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EAN : 9782246484219
274 pages
Grasset (06/11/1996)
4.29/5   7 notes
Résumé :
De 1980 à 1982, Vikram Seth a séjourné en Chine pour étudier à l'université de Nan-King. Au cours de l'été 1981, il décide de rentrer chez lui, à Delhi, en passant par le Tibet et le Népal. Il voyage en faisant du stop depuis les oasis du nord-ouest de la Chine jusqu'à l'Himalaya en traversant quatre provinces chinoises. Ce livre, né du journal qu'il a tenu alors, nous fait voyager dans les régions à l'époque interdites aux étrangers. Vikram Seth, qui obtient le vis... >Voir plus
Que lire après Le lac du ciel : De Sin-Kiang au TibetVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Alors qu'il est étudiant à Nankin, dans le sud de la Chine, Vikram Seth, alors âgé de 29 ans, décide de rentrer voir ses parents à Delhi, à l'occasion des grandes vacances d'été de 1981 ... en passant par Lhassa (en matière de choix d'itinéraire, on peut faire plus court, vous en conviendrez).

Au cours de ce périple à travers des régions souvent interdites aux étrangers, il a tenu un journal de voyage dont, deux ans plus tard, il a tiré un livre, le lac du ciel, sous-titré du Sin-Kiang au Tibet.

Ce texte est d'abord la preuve qu'il n'est pas nécessaire qu'un livre fasse au moins un demi-millier de pages pour être excellent : le lac du ciel est un petit bijou de lecture de même pas 250 pages.

On y trouve déjà la merveilleuse écriture de Vikram Seth et son talent de conteur. Dans le lac du ciel il nous décrit la partie de son périple entre les oasis du nord-ouest de la Chine et l'Inde, en passant donc par le Tibet et le Népal.

On y découvre un jeune homme tenace, que rien ne détourne de son but (découvrir Lhassa, alors complètement interdite aux étrangers), ni les tracasseries administratives (il lui faut à chaque nouvelle arrivée dans une ville comme dans un village se faire recenser auprès de la police locale), ni les intempéries (on passe de la chaleur du désert au froid de l'Himalaya, en découvrant en plus les inondations monstrueuses des régions montagneuses), ni les retards dus aux unes ou aux autres.

Car toute la partie de son voyage relatée dans ce livre, Vikram Seth l'a faite tantôt en car, tantôt en stop (avec des camionneurs) et parfois même un peu à pied. Il nous livre ses impressions de voyage devant les paysages sublimes qu'il traverse, la mesquinerie des fonctionnaires chinois ne connaissant que le règlement, la gentillesse des populations toujours prêtes à l'aider dans ses démarches et à lui permettre de poursuivre sa route.

Armé de son appareil photo qui le désigne alors automatiquement comme un étranger (car pour le reste, habillé comme un ouvrier chinois, ses cheveux courts cachés sous une casquette, il passe souvent de loin pour un autochtone), de sa connaissance du chinois, et de ses maigres finances (bien grevées par les lois qui imposent des tarifs dix fois plus élevés pour les étrangers que pour les gens du cru) il avance dans une perpétuelle lutte contre la montre : il doit impérativement avoir quitté la Chine à la date mentionnée sur son visa de sortie.

Si vous avez l'occasion de trouver cette petite merveille d'écriture (pour ma part, je l'ai découverte dans une boîte à livres dans un marché couvert en plein coeur de la Guadeloupe ...) ne passez pas côté de cette gourmandise littéraire.

Et si vous n'avez pas lu l'oeuvre majeure de Vikram Seth - Un garçon convenable - jetez-vous dessus sans hésitation : elle est la preuve qu'un livre de plus d'un millier de pages peut aussi être excellent.
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En 1980-1982 Vikram Seth a vécu en Chine où il étudiait à l'université de Nan-King. En juillet 1981 il obtient un visa pour le Tibet dans des circonstances inattendues qui font intervenir la chanson principale du film indien des années 50, Awara. Voulant profiter de cette aubaine mais attendu pour l'été par sa famille en Inde, Vikram Seth décide alors de rentrer chez lui en stop, en passant par le Tibet.

Il suit une des principales routes utilisées pour le transport des marchandises et qui relie le Sin-K'iang au Tibet à travers l'ouest de la Chine. Il obtient une place auprès de routiers qui font le trajet régulièrement. Il y a Sui, le Han qui fume cigarette sur cigarette. Pour lui la route est un mode de vie. Il a tissé tout un réseau de connaissances sur son chemin, chez qui il s'arrête pour discuter, boire du thé ou fournir quelques marchandises à ces gens souvent éloignés de tout. Sui est accompagné de son neveu, un adolescent boudeur qui retourne chez ses parents. Et il y a Gyanseng, le Tibétain, pressé d'arriver à la maison. Pendant plusieurs jours les quatre hommes cohabitent, serrés les uns contre les autres dans la cabine. La route est rendue difficilement praticable par des inondations et le camion s'embourbe à plusieurs reprises.

Pendant son voyage Vikram Seth est frappé par le bon accueil qu'il reçoit généralement chez les autochtones. L'administration est très procédurière. Il faut faire tamponner son laisser-passer, avoir les bonnes autorisations et "le règlement, c'est le règlement" mais les fonctionnaires locaux sont aussi capables de se mettre en quatre pour lui faciliter les choses dès qu'apparaît une affinité partagée : un goût commun pour une chanson de Bollywood, une photo entraperçue de ses parents en costume traditionnel. Les étrangers, particulièrement quand ils voyagent seuls, sont peu nombreux dans cette région de la Chine à cette époque et les habitants ont le souci de laisser une bonne image de leur pays.

L'auteur séjourne quelques jours à Lhassa. Les traces sont encore visibles des temples détruits pendant la révolution culturelle. Il fait la connaissance d'une famille dont le père et un fils ont été emprisonnés pendant douze ans comme ennemis du peuple avant d'être réhabilités.
Finalement il traverse à pieds par des petits chemins la frontière entre la Chine et le Népal, les crues ayant emporté le pont qui servait aux camions. Puis, après encore quelques jours à Katmandou, prend l'avion pour Delhi.

J'ai trouvé cette lecture plutôt plaisante.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Récit de voyage de la plus pure tradition, bourré d'anecdotes, de choses vues, de réflexions, ce journal ( un road movie) d'un périple en stop à travers la Chine, le Tibet et le Népal se lit comme un roman...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Un vieil homme à barbe blanche qui a installé son lit en travers du trottoir m'invite à m'y asseoir. Nous bavardons un moment en chinois tout en buvant du thé vert. La conversation passe aux signes qui surmontent les portes des boutiques autour de nous. Les caractères ne sont pas seulement chinois, mais arabes et romains.

"C'est de l'ouïgour, dit le vieil homme.
- Mais je croyais que l'ouïgour s'écrivait en caractères arabes.
- Autrefois. Quand j'apprenais à lire et à écrire. Je ne peux pas lire ce qui est écrit en caractères romains." Il s'interrompt. "Mais on a changé l'écriture. Et mon fils a appris l'alphabet romain."

Je sirote mon thé pensivement. "ça doit être triste de savoir que votre façon d'écrire est en train de disparaître.
- Oui. Mais elle ne disparaît pas. Ils ont encore changé l'écriture. Et mon petit-fils apprend les caractères arabes à l'école.
- Mais pourquoi ont-ils changé la première fois ?
- Je crois que le gouvernement avait peur que trop de gens ne lisent les publications russes en ouïgour ... elles sont en caractères arabes. Alors, en passant à l'alphabet romain, le gouvernement chinois était sûr que la nouvelle génération ne comprendrait pas les livres que les Russes publient pour leur population ouïgour.
- Et pourquoi sont-ils revenus aux caractères arabes ?
- Je ne sais pas, dit le vieil homme. C'est la nouvelle politique des minorités." Il réfléchit. "L'alphabet romain n'a pas marché. Les gens ne s'y sont pas faits.
- Mais il y a des gens qui ont appris l'alphabet romain, non ?" Je pense à Akbar, qui savait tout juste signer son nom en arabe. Une pensée horrible me traverse. "Vous pouvez échanger des mots ou des lettres avec votre petit-fils, mais votre fils ne peut écrire ni à l'un ni à l'autre?
- Exactement. C'est exactement ça", dit le vieux, tout content.
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La dernière fois que j'ai été chez moi, en Inde, c'était il y a trois ans. Et ce voyage que je fais au Népal est le premier. Mais les vallées d'ici ressemblent par bien des traits à d'autres vallées au pied de l'Himalaya : Dehra Dun, par exemple, où j'ai fait mes études secondaires. Ces choses me touchent aujourd'hui plus fort que je m'en serais jamais douté : de petites fleurs bleues, sur les haies, d'un genre que je reconnais sans pouvoir le nommer ; des buissons de lantanas ; des forêts de sâls ; des buffles ; des camions généreusement ornés de symboles religieux et désespérément surchargés de biens de ce monde ; des tresses de piment étalées sur le sol ou sur les toits pour sécher ; des policiers en kaki ; des villages délabrés massés autour des temples ; les vêtements rutilants et les traits familiers des gens ; une femme qui vend des concombres et du chutney aux passagers d'un car à l'arrêt. J'aime aussi le grognement et les quintes de toux caractéristiques du car qui monte et descend tant bien que mal les flancs des montagnes au long de son voyage de cinq heures jusqu'à Katmandou.
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La pluie a cessé ; en nous élevant dans la chaîne transhimalayenne, nous pénétrons dans un paysage impressionnant : gorges, escarpements, rivière tumultueuse. Toute la vallée, beaucoup plus étroite qu'avant, est verte d'herbe et de qingké, l'orge robuste des hauteurs qui pousse dans la région. Il y a même ici et là des bouquets d'arbres ; et au loin, des glaciers étincelants. Le nombre des habitations augmente au fur et à mesure que la vallée s'élargit. Quand je regarde de nouveau dehors, nous sommes déjà dans la grande vallée du fleuve Lhassa - avec des champs de blé et d'orge, de grands arbres, des bâtisses en ciment et, au loin, plan vertical qui domine tout, le palais du Potala, monolithe d'une immense grandeur, blanc et rose pâle et rouge et or.
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Le paysage m'est à présent de plus en plus familier : des rizières, des terrasses, des bananiers, des flamboyants, des tchampas [frangipaniers]. Je vois un morceau de papier indigo voleter sur le côté du chemin. C'est l'emballage d'un paquet d'allumettes comme on en utilise au Népal et en Inde. Deux femmes dans des saris de couleurs vives traversent des champs émeraude. Lorsque nous entrons dans Bahrbisé, je remarque les boutiques remplies d'étoffes éclatantes et de bracelets de verroterie. Jusqu'au poste de police (avec sa devise peinte en lettres flamboyantes "Vérité, Service, Protection") qui a, sur le devant, un éléphant d'argile décoré d'un bol de plantes grasses. L'une des choses qui m'ont le plus manqué cette année, c'est les couleurs.
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Des yacks noirs, des moutons blancs se répandent sur le vert. Des hommes à cheval guident et transportent de minces bûches à travers la plaine. Mais d'où viennent les bûches dans cette région sans arbres ? Près de Naqou, sur le bord de la route, la carcasse écorchée, rouge, énorme, d'un yack, que des hommes armés de couteaux découpent en morceaux. Les yacks comptent pour beaucoup dans cette économie : les transports, le lait, la viande, la fourrure, les sabots, la bouse, les os, la peau, la queue, on utilise tout. Quelle machine fabuleuse qui peut changer l'herbe en vêtements, en beurre, en combustible et en cuir de tente !
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Video de Vikram Seth (1) Voir plusAjouter une vidéo

Vikram Seth : Deux vies
Dans le cadre du "Salon du livre" dont le pays invité est l'Inde, Olivier Barrot présente cette semaine des livres d'auteurs de ce pays depuis le collège franco-britannique à la Cité Internationale Universitaire de Paris. Olivier Barrot parle du livre de Vikram SETH , " Deux vies" aux éditions Albin Michel. Photos extraites du livre.
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