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EAN : 9782070141869
224 pages
Gallimard (15/01/2015)
3.22/5   9 notes
Résumé :
Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage en Europe, deux enfants sont envoyés en Australie, à l’abri des combats qui ont coûté la vie à plusieurs de leurs proches. Gilbert, jeune garçon réchappé du Blitz londonien, et Eirene, fille d’un résistant communiste grec, sont recueillis par une veuve qui habite une vaste demeure de la baie de Sidney. D’abord sur leurs gardes, les deux adolescents se rapprochent peu à peu et tentent d’affronter ensemble ce monde qui le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pendant toute la première moitié de ma lecture du roman le jardin suspendu, je cherchais en vain le style précis et recherché de l'auteur Patrick White. J'y trouvais beaucoup de points positifs mais toujours ce je-ne-sais-quoi qui m'agaçait, qui détonnait des autres oeuvres du prix Nobel de Littérature. Et j'ai découvert pourquoi : il s'agit d'un livre inachevée et posthume, le premier tome d'une trilogie dont on ne lira jamais la suite.

Ce qu'il nous propose avec le jardin suspendu, c'est un roman d'apprentissage, en quelque sorte. La jeune Eirene est la fille d'une Australienne qui a convolé avec un Grec. Malheureusement, c'est la Seconde Guerre mondiale et il faut la mettre à l'abri, alors direction Sydney, Australie. Sa mère la place chez une amie de la famille où se trouve un jeune exilé anglais du même âge, Gilbert. Si ce n'est pas le grand amour dès le début, au moins ils apprennent éventuellement à s'apprécier et à devenir amis. Les deux enfants, loin de leurs repères, à l'aube de l'adolescence, sont à une période de leur vie où ils font de la découverte de soi-même et du monde qui les entoure, où ils partagent leurs rêves et leurs espérances.

Je ne peux qu'essayer d'imaginer à quoi aurait pu ressembler cette oeuvre si Patrick White avait pu la terminer. On y trouve tous les éléments d'une bonne série mais, vu les circonstances, je n'ai pas été captivé par ma lecture. C'était intéressant, mais sans plus. Puis… Je partage l'avis de @bdelhausse : il vient un moment dans le roman où, sans s'y attendre, on se sent tout d'un coup pris par cette histoire, à se sentir concerné par l'hisoire d'Eirene, à ressentir ses joies et ses peines. Il faut dire qu'elle est attachante. Et courageuse et fonçeuse et frondeuse. Je lui trouvais des airs à la Anne Shirley, cette héroïne de Lucy Maud Montgomery.

Le roman aborde plusieurs thèmes, comme le racisme, la méchanceté des enfants ainsi que la rigidité et l'étroitesse d'esprit des adultes, ceux de leur entourage et de la société en général, qui manque de compréhension ou sollicitude à l'endroit des exilés démunis. Ces Australiens, parce qu'ils accueillent des réfugiés, leur offre toit et nourriture, ils se croient dûs d'une gratitude sans fin. Tout au long de ma lecture, je ne pouvais m'empêcher de penser de faire des liens avec d'autres romans, comme la série Anne… la maison aux pignons verts, mentionnée plus haut. Mais, avec ces deux jeunes personnages et ce jardin, la comparaison devenait facile avec le roman le jardin secret, de Frances H. Burnett.
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Sydney, pendant la Seconde guerre mondiale : une hôtesse australienne accueille deux enfants orphelins, réfugiés d'Europe. Eirene est la fille d'un résistant grec mort en prison et d'une infirmière australienne, aussitôt repartie après avoir mis sa fille à l'abri. Gil arrive de Londres, où son meilleur ami est mort sous le Blitz.
Dans cet univers étranger qu'est pour eux l'Australie, les deux enfants se construisent un petit monde à leur mesure, dans ce jardin au-dessus de la baie. Puis au fur et à mesure qu'ils grandissent, la vie les sépare.
Et là je suis frustrée, car la postface m'apprend que ce roman posthume devait être la première partie d'une trilogie. Mais tel quel, il en dit déjà beaucoup.
Il dit beaucoup sur l'auteur, son amour pour la culture grecque et sa compassion pour le pays (où il a vécu) martyrisé, son écoeurement devant les fortes hiérarchies sociales et raciales qui ont cours à Sydney, ville où "les ponts ne relient pas, ils séparent." Il en dit beaucoup aussi sur la délicatesse de ses sentiments, à sa façon de peindre ces enfants, Eirene solitaire et secrète, Gil si différent lorsqu'il se mesure à d'autres garçons, à l'école, de ce qu'il est au jardin.
L'écriture est, j'ai envie de dire "synesthésique" (parce que ça ne fait pas longtemps que je connais ce mot) au sens où elle mêle et parle à tous les sens : "Elle entendait ses pas crisser sur le gravier et traverser la fraîcheur avant de retrouver l'odeur boueuse des canards." La moindre table à manger est "noire et brillante", les oignons frits apportent une "puanteur réconfortante". Avec cette narration qui peut passer du "je" au "tu" à l'intérieur même d'un paragraphe, l'écriture nous implique, nous lève le coeur parfois - le vocabulaire qui ne recule pas devant le glauque, le pus et le vomi ; l'omniprésence du "gras" comme métaphore des sentiments sordides et mensongers, opposé à l'authenticité de la Nature dans le jardin. (Et même là : la première scène du héros, il reçoit du guano dans les cheveux.)
J'avais gardé un souvenir fascinant d'Une ceinture de feuilles, lu il y a près de 40 ans… Patrick White est vraiment un auteur à redécouvrir.
Traduction fluide de Françoise Pertat.
Challenge Nobel
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Jeux interdits au Jardin suspendu, entre un garçon (Gil ou Gilbert) et une fille (Eireen, Irene, Ireen, appelez-la comme vous voudrez celle-là) d'une dizaine d'années, deux enfants dont les parents sont morts ou disparus. Des parents qui ont choisi de prendre leurs responsabilités vis à vis de la guerre, et qui n'en auront pas pris vis à vis de leurs enfants qui grandiront en conséquence de leur décision parmi des inconnus, loin de chez eux, et qui grandiront entre leurs souvenirs d'enfance, en Europe, en Angleterre ou en Grèce, et leur vie se construit ou se déconstruit en Australie, à l'autre bout du monde. L'exil, le postcolonialisme n'est pas sans rappeler Pearl Buck, par moments, mais l'écriture se fait ici plus audacieuse, plus virile, sans doute. On lit parfois de la littérature surannée, à l'accent typiquement anglais, l'accent des bonnes familles, et à d'autres moments, on retrouve un langage ordurier, plus terre à terre, le langage de ceux qui se laissent prendre par l'Australie. On s'étonne de l'écriture lorsque celle-ci s'hybride, comme dans la retranscription de songeries, des rêves ou des cauchemars des enfants hantés par les bombes, hantés qu'ils sont ces fantômes jumeaux, solaires ou lunaires, lorsqu'ils ne jouent pas malgré l'interdiction convenue, et quelques paragraphes ici, résonnent, comme de la littérature moderne, plus contemporaine, les mots étant lâchés sans construction grammaticale, comme s'ils avaient été dispersés sous la déflagration d'une bombe. Est-ce voulu dans ce roman posthume, inachevée, de la part de l'auteur cette déconstruction ? En tout cas, elle fait sens.
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Difficile d'écrire une critique sur un livre inachevé, entamant une trilogie qui ne verra jamais le jour suite au décès de l'auteur.

Le livre raconte l'exil de deux adolescents, une Grecque et un Anglais, en Australie, chacun étant envoyé dans de la famille éloignée. le livre raconte alors l'éloignement, la guerre, le racisme, la bourgeoisie australienne, la découverte des corps et l'éveil à la sensualité, les amitiés, l'amour... Enfin, quand je dis que le livre "raconte", il est plus correct de dire que le livre évoque... entame une réflexion qui aurait dû se poursuivre dans les deux tomes suivants.

La langue de Patrick White est ciselée, poétique et empreinte d'une grande humanité. il travaille par touches, par impressions, par immersion aussi. On passe tour à tour d'une écriture avec un narrateur omniscient, qui parle aux adolescents en leur donnant du "tu", à un dialogue intérieur mené par Irene Sklavos (l'exilée grecque) principalement.

J'avoue, j'ai eu du mal à plonger dans le récit au début. Je ne me suis pas senti happé par le récit. Puis peu à peu, on est pris par la grande sensibilité de l'écriture et l'humanisme du propos. Patrick White est intransigeant avec la société.

Je suis donc très partagé. Vu que le livre était supposé être le premier tome d'une trilogie, suivant Gil et Irene au fil des ans, il manque clairement quelque chose à la fin du livre. Il ne se suffit pas à lui-même. C'est pourquoi j'aurais du mal à conseiller le livre. Pourtant, les émotions sont bien présentes. Et cela fait du bien.

Mention spéciale pour la postface éclairant le lecteur sur l'univers de Patrick White, Prix Nobel de Littérature, ses combats civils, son engagement, les partis pris, et la publication de ce livre à titre posthume (alors qu'il avait demandé à ce que soient brûlés tous ses manuscrits).

Cela m'a donné envie de lire autre chose de l'auteur. C'est bon signe.
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critiques presse (1)
Culturebox
31 mars 2015
Un magnifique roman initiatique écrit dans une langue étrange et poétique.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Dans ce triste lopin sablonneux strié d'une corde à linge s'étiolent toutes sortes de légumes : choux avec des feuilles en dentelle, petits pois aux vrilles vagabondes, citrouilles envahissantes. En Australie, il est bien vu d'avoir son propre potager tout en obligeant l'épicier à vous vendre bon marché ses variétés défraîchies. Le jardin des Lockhart reflète les échecs d'Ally et les manquements d'Harold. Et regorge d'oiseaux que personne ne remarque - en train de chiper les asticots qui prolifèrent grâce aux audaces potagères d'Ally. Et de chats - présents pour les oiseaux et aussi les poubelles renversées -, matous aux bajoues rebondies prêts à tout pour défendre leur os de côtelette. Harold ne leur porte aucune attention, sauf quand l'intérêt esthétique des nuances de leur pelage l'interpelle. Et Ally ne prend conscience de leur existence que lorsqu'elle longe les brouissailles solitaires des lantaniers dans sa guimbarde.
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Viva ouvrit le couvercle de la boîte. Tu découvris un carré de satin blanc splendidement cousu de fil d'or. Elle le fit glisser et révéla un objet noir pas plus grand que le poing.
- On croirait pas, s'exclama Viva d'une voix affreuse, que c'était auparavant une tête humaine.
Irène ne prit pas le temps de s'arrêter pour penser, car elle ajouta immédiatement l'objet à son monde personnel. Quelques poils grossiers adhéraient encore au cuir chevelu de petite dimension, et ceux du menton ressemblaient plus à du fil de fer peu épais. Mais c'étaient les fentes où se trouvaient autrefois les yeux et la bouche qui donnaient vraiment le frisson.
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Les Australiens ne naissent que pour vivre. Finir au ci fière ou au crématorium est une pensée insupportable. Alors on n'y pense pas.
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Madame Bulpit était une femme au teint pâle, seule sa bouche était maquillée. Ses avant-bras, ses mains et son visage auraient pu avoir été moulés dans du massepain nature. Ses lèvres brillantes de graise cramoisie dessinaient un petit arc d'un coloris assorti aux ongles de ses mains. (p.5)
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L'obscurité de la pièce accentuait la blancheur de sa peau. Encore l'une de ces femmes que le climat de Sydney avait cuites à la vapeur plutôt que dorées au four. (p.76)
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