AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742720262
415 pages
Actes Sud (31/12/1998)
3.56/5   9 notes
Résumé :
Au Domaine d'Estère, Roch vient de faire un infarctus : il lui faut quitter cette exploitation à laquelle il a tout donné depuis près de trente ans et dont il n'a jamais pu obtenir l'acte de propriété. Les fermages sont repris par Marlin, un agriculteur ambitieux et la maison rachetée par Mathias, un jeune Parisien pour qui Roch va retracer l'histoire du Domaine, depuis sa constitution au seuil de la Première Guerre mondiale par la fille Estère qui sacrifia sa vie à... >Voir plus
Que lire après Le domaineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je relis ce roman pour la seconde fois, un peu par erreur (je ne me souvenais plus l'avoir lu), un peu par désoeuvrement (clouée au lit par la grippe) et, de nouveau sous le charme, je le relis d'une traite jusqu'au bout. Un roman qui parle de la terre et de l'amour excessif que certains lui portent, de la terre et des sacrifices cruels qu'elle impose. Un portrait de femme dure, violente, âpre, toute entière tournée vers son exploitation qu'elle agrandit petit à petit au point d'en faire un Domaine parfait et envié de tous. La seule faille de cette femme est l'amour exclusif qu'elle porte à sa demi-soeur, amour qui entrainera sa disparition et la reprise de la propriété par un jeune fermier des environs qui lui consacrera à son tour sa vie, dans l'espoir qu'un jour le Domaine lui appartiendra. Et puis vient la génération suivante, avec d'autres rêves et d'autres ambitions... Le Domaine est exigeant, et il faut très peu de temps pour que la terre abandonnée perde son éclat et sa valeur. Une fable sur le paradis perdu, sur les liens archaïques que l'homme entretient avec la terre depuis la nuit des temps, la terre qui nourrit et réconforte, la terre qui asservit et obsède, la terre symbole de puissance et objet de convoitise. La terre qui, finalement négligée par des générations désorientées, retourne à l'état sauvage et ne donne plus rien. Un roman fort, une écriture ardente et somptueuse. Un arrêt au bord d'une route de campagne devant une prairie qui descend jusqu'à la rivière et...
Commenter  J’apprécie          160
J'ai été gênée au premier abord par ce livre de poche des Editions Babel qui propose un roman à l'écriture fine et serrée difficile à lire. C'est très dommage.
Et quand, après avoir tourné les premières pages, s'ensuivent de longues phrases qui demandent au lecteur une grande attention, et un rythme qui nous entraîne dans une folle farandole jusqu'au point annonçant le possible relâchement…Voilà qui est corsé ! Il ne faut pas se prendre les pieds dans le déroulement de la phrase sous peine de devoir la relire maintes et maintes fois. Des virgules pour baisser le ton, reprendre haleine, et soutenir le rythme qui s'enchaîne. Dans un souffle vital comme un qui rendrait son âme, les poumons expurgeant leur dernier souffle dans l'urgence, comme une urgence à vouloir raconter, un flot de mots déversés comme un trop plein.
La construction des phrases confère à l'ensemble une écriture riche, poétique dense et intense, qui se déguste comme une sucrerie, et nous fait entendre une petite musique, tourbillonnante, tel le vent dans les grands pins.
Le plaisir de la lecture est pour moi plus essentiel que l'histoire que nous propose Anne Guglielmetti, et je suis étonnée devant cette capacité à observer et à noter le moindre détail, pour décrire une ruine, un jardin, une odeur, une lumière. Tout est ravissement pour moi dans ce récit qui regorge d'émotions de toutes sortes où tous les sens sont en alerte.
Une foultitude de personnages et, entre les personnages, comme un trait d'union, il y a le Domaine qu'il a fallu défricher et entretenir depuis près d'un siècle. Exigent, impossible Eden, il est le lieu, qui réunit et lie les personnages que rien ne semblerait pouvoir réunir, des rencontres incongrues sans raison d'être, des êtres tourmentés et solitaires. L'auteure, dans une prose toute en poésie, donne la parole successivement à chacun d'eux, et ils deviennent tour à tour acteurs, narrateurs, et spectateurs de l'histoire qui les unit malgré eux. Eux qui ont sacrifié leur vie à la "cause" de la terre, c'est une histoire intimiste de chacun face à cette terre qui n'offre aux journaleux « qu'un labeur épuisant, des gages misérables, et un pichet d'eau clair en guise de remontant. »
J'ai découvert la prose d'Anne Guglielmetti dans « deux femmes et un jardin » et j'ai eu envie de retrouver cette atmosphère que l'auteure nous a permis de savourer en nous ouvrant la porte de la petite maison de Mariette. Récit puissant, magnifique écriture qui m'évoque Giono, et qui a été et restera au fil du temps un grand moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai beaucoup apprécié un autre titre d'Anne Guglielmetti, "deux femmes et un jardin", mais là, j'avoue n'avoir absolument pas réussi à rentrer dans cette histoire. Je n'ai apprécié aucun des personnages, hommes comme femmes, et trouvé la construction du récit particulièrement laborieuse. Seule la voisine, aux vêtements bariolés, passionnée de roses, a trouvé grâce à mes yeux, mais on peut se demander quel rôle elle joue dans ce récit emberlificoté. J'ai trouvé mal ficelée aussi l'intervention du jeune homme nouveau propriétaire de la maison d'habitation. Or son rôle est essentiel puisque c'est lui qui sert de prétexte au récit de l'histoire du domaine...
Alors, me direz-vous, pourquoi ne pas avoir abandonné et pourquoi deux étoiles ? Parce que l'auteure a un style d'écriture globalement agréable à lire, qu'il y a de belles descriptions et qu'à un moment donné, lorsqu'on s'est pris les pieds dans la terre du domaine, il est difficile de s'en sortir. D'où peut-être aussi ma colère d'avoir été mené par le bout du nez et d'avoir lu cette histoire plutôt contre mon gré !
Je comprends aussi que d'autres babéliotes puissent avoir une opinion radicalement opposée à la mienne. Rare sont les titres qui font l'unanimité ; là je n'ai pas accroché ; j'ai trouvé l'ensemble trop sordide.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pendant un bon moment ils se taisent. Non qu'ils soient arrivés au bout de leur bavardage, ils pourraient trouver mille autres choses à raconter. Mais avec eux maintenant il y en a un troisième, et c'est lui qu'ils écoutent : le jardin éblouissant de lumière, éblouissant de couleurs, avec une brise qui flâne et porte en bandoulière un parfum d’œillet, avec dans le ciel la trace d'un avion comme une arête de poisson, longue trace rêveuse qui se défait lentement dans le bleu myosotis, avec le silence qui n'est pas le silence mais la chaleur renvoyée et tremblotante, avec un bourdon dans son mantelet de fourrure qui ressort un instant du calice pour reprendre haleine puis replonge dans l'or et l'ivresse du pollen....
Commenter  J’apprécie          40
Il regarde une goutte de rosée scintiller un instant au bout d'un brin d'herbe et s'éteindre, tandis qu'une autre s'allume un peu plus loin, clignote à son tour, et une troisième, une autre encore, chaque brin d'herbe portant sa perle d'eau comme si l'ancien potager, envahi d'herbes folles, était un morceau de ciel nocturne dans lequel des centaines d'étoiles, des milliers peut-être, arrêtent et renvoient la lumière oblique du matin.
Commenter  J’apprécie          51
Peut-être, parce que ce matin-là il n'y avait pas un souffle de vent et que, de l'herbe détrempée aux branches nues, en passant par l'homme absorbé par la contemplation d'on ne sait quoi à ses pieds et lui-même, debout, pétrifié, rien ne bougeait dans la lumière laiteuse, délicatement teintée de rose et d'or de ce matin qui ressemblait à un repentir de l'été, du vieil été, ou peut-être aussi parce que l'attente dans laquelle il avait vécu de ce hasard - à défaut d'une rencontre, d'un rendez-vous - avait été si violente, si tendue et, la veille encore si douloureuse, qu'il lui semblait impossible que ce hasard se produisant enfin soit empreint de tant de naturel,d'une telle tranquillité.
Commenter  J’apprécie          00
Novembre craquait doucement sous ses galoches. Toutes les feuilles tombées n'étaient pas encore pourries et le vent avait arraché quantité de menus bois mort, mais les dernières couleurs de l'automne s'étaient éteintes, et les grands chênes étaient nus, gigantesques et sombres candélabres mouchés par la pluie.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : avariceVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3661 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}