Le pigeon qui voulait être un canard raconte l'histoire de Gédéon, un pigeon parisien qui va tout faire pour être un canard, car les canards, pense-t-il, sont aimés de tous (contrairement aux pigeons que les passants poussent du pied).
En tant qu'adulte, j'ai trouvé cet album plutôt cruel. Mes enfants l'ont trouvé drôle mais ils ont bien compris que le pauvre Gédéon était triste et cela les a touché. Car si Gédéon recherche la reconnaissance et l'amour d'autrui, il ne trouvera que mépris et moquerie. L'humour est bien présent, mais il se fait au détriment de Gédéon qui est ridicule, il faut bien le dire, dans son désir d'être un autre.
Je vois bien une sorte de morale qui pourrait être qu'il ne faut jamais s'avouer vaincu et rester sur un échec mais ce qui me gêne, c'est cette solitude et ce rejet qui écrasent le pigeon tout au long de l'album et le fait que le lecteur se trouve par moment à la place de celui qui se moque.
Les illustrations accompagnent et illustrent le récit de façon plutôt réussie.
Soledad Bravi joue sur les plans, comme dans un tableau : elle met en valeur le 1er plan grâce à un gros trait noir qui entoure chaque personnage ou objet important pour la compréhension et laisse l'arrière-plan un peu flou en utilisant de grands aplats de couleurs douces, sans aucun trait noir. J'ai trouvé cette approche assez originale.
Les lecteurs qui connaissent Paris reconnaîtront avec plaisir certains lieux sur les illustrations en double page.
Un album non dénué d'humour, des illustrations intelligentes, mais un récit qui laisse au lecteur une certaine tristesse difficile à expliquer, l'impression de faire partie des "méchants", d'avoir quelque chose à se reprocher.
Je terminerai en remerciant Babelio et les éditions
Bayard Jeunesse pour m'avoir fait découvrir cet album. le petit plus de la maison d'édition : l'envoi d'une feuille de présentation de l'album et des auteures.