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EAN : 9782072723155
128 pages
Gallimard (01/11/2017)
3.5/5   7 notes
Résumé :
Victor Segalen - écrivain breton, dépressif et opiomane, élevé dans les préceptes d'une religion catholique qu'il ne cessait de rejeter - s'est rendu à Hiva-Oa, une des îles Marquises, pour partir sur les traces de Paul Gauguin. Il y a trouvé un apaisement du corps et de l'esprit. Gauguin comme Segalen, au cours de leurs séjours polynésiens, semblent se débarrasser des oripeaux judéo-chrétiens pour accéder à une autre forme d'être au monde, plus vraie, amorale, harm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Véritable « Portrait de l'artiste en Voyageur », ce livre, teinté des couleurs convenues de l'exotisme polynésien (îles verdoyantes, lagons bleus et vahinés) exprime avec une certaine candeur les fantasmes que les îles Marquises inspirent au chef de file de l'hédonisme nietzschéen en France. Les Marquises regardées à travers le prisme de l'oeuvre de Victor Segalen et de Paul Gauguin sont prétextes à un voyage du philosophe. C'est par la grâce de l'hebdomadaire le Point qui embauche le philosophe pour sa série d'été (Vie et mort des Marquises, le Point n°2 290, du jeudi 28 juillet 2016) que Michel Onfray réalise un rêve d'adolescent. le présent ouvrage est une refonte de ces articles dans le format plus noble de la collection blanche de Gallimard. Pour l'occasion, le philosophe, qui a toujours revendiqué son intérêt pour les biographies, emporte avec lui celle de Segalen par Henry Bouillier et les oeuvres du Cycle polynésien. Ces écrits lui ayant révélé que l'écrivain voyageur ne s'était jamais intéressé aux pays et océans qu'il avait traversé avant d'atteindre Tahiti, il se console de la banalité ennuyeuse des voyages en avion: « Dès lors, le voyage en avion n'est guère différent des milles que Segalen avale en bateau. Il embarque, il traverse sans rien regarder, puis il débarque. Voilà tout. Entre deux, il a rêvé le lieu, il l'a pensé, il l'a souhaité et désiré. »
Confusion entre rêver et penser, on prend ses désirs pour des réalités : en débarquant à Tahiti, Michel Onfray n'échappe pas au sortilège Polynésien.

Depuis que les européens ont découvert Tahiti, ils ne peuvent se la représenter autrement que comme un Paradis en état de déchéance permanente ; ils s'y complaisent dans leurs fantasmes d'une sexualité libre et la contemplation des vestiges d'un bonheur en train de se faner sous leur influence maligne (Romain Gary moque superbement cette posture dans « La tête coupable »). Cette attitude date de bien avant Gauguin et Segalen, qui la théorisa ; on la trouve par exemple dans le récit de Max Radiguet, Les derniers sauvages aux îles Marquises 1842-1859. Ce sentiment de porter malheur aux bons sauvages ne trouve pas seulement son origine dans le constat des fléaux réels importés par les européens (maladies contagieuses, alcool, colonialisme, etc.) il est aussi causé par le besoin d'un indice factuel de la réalité de fantasmes philosophiques : l'homme naturellement bon rousseauiste et la morale hédoniste naturelle pour Onfray.
Peut-être que ce dernier devrait s'intéresser aux travaux de l'anthropologue Serge Tcherkézoff (Tahiti – 1768 jeunes filles en pleurs : la face cachée des premiers contacts et la naissance du mythe occidental, éditions Au Vent des îles) plutôt que d'écouter un quidam marquisien qui lui parle des grands initiés d'un paganisme maori que le christianisme aurait refoulé en religion ésotérique.

On ne s'étonnera dont pas que les fruits de cette expérience humaine aux Marquises aient la saveurs très standardisée des jus de fruits exotiques de nos meilleurs supermarchés. Bien qu'il s'en défende, Onfray a fait le touriste en Polynésie et s'est fait traître ce faisant à son maître Segalen. Il croit rendre hommage aux polynésiens en mythifiant leur passé sans se rendre compte du mépris qu'il porte aux marquisiens d'aujourd'hui (voir sa mésaventure dans l'église de Puamau, pp. 72-73).

Dans les dernières pages, il se demande ce qu'il pourrait faire pour les polynésiens. « Il ne me venait qu'une chose à l'esprit : dire. Dire, c'est parfois faire ; mais faire est moins de mon ressort que ceux qui, là-bas, peuvent vouloir autrement que ce qu'on a voulu pour eux depuis leur destruction programmée. ‘'Soyez résolus de ne servir plus et voilà libres'', enseigne La Boétie dans son Discours sur la servitude volontaire. Or, on ne peut pas vouloir pour autrui. Juste lui dire qu'il peut vouloir » (pp. 116-117).
On pourrait voir dans ces mots de la modestie.
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Dès le premier chapitre, je me suis senti partir en voyage aux côtés de Michel Onfray.

Emporté par ces magnifiques paysages décrits par l'auteur.

Le désir ultramarin brûle en moi : '' Fuir l'Europe puritaine pour le soleil océanien qui lustre les âmes et purifie la chair''.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La géologie donne une géographie qui produit une histoire.

La glace des peuples polaires, le sable du désert africain, la steppe des peuplades caucasiennes, la forêt tropicale amazonienne produisent des idées spécifiques à la zone qui leur sert d'écrin.

On ne pense pas à Tahiti comme à Moscou, on ne vit pas aux Marquises comme aux îles Lofoten.
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Une civilisation disparaît quand elle a perdu la mémoire d'elle-même. L'oubli du passé, ou la haine du passé qui prépare son oubli,rend impossible le présent; il obère donc tout futur.
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Le sexe marquisien est simple.
Hédoniste, il n'obéit à aucune autre loi que le plaisir.
Le motoro nomme l'ardeur légitime avec laquelle on peut dire à une jeune fille qu'elle nous plait et l'inviter à passer à l'acte.
Entre le désir et le plaisir, il n'y a pas de séparation.
De plus, les Marquises sont un des rares pays au monde à pratiquer la polyandrie, ce qui permet à une femme d'avoir plusieurs maris.
Au bonheur des hommes !
Gauguin se plait à souligner que les jeunes Marquisiennes fument la pipe.
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En nietzschéen convaincu, Segalen affirme qu'aux Marquises, l'immortalité et la pudeur sont des mots qui n'existent pas ; la virginité et la fidélité, des non-sens ; la femme, un "exquis animal".
Le contact avec les civilisés a été, sur ce point, un grand malheur.
Leur liberté sexuelle a laissé place à une névrose chrétienne.
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La Volonté de puissance se trouve également sublimée dans une sexualité naturelle.
Aux Marquises, jadis, la sexualité n'obéissait pas aux règles occidentales de l'idéal ascétique.
Une sexualité dans les limites du mariage monogamique et dans la seule perspective d'engendrer, voilà qui les faisait rire !
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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