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EAN : 9782200612283
272 pages
Armand Colin (17/05/2017)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Le géographe retrace l'histoire du petit déjeuner depuis le XVIIIe siècle en évoquant notamment la découverte des denrées exotiques et leur exploitation, leur transformation et leur diffusion en Europe et dans le monde.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Le petit déjeuner tel que nous l'entendons n'a pas toujours existé. Même le mot est récent. La vie moderne fait qu'il n'est plus forcément partagé en famille ne serait-ce qu'à cause de la contrainte du passage successif dans la salle de bain. Les changements dans la cuisson des repas : de la cheminée à la cuisinière et l'apparition des casseroles a aussi joué un rôle.
Les boissons que nous prenons tous, thé, café ou chocolat ont d'abord fait leur apparition sur les tables princières et d'autre privilégiés essentiellement au 18e pour atteindre les ouvriers au cours du 19e.
Le commerce du thé, du cacao et du café nécessitent la création de compagnies orientales et occidentales. La culture du café et du cacao s'est mondialisée, en restant toutefois dans les tropiques si bien que le caféier originaire de l'est de l'Afrique est maintenant surtout cultivé en Amérique du sud et celle du cacao né en Amérique pousse surtout en Afrique. Quant au thé sa culture est restée lié au monde chinois et accessoirement indien. Il a connu deux voies de diffusion, l'une terrestre sous le nom de chaï et maritime sous celui de té, bien qu'il s'écrive avec le même kanji prononcé différemment dans le nord et dans le sud de la Chine.
Ces boissons nécessitent des tasses, elles aussi venues de Chine surtout celles en porcelaine. Et chaque breuvage a eu sa verseuse,théière, cafetière, chocolatière ; et pour le café afin qu'il garde son arôme jusqu'à l'invention de l'emballage sous vide, le moulin à café.
Enfin il fallait du sucre dont le traitement fut mis au point en Inde un millénaire avant notre ère. Les différentes sociétés indienne, iranienne, égyptienne, marocaine qui ont produit du sucre ont toujours fait appel à l'esclavage. Lorsqu'au XIIIe siècle les Européens ont installé des plantations dans des îles méditerranéennes, ils l'ont fait avec des esclaves slaves ou circassiens. D'autres populations utilisaient des noirs.
Plus tard les Anglais inventèrent le coolie trade qui n'avait rien à envier à l'esclavage.
Le petit déjeuner européen s'est en grande partie mondialisé par le “élites” et les villes. Quelques pays comme la Chine résistent.

Une histoire sur un sujet original et passionnant.
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Christian Grataloup applique à un thème original, le petit déjeuner, une grille de lecture, la géohistoire. Ce champ d'investigation croise la dimension géographique, ici « le monde dans nos tasses », et un cadre temporel, « trois siècles de petit déjeuner ».
Le premier repas de la journée est un sujet d'études peu abordé. Christian Grataloup en précise l'étymologie. le terme définit l'apparition d'une nouvelle forme de repas au XVIII ème siècle. Si le « déjeûner » implique une rupture du jeûne nocturne (en français, hindi… ) d'autres langues ( allemand…) ont une appellation qui marque le premier repas de la journée.
Mais l'usage a déplacé le mot dans le quotidien. le déjeuner remplace le dîner en milieu de journée, le petit déjeuner s'impose donc au lever.
Au XIXème siècle, le petit déjeuner européen concentre l'espace monde. Il s'affirme autour de trois boissons chaudes issues de cultures tropicales : le thé, le café et le chocolat. Boissons de luxe réservées à la noblesse et à la bourgeoisie aisée au XVIII ème siècle, elles se diffusent, avec la Révolution industrielle, dans les milieux urbains et ouvriers.
Thé, café, chocolat et le sucre s'invitent donc au petit déjeuner européen. Les pays industriels du Nord se fournissent dans le Sud producteur. Les états européens organisent des circuits marchands ; les compagnies des Indes Orientales ( VOC hollandaise, East India Company anglaise…) intensifient l'importation de thé, de café. le commerce transatlantique est moins risqué. Depuis le XVI ème siècle, c'est le domaine du sucre puis ceux du café et du cacao. Les échanges s'intensifient, les colonies s'étendent, la traite des Noirs procure la main d'oeuvre…
Christian Grataloup présente l'évolution de la culture du café, la boisson la plus internationalisée du petit déjeuner. D'origine africaine (Ethiopie), elle est transportée et cultivée en Amérique latine et aux Antilles. Tandis que le cacao, plante américaine, suit le chemin inverse. C'est en Afrique que la culture du cacaoyer s'intensifie. le chocolat associe le cacao (d'origine mexicaine) au sucre (d'origine asiatique). La culture du thé est, elle, multiséculaire, production et consommation restent surtout asiatiques. Quand le thé a la faveur des britanniques, la guerre de l'opium et « l'espionnage « (Robert Fortune) permettent l'extension de la culture aux mains du Royaume Uni.
L'élaboration des boissons matinales demande une préparation complexe, de nombreuses inventions techniques … La tasse, d'origine chinoise, est modifiée pour la consommation de café, de chocolat…. Objet monde, elle est transformée par l'industrie de la porcelaine, l'arrivée des mugs….Les multinationales élaborent des boissons plus faciles d'utilisation (chocolat en poudre, café soluble…). Elles étendent leur marché au monde. Ainsi le " modèle" du petit déjeuner européen est mondial. Les productions tropicales sont au coeur des rapports Nord/ Sud. le « continent breakfast » s'est installé autour du monde, mais des traditions demeurent. L'auteur en voit des changements récents. Ainsi, le brunch associe petit déjeuner et déjeuner. La consommation en circuit court et local rentre en contradiction avec le commerce équitable. le local emprunte un autre chemin que le tiers- mondisme.
Les sujets abordés sont nombreux et montrent une vaste culture. La synthèse est claire , la lecture est aisée. Un ensemble intéressant d'illustrations annotées complète l'ouvrage. Voilà un livre à recommander.


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critiques presse (1)
NonFiction
14 août 2017
Avec Le Monde dans nos tasses, Christian Grataloup a ainsi écrit un essai historique à la fois accessible et intelligent. Rédigé dans une langue claire, avec un minimum de notes, le livre est accompagné d’indications bibliographiques ramassées et d’un beau cahier d’illustrations.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L’opprobre qui frappe le grignotage est sans doute aussi social que diététique. Il stigmatise un désengagement du rite collectif des repas et du respect de ses horaires. La désocialisation découle pour partie du caractère souvent solitaire du grignotage — quoique la pizza partagée devant un match corresponde plutôt à un repas fortement socialisé —, mais surtout de la rupture avec les rythmes sociaux collectifs.
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Le maintien durant des décennies de prix internes supérieurs au niveau mondial, pour assurer un revenu un peu décent aux éleveurs européens, en induisant des exportations subventionnées, a durablement contribué à générer des prix internationaux modestes aux effets délétères sur les agriculteurs des pays qui ne pouvaient pas financer de telles politiques agricoles.
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Le système de la plantation est souvent considéré comme un des modèles expérimentaux de l'usine du XIXe siècle. L'histoire du petit déjeuner est indissolublement liée à celle de la Révolution industrielle et de son avers : la fabrication du sous-développement sous les tropiques.
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Le brunch reste, malgré tout, une pratique du dimanche proposée par de nombreux restaurants qui ont trouvé là un moyen d'offrir un repas peu coûteux à préparer et à servir, mais dont l'image permet de la facturer à un tarif rentable.
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Le thé qui aidait les travailleurs anglais à survivre n'a pu être produit à un coût suffisamment modeste qu'au prix d'une exploitation encore plus féroce des travailleurs indiens sur les plantations de la Malaisie aux Antilles.
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Videos de Christian Grataloup (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christian Grataloup
Dans le cadre des conférences ECHO organisées par Cap Sciences, rencontre avec Christian Grataloup autour de son livre "Géohistoire" aux éditions Les Arènes. Entretien avec Raphaël Dupin.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2920760/christian-grataloup-geohistoire-une-autre-histoire-des-humains-sur-la-terre
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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