«
le mal Napoléonien ».
Lionel Jospin a le sens de la synthèse. le titre de son dernier ouvrage résume en effet à la perfection la thèse défendue par l'ancien premier ministre. Son réquisitoire contre le Bonapartisme est implacable. C'est une oeuvre de démythification à laquelle se livre l'auteur depuis le consulat jusqu'aux influences du Bonapartisme dans la vie politique française de nos jours.
Napoléon a sacrifié les espoirs - il faut comprendre la mise en place d'une république parlementaire si chère à
Lionel Jospin - et les idées de la Révolution, en
France et en Europe, sur l'autel de son égo mal placé et d'une dictature destructrice.
Nous ne sommes ni dans la réinterprétation du roman National que sait si bien faire
Max Gallo, ni dans l'analyse factuelle d'un historien comme pourrait le faire Jean-Christian Petit-fils. Nous faisons face à une déconstruction méthodique d'un pan de notre histoire à des fins politiques. Car ne nous y trompons pas,
Lionel Jospin signe ici une tribune et utilise l'histoire, certains diront la manipule, pour livrer un message : « La
France doit se prémunir contre les illusions de la démagogie, la logique du bouc émissaire et les dangers de l'autoritarisme. Pas plus que le bonapartisme hier, le populisme n'offre aujourd'hui de solution. L'un et
l'autre reposent sur une mystification. ». le Bonapartisme c'est l'autoritarisme, l'anti parlementarisme, le culte du chef, le plébiscite, le mythe du sauveur…
La principale critique du livre de
Lionel Jospin est son absence de nuances. « Dés lors, il reprend et développe une ancienne accusation de la gauche française à l'égard du bilan
napoléonien, sans nuance et forcément négative. L'air est connu, un peu daté, même si la mise en musique est agréable » note l'historien français
Thierry Lentz. « En se concentrant sur un seul homme,
Lionel Jospin en oublie trop facilement le contexte historique et européen (…) Quel régime peut se vanter d'avoir laissé un héritage à peine modifié par ses successeurs ? Ils ne sont pas nombreux. » développe
Pierre Branda, historien, responsable du pôle Patrimoine de la
Fondation Napoléon.
Plus critique,
Eric Zemmour ardent défenseur de l'Empereur et sans nuance lui aussi, développe : « Cette réécriture de l'Histoire révèle finalement plus sur son auteur et sur la gauche que sur l'Empereur et ses successeurs.
le Mal napoléonien est le livre d'un bourgeois louis-philippard qui ne comprend plus qu'on puisse mourir pour la patrie , confond les grognards de la Grande Armée avec les fusillés de 1917, la Liberté avec la liberté du commerce, la démocratie avec le régime parlementaire et la soumission à l'hégémonie anglo-saxonne avec la paix. »
« L'important n'est pas de savoir si ce que je dis dérange, mais de savoir si ce que je dis est juste. » explique
Lionel Jospin à propos de son essai. Là est tout le problème puisqu'on ne peut raisonnablement assumer sa subjectivité (« Mon analyse n'est pas exempte de subjectivité » en première page du livre) et revendiquer la vérité. Voilà bien un réflexe Bonapartiste.