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EAN : 9782867465598
229 pages
Liana Lévi (05/01/2011)
3.51/5   79 notes
Résumé :

Un paysage tranquille de Lorraine, à l'abri du ciel et du vent. Mais l'impression est trompeuse. Les blessures de la guerre, les vieilles haines et la mine y ont creusé bien des failles. C'est dans l'une d'elles qu'un matin d'hiver, le cadavre d'une jeune fille est retrouvé, une corde savamment nouée autour du corps. Le lendemain, on découvre un curieux assemblage de brindilles dans le cimetière du village, à l'endroit m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Nous voilà en Lorraine, à Metz, ou plus précisément à Varanges petit village proche .
Le SRPJ de Metz est en état d'alerte ,on vient de découvrir le corps d'une jeune femme dans la forêt ;le corps enfoui était au fond d'une crevasse apparue à la suite de l'effondrement des galeries de l'une des très nombreuses mines désaffectées de la région.
Au commissaire Kowalski et à son équipe se joint le Commandant Dreemer du SRPJ muté là pour raison professionnelle .Nous allons faire la connaissance de JeanneModover , enfant de la région et lieutenant de police .
Dans une ambiance de non dit où la mine, la guerre 1939/1940 et les épurations à la libération ont laissés des traces dans les mémoires, Aline Kiner nous livre un superbe polar à l'intrigue psychologique dense et nous parle avec passion d'une région qu'elle aime .Vous apprendrez ce qu'est l'ennoyage des mines et la catastrophe écologique pour ces villages et leurs habitants qui guettent chaque jour l'apparition de la crevasse fatale sur le mur de leur maison…et suivrez avec beaucoup d'intérêt le dénouement de ce polar original. Un polar classique , de bonne facture dont le décor est le principal atout. Auteure à suivre
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Enquête en sol mineur
La vengeance post-deuxième guerre mondiale est un plat bien souvent proposé au menu du polar hexagonal. Avec plus ou moins de réussite, voire de crédibilité. Celui de la Mosellane Alice Kiner échappe au piège pour avoir associé au souvenir de la période si terrible de l'Occupation dans le nord lorrain un autre drame –économique et social, celui-là- la fin des mines, où se cristallisait l'activité majeure d'une région sinistrée depuis. Et qui subit désormais le dernier épisode de cet abandon industriel, l'ennoyage des galeries et les effondrements miniers, que l'auteur dans sa postface regrette qu'ils aient été si peu relayés par la presse nationale. Ce furent d'autres drames humains (maisons qui s'écroulent comme à Auboué, patrimoine complètement dévalué).
C'est sur ce riche terreau romanesque (« une région faite de pièces et d'accrocs ») qu'Alice Kerner inscrit son intrigue policière en ayant la bonne idée de placer un regard extérieur, celui d'un policier muté de Paris, à côté des visions des enquêteurs lorrains, dont celle très impliquée de Jeanne, lieutenant de police, originaire de Varange la petite cité victime de deux meurtres successifs d'adolescentes. le village n'est pas sorti indemne de la guerre entre ceux qui ont collaboré, ceux qui ont résisté, ceux qui ont été déportés et ceux dont l'unique préoccupation a été de survivre. La Libération fut aussi le temps des règlements de compte dont la pendaison de ce Johann, tenancier d'un bistrot où venait s'abreuver l'occupant germanique. Que la première gamine assassinée soit la petite-fille du chef local de la Résistance, ancien maire et qui, suspecte-t-on, n'est pas complètement étranger à l'exécution de Johann, met évidemment la police sur la piste d'une vengeance à retardement. Mais que la seconde victime soit la fille du responsable de l'ennoyage des anciennes mines qui inquiète tellement la population locale, voilà qui brouille les cartes et ouvre de nouveaux horizons.
C'est dans ce jeu de piste sensible et compliqué que la réflexion de Simon Dreemer, le flic parisien, s'avère le contrepoint indispensable à la démarche des locaux, corsetés dans leurs a priori et manquant de hauteurs de vue. Comme un symbole, c'est du haut du crassier surplombant Varange que Simon entrevoit la terrible vérité : « Je vois un paysage paisible (..) Mais l'impression est trompeuse (..) Dessous se cachent des failles. Les fractures de la guerre, les vieilles haines… Et puis la mine. Je ne peux m'empêcher de penser qu'elle a un rapport avec ces meurtres. »
La mine justement est un des éléments-clé du livre. Aline Kirner la décrit magnifiquement notamment lorsqu'elle fait parler un ancien mineur, qui passe beaucoup de temps dans sa cave où est apparue une fissure : « Il avait besoin d'être là. Il savait. Tout son corps savait. Pendant trente ans, il avait réagi au moindre craquement, au moindre souffle, au plus petit filet de poussière tombé du plafond. le poil se hérissait, le coeur cognait un peu plus fort, les sens se mettaient à l'écoute de la mine. Elle respirait autour de lui, il était dans son ventre, d'un spasme elle pouvait l'écraser.»
Aline Kirner joue parfaitement de ces points de vue certes différents, mais qui se complètent pour finalement éclaircir le mystère. Aucun temps mort dans cette intrigue au cordeau qui brasse de l'humain et émeut d'autant plus que, fille de mineur, l'auteure a mis beaucoup d'elle-même dans ce roman. Dont l'autre point fort est un style élégant et imagé qui rappelle qu'une bonne histoire ne touchera son public que si elle est portée par une belle écriture. L'écrivaine réussit cette alliance et transforme allègrement cet essai en territoire policier qui sera malheureusement le seul.

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Bien sûr, j'ai lu un autre roman entre Bondrée et celui-ci mais il y a des coïncidences frappantes entre les deux : un petit monde clos, des jeunes filles assassinées dont le corps est mis en scène dans la forêt, dans des crevasses creusées par des effondrements miniers. Ici le cadre a beaucoup d'importance : nous sommes en Lorraine, une région encore marquée par les fractures de la guerre (en 40-45 les Allemands ont de nouveau occupé l'Alsace-Lorraine, divisant la population entre collabos, résistants, engagés volontaires, exilés, déportés, avec les règlements de comptes qu'on imagine à la Libération) et les cicatrices laissées dans le paysage et dans les maisons suite à l'arrêt de l'exploitation des mines de fer.

C'est dans le village de Varange qu'est retrouvé le corps sans vie de Nathalie, ado un peu difficile. Parmi les enquêteurs, Simon Dreemer, muté de Paris suite à une « bavure » (ok ce n'est pas nouveau mais il faut bien introduire les personnages, non ?) et Jeanne Modover, qui a grandi dans le village. La capacité d'écoute, la connaissance des lieux et des gens de l'une, le côté direct mais intuitif de l'autre vont bien s'accommoder pour tenter de pénétrer les secrets bien enfouis de ce village lorrain. Aline Kiner est elle aussi originaire de cette région, elle connaît bien son histoire, sa géographie, son économie et cela a nourri efficacement ce roman bien mené, bien écrit, sans un poil de gras, avec des personnages pleins de fêlures et attachants.

Encore un bon moment de lecture que je vous conseille (un premier roman prometteur et malheureusement ALine Kiner n'a pas eu le temps d'en écrire beaucoup car elle nous a quittés début janvier 2019, emportée par le cancer.)
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Un très beau roman où l'intrigue et l'enquête sont prétextes à décrire un monde, une ambiance et des personnages marqués, marqués par la vie, marqués par l'histoire! L'auteur a excellé à cet exercice: par petites touches, elle trace le décor sans complaisance mais sans misérabilisme; très sensible, elle donne à ressentir les sentiments et les "tortures morales" des hommes et des femmes. Elle interroge sur les traces indélébiles laissées par l'histoire et comment les hommes doivent vivre avec, sans obtenir de réponses à leurs questions et à leurs angoisses. Un roman sombre , oserais-je dire "à la Simenon", il tient la comparaison, avec un seul regret peut-être: un peu trop court! L'auteur est très pudique et garde une certaine retenue sur ces thèmes dont on sent qu'ils la touchent personnellement. Si elle lâche la bride qui la retient, elle devrait devenir un auteur dont on parlera!
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Un très bon roman policier, qui présente de surcroît pour moi l'intérêt de se dérouler en Lorraine.
On sent d'ailleurs que l'auteur connaît bien et aime cette région.
L'intrigue est très bien construite, j'ai notamment trouvé intéressant que l'histoire mêle le passé et le présent et revienne sur les heures troubles de la libération du village, ainsi que sur les mines de Lorraine.
Aline Kiner fait montre dans cet ouvrage d'un talent prometteur en tout cas et nous livre un polar de bonne facture qui se lit avec beaucoup d'intérêt.
Une réussite!
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A l'heure de monter dans le wagon, Simon eut un moment d’hésitation. Il se retourna et la serra un bref instant contre lui.
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Il se pencha pour y regarder de plus près. C’est alors qu’il aperçut la main. Elle sortait d’un fouillis de branchages accumulés dans la crevasse. Elle semblait flotter, gracieuse et diaphane, sur le bois noirci par le gel, comme la main d’une noyée sur une eau tranquille.
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Lorsqu'il était rentré de Bavière, en 45, Armand Keller n'avait pas reconnu son village. Plus personne ne parlait. Comme si le sol sous le hameau s'était lézardé et qu'un mot risquait de le faire basculer dans le vide.
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Vidéo de Aline Kiner
La nuit des béguines, d'Aline Kiner
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