Le Grand Désordre, c'est celui qui s'empare de la mère de
Sarah Leavitt alors qu'elle n'a qu'une cinquantaine d'années. Oublis, sautes d'humeur: on pense d'abord à la perte de son emploi, la ménopause, le stress... on envisage le pire, Alzheimer, histoire de conjurer le sort, se doutant très bien que ce ne sera pas ça, que c'est un petit problème, que ce n'est rien.
Pourtant, le verdict finit par tomber. Alzheimer. Midge, sa mère, avait donc raison.
Sarah Leavitt, de peur d'oublier, elle qui n'a jamais eu une bonne mémoire, décide de tout consigner sur ses cahiers. Son enfance, sa mère avant, sa mère pendant la maladie. La lente chute dans la démence, l'incohérence de ses propos, la raideur de son corps, ses peurs, sa colère, et les réactions de ses proches.
Ce roman graphique, simplement en noir et blanc mais dense, est profondément émouvant. Les années passent, emportant à tout jamais la force et la lucidité de Midge, et avec elles, l'insouciance de sa famille. C'est également un bel hommage rendu à cette mère qu'elle aimait tant, sur laquelle elle pouvait s'appuyer sans faillir, nuit et jour, mais aussi un hommage à son père et à sa soeur qui l'ont soutenue pendant toutes ces années.
Heureusement, le récit est régulièrement teinté d'humour. "Tu sais, si tu veux t'en sortir, il va falloir que tu te détendes et que tu apprennes à en rire" lui dit son amie.
Lorsque j'ai reçu le livre, j'ai été heureusement surprise de sa taille, de la qualité de sa couverture et de son épaisseur. Je l'ai malgré ça dévoré dans la journée, émue par cette histoire autobiographique qui ne me lâchera pas de sitôt...
Question graphisme, les dessins sont simples, la mise en page bien vue, rythmée de pages presque blanches sur laquelle figure un minuscule dessin - un fait - ou bien des bribes de paroles surréalistes, un petit coin de poésie, à prendre comme tel.
Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Steinkis pour ce beau livre.