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EAN : 9782070304295
150 pages
Gallimard (16/11/2003)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Le Futur immédiat, dernier roman de Dominique Rolin, est judicieusement publié en même temps qu'un recueil d'entretiens intituléPlaisirs. En effet, le romanétant nourri d'éléments abordés dans les entretiens, le lecteur assiste concrètement à la transformation du réel en fiction. Autant dire qu'il est passionnant de lire les deux ouvrages en parallèle. Qu'est-ce que le futur immédiat ? Ce sont des moments "insaisissables à première vue, jaillis en direct du fond de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au soir de sa vie, la romancière Dominique Rolin couche sur le papier son angoisse de la mort.

Mais ce n'est pas pour autant sombre, car elle raconte surtout la façon qu'elle a d'exorciser cette peur, en "tuant le Temps" dans sens qui est l'exact contraire de l'expression commune.

"Tuer le temps", ce n'est pas ici le rendre supportable, c'est l'expulser de son existence, le banir, l'interdire.

Pour cela elle décide de détruire l'échelle du temps et de vivre sa vie comme ce qu'elle est concrètement: une simple succession de "futurs immédiats", ces pensées qui nous viennent en permanence puis disparaissent sans laisser de trace, ce qui vient juste après l'exact maintenant, sans autres considérations ni échéances.

Le texte nous fait vivre cette expérience. C'est la succession de ces "futurs immédiats". Les pensées comme elles viennent. Les actions comme elles en découlent.

Évidemment cela "ne raconte rien" au sens de ce qu'est un récit classique.
Evidemment cela semble décousu au premier abord.

Évidemment l'exercice de style possède un petit côté élitiste germano-pratin qui se regarde écrire.

Cependant, une fois rentré dedans, c'est un très belle hymne à la vie et à ce qu'elle devrait rester: le ici et maintenant en continu, quand "l'avenir" et son souci finissent trop souvent par tout bouffer.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Brûler un corps est un crime aussi laid que théâtralement comique : enfermer des restes dans un tiroir parmi tant d'autres, pourquoi , on s'y recueille parfois en serrant les mâchoires, carnaval indigne. Non, rien ne vaut le sommeil en terre, oui, la bonne et riche terre. C'est ce que j'ai souhaité pour ma part, un cimetière de haut niveau, pelouses bien ratissées, fleurs, monuments stupides, oiseaux vifs, juste ce qu'il faut pour que l'oubli s'installe avec sobriété; je me transformerai sans hâte en -compost- (comme disent les jardiniers) (Gallimard, 2001, p.32)
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Impériale prudence. Nous sommes doués l’un et l’autre d’un instinct si pointu que nous n’avons pas besoin de partager les incidents de nos parcours. Écrire, c’est avant tout se taire. Écrire, c’est partager la moelle interdite dont nous sommes les uniques jouisseurs.
Jim s’installe à mon bureau, couvre d’encre son carnet rouge. La moelle, la moelle est là, intouchable, ultra-vivante derrière le mur de son front, glissant jusqu’à la main droite agitée de frissons. La bouche se contracte imperceptiblement. Peut-être est-il en train de se lire avant même d’avoir écrit. Déjà, il se corrige, se relit et, de nouveau, corrige s’il y a lieu les méandres d’un texte qui n’existe pas encore. Tout se joue d’avance au cours de cet instantané à la fois survolté et paisible. Voilà qui est fait. À ce moment, Jim a une façon particulière de se redresser pour trouver appui contre le dossier du fauteuil. Il a besoin de s’abandonner pendant trois secondes à une crise de stupeur douce, à la fois folle et familière. Puis il remet en route un disque de Mozart. La musique sert de relais, il n’y en a pas d’autre.
D’une certaine façon, je suis l’auteur d’une anthologie exclusivement consacrée à Jim. Cet énorme ouvrage concerne tout ce qui le touche de près ou de loin. Histoire de sa peau, de son esprit, de sa puissance de travail ininterrompu, de sa gaieté ou de sa gravité, de ses surprises également. À quoi s’ajoutent en s’y greffant les modulations de ses gestes, du plus éloquent jusqu’au plus dérobé. Aucun détail de cette étrange aventure sans début ni fin ne peut être négligé. Rien n’est superflu, j’ai découvert cela au cours de ce gigantesque et délicat travail d’observation qui dure depuis quarante-deux ans.
Les gestes d’un écrivain sont chargés de raconter, un par un, ce qui peut être — ce qui doit être — un corps aussi singulier. Corps impatient. Corps injuste, ingrat, gratifiant, infatigable. Ses éloquences modulées à l’infini : sauvages, tendres, furibondes, souvent répétitives mais nécessaires. Ses gaietés aussi.
Les gestes sont des collaborateurs absolus. Impossible de s’en passer ou de les négliger par erreur ou fatigue. L’oeuvre ne cesse de les réclamer. Qu’est-ce qu’une oeuvre réussie, sinon une chair, une chair authentiquement vivace dont les gestes sont les organes, la pulpe, les nerfs, le sang, un luxueux instrument, la patine.
J’ai conçu ce monument bizarre sans jamais l’avoir consciemment voulu. Il s’est bâti de lui-même. S’il n’était qu’un livre ordinaire, il resterait indéchiffrable à n’importe qui. j’en resplendis de fierté quand j’y pense, bien que je n’aie nullement besoin d’y penser. Il continue à tourner sur lui-même, en prenant petit à petit la rondeur et l’épaisseur d’un rouleau manuscrit chinois qui ne sera jamais publié. Il s’est fait de seconde en seconde, de jour en jour, d’année en année. Sphère transparente, on peut le dire, trouée de part en part, à quelque instant que ce soit aussi bien la nuit ou le jour, par la rigueur de mon attention magique et voilà tout.
Précision.
J’y ai travaillé sans jamais supposer qu’il s’agit là d’un travail de titan. Ça peut être doux, léger, feutré, un titan. Et pourquoi pas un ange en disponibilité ? Le plus curieux, c’est sa chance de n’avoir rien de commun avec l’écriture, la musique ou la parole, mais plutôt avec un langage éphémère et définitif suscité par mes intuitions. Tout à coup c’est là, gratuit, presque enfantin, merveilleux. Comme un inventaire vécu à l’écart de ma volonté. Un exemple concret parmi tant d’autres : quand Jim cherche un mot dont il a besoin de toute urgence pour équilibrer la lumière de sa pensée, je le devine à la tension d’un certain petit muscle sous son oreille : je suis seule à l’avoir remarqué.
— Ho !
— Qui parle ?
— Le moi de ton moi. Sois claire, s’il te plaît, ou bien boucle-la.
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Profession ? Amoureux. Il n'y en pas d'autre. Il y a , dit-on, quelques milliers de métiers dans la collectivité sociale, du plus rentable au plus grossier, du plus audacieux au plus modeste, du plus discret au plus bruyant, du plus raffiné au plus ignoble. Mais celui que l'on définit sommairement par ce que l'on nomme Amour (mot superficiel) ne trouve pas le moindre espace qui lui convienne sur l'échelle des disponibilités. (p. 36)
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Mort, mort aux inconvenants souvenirs ! Ils nous consument à petit feu pour nous obliger à mourir plus vite.
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