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EAN : 9782070348275
368 pages
Gallimard (06/12/2007)
4.02/5   81 notes
Résumé :
1974.

Le noir est une couleur naît avec les années 60. Une jeune mère s’enfuit en Allemagne avec ses enfants et Bill, son amant noir américain, arraché à un asile psychiatrique genevois. Au terme de leur cavale, l’étrange famille va échouer à Munich, ville a priori hostile à leur mauvais genre. Petit à petit, pour survivre et échapper à l’inertie psychique de son compagnon, la narratrice va, sans souteneur ni tabou, se livrer à la prostitution.
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Cette histoire est écrite à la mémoire et à la gloire de Rodwell, mon amant noir qui vit à Chicago dans la Michigan Avenue, au quartier nègre.

"En Amérique, dit Rodwell, on tue nos âmes."

La paix soit à son corps, et que l'épargne au sein des émeutes le délire imbécile et jaloux des Blancs à tête de singe.

Que son grand sexe velouté, que j'ai tenu dans mes mains blanches, pareil à un lys noir tressaillant, fasse crier d'amour les négresses luisantes, et qu'il dresse leurs seins comme des lunes de bronze.

Car je marcherais pieds nus à travers toute la terre, je sentirais avec délice les épines s'enfoncer dans ma chair, les sables me brûler et les cristaux de neige m'écorcher comme des couteaux, si je pouvais sentir encore en moi sa tige de feu me défoncer le ventre, tornade brûlante de l'amour noir.

Oui, nous nous sommes aimés, nous nous sommes drogués, nous nous sommes anéantis dans les cris rauques du jazz. Je suis vide. Ton absence m'est la plus précieuse. Ta chair bleuit le soir à ma fenêtre et s'assombrit tout entière, refermant sur moi sa coupole constellée de sueurs d'or. Je suis toi. Je n'ai pas d'autre chant que ton nom sur mes lèvres. »


Voici une des plus belle lettre d'amour qui vous sera donnée de lire.
C'est Grisélidis et Rodwell. C'est un amour. C'est le seul fruit qui protège l'arbre.
Grisélidis Réal, peintre, écrivain, prostituée. Mère de quatre enfants. Une princesse tzigane.
Une reine. Pas une sainte. Ah ça non !!! , sans doute se serait- elle écriée.
Une femme du genre... rebelle.
Hors la loi, pour ceux qui écrivent les lois.
Elle , comme Libre pour ceux qui suivent les étoiles.
Je repense aux saintes du scandale d'Erri de Luca.
Il y a un peu de ça je crois.
Païenne, profane, une âme, une force animiste, une source. Quelque chose de tellurique, d'ancestrale, de tribal.

Grisélidis est une femme mythique. Belle, flamboyante, extravagante, espiègle, rusée, bouleversante, une femme louve, une mère lionne.
Oui elle se prostitue, et le revendique dans ce Munich d'après guerre, dans cette Europe ravagée, dans ce pays de nuit et de brouillard, elle danse, elle jazz, elle aime, elle accueille dans son ventre toutes les fleuves, tous les torrents, toutes le larmes.

Elle sait le froid, le manque, elle sait la solitude, elle sait le partage, la peur, et l'innocence. Elle sait la colère, l'injustice.

Elle ne ment pas, ne vole pas, ne fais de mal à personne. Elle défend celle ou celui qui doit être défendu., peu importe son statut. Toute sa vie elle défendra les droits des prostituées. Elle connaissait cet enfer, elle combattait l'hypocrisie d'une société soumis à l'ordre religieux et bourgeois.

On la montre du doigt. On la croit perdue, incurable, incapable, de si basses vertus.

Et elle vit, elle crée, elle vit, elle résiste.

Elle marche sur le trait. « Un trait, une corde, une ligne de douleur qui parcourt le monde et sur laquelle nous marchons toutes. Une sorte d'équateur invisible, qui traverse la terre et nous écorche les pieds et l'âme. "

Auf den Stricht.

Dans ce monde capable d'exterminer des êtres humains, elle vit en choisissant son chemin, en choisissant de vivre parmi ceux qu'elle a choisi pour être siens.

Ceux dont le « coeur faisait fondre l'hiver ».

« Sonja, le son de ta voix rocailleuse résonne à mon oreille, ton sourire est en moi, il m'habite. Ton ventre tant de fois gonflé et brûlé par les mater,ités et ls maladies, sous son petit tablier, c'est le ventre de toutes les femmes tziganes déportées dont les noms oubliés sont chuchotés aux portes des anciens camps, sur les chardons, les pierres et les vieux barbelés enfoncés dans le sol des terrains vagues, les soirs de grand vent ».

Celles et ceux qui n'ont qu'un seul pays, qu 'une seule patrie, qu'une seule identité : l'humain. L'humain avant tout.

« Moi, je suis de race gitane.J'aime la nuit et son haleine invisible qui donne à l'univers son espace sans limites. »
C'est une écriture, objet de littérature. Une relle écriture.
C'est un témoignage,aussi, un récit autobiographique. C'est également la radioscopie de cette société qui après guerre alors que le monde avait basculer dans la barbarie, alors qu'il venait d'en sortir et cela de justesse, ce monde n'avait de cesse que de reprendre ses méchantes habitudes. Dicter sa morale, ses lois, interdire, enfermer, surveiller, ficher, dénoncer, cadenasser, .

Un monde avec des armées, ses polices, ses prisons et sa morale , un monde qui n'avait rien compris à ce qui s'était passer. Un monde incapable de retenir la moindre leçon et qui se précipitait à en redonner et cela même devant les charniers qu'il avait lui même dressé. Un monde qui n'en finira jamais de dresser des murs.
Un monde qui ne cessait de vouloir recommencer. Car si la prostitution est un délit, la guerre elle est un crime contre l'humanité.
Les putes ont les jettent en prison, les généraux on les décore. Cherchez l'error mon « saigne-or »….

Soyons conscients comme l'était Victor Hugo que « La misère offre, la société accepte ».
La société est grosse et pleine de ses propres délits. Ici les clients sont aussi les marchands.

Alors oui elle est belle. Son écriture est belle. Parce qu'elle est vraie.
Sa peinture nous parle. Elle nous parle de la nuit, de la première nuit, de la première étoile.
Grisélidis Réal est enterrée au cimetière des Rois à Genève.
Certains rois ont à présent une Reine.

Astrid Shriqui Garain, 09.2016, lecture.
Lien : https://dutremblementdesarch..
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Grâce à un reportage sur Arte sur les personnages oubliés de l'histoire, je me suis intéressé à Grisélidis Réal et j'ai choisi ce livre un peu au hasard. J'ai été emballé par ce livre. La découverte de la prostitution en Allemagne dans les années 60, ainsi que la description des milieux Tziganes, sont très intéressantes. L'écriture est belle et on y lit toute la rage et tout le désespoir de l'auteur.

J'ai quand même quelques réserves concernant le livre : la première, et la plus important, concerne la quatrième de couverture (de l'édition Verticales). Il est indiqué "Roman autobiographique"... Cette dénomination m'a gâché la lecture car j'étais ensuite partagé entre le sentiment de lire un récit ou de lire une fiction. Il aurait mieux valu écrit roman si tout n'est pas vrai, on aurait compris grâce à la force de l'écriture que l'expérience de l'auteur renforce le réel des situations. Ensuite, je trouve qu'il est dommage que les nombreux dialogues en allemand ne soient pas traduits (et je ne comprends pas bien pourquoi certains le sont et pas d'autres). Enfin, je trouve que ce livre perd un peu de sa structure à la fin, les anecdotes s'enchaînent un peu trop rapidement et cela nuit au rythme du récit.
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Grisélidis Réal... Une femme magnifique en recherche de liberté absolue. Suisse, humaniste, prostituée. le noir est une couleur raconte sa fuite, après-guerre, de la Suisse à l'Allemagne avec ses enfants et un noir, "fou", qu'elle a sorti de l'asile. Les noirs, elles les adorent. Elle en sera amoureuse toute sa vie.
Le récit est attachant, cru, violent, parfois ad nauseam et plein de tendresse, d'humour, et, je me répète, d'humanité. LNEUC est aussi le reflet d'une époque. La manière dont Grisélidis présente sa vie, simplement, nous interroge. La liberté par la prostitution? L'humanité et la révolution par le sexe sans tabou? Humanité simple et sans concession. À lire. Je vous recommande ce livre. Pour faire la connaissance de cette artiste gitane, engagée, courtisane, vous pouvez consulter quelques vidéos d'archives sur Youtube.
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Une jeune femme s'enfuit avec ses deux enfants et son amant, Bill en Allemagne. 


Mais ils vivent dans la misère et Bill ayant des problèmes psychiques, la situation devient vite intenable.

-- La narratrice doit travailler, et pour cela elle va devenir une prostituée.

Pour subvenir à ses besoins, à ceux de ses enfants.


Elle va intégrer une petite pension que l'on appellerait plutôt une maison close dans laquelle se succède nombre de soldats chaque soir.


Années 60 où les noirs sont mal vus et où les blancs les fréquentant sont jugés.


L'actrice à retracé dans cet ouvrage son parcours pour sortir de la galère, elle écrit l'amour qu'elle ressent pour les personnes de couleur, et elle nous conte surtout les deux histoires d'amour qu'elle a eu dans sa vie.

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Quelle sont les failles de cette femme qui renonce à une vie "ennuyeuse" pour suivre un schizophrène en Allemagne en embarquant ses deux jeunes enfants et finir dans la prostitution ? On en saura rien tout au long de cette lecture difficile tant la violence y est présente, la misère douloureuse et l'insécurité permanente. Il y a du style dans cette écriture, de l'intelligence chez cette femme mais que c'est compliqué de suivre son histoire sans être éprouvé !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
RONNIE. Dieu nègre à la peau braisée de calcinée, au parfum d’orchis et de gingembre, au sexe comme un grand lys noir.
Ronald Rodwell au visage de panthère, au front lisse, aux épaisses lèvres fendues comme une écorce. L’iris violacé de tes yeux est un puits profond, il est ma nuit, mon alcool, ma drogue.
J’ai bu à la pointe de ton sexe une liqueur au goût de soufre et d’ammoniaque, je me suis abreuvée aux sources salées de ton ventre, aux grains de raisin bleu de ta poitrine.
J’ai frémi sous tes cuisses dures, lentes à l’assaut, et déchaînées ensuite comme un océan furieux. J’ai crié, j’ai hurlé, j’ai agonisé sous la morsure de ta lame d’ébène, ses brulures, ses déchirures au plus profond de mon ventre.
Tu m’as tuée, tu m’as ressuscitée, et je n’en finis pas de revenir à la vie, dans le limon de nos jouissances mêlées, entre tes deux typhons noirs qui m’enserrent.
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A pas de louves, à pas de tigresses et d’oiseaux, nous marcherons sur la lune s’il le faut, nous gagnerons l’espace qui nous revient, à nous qui sommes le baume sur les blessures, et l’eau dans le désert, parfumées, étincelantes, offertes et blessées, douces et violentes, femmes et magiciennes, princesses de nos sens et du désir des hommes.
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A tant d’amies disparues, mortes de solitude, de trop d’amour donné, jamais reçu : à leur mémoire, il faudra que je dise comment le quotidien les a assassinées, et le mépris des gens. Et comme elles étaient belles, généreuses, pleines de talent et de mystère, entourées de tous ceux qui avaient tellement besoin d’elles, qui avaient faim de leurs caresses, de leur tendresse, de leur infinie patience, de leur savoir, de leur pouvoir.
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Tout le mal qu'on m'a fait, la faim, les coups, la tôle, tout ça, je m'en fous ! Je ne verserai pas de larme sur la merde passée ! Mais sur toi ce soir je verse des larmes d'amour, Noir qui m'as sauvée, qui m'as aimée, nourrie, caressée. Mes enfants aujourd'hui encore se souviennent de toi, et je pleure quand je pense à tes bras. Où que tu sois, sache que tu es toujours dans mon cœur, assis à la place royale, tu es intact sous l’écorchure du temps.
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Au début, je n'osais pas me mettre nue.
Mais Sonja m'a dit :
_Tu peux te laver sans crainte. Tata a tellement vu de femmes nues au camp de concentration, des mortes et des vivantes, qu'il y est habitué, ça ne lui fait plus rien.
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Ce faisant, elle ouvre un espace de réflexion sur l'art. de Cabanel à Mia Khalifa, de Samuel Beckett à Grisélidis Réal, elle tisse des liens entre poésie, pornographie et oeuvres plastiques. Et dévoile ce que notre époque a de singulier et d'universel.
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