Ritwik Gosh, homosexuel tente de fuir la misère qu'il a connu en Inde, son pays d'origine. Son enfance tragique la marqué au fer rouge. Naturellement doué pour les études, régulièrement battu par une mère excessive, il sort de cet enfer et émigre en 1990 de Calcutta pour l'Angleterre. Il va, pour survivre servir avec une grande dévotion et beaucoup de sérieux Miss Cameron, octogénaire britannique. le fait qu'il soit homosexuel marque tous les tournants de sa vie et l'embourbe irrémédiablement vers des situations dangereuses.
Parrallèlement, Miss Gilby vient enseigner l'anglais et les bonnes manières à l'épouse d'un notable bengali. Une vie nappée de conventions, de savoir vivre où le risque n'a pas sa place.
Le noir. le blanc.
Deux destins croisés. L'inde de Ritwick cruelle et sans appel, sera pour Miss Gilby une Inde empreinte de douceur de luxe et de retenue.
Je ne suis pas sortie indemne de cette histoire. J'ai été plus d'une fois en apnée. Certaines scènes sont extrêmement difficiles.
Cela tient à quoi le destin? Etre né au bon endroit, rencontrer les bonnes personnes au bon moment.
Ritwick avance dans la vie avec des fils entremêlés dans les jambes qui l'empêchent de mettre un pas devant l'autre. Il marche droit, trébuche, tombe. Il ne marche pas très droit, tombe, se relève. Il tombe, se met à genoux. Il est épuisé. Les fils s'épaississent pour devenir des chaines. Il n'y arrive plus....
Et moi, j'ai accompagné Ritwick, la boule au ventre, les yeux humides. la peur, l'effroi ont soulignés certains chapitres avec un sentiment de gâchis humain, d'engrenage.
L'histoire croisée de Miss Gilby m'a permis de reprendre mon souffle, de faire une pause et de croire que finalement, il existe des histoires sereines!
Le ton est plus vrai que vrai. Je me suis même demandée si ce n'était pas en partie un roman autobiographique.
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Impression très mitigée pour ce roman dans lequel deux histoires sont racontées en parallèle. Nous suivons l'arrivée d'un jeune homme indien venu étudier en Angleterre dans les années 90, et nous découvrons aussi le quotidien d'une anglaise devenue préceptrice en Inde en 1900. le lien entre les deux histoires se révélera en cours de lecture mais n'apporte finalement pas grand chose à l'histoire.
Je me suis ennuyée tout au long de cette lecture, les personnages ne m'ont pas semblé particulièrement attachants et le rythme est vraiment lent.
Certes, nous assistons à des faits historiques réels mais racontés avec une telle froideur que je ne me suis pas sentie impliquée du tout.
La quatrième de couverture n'est pas tout à fait correcte, un des faits mentionné ne se produisant qu'au trois-quart du livre.
J'aime énormément les romans se passant en Inde mais là, je n'ai rien appris de nouveau et j'ai vraiment eu du mal à rester absorbée par cette lecture assez insipide.
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J'ai été totalement emballée par ce roman, dont j'ai apprécié la justesse à bien des niveaux. Les personnages, tout d'abord, sont d'un réalisme surprenant. Ni bons ni mauvais, tout simplement humains, ils interviennent dans la construction personnelle de Ritwick comme autant d'expériences. le roman est effectivement construit comme une quête de soi, dans laquelle les racines de Ritwick représentées par les membres de sa famille, qui figurent habilement le carcan de la société indienne, s'opposent aux rencontres anglaises, faites de plein gré par le personnage.
A la moitié du roman à peu près, apparaît Anne, cette vieille anglaise à demi sénile et à demi clairvoyante avec qui il établira une relation unique, émouvante, qui justifie à elle seule la lecture du roman.
Le texte est littéralement ciselé. Bien que n'ayant pas eu accès à la version originale, il me semble qu'il faut saluer la performance de la traductrice, qui nous offre l'accès à une oeuvre foisonnante mais sobre, à une plume raisonnable qui livre sans l'alourdir le point de vue de Ritwick qui s'évertue à éviter la fatalité : « N'a-t-on pas le droit de tourner le dos au malheur ? » dit-il dans le roman.
Je suis soufflée, impressionnée par ce petit bijou de littérature contemporaine, qui donne à penser sans intellectualiser, qui touche, émeut, sans sensiblerie. Vivement recommandé !
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Un livre étrange, où s'entremêlent deux histoires, deux quêtes d'une rencontre impossible entre des cultures aussi éloignées l'une de l'autre que celles de l'Angleterre et du sous-continent indien, selon son appellation scientifique. Ritwik Gosh, natif du Bengale, croit trouver en Angleterre un havre de paix qui lui permettra de mener à bien ses études. Très cultivé, d'un esprit fin et délié, il va devoir, pour gagner son pain, accepter les tâches les plus serviles, tout en cultivant son homosexualité. Pas facile… Heureusement, il peut consacrer ses quelques moments perdus à l'écriture d'un roman portant sur la vie imaginaire d'une gouvernante anglaise, partie en Inde à l'aube du vingtième siècle pour éduquer les jeunes femmes et leur rendre leur dignité en les émancipant des préjugés qui les asservissent. Une pirouette finale, que l'on voit se profiler bien avant, au fil de la lecture et des rencontres de notre héros désabusé, fait se rejoindre fiction et réalité. Une vision amère du monde actuel, où l'amour se monnaye comme une marchandise, mais aussi un pamphlet anticolonialiste démontant les rouages des rapports ténébreux entre Orient et Occident. Une oeuvre magistrale, qui surprend par sa force et la qualité de son écriture.
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Comment expliquer qu'il essayait aussi d'échapper à la touffeur moite des moussons, à la chaleur écrasante de l'été qui le visait de son sang et de toute énergie, faisant de lui six mois de l'année une pauvre crétaure malade, alanguie, comme droguée ; aux insectes qui pullulaient pendant les pluies ; à la crasse et à la boue des rues de Calcutta qui s'immisçaient dans ses sandales éculées et suintaient entre ses orteils ; aux treize heures par jour de coupures de courant ; au manque d'eau chronique ; aux jours de diète forcée, exacerbant les tensions qui couvaient année après année en une lente suppuration dans une famille contrainte à la promiscuité ?
Les garçons avaient été élevés comme des bêtes de somme à qui l'on met des œillères pour qu'elles ne voient que le chemin qui part droit devant elles ; et avaient disparu. Disparue aussi, cette pression constante qui faisait d'eux des investissements à long terme ou des polices d'assurance-vie, brûlée par les mêmes flammes qui avaient consumé leur mère. A sa place, il y avait une liberté si vaste, si obscure que c'était comme si on les avait catapultés dans l'espace. Ils n'auraient personne à leur charge, pas de gens âgés à s'inquiéter pour leur santé ou les frais que nécessitaient leurs maux divers et variés, aucune corde à leur cou ; leurs vies leur appartenaient enfin en propre, sans que quiconque puisse revendiquer un droit dessus.
Ce pays là ne ressemblait à aucun autre, ni à rien de ce qu'elle avait pu connaître ou imaginer... oui, c'était là un pays où il lui faudrait tout réapprendre.
Mais n’a-t-on pas le droit de tourner le dos au malheur, de suivre un autre chemin que celui qui vous mène à une impasse ? Je voudrais pouvoir prendre un nouveau départ, dans un nouveau lieu, avec des gens nouveaux. Est-ce si inconcevable ?
Ritwik a lu quelque part que les clichés sont en fait des affirmations éprouvées par les générations successives et universellement acceptées comme des vérités.