AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782372410472
283 pages
Hozhoni Editions (08/03/2018)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Dans ce nouveau et savoureux recueil, l'auteur de L'Eté grec et de Chemin faisant nous emporte par sa qualité d'écriture, son humour, son appétence pour les mots, sa poésie délicate et sa culture singulière. Il nous entraîne dans Une forêt de signes où l'on respire Le parfum des légendes et où l'on écoute avec ravissement La cantate des chemins. L'Ode à mes amis les arbres, L'offertoire des vents ou L'homme qui voulut rencontrer le printemps sont autant d'agréables ... >Voir plus
Que lire après Le géographe des brindillesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le géographe des brindilles c'est l'auteur qui se définit aussi comme un géopoète. Une lecture pour désobéir au temps, s'écarter du bitume et reprendre pied avec le monde « naturel ». Tous les textes de Jacques Lacarrière présents dans ce recueil évoquent la diversité au sens large, renvoient à certain esprit des sciences naturelles d'autrefois, à une poésie cachée du monde dont le sommaire donne un avant-goût (« merveilles du monde » est le titre ultime qui clôt d'ailleurs l'ensemble). Tout parle ici de plantes, d'animaux, d'hommes et de paysages. Rassemblés par sa femme Sylvia Lipa-Lacarrière pour les éditions Hozhoni, ils construisent en cinquante petits chapitres une sorte de géographie pensante et buissonnante, placée sous le signe de l'infime, aux accents de méditation plus universels. Et l'un des premiers d'entre eux, « La Cantate des chemins », révèle l'esprit vagabond et la méthode, pédestre, de cette cartographie insolite livrée aux tracés de hasards et aux pays du singulier géographe. Marcher hors des balises et sans programmation pour faire des «choix infimes mais cruciaux », être face à une « minuscule mais imprenable liberté », comme l'enseigne le poète suisse Gustave Roud à qui Lacarrière rend aussi hommage (Petit traité de la marche en plaine). Issus de sources variées et se faisant parfois suite ou écho se succèdent ainsi poèmes, notes tirées de son journal de la traversée de la France à pied en 1971, lettres, interview à des revues ou journaux et magazines, préface et postface (« Justice pour les crapauds » ; « Animal trop humain »), autant d'écrits concomitant aux publications et traductions très nombreuses de cet écrivain marcheur, disparu en 2005, faisant entendre sa voix réputée de poète autant que celle de l'helléniste passionné que L'été grec (1976) avait fait connaître… Et qui le feront peut-être redécouvrir.

De pages lues dans les branches d'un tilleul - le Village aérien, Jules Verne - Jacques en a donc déduit enfant, avec humour et philosophie, que la vie se feuilletait (« Une forêt de signes », premier texte). La nature, il en fait tout bonnement partie. Cette précision subtile apportée par Gil Jouanard (préface), le lecteur ne l'oubliera pas lorsque l'auteur, s'attachera à lui décrire – au fil d'un sentier, au gré des vents ("L'offertoire des vents" ; "Plaidoyer pour les vents") et des saisons, au milieu d'une futaie (de très belles pages sur la forêt de Tronçais : « Identification d'une forêt »), à propos d'une légende, prêtant attention à une libellule, à « La Mélancolie du géranium », à la science d'un vigneron ou encore égaré dans le Morvan –, quelque menue réalité physique et biologique insoupçonnée. Plus que contempler la nature ou parler aux hommes jacques écrit surtout dans ces pages la fusion des trois règnes, végétal, animal, humain (« Les Métamorphoses »), que lui a inspiré la fréquentation érudite des Anciens oubliée du bipède moderne et dont il se sent et se sait étroitement solidaire depuis l'enfance. « A quoi donc servirait de parcourir le monde si j'ignore tout de la colline qui jouxte ma maison ? Enfant, je voulais déjà inventorier toutes les fleurs, toutes les plantes de mon jardin. En surveiller les moindres insectes. Dénombrer l'infini en somme, le grouillement, énumérer la multitude, apurer la profusion des choses. Il m'est resté de cette époque un goût microscopique pour le monde, la passion de l'infime, le désir de devenir un jour le géographe des brindilles (ouverture).» du Causse Noir à l'île de Spetsai, sa géographie intime qui porte la trace laissée par les vieilles mythologies (« Rééditer la Genèse ») et dissémine tous les pollens du monde (« L'enfant des arganiers ») se fait très épicurienne lorsqu'il se rapproche du village De Sacy en Bourgogne où il s'était installé ("Les Portes d'or" ; "Juste milieu" ; "Alchimie des pierres"). Un hymne a la lenteur et au temps retrouvé qui s'apprécie sans autre espèce de nostalgie que celle de l'anguille ("La nostalgie de l'anguille").
A déconseiller aux bipèdes adultes désabusés.
Commenter  J’apprécie          250
Cet ouvrage est une compilations de textes courts produits par Jacques Lacarrière dans diverses publications et dont le thème commun est le rapport de l'auteur à la nature . Que ce soit avec la flore (arbres , fleurs ,jardins) ,la faune ( Libellule,abeille, oiseaux, serpent , crapaud..) voire les bactéries ou les pierres , il en parle toujours avec cet animisme tendre et poétique qui est sa marque de fabrique ( voir aussi « le pays sous l'écorce ») . Si on ajoute à cela son érudition (toujours aimable jamais arrogante) et la qualité de son écriture on comprend que cet ouvrage se déguste avec volupté.
Commenter  J’apprécie          111
Pour tous ceux qui, à force de lire des récits de voyage, désespèrent de ne pouvoir voyager de la sorte, le Géographe des brindilles de Jacques Lacarrière est peut-être le remède qu'il vous faut : le plaisir simple de troquer pour un instant, les écrivains-voyageurs pour cet écrivain-poète là et se consoler de l'infinie immensité du monde, comme le dirait Tesson, en se consacrant à l'infiniment petit ou à d'intimement proche qu'est la nature environnante.
De courts chapitres, un sujet ou un thème par chapitre, ce recueil de différents textes compilés sous la houlette de Sylvia Lipa-Lacarrière est à butiner à volonté, dans l'ordre ou le désordre. Les arbres, les vents, les sons, les odeurs, les animaux (mêmes les plus mal-aimés), les cinq éléments et les cinq sens, tout y passe ou presque. Concentré d'images, aphorismes croustillants, éclairantes citations, bons mots et belles tournures, on aurait du mal à choisir des extraits tant chaque phrase est une citation. La mélancolie du géranium, le concile des sources, Alchimie des pierres, les titres des chapitres sont un régal à eux-seuls, le sommaire un véritable poème. Telle l'envie de découvrir le paysage après le paysage, le chemin après le virage, la vallée après le col, cet assemblage n'a rien à envier aux séries « cliffhanger » : un chapitre à peine terminé qu'on brûle d'entamer le suivant.
Le Géographe des brindilles aurait sans aucun doute été une lecture idéale en voyage, en errance, à lire allongé dans l'herbe, assis sur le bord des sentiers, sur les cols ou dans les prairies, un chapitre ici, un autre un peu plus loin. Malheureusement pour moi, c'est depuis mon deux pièces que j'ai été happé, et où je l'ai dévoré. On ne choisit pas la date et le lieu des pièges que l'on nous tend, même en littérature.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Lorsqu'un éditeur me confia la direction d'une collection sur la nature, mon premier soin fut de rééditer un ouvrage introuvable qui avait fait le bonheur de mon adolescence : Pourquoi les oiseaux chantent, de Jacques Delamain. Soucieux d'ajouter à l'ouvrage un texte inédit ou oublié, je publiais donc à sa suite des extraits du journal tenu par l'auteur pendant la Première Guerre mondiale et notamment les pages consacrées à Verdun.
Lecture surprenante, stupéfiante : au coeur du plus infernal des vacarmes et de la plus affreuse des tueries, au milieu du bruit des obus et de l'éclatement des bombes, l'auteur n'avait qu'un souci en tête : écouter et identifier le chant des oiseaux ! Car les oiseaux, ceux du moins qui se trouvaient survivre, continuaient de chanter imperturbablement entre deux attaques de bombes ! On trouve ainsi dans ce journal des remarques comme celles-ci : "Un obus vient d'éclater à quelques mètres de notre tranchée. La terre et la boue ont à peine fini de retomber qu'une mésange charbonnière entonne un chant d'amour de quelque invisible buisson."
Les amis à qui je montrai le livre à l'époque eurent des réactions inattendues et très significatives. Les uns - un petit nombre - trouvèrent indécent ou au moins déplacé de s'occuper d'oiseaux alors que les hommes mouraient autour de vous comme des mouches. D'autres - plus nombreux - s'émerveillèrent au contraire de cette capacité d'attention à la vie au coeur même de la mort.
J'ai souvent repensé à ce livre et à ses anecdotes sur la guerre et les oiseaux, à l'enseignement implicite, inconscient même, qu'il nous donne : ne jamais abdiquer, surtout quand se déchaînent les haines, les guerres et les horreurs en tous genres, ne jamais abdiquer le goût et le désir du monde, même s'ils s'expriment sous des formes futiles en apparence. Mais les renforcer et prendre appui sur eux au coeur de la tourmente. Au sein de la pire détresse, ne renoncez jamais au chant d'un seul oiseau. Ce serait renoncer à vous-même. Notre monde regorge de technocrates et de politologues. Mais c'est d'ornithologues dont nous avons besoin. Ne peut-on rêver à un monde, une Europe où ils seraient rois ?

Quand les oiseaux chantent, p. 207-208
Commenter  J’apprécie          200
Dès qu'il eût terminé la création des animaux - au soir du cinquième jour - Dieu se tourna vers l'archange Gabriel, son assistant, et demanda :
- Alors où en sommes-nous ?
Gabriel compulsa son computer cosmique, décoda la réponse sur l'écran du ciel et répondit :
- 30 000 espèces de protozoaires
80 000 espèces de mollusques
750 000 espèces de d'arthropodes
70 000 espèces de vertébrés. On continue ?
Dieu eut un geste las :
- Non ça suffit pour aujourd'hui.
Et, l'oeil ému, il contempla les résultats de l'admirable Création : à peine formés, à peine surgis, Cnidaires, Coelenthérés, Chélicérates, Pycnogonides, Myriapodes, Pogonophores, Céphalocordés, sans oublier les Acantocéphales et les Némathelminthes, s'adonnaient déjà aux joies de la lutte pour la vie et s'entre-dévoraient grâce aux maxilles, mandibules, trompes, pédipalpes, tentacules, crochets, becs, tarières, serres et chélicères dont ils étaient pourvus pour broyer, sucer, saisir, serrer, pincer, hacher, trouer, perforer, triturer... Quel merveilleux spectacle !

L'animal-somme, p. 271
Commenter  J’apprécie          102
Savez-vous que, lorsque les Grecs ont inventé la démocratie, n'ayant pas de mots pour définir ce nouveau type de rapports, ils se sont servis du vocabulaire marin. Gouvernement vient de gouvernail, et "kubernètès" (en grec) désignait à la fois le pilote de navire et le gouverneur de la Cité, celui qui mène à bon port son embarcation, par tous les temps en évitant les écueils.

Turbulences climatiques, p. 188.
Commenter  J’apprécie          141
L’arbre est le frère de l’arbre ou son bon voisin.
Le grand se penche sur le petit et lui fournit l’ombre qui lui manque.
Le grand se penche sur le petit et lui envoie un oiseau pour lui tenir compagnie la nuit.
Aucun arbre ne met la main sur le fruit d’un autre ou ne se moque de lui s’il est stérile.
Aucun arbre, imitant le bûcheron, ne tue un autre arbre.
Devenu barque, l’arbre apprend à nager.
Devenu porte, il protège en permanence les secrets.
Devenu chaise, il n’oublie pas son ciel précédent.
Devenu table, il enseigne au poète à ne pas devenir bûcheron.
Poème de Mahmoud Darwich dans le Géographe des brindilles
Commenter  J’apprécie          20
Le désert tremble toujours à l'instant de rencontrer l'aube comme s'il devait, juste avant l'élan du soleil, se délivrer des lourds aveux de la rosée. Et l'horizon frissonne de cette fièvre fraîche, de cette heure égrotante, habitée par l'indécision des buissons. (p.99)
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Jacques Lacarrière (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Lacarrière
Bruno Doucey lit un extrait du recueil "grécité", de Yannis Ritsos, reproduit dans notre livre spécial dix ans "Un bateau nommé poésie". Nous avons publié "grécité" en 2014, en bilingue grec/français, dans la traduction de Jacques Lacarrière.
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (23) Voir plus



Quiz Voir plus

Monstres de la mythologie grecque

Je suis une créature hybride, mi-homme mi-cheval.

Le Minotaure
Le Centaure
La Cavale
La Manticore

12 questions
3421 lecteurs ont répondu
Thèmes : monstre , mythologie grecque , créatures mythologiques , mythologie , mythesCréer un quiz sur ce livre

{* *}