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EAN : 9782896984107
336 pages
Le Quartanier (05/09/2019)
3.67/5   27 notes
Résumé :
Quand mon père est mort, je n'ai pas hérité de boîtes pleines de documents et de lettres. Ses cendres ont été jetées à l'eau. Ses biens ont été donnés, détruits à la hâte. Sur les photos, il avait cette allure virile et négligée caractéristique des années soixante-dix. Il ne pouvait pas se mettre à table sans son couteau de poche et du pain. Il disait «il» à ceux qu'il aurait dû vouvoyer, parce qu'il refusait de se soumettre à leur supériorité de classe. Il était dr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'ai lu ce livre presque sans m'arrêter de respirer. J'ai été bouleversé par l'écriture, la densité de la réflexion et la précision des émotions. C'est un livre puissant, surement l'un des textes les plus forts et les plus intéressants que j'ai lu sur la perte d'un parent, se faisant l'écho de questions que nous portons tous en chacun de nous: d'où venons-nous? Quelles sont ces histoires qui nous précèdent et dont nous sommes les dépositaires maladroits?
La voix de l'autrice est tenace, courageuse, elle mène l'enquête sur les traces que cet homme, son père, a laissé derrière lui à travers des objets, des anecdotes, des légendes. Elle ne s'épargne rien, tout est vrai, rien n'est arrangé, amoindri ou romancé.
Les dialogues retranscrits sont passionnants, et l'on se prend à imaginer les voix qui portent les phrases, les hésitations, les silences, comme sur une scène de théâtre. Chose assez rare, j'ai eu l'impression de lire non pas le récit d'une seule personne mais le roman d'une famille. Je croyais lire un livre exclusivement sur le deuil et la recherche des fantômes, mais c'est beaucoup plus que ça en réalité, c'est une photographie qui creuse et enracine fermement une famille dans une époque, une terre, un milieu social. Une démarche à la Sophie Calle et une envergure littéraire des romans familiaux russes. Un grand, grand livre.
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"Le drap blanc" est un livre un peu particulier. Il regroupe différents travaux de l'auteure Céline Huyghebaert autour de la vie et surtout de la mort de son père : entretiens, photos, textes, citations, ce qui donne un ensemble un peu bizarre. On comprend très vite que cette perte a eu un immense impact sur elle, et qu'elle essaie par tous les moyens de garder vivante cette figure paternelle. Figure qu'elle a par ailleurs fui de son vivant en allant s'exiler au Canada. Figure qui s'est perdue dans l'alcoolisme lors de son divorce et de la perte de son emploi... Bref, tout ça est un peu dérangeant, parfois ennuyeux, en tout cas très intime. Faire ce type de démarche pourquoi pas, mais pourquoi le publier ? Il y a cependant plusieurs passages à l'écriture sublime, mais qui ne sauvent pas à mes yeux l'ensemble. Même si tous les endroits cités sont juste à côté de chez moi !
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J'ai reçu ce livre que j'avais sélectionné dans les dernières propositions de Masse critique parce que l'auteure y parlait de son père. Céline Huyghebaert, à travers cette recherche du père, raconte sa relation avec lui. Une façon de lui rendre hommage après sa mort, de lui dire l'"au-revoir" qu'elle n'a pu lui adresser, son père étant mort peu de temps avant qu'elle ne revienne en France. Cette recherche du père va permettre d'effacer les malentendus entre ses 3 filles. Chacune va pouvoir exprimer son vécu, son ressenti avec leur père, à sa mort aussi. Le livre est bien écrit avec une sobriété dans les propos, qui traduit une certaine pudeur, une retenue, beaucoup de tendresse envers ce père malheureux. La construction du livre, propre à l'auteure, est originale: dialogues comme une pièce de théâtre, un sondage auprès de personnes qui n'ont pas connu le père mais qui connaissent l'auteure (j'ai moins aimé cette partie), citations, photos... Céline a réuni de nombreux indices pour reconstituer le puzzle qu'était son père dans lequel s'insèrent fiction et part d'interprétation de ceux qui l'ont côtoyé, aimé, mais pour lesquels il demeurait bien souvent un inconnu, car prisonnier du silence. Il manque peut-être à ce livre ce supplément d'âme que l'on trouve chez Delphine de Vigan, dans Rien ne s'oppose à la nuit. C'est un bel hommage à un homme qui, sans la plume de sa fille, serait resté dans l'ombre de l'Histoire, comme beaucoup de petites gens. La fin du livre est émouvante.
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Céline Huyghebaert est d'abord une artiste, dont le travail tourne autour des thèmes de l'absence, de la disparition et des traces subsistantes. Obsédée par le décès de son père, qui n'a rien laissé derrière lui, et le fait de ne pas l'avoir suffisamment connu, elle s'est lancée dans un immense travail de recherche en interrogeant son entourage, en collectant des photos, etc. Elle a créé plusieurs expositions à partir du matériel amassé.

Le livre présente une partie de ce projet colossal. Il contient entre autres la transcription de conversations enregistrées qu'elle a eu avec des membres de sa famille, une analyse graphologique de la signature de son père, le récit des rêves qu'elle a fait à son sujet ainsi que des réflexions sur leur relation, son enfance et son deuil.

C'est un travail de collecte d'informations, d'analyse et d'introspection vraiment impressionnant, rigoureux et intelligent, et courageux également. J'ai trouvé la démarche admirable et inspirante. L'histoire racontée est touchante, mais jamais larmoyante. C'est un documentaire biographique aussi passionnant qu'un récit ou qu'un roman. Je suis passée à travers les 400 pages en deux jours. C'est un livre qui permet d'amorcer ou de réactiver des réflexions importantes voire nécessaires, puisqu'on est tous, un jour ou l'autre, confronté à la perte d'un parent.
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Elle n'était pas en France quand son père est mort, alors Céline Huyghebaert, peut être pour compenser, va mener une sorte d'enquête, empruntant différentes formes (interviews, récits de souvenirs, description de cartes postales...) pour créer un portrait kaléidoscopique de celui dont chacun se souvient différemment.
Pas question ici d'obtenir un résultat harmonieux, au sens où se dégageraient de grandes lignes communes. Non, ce qui intéressant dans cette démarche, c'est l'opiniâtreté de l'auteure et sa finesse d'analyse.
Un récit dérangeant et fort.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La famille est régie par des codes, un langage, des interdits. On apprend par mimétisme à s'y soumettre. On n'ose pas poser certaines questions, car personne ne les a posées avant nous. Chacun finit par croire à l'existence d'un grand secret dont la révélation briserait les liens familiaux, alors que ce n'est pas ça. Ce n'est pas le secret qui menace la famille, c'est la question qui n'a jamais été posée. Si on la posait, plus personne n'arriverait à se raccrocher à sa petite histoire, quand bien même aucune des réponses n'y apporterait quoi que ce soit de nouveau.
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Marguerite Duras vivait toute seule dans une grande maison à Neauphle-le-Château, pas très loin du village où mon père a grandi. Elle écrivait : "La solitude, c'est ce sans quoi on ne fait rien", et elle écoutait le plancher craquer dans sa maison à deux étages.
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Céline insiste, parce qu'elle voudrait faire oublier l'homme qui boit. C'est une image tellement forte qu'elle efface toutes les autres. Parfois, quand on lui demande de quoi son père est mort, elle répond un cancer. Juste ça. Le mot cirrhose, elle sait très bien ce qu'il draine comme imaginaire dans la tête des gens. C'est caricatural ; ça titube, ça chante fort et ça gueule.
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Les albums de famille racontent peut-être moins les événements heureux que la façon dont les gens se sabotent, comment l'horizon se resserre et les choix se raréfient, jusqu'à ce qu'on ait l'impression qu'ils sont tous derrière nous.
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IIIIIIIIIIII
Il va chercher son père à la gare. Elle dit que le repas sera prêt à midi, qu'ils ne traînent pas trop au bistrot. Elle attend quelque chose que le mariage aurait dû déposer dans sa vie, surtout le week-end.
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Vidéo de Céline Huyghebaert
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