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EAN : 9782283028452
80 pages
Buchet-Chastel (05/03/2015)
3.68/5   11 notes
Résumé :

À la mort de son père, Jeannot est contraint de quitter dans l'urgence l'Algérie et la guerre : c'est à lui, désormais, de s'occuper de la ferme, de sa mère et de sa sœur Paule.

Cette famille du Béarn, réduite à un trio fusionnel, va progressivement se couper du monde et s'enfoncer dans un délire paranoïaque dont témoigne, aujourd'hui encore, le « Plancher de Jeannot », exposé à l'entrée de l'hôpital Sainte-Anne à Paris. La voix de Paule, bru... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une ferme du Béarn, petit espace étriqué où une famille vit recluse. Parti en Algérie à cause des « événements », Jean, le fils, doit revenir précipitamment après le suicide du père. Il retrouve sa grande soeur Paule, la narratrice, et leur mère, la Glousse. Dans cette ferme, on accueille le visiteur le fusil à la main. Dans cette ferme, « La porte est verrouillée, le dehors enfermé ». Peu à peu, la glousse se meurt. On la laisse sur sa chaise, près du feu. Après son décès, elle restera assise à la même place durant des semaines avant d'être enterrée dans la maison, sous l'escalier. Au-dessus du « caveau » de sa mère, Jeannot va commencer à graver des mots délirants sur le parquet. Se consacrant à cette tâche nuit et jour, il finira par mourir de faim, à 33 ans.

L'histoire est véridique, le parquet de Jeannot est un plancher de quinze mètre carrés récupéré par le psychiatre Guy Roux en 1993, qui a ensuite circulé dans diverses expositions d'art brut avant d'être acheté en 2002 par un laboratoire pharmaceutique. Il est aujourd'hui visible dans le XIVe arrondissement de Paris, à l'entrée de l'hôpital Sainte-Anne.

Ingrid Thobois retrace l'existence d'un trio fusionnel sombrant peu à peu dans la paranoïa. Elle décrit le vase clos d'un clan regroupé autour d'une figure maternelle aussi mutique qu'affectivement écrasante dont il est impossible de se séparer, même après la mort : « Qu'ils essaient donc de s'approcher, qu'ils essaient donc de nous l'enlever ». Sans mener une enquête, sans instruire à charge, elle rend leur dignité à ces gens de peu dont la tragédie n'est pour beaucoup, aujourd'hui encore, qu'un simple fait divers, une « péripétie psychiatrique ».

L'écriture est magnifique, pleine de silences et de non-dits. La voix de Paule offre à la destinée familiale des accents poétiques poignants. Elle donne également sens et humanité à la folie de son frère. Un texte ramassé sur lui-même, elliptique, sans un poil de graisse. Un texte que j'ai adoré, ni plus ni moins, typiquement la littérature que j'aime, la littérature qui me parle.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Ce livre m'a fait presque le même effet que le roman de Jeanne Benameur, Les demeurées, je suis restée admirative devant tant de talent. Je dis « presque » parce que je crois que nul roman ne pourra jamais égaler ce que j'ai ressenti à la lecture des demeurées. Mais quand même ! Cette comparaison n'est pas anodine.

Tout est dans le style. L'essentiel est dit en peu de mots, soufflés plus que martelés, parfois très poétiques, parfois simples et rustiques. le récit est relaté avec délicatesse, jamais accentué, toujours suggéré. Et derrière la finesse des mots, un monde rude, dur, une situation dramatique où la folie devient l'ordinaire. Un beau travail d'écriture qui permet au lecteur de comprendre peu à peu ce qui s'est passé, sans aucun voyeurisme, juste des mots pour écrire l'indicible.

Un moment de poésie :

« le ciel est posé sur les murs du cimetière et les grues cendrées lui fabriquent un grillage. »

Ce récit, relaté par Ingrid Thobois, est inspiré d'une histoire vraie. La voix de Paule, la soeur de Jeannot, nous emporte dans un tourbillon hallucinant pour nous livrer des bribes de la vie de ces trois êtres qui ont vécu de manière fusionnelle et repliés sur eux-mêmes, après la mort du père, un homme violent.

« le dehors a quatre côtés et une maison en plein milieu. Dans la ferme il y a tout ce qu'il faut. Toi. Moi. La glousse au coin du feu. »

(Celle qui est nommé la glousse est la mère.)

Le plancher de Jeannot est exposé depuis 2007, à l'entrée de l'hôpital Sainte-Anne à Paris. Morceau de parquet de 15 mètres carrés, gravé par Jeannot d'un long texte en lettres majuscules, il a été acquis par un psychiatre, le docteur Roux qui l'a exposé comme un témoignage d'art brut dans plusieurs lieux.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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L'auteur lauréate du prix 2018 de la Librairie Nouvelle (Voiron) pour "Miss Sarajevo" m'avait donné envie de lire ce Plancher de Jeannot. Bien écrit, je n'y suis pourtant pas vraiment entrée et n'y ai surtout pas trouvé ce plancher. Dommage.
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Vidéo de Ingrid Thobois
Lilia et Mehdi, un frère et une soeur d'origine berbère, ont fui leur village et gagnent Tanger, le port de tous les espoirs. Au-delà, c'est l'Europe. L'espoir d'une vie meilleure ? Le nouveau roman d'Ingrid Thobois aborde avec justesse et sensibilité la réalité des migrants.
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