AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782081443839
160 pages
Editions Arthaud (20/02/2019)
4.15/5   47 notes
Résumé :
"Ces lieux façonnent des gens un peu verticaux, austères et tenaces... C'est un fond dont je ne me suis jamais départie, et le travail d'écriture, depuis plus de vingt ans, m'y confronte constamment (...) ; ce nord du Cantal, ce pays perdu à mille mètres d'altitude, est fondateur ; et le sauvage n'est jamais loin ; il palpite sous l'écorce des choses."

Marie-Hélène Lafon a grandi dans une ferme isolée du Cantal, au coeur de la vallée de la Santoire, e... >Voir plus
Que lire après Le pays d'en hautVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
4,15

sur 47 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
"Ils me regardent quand je passe à -La Grande Librairie-...Leur fille est "dans le poste "!
Mon père me demande parfois comment marchent mes livres, de la même manière qu'il demanderait à un paysan du coin combien il a vendu sa vache. Pour eux, j'ai deux métiers, professeur et écrivain. En même temps, ils ont bien conscience que le matériau même de mes livres est leur monde, ce monde même dont ils m'ont toujours dit qu'il était déjà fini; ils savent qu'une trace s'est inscrite dans mes livres. "(p. 90)

Un volume d'entretiens , passionnant acquis sur les terres de l'auteure, dans le Cantal, alors que j'étais invitée chez des amis en septembre dernier (2019), entre Murat et Neussargues...Je l'ai lu d'une traite ce dimanche (5 avril 2020). Il a prolongé très heureusement un texte âpre que je viens de finir de cette écrivaine, "Les Derniers Indiens"... Cela m'a permise d'approfondir l'univers et la sensibilité de Marie-Hélène Lafon.

Marie-Hélène Lafon... répond au question de l'éditeur, Fabrice Lardreau, sur de multiples sujets: son enfance, les diverses influences de ses montagnes cantaliennes sur ses écrits, son travail d'écrivain, sur le célibat des paysans, restés seuls sur l'exploitation familiale, sur ce monde paysan finissant,les auteurs admirés, dont Faulkner, Julien Gracq, Bergougnioux, etc., l'austérité de la montagne, commune au travail de l'Ecriture… de très beaux passages sur la marche.

"C'est une déclaration d'amour évidemment. Déclaration d'amour à l'île
première. Les îles cependant, sont faites pour être quittées. On s'invente
ailleurs, on s'arrache. On le doit, on le peut, on le fait, on l'a fait, je l'ai fait.
Arrachement et attachement ne se séparent pas. " (p. 95)

Marie-Hélène Lafon y parle évidemment du décalage social, d'être selon
ses mots un "transfuge social"... comme Annie Ernaux, même si leur vécu
est autre ...Je retranscris un extrait qui est très explicite sur ce tiraillement
social... même si il existe une différence primordiale entre les deux femmes.
Marie-Hélène Lafon n'a jamais eu honte de son milieu paysan... bien au
contraire !

"Claire, le personnage de mon roman -Les Pays-, qui a une dimension
autobiographique assez explicite, franchit une limite que j'ai moi-même
franchie; issue d'une famille paysanne du cantal, elle devient professeure
de lettres classiques à Paris. Cependant, elle n'écrit pas. Il me semble que
l'acte d'écrire induit une séparation supplémentaire avec le milieu d'origine. (…) C'est un exercice de "haute solitude", comme on parle de "haute montagne".
J'ai le goût de cette haute solitude, de la jubilation et du vertige qu'elle
procure, liés pour moi à l'acte d'écriture, et pour pouvoir écrire le pays
premier, il faut en être parti." (p. 92)

Ce volume est complété fort judicieusement par des extraits de "Lectures
montagnardes", appréciées par l'auteure, débutant par la magnifique
chanson de Jean Ferrat "La Montagne", suivie de Alexandre
Vialatte, "Chronique des justes altitudes" (1967), Julien Gracq,
" Carnets du grand chemin" (1992), Jean Giono, "Ennemonde et
autres caractères" (1968), Luc Lang, " Au commencement du septième
jour" (2016), Philippe Jacottet, "A la lumière d'hiver, suivi de Pensées
sous les nuages" (1994)

Je ne voudrais pas oublier de louer l'austérité ou plus exactement
la sobriété de la maquette...très réussie, tellement évocatrice de la terre et de la nature… Une couleur brune égayée par le titre , le nom de l'auteure, ainsi qu'un dessin à l'encre violette...

Un moment de découverte précieux et très émouvant...J'aborderai désormais les textes de Marie-Hélène Lafon, avec une attention accrue...
Commenter  J’apprécie          492
La collection Versant Intime propose des entretiens avec des personnalités avec comme point commun la montagne. Marie-Hélène Lafon, née dans le Cantal, et qui évoque dans presque tous ses livres cette région, celle de la « moyenne montagne » , s'est prêtée au jeu. Elle revient donc à son parcours, que les lecteurs fidèles de ses livres connaissent, à la fois d'une façon plus personnelle, à la première personne, sans que des personnages fictionnels ne fassent écran, et sous l'angle de la montagne, de son importance, de sa signification intime. Même si bien entendu, le propos s'élargit rapidement, au rapport de l'homme à la nature, à son exploitation, mais aussi aux découvertes et rapports de l'auteur avec d'autres pays de montagne. Enfin elle parle aussi des écrivains de la montagne qui ont compté pour elle, et dans la deuxième partie du livre, elle en présente quelques uns avec des extraits de leurs textes : Vialatte (terriblement drôle), Giono, Gracq, mais aussi Jean Ferrat et quelques autres.

Même s'il s'agit d'entretiens, Marie-Hélène semble parler comme elle écrit, de cette façon précise, travaillée et si simple en apparence. Elle met en lien certains de ses livres avec ses expériences personnelles, mais ses romans étant tellement nourris de sa vie, et tout particulièrement de cette enfance dans le Cantal, que nous sommes vraiment en terrain connu. Les textes des autres auteurs sont tellement bien choisis et présentés, qu'on qu'une seule envie, s'y précipiter au plus vite.

C'est bien sûr un peu mineur, mais c'est un moment de lecture très agréable.
Commenter  J’apprécie          242
La lecture de ces entretiens avec Fabrice Lardreau est un très bon moment de découverte de l'oeuvre de Marie-Hélène Lafon et de ces monts du Cantal, pays d'en haut, dont l'altitude ne dépasse pas 1000 mètres mais qui ont le qualificatif de montagne en ce sens qu'ils constituent la pâture d'été des vaches.

Marie-Hélène Lafon livre ses souvenirs d'enfance, ses découvertes dans la nature au fil des marches qu'elle a commencé à réaliser très jeune, ses perceptions écologiques très naturelles, quasiment innées, et puis son évolution culturelle vers les lettres, l'enseignement et l'écriture.

Ainsi, elle met en scène plusieurs membres de sa famille, la vie agricole et la désertion des campagnes, son besoin de venir dans ces monts du Cantal pour se ressourcer au contact d'une nature sauvage à peu près intacte encore.

Elle livre également sa vision passionnante de la lecture et de l'écriture, de cette démarche qui ne s'accomplit pas si facilement. Ses paroles sont emplies de sérénité et de réel talent littéraire. Elle évoque magnifiquement quelques auteurs qui l'ont marquée comme François Mauriac et Julien Gracq.

La fin du livre est constituée par des extraits de lectures montagnardes, allant de Ferrat à Giono, qui donnent au lecteur l'envie de découvrir ou de relire des textes superbement écrits dont l'intemporalité est garantie.

Une très belle lecture des mots simples et choisis de Marie-Hélène Lafon.
Commenter  J’apprécie          171
Quand je suis sortie de la librairie Eurêka street, je ne pouvais pas quitter les mots de Marie-Hélène Lafon. Alors, une fois n'est pas coutume, j'ai ouvert le livre que je venais tout juste d'acheter.
Je suis donc partie pour le pays d'en haut, ce coin de Cantal qui est celui de l'autrice. Ce pays qu'elle a quitté pour mieux y revenir en littérature. Dans cet entretien, elle évoque les thématiques qui lui sont chères, qui jalonnent son oeuvre, le rapport à la nature, au paysage, au monde paysan. Mais aussi son chantier littéraire qui ressemble aux corvées agricoles. Et les écrivains chéris, Flaubert en tête. Comme si je revivais depuis mon lit la rencontre tout juste passée.

Je l'ai déjà écrit, j'y reviens, la langue de Marie-Hélène Lafon est la mienne. du pays d'en haut au bocage qui est le mien, il n'y a qu'un pas. C'est une image, géographiquement il y a un monde. Mais pas sociologiquement. Je me retrouve évidemment dans le fait de ne pas être la petite fille qui a passé d'aimables vacances d'été chez ses grands-parents à la ferme mais qui a grandi là, arpentant jour après jour, ce paysage là. Celle qui accepte sans broncher que le gentil lapin si mignon finira dans une terrine. La fille qui n'a pas de nostalgie du retour à la nature puisqu'il lui a fallu partir, que c'était écrit comme ça. Une succession de réflexions qui font un drôle d'écho. Qu'elle ne connaît pas de paysans ayant de passion pour la randonnée par exemple. Ça vous semble anodin ? Ça m'a plongé dans un puits sans fond de souvenirs et d'évidence.

Et puis, en fin d'ouvrage, il y a un choix de textes d'auteurs amis, qui s'ouvre par La Montagne de Jean Ferrat. Cette chanson mille fois entendue à la maison, où on était plus Ferrat que Ferré. Marie-Hélène Lafon regrette de ne pas savoir écrire de chansons. Où tout est dit en peu de mots. Qu'elle découvre aujourd'hui avec plaisir Zaho de Sagazan. le partage de la langue va donc jusqu'à cette passion commune. Marie-Hélène Lafon fait mieux que des chansons, par cet entretien, par ses courts textes, elle ravive la flamme d'un monde qui n'est pas perdu, mais qui se cache aux yeux de ceux qui n'en sont pas.
Commenter  J’apprécie          80
Dans ce livre d'entretiens avec Fabrice Lardreau, Marie-Hélène Lafon nous fait découvrir son Cantal natal. C'est avec la richesse de son écriture qu'elle nous y fait voyager, rencontrer les personnes qui y vivent isolées, la nature, la faune, la flore, etc. Mais elle nous permet aussi d'aller à la rencontre de son oeuvre, liée à cette région et de mieux la comprendre. C'est aussi la rencontre et la découverte d'autres auteurs amoureux de ces montagnes petites ou grandes avec des très beaux textes.
Commenter  J’apprécie          111

Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
(…) Les personnages de "vieux garçons" restés seuls dans la ferme familiale, incapables de quitter le village, abondent dans vos romans (notamment dans Le Soir du chien- ), ainsi que dans une nouvelle particulièrement poignante, "Roland"...

C'est en effet un thème lancinant pour moi, ces garçons étaient assis à côté de moi sur les bancs de l'école primaire (…) Ces vies me touchent, m'atteignent , de plein fouet. Ils sont restés au pied du mur, sur le carreau, vieillissant avec les parents, puis, plus tard, après la disparition des parents, mourant seuls devant la télévision, dans des cuisines jaunes, à la ferme. (p. 40)
Commenter  J’apprécie          110
Claire, le personnage de mon roman -Les Pays-, qui a une dimension autobiographique assez explicite, franchit une limite que j'ai moi-même franchie; issue d'une famille paysanne du cantal, elle devient professeure de lettres classiques à Paris. Cependant, elle n'écrit pas. Il me semble que l'acte d'écrire induit une séparation supplémentaire avec le milieu d'origine. (…)
C'est un exercice de "haute solitude", comme on parle de "haute montagne". J'ai le goût de cette haute solitude, de la jubilation et du vertige qu'elle procure, liés pour moi à l'acte d'écriture, et pour pouvoir écrire le pays premier, il faut en être parti. (p. 92)
Commenter  J’apprécie          80
Le fait d'avoir grandi au contact des "éléments" est-il un atout à vos yeux ?

(...) Ces lieux et ce milieu façonnent des gens un peu verticaux, austères et tenaces... C'est un fond dont je ne me suis jamais départie, et le travail d'écriture, depuis plus de vingt-ans, m'y confronte constamment. L'écriture, pour moi, n'est jamais un divertissement ; je ne cherche pas de sujets et n'exhume pas des histoires plus ou moins aimables auxquelles je donnerais un tour sympathique, habile, réconfortant. L'écriture est un exercice de vertige et de jubilation, profondément lié à ce noyau premier, séminal. C'est là que je vais chercher ,à l'os. Chaque auteur, il me semble, doit trouver son territoire, son "noyau dur", souvent lié, même si ça ne se voit pas forcément, au lieu et au milieu où il a commencé d'être. En ce qui me concerne, ce nord du Cantal, ce pays perdu à 1 000 mètres d'altitude, est fondateur; et le sauvage n'est jamais loin; il palpite sous l'écorce des choses (p. 72)
Commenter  J’apprécie          20
Ils me regardent quand je passe à -La Grande Librairie-...Leur fille est "dans le poste "! Mon père me demande parfois comment marchent mes livres, de la même manière qu'il demanderait à un paysan du coin combien il a vendu sa vache. Pour eux, j'ai deux métiers, professeur et écrivain. En même temps, ils ont bien conscience que le matériau même de mes livres est leur monde, ce monde même dont ils m'ont toujours dit qu'il était déjà fini; ils savent qu'une trace s'est inscrite dans mes livres. (p. 90)
Commenter  J’apprécie          42
Cela signifie - et cette notion est très importante pour moi - que la montagne reste inaccessible durant toute une période, ce n'est pas un lieu pour l'homme, c'est un lieu pour autre chose, qui échappe, nous échappe.
Commenter  J’apprécie          80

Videos de Marie-Hélène Lafon (65) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Hélène Lafon
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque samedi à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • Mémoires de Raymond Aron, Nicolas Baverez aux éditions Bouquins 9782221114025 • Patience dans l'azur : L'évolution cosmique de Hubert Reeves aux éditions Points 9782757841105 • Poussières d'étoiles de Hubert Reeves aux éditions Points https://www.lagriffenoire.com/poussieres-d-etoiles-reedition.html • Car un jour de vengeance de Alexandra Julhiet aux éditions Calmann-Lévy https://www.lagriffenoire.com/car-un-jour-de-vengeance-1.html • Une Fille de Province de Johanne Rigoulot aux éditions Les Avrils https://www.lagriffenoire.com/une-fille-de-province.html • Nous traverserons des orages de Anne-Laure Bondoux et Coline Peyrony aux éditions Gallimard Jeunesse https://www.lagriffenoire.com/nous-traverserons-des-orages.html • La Vie selon Chaval - Dessins choisis et présentés par Philippe Geluck de Chaval et Philippe Geluck aux éditions du Cherche Midi https://www.lagriffenoire.com/la-vie-selon-chaval.html • Les Gardiens du phare de Emma Stonex aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/les-gardiens-du-phare-1.html • Autobiographie d'une Courgette de Gilles Paris, Marie-Luce Raillard aux éditions Flammarion https://www.lagriffenoire.com/autobiographie-d-une-courgette-2.html • Les 7 vies de Mlle Belle Kaplan de Gilles Paris aux éditions Plon https://www.lagriffenoire.com/les-7-vies-de-mlle-belle-kaplan.html • La boîte à Berk de Julien Béziat aux éditions École des Loisirs https://www.lagriffenoire.com/la-boite-a-berk.html • Les crayons fêtent Halloween de Drew Daywalt, Oliver Jeffers aux éditions Kaléidoscope https://www.lagriffenoire.com/les-crayons-fetent-halloween.html • Gare aux fantômes, Palomino de Michaël Escoffier et Matthieu Maudet aux éditions École des Loisirs https://www.lagriffenoire.com/gare-aux-fantomes-palomino.html • À pied d'oeuvre de Franck Courtès aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/a-pied-d-oeuvre.html • Harry Potter - le Guide Ultime de Collectif, Jean-François Ménard aux éditions Gallimard Jeunesse https://www.lagriffenoire.com/harry-potter-le-gu
+ Lire la suite
autres livres classés : Auvergne (France)Voir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (117) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire du fils

Qu’a entraîné la mort d’Armand Lachalme en avril 1908 ?

Un accident de chasse
Un accident de la route
Un accident domestique

19 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Histoire du fils de Marie-Hélène LafonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..