Charlie hebdo vers les années 1970. C'était une trouvaille de Wolinski. Il avait une totale innocence et un dessin réellement très maladroit. Il ne le faisait pas exprès .. Ses idées étaient simplettes, un enfant eût pu les avoir, son dessin était à l'unisson.
Eh bien, Schlingo - le pseudonyme est de lui, tout un programme! - trouva son public du premier coup! Avec Choron, il anima Grodada, destiné aux enfants, qui en raffolaient, puis La Mouise, avec Vuillemin, vendue au colportage par l'indomptable Choron.
J'espère qu'il est mort le verre à la main. Je l'aimais bien. Comment ne pas l'aimer?
Charlie hebdo n" 680 (29/06/2005)
Commenter  J’apprécie          180
Le pape Jean-Paul II
(...)
Ce pape n'a rien fait d'utile ou de simplement humain. Cramponné au dogme comme une vieille fille à son chapelet, insensible à la critique comme à la compassion, il a produit un miracle, un seul : sa popularité.
C'est à ne pas croire. Il devrait être haï. Il est adoré. Les foules, surtout les plus misérables, devraient le conspuer. Elles l'encensent, surtout les plus misérables. Je vous le répète, un vrai miracle.
Ce miracle a un nom. Et même plusieurs. Il s'appelle "promotion". Il s'appelle "communication". Il s'appelle "Publicité". Il s'appelle "presse people". Jean-Paul II et son entourage, sur ce seul point, furent prodigieusement modernes.
Commenter  J’apprécie          10
Ce qui plaît à l'immense majorité des gens nous emmerde. Or nous ne sommes certainement pas seuls. Pas beaucoup, soit, mais pas seuls. Ces quelques-uns-là, cette frange marginale qui veut du bon et que le tout-venant emmerde, ça représente peut-être de quoi faire vire, modestement mais vivre, un journal ? Hmm ? Pari tenu. Et gagné. Pas tout de suite. Ce fut long, et dur, et déprimant, et exaltant. C'était il y a de cela vingt-deux ans.

L'Hebdo Hara-Kiri / Charlie Hebdo
Commenter  J’apprécie          10
Et voilà. Ils meurent tous. Reiser, Brassens, Coluche, Francis Blanche, Copi, Fournier… Ils n’ont même pas su à quel point je les aimais. Eh, les autres ! Cramponnez-vous ! Me laissez pas ! Je veux pas rester tout seul ! Surtout que c’est moi qui me taperai le discours devant le trou. À tous les coups.
Commenter  J’apprécie          20
Aidez les gens à se débarbouiller le dedans de la tête. N'ayez pas peur d'instruire. Instruire, ça veut dire apprendre à penser juste. Ca veut dire commencer par faire table rase de tous les automatismes. Ca veut dire se déconditionner. N'ayez pas peur d'instruire le peuple. Moi, ce qui me fout la trouille, c'est un peuple con. Pour l'instant, ils le sont tous.

L'hebdo Hara-Kiri n° 63
(13/04/1970)
Commenter  J’apprécie          10

Videos de François Cavanna (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Cavanna
1/5 François Cavanna : À voix nue (1994 / France Culture). La semaine du 23 juin 2014, France Culture rediffusait une série de cinq entretiens enregistrés avec François Cavanna en 1994 pour l'émission “À voix nue”. Par Ludovic Sellier. Réalisation : Christine Robert. Rediffusion de l'émission du 17/01/1994. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. 1) La mémoire de la ville : de la "folie patrimoniale" au "tout progrès"
François Cavanna est né en février 1923 (et décédé le 29 janvier 2014) d'un père italien et maçon et d'une mère morvandiode, et si l'usage de son prénom s'est un peu perdu, il a conservé son accent des faubourgs. Ecrivain, après avoir débuté dans la presse comme dessinateur, Cavanna est devenu rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" et le fondateur de "Hara Kiri", il a conservé le goût de la formule et les saveurs d'une langue truffée d'onomatopées. Invité : François Cavanna
Thèmes : Littérature| Littérature Contemporaine| Mémoires| Presse Ecrite| François Cavanna| Charlie Hebdo
Source : France Culture
+ Lire la suite
autres livres classés : nécrologieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Hommage à François Cavanna

Né à Paris en ...

1913
1923
1933
1943

12 questions
79 lecteurs ont répondu
Thème : François CavannaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..