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EAN : 9782021183344
336 pages
Seuil (03/03/2016)
3.38/5   32 notes
Résumé :
Revoilà le juge Alberto Lenzi, qui aimerait tant se la couler douce entre ses maîtresses, ses bons petits repas et ses pokers du vendredi soir dans le cadre idyllique de la Calabre, où il travaille comme magistrat rattaché au parquet d'une petite ville de la plaine de Gioia Tauro. Hélas, le calme ne saurait durer : des travailleurs journaliers noirs se révoltent contre les conditions misérables dans lesquelles ils ramassent les oranges. La police charge et quatre fu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Où l'on retrouve Alberto Lenzi.
Toujours juge d'un petit parquet calabrais à la pointe de la Botte, face à la côte sicilienne, Lenzi continue à vivre sa vie de patachon rythmée par les parties de poker et de jambes en l'air. Mais une affaire le met sur la sellette. Mandaté pour mener un coup de filet dans le port où sont attendus deux-cents kilos de cocaïne que doit récupérer un clan de la ‘Ndrangheta, il voit à la fois les truands et le colis se volatiliser à son nez et à sa barbe. Quand quelques jours plus tard un employé corrompu est retrouvé pendu comme du gibier dans la propriété d'une autre ‘Ndrina, il semble qu'une guerre se profile. Une guerre que Lenzi laisserait bien se dérouler, histoire que quelqu'un fasse le ménage à sa place, mais sur laquelle il se sent obligé d'enquêter, non seulement parce que sa hiérarchie le presse, mais aussi et surtout parce qu'il entend effacer l'humiliation subie au port. Et quand son informateur de circonstances et pas vraiment de confiance, le chef de bâton Don Mico Rota demande à lui parler, Lenzi se retrouve une nouvelle fois sur le fil, ne sachant pas dans quelle mesure le vieux ‘ndranghetiste le manipule.
En l'espace de deux romans, Mimmo Gangemi a réussi à mettre en place une galerie de personnages que l'on se plaît à retrouver : Lenzi, noceur, fainéant mais opiniâtre, macho mais aussi véritable coeur d'artichaut, Mico Rota, manipulateur au possible et qui aime à s'arranger avec le code d'honneur, Marina et Chiara, femmes fortes dans une administration et une société qui voudraient ne voir en elles que des objets sexuels, et toujours ce club des officiers dans lequel les notables de la ville se retrouvent pour disserter sur la vie criminelle locale et les implications de chacun, non sans rappeler parfois les clients du OJ Bar & Grill de Donald Westlake.
À travers eux et les histoires qu'il met en place Gangemi parle de la Calabre, de la ‘Ndrangheta mais aussi, plus largement, de l'Italie d'aujourd'hui, de la barrière entre le Nord et le Sud, de la misère des travailleurs clandestins, du poids de coutumes ancestrales et de la corruption. Et si cela fonctionne bien, c'est qu'il le fait sans manichéisme et avec un sens consommé de l'humour qui lui permet d'allier l'étude précise de cette société et une distanciation de bon aloi. Avec toujours des intrigues classiques et sans grandes surprises qui ne servent finalement qu'à lui permettre de mettre en branle les jeux de manipulation et de séduction qui animent ses personnages, Mimmo Gangemi offre encore une fois un roman qui en dit beaucoup sur un monde – l'Aspromonte – qui n'est pas aussi clos que l'on voudrait le penser mais bien intégré à la mondialisation, tout en gardant cette légèreté et cet humour qui en font une lecture toujours instructive et agréable.
Et l'on saluera au passage la traduction de Christophe Mileschi et son idée de rendre compréhensible le dialetto de Calabre en utilisant l'artifice de l'occitan dans sa variante provençale qui permet de faire saisir le sens au lecteur sans avoir à accumuler les notes de bas de page.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Deuxième enquête d'Alberto Lenzi en Calabre, substitut du procureur de son état.

« Odieux, répugnant, antipathique, débauché et vicieux, ça oui, mais bête, non. »

Un magistrat parfois porté par l'idée que la seule façon de faire prévaloir la justice, c'était que les ‘ndranghettistes se fassent la peau entre eux.

Deux histoires en une, en plus des déboires amoureuses du petit juge : d'un côté la misère des travailleurs clandestins, de l'autre le poids des coutumes ancestrales et de la corruption, et aussi le trafic de drogue quand même.

Il est probablement vrai que le sud de la botte est infesté par une certaine corruption, tout comme les médias sont soumis à un certain Berlusconi un peu plus au nord, mais tout est dans la mesure et tant qu'on respecte l'honneur et la ligne blanche à ne pas dépasser, qu'importe !

« Mieux vaut nourrir les asticots que perdre la face. »

Le pacte, si pacte il y a réellement, sera avec Don Mico Rotta, grand manipulateur devant l'éternel, dont le discours est parsemé de paraboles parfois tirées par les cheveux. La vérité est difficile à décrypter car ce pacte ne doit pas être une ‘infamie', à savoir une dénonciation.

La prose de Mimmo Gangemi est chatoyante, rurale, vraie et tissée d'humour. Qui d'autre qu'un local pouvait présenter la ‘Ndrangheta en connaissance de cause.

Promis, l'année prochaine je pars en vacances en Calabre.

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Pour ceux qui connaissent déjà Mimmo Gangemi, le petit juge est de retour. Ce magistrat, en mauvais termes, pour ne pas dire haï par son procureur est toujours en prise avec la mafia calabraise, "la N'drangheta", bien plus hermétique et plus rouée que la Camorra napolitaine ou la Cosa Nostra sicilienne.
Un responsable des douanes est découvert pendu par les pieds, atrocement mutilé. Deux cent kilos de cocaïne disparaissent d'un conteneur sur le port. Trois cadavres de noirs sont retrouvés enterrés, pas très loin de la première scène de crime où d'ailleurs on a retrouvé aussi leurs traces. Alberto Lenzi, ce petit juge, qui est aussi un coureur de jupons invétéré, ainsi qu'un joueur de poker patenté va enquêter. Et il va tomber sur tout ce que ces mafieux issus de la terre comporte de plus vil, de plus machiavélique, de plus intelligent dans la manipulation en la personne de Don Mico Rota, un vieillard « assigné à résidence » par maladie, diablement futé et particulièrement vicieux lors de ses interrogatoires.
Le pacte du petit juge raconte tout ce qu'il peut y avoir de complexe dans la recherche de la vérité lorsque tous les partis en cause se mentent, complotent, accusent, menacent, tueraient père, mère ou enfants pour arriver à leurs fins. Ce n'est même plus parfois une question d'argent qu'une question d'orgueil, de suprématie familiale.
Mimmo Gangemi a une écriture difficile à laquelle on peut reprocher de trop denses narrations et de conversations philosophiques notamment autour du cercle de jeu et donc des chapitres trops longs. Mais elle est parsemée de paraboles astucieuses et d'un humour, souvent régional et rural sur le caractère même des habitants de cette Calabre écrasée par le soleil, qui raviront le lecteur
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[...] L'affaire était morte et enterrée.

Après la déferlante scandinave, le temps serait-il venu de la vague italienne ?
À en croire nos lectures depuis quelques mois, c'est peut-être le cas.
Antonio Manzini, Marco Vichi, de Cataldo, de Giovanni, Gianrico Carofiglio, ... depuis deux ans les coups de coeur s'empilent sur l'étagère des polars venus de la botte méridionale.
Cette fois, c'est encore plus au sud, en Calabre où règne la 'Ndrangheta, la mafia locale, que nous emmène Mimmo Gangemi avec son deuxième polar : le pacte du petit juge.
La prose de Gangemi est riche et ronflante, gorgée d'huile d'olives, goûteuse et charnue.
Autant dire qu'on est à l'antipode méridional de la prose sèche et efficace auxquels bon nombre d'auteurs anglo-saxons nous ont habitués. Pas question ici bas de tourner les pages à vive allure.
En Calabre, on prend son temps pour écrire.
Tout comme pour conclure une affaire, croupir en prison, enterrer un dossier ou ruminer une vengeance.
Un juge est assassiné au bas de chez lui. Les risques du métier en cette région ?
Peut-être, mais deux de ses amis ne l'entendent pas ainsi. Son collègue Alberto Lenzi va reprendre l'enquête.
Bref, le juge Lenzi est l'homme idéal à qui confier une affaire dont on souhaite qu'elle reste enterrée (et c'est le cas de le dire) et qu'elle ne voit jamais le jour.
D'où l'amère déception de ses supérieurs après quelques chapitres ...

[...] Comment aurait-il pu imaginer qu'il se mettrait à déployer de soudaines compétences au lieu de rester égal à lui-même ? Il avait découvert le dépôt de scories radioactives, arrêté des coupables, et trouvé Dieu sait quoi d'autre encore.

Une affaire de déchets. Toxiques.
L'affaire et les déchets sont toxiques.

[...] Et du plomb, il fallait s'attendre à ce qu'il y'en ait.

L'intrigue est simple, voire même un peu convenue, mais la prose de Gangemi est ronflante et savoureuse et ses personnages sont particulièrement épais (paradoxalement, c'est le juge Lenzi auquel on a le plus de mal à s'intéresser). On est passé à deux doigts du coup de coeur.
Pour celles et ceux qui, depuis Fukushima, aiment les histoires radioactives.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Calabre. Plaine de Gioia Tauro. le récit s'ouvre sur une scène d'émeute. Trois ouvriers agricoles noirs sont tabassés. Plus tard, deux cent kilos de coke se volatilisent alors que le petit juge surveillait l'affaire. Il passe pour un bouffon auprès du procureur, son pire ennemi, et de ses collègues alors que l'on retrouve Spanti, un employé de la Douane, dans un sale état. Son premier réflexe, qu'il a déjà eu précédemment, est de se tourner vers don Mico Rota, l'un des vieux caïds de la région, qui purge sa peine en détention à domicile.

Force est de reconnaître que lorsque l'on a fait un bout de chemin - « La Revanche du petit juge » (lien) - avec un auteur et que celui-ci fut d'une compagnie très agréable on a plaisir à lui serrer la poigne en le rencontrant à nouveau. Ainsi, alors que ses pas guident nos pas, on laisse le charme agir et c'est avec entrain et appétit que l'on suit le nouvel épisode de son petit juge. Ce dernier a toujours des problèmes de coeur. Non pas des extrasystoles qui font que les battements s'affolent, non plus de l'athérosclérose qui peut rendre morose car l'alimentation est souvent en cause. Non, sa crise de coeur (ou maladie d'amour) est autre, Marina a quitté son appartement. Alberto Lenzi est (et restera peut-être) un éternel amoureux des femmes qu'il s'acharne à faire fuir. La vanité et l'orgueil – dont il s'affuble - ne font pas bon ménage avec le partage hormis lorsqu'il s'agit de satisfaire sa libido. Monsieur ne conçoit qu'avec un certain malaise d'officialiser sa relation, monsieur est un butineur. Perturbé il l'est et ce n'est pas un atout pour diriger efficacement une enquête puis une autre s'y ajoutant.
La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/03/des-familles-en-guerre.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[...] Le fille du docteur Scuto, encore demoiselle - mais seulement des oreilles, selon le qu'en dira-t-on - avait dans le four une miche mitonnée par le fils d'un cordonnier qui était plus souvent à la cave que dans son échoppe, nouvelle ensuite démentie par les actes officiels, le fruit du péché n'ayant jamais paru, mais dont tout le monde savait qu'elle était vraie, le four ayant été nettoyé nuitamment.
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" Un mois à peine après l'arrivée de Lenzi au Parquet, il y avais huit ans de ça, que déjà ils ne pouvaient plus se sentir. Lenzi, aux yeux du procureur, avait davantage d'affinités avec une moule de bouchot qu'avec le genre humain. Et le procureur, aux yeux de Lenzi, se distinguait à peine d'un chimpanzé en captivité, voire ne s'en distinguait pas du tout, et c'est le chimpanzé qui aurait eu des raisin de se plaindre d'un tel comportement."
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Vous savez ce que c'est, un AVC, hein ? l'agresse le commandeur. Un AVC, c'est quand les fils du cerveau font masse, provoquant un court circuit. Étant donné que la tête de celui que vous appelez "marquis" est comme ses poches, aussi vide, et qu'il n'a pas de cerveau du tout, comment pourrait il avoir fait un AVC ?
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Le raisonnement avait sa logique. Mais la plupart choisirent de ne pas être d'accord. Ce qui faussait les résultats, comme lors des élections municiaples, quand les déclarations d'intention étaient largement en faveur du candidat dont on craignait le plus les représailles, tandis que les votes suivaient une autre route.
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[...] De toute façon, l'affaire était morte et enterrée. Et quand une affaire est morte et enterrée, personne n'a intérêt à s'armer d'une pelle et d'une pioche pour la déterrer.
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