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EAN : 9782213651361
440 pages
Fayard (16/09/2009)
3.29/5   7 notes
Résumé :

De 1993 à 1995, François Mitterrand, président de la République, et Edouard Balladur, Premier ministre, ont eu ensemble de très nombreuses conversations. Celles-ci, rapportées pour la première fois, permettent de comprendre comment, dans une situation exceptionnelle et incommode de partage du pouvoir, fut assurée la direction de l’État, quels furent les ressorts de l’action gouvernementale, l ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le pouvoir ne se partage pas : un titre, au goût de conclusion, qui résume donc à lui seul le contenu de cet ouvrage. le sous-titre, lui, ("Conversations avec François Mitterrand") est réducteur ; sans doute eût-il mieux valu qu'il soit plus explicite : en effet, plus que ses conversations avec François Mitterrand, Edouard Balladur nous livre ici son journal de la cohabitation 1993-1995. Un récit chronologique et factuel, agrémenté de portraits, notamment de Mitterrand, Chirac et Bayrou (page 407), et de réflexions sur le pouvoir et sur la politique : "la politique est un domaine où la méchanceté gratuite se donne libre cours aux dépens de la froideur du raisonnement ou de la simple équité" (page 10); les rivalités visant le pouvoir "abîment les relations personnelles" (page 43). Un témoignage de premier ordre sur la cohabitation, cette "situation exceptionnelle et incommode de partage du pouvoir" (page 10), par l'un des deux protagonistes qui l'ont vécue.
Si les journalistes ont qualifiée de "cohabitation de velours" cette période, Édouard Balladur revient néanmoins sur les hauts et les bas de la relation avec le Président de la République qui ont jalonné ces deux années. Un Mitterrand soufflant le chaud et le froid, tantôt charmeur et séducteur, voulant instaurer une relation de connivence, se disant prêt à lui faciliter la tâche, tantôt hautain et méprisant (à François Léotard : "Parlez-en au Premier ministre, qui m'en parlera" - page 70), tantôt s'opposant à sa volonté de reprendre les essais nucléaires, le Chef d'Etat-Major des Armées indiquant à Édouard Balladur qu'il n'obéirait qu'au président. Il évoque aussi une autre forme de cohabitation : avec les figures tutélaires de la droite, Giscard d'Estaing et Chirac, qu'il inquiète par son indépendance d'esprit et dont il trouble les habitudes.
Le pouvoir ne se partage pas. Edouard Balladur se souvient avoir, le premier, théorisé la cohabitation, plus comme un expédient provisoire que comme un système durable. Après l'exercice pratique, il reconnaît qu'il faut "changer nos institutions pour mettre la France à l'abri de cette confusion" (page 13). Il illustre son propos avec une expression très forte de François Mitterrand, évoquant 1988, lorsqu'il est redevenu président de la République "de plein exercice" (page 82).
On apprend aussi dans ce livre que sa nomination à Matignon a résulté de la seule décision de François Mitterrand, que François Mitterrand a d'ailleurs innové dans la forme, en annonçant lui-même à la télévision la nomination du Premier ministre, qu'en aucun cas il n'y a eu de "pacte" de partage des rôles entre Chirac et Balladur, et que François Mitterrand associait à Michel Rocard le terme "charabia" !
Avec une grande humilité, qui incite d'ailleurs à lui donner crédit sur la véracité du reste de son récit, Édouard Balladur revient aussi sur les raisons de son échec à l'élection présidentielle : le soutien de la seule opinion, son indépendance par rapport aux partis et l'absence de soutien de la part d'un grand parti structuré, le manque d'organisation de sa campagne, sa tendance à parler à la raison plus qu'au coeur ("Il ne suffisait pas de chercher à convaincre, il fallait séduire" - page 308), sa naïveté à croire que la vérité finit toujours par l'emporter, le calme et l'indifférence qu'il affichait en réponse à la violence des attaques, etc.
Françoise Giroud avait intitulé ses mémoires "la comédie du pouvoir". L'intérêt du livre d'Édouard Balladur, c'est de nous montrer ce qui s'est passé en dehors de la scène, à l'abri du regard des journalistes, dans les coulisses du pouvoir. Pour Georges Pompidou, dont il avait accompagné en 1974 la fin de mandat en qualité de Secrétaire général de l'Élysée, Édouard Balladur avait parlé de "la tragédie du pouvoir". Pour son cas personnel, en refermant son livre, je suis tenté de parler de la solitude du pouvoir, voire de sa cruauté.
Un témoignage passionnant.
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(LP440) le pouvoir ne se partage pas. Conversations avec François MITTERRAND. BALLADUR Edouard
Paris. 2009. Librairie Arthème Fayard. 437 p.

Présentation de l'éditeur :
de 1993 à 1995, François MITTERRAND, président de la République, et Edouard BALLADUR, Premier Ministre, ont eu ensemble de très nombreuses conversations. Celles – ci, rapportées pour la première fois, permettent de comprendre comment, dans une situation exceptionnelle et incommode de partage du pouvoir, fut assurée la direction de l'Etat, quels furent les ressorts de l'action gouvernementale, l'explication du comportement de ses différents acteurs.
Conscients de leurs divergences, les deux interlocuteurs tantôt se ménagent, tantôt s'opposent. Ils collaborent lorsque l'intérêt du pays l'exige sans oublier jamais qui ils sont ni ce qu'ils veulent. Ces conversations révèlent les relations personnelles entre deux hommes qui, placés à la tête du pays, étaient de convictions et d'intérêts opposés. La complexité de ces relations où la méfiance alterne avec la confiance, où les arrières – pensées affleurent à la surface des propos, éclaire un pan de notre histoire récente.
Table des matières :
Avant – Propos p. 9
Avant le pouvoir p. 15
Les temps heureux (Avril 1993-Décembre 1993) p. 53
Premiers nuages (Janvier 1994-Juillet 1994) p. 175
L'embellie ( Juillet 1994- Janvier 1995) p. 269
L'épreuve (Janvier – Mai 1995) p. 367.
Epilogue p. 425
Annexes p. 429

Mon avis ( Avril 2010)
Edouard BALLADUR nous présente la cohabitation, sous forme de journal, où jour par jour, il nous explique les relations, qu'il a pu (ou du) avoir avec l'ancien président socialiste. Intéressant à lire, il nous confirme dans notre jugement de voir Mr BALLADUR, comme étant un Homme, gardant son sang froid, et respectant profondément les Institutions.
L'hostilité idéologique ne contraint pas Mr BALLADUR, bien au contraire, à empiéter sur les pouvoirs de Mr MITTERRAND, mais n'en demeure pas moins ferme quand à ses attributions personnelles. Et, c'est en cela, que l'ouvrage démontre ses limites, puisqu il nous présente la cohabitation selon Mr BALLADUR, et ne doutons pas que rédigée par le président socialiste, le sens en aurait été changé.
Mr BALLADUR n'en fait-il pas trop en se « plaignant » des (nombreuses) félicitations de son président (??), soulignant qu'il ne tombera pas dans le piège de cette caresse dans le sens du poil.
Toujours est-il, que nous prenons plaisir à découvrir la vie quotidienne au sommet de notre exécutif, en découvrant des personnages plus connus aujourd'hui. Mr SARKOZY et Mr BAYROU se partagent ainsi quelques bonnes feuilles de l'ancien Premier ministre.
A lire donc, pour le plaisir, mais en gardant à l'esprit qu'il ne s'agit que d'une version partisane.

Lien : http://leslivresetlemonde.bl..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mercredi 29 juin 1994
(...)
Je lui parle du projet de loi de Pasqua sur l'organisation, parmi les élus et la population proches de la majorité, d'élections primaires sont l'objet affiché serait de leur permettre de choisir eux-mêmes un candidat unique pour l'élection présidentielle. Giscard d'Estaing et Chirac y sont hostiles, car ils redoutent qu'une telle consultation ne les favorise pas.
"Ce projet, me dit-il, est très certainement anticonstitutionnel ; je ne prendrai pas la responsabilité de l'inscrire à l'ordre du jour du Conseil des ministres. J'ajoute que ce serait un risque pour vous, car vous voyez bine qui voterait lors de ces primaires : ce ne serait pas forcément vos partisans. Il y a eu des sondages, ajoute-t-il, montrant que je serai battu à l'élection présidentielle et par vous, et par M. Chirac, et par M. Giscard d'Estaing. Sondages absurdes, puisque je ne me présenterai pas ! La vérité, c'est que vous seriez le seul en mesure de ma battre.
- C'est une hypothèse peu réaliste, en effet. Il y a vraiment peu de chances que nous soyons candidats l'un contre l'autre.
- Pourquoi ? me demande-t-il avec vivacité.
- De votre fait, ou du mien, ou des deux.
Il reprend :
"Je n'ai rien contre Chirac, mais il n'a pas le niveau nécessaire. Quant à Giscard, il n'existe plus ; il a gâché sa carrière. S'il s'était tenu tranquille après 1981 et qu'il s'était présenté en 1988, il m'aurait battu...Il est toujours trop pressé, il n'a pas assez de finesse dans l'esprit. Cela marche bine, pour vous, en ce moment, dans l'opinion. Dans le paysage actuel, vous êtes le seul qui compte. Cependant, faites attention, vous avez deux choses contre vous : le RPR, d'une part, mais les partis n'ont plus grande audience ; et, d'autre part, votre situation de chef du gouvernement, qui vous expose à des difficultés souvent imprévisibles. Ne vous illusionnez pas sur les sondages : la gauche atteindra, quoiqu'il arrive, 47 à 48 % le jour de l'élection.
- Je le pense comme vous, si bine que je ne crois pas que nous ayons beaucoup d'erreurs à commettre.
- Jusqu'à présent, vous n'en avez pas commis."
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À la violence des attaques, à la calomnie dont j'étais l'objet, j'opposai ensuite le silence d'une conscience sans reproche. Il me semblait que le calme et l'indifférence étaient les meilleures réponses aux attaques, que, tôt ou tard, lorsqu'on a raison, l'opinion redevient favorable, consciente, sans l'avouer, de réparer une injustice. Je me trompais. L'on a vite fait de travestir la pudeur en dédain, le mépris des injures en mépris de l'opinion. De nos jours, il faut toujours répondre à tout : aux turpitudes inventées, aux mensonges propagés, bref, se justifier sans cesse. Voilà qui transforme l'homme politique en être sans liberté, sommé de s'abaisser pour affronter toutes les agressions, sauf à sembler reconnaître la véracité de ce qui lui est imputé.
(Page 381).
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Lors de la conférence de presse finale, à une question d'un journaliste demandant comment se passe la cohabitation, Mitterrand répond :
"Je citerai saint Thomas : voyez et touchez !"
J'interviens pour faire remarquer que ce n'est pas saint Thomas mais le Christ qui a dit : " Voyez et touchez" - remarque qu'il n'accueille pas d'un air satisfait. Il ajoute à l'intention de quelques journalistes, poursuivant ses variations sur le thème évangélique : " Je ne pouvais pas mettre en doute la présence réelle du Premier Ministre."
J'ignore ce que le Christ et saint Thomas auraient pensé de cet échange...
(Page 82).
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Mitterrand aimait tellement la politique, à laquelle il consacrait une bonne moitié de nos entretiens, le jeu des relations entre les hommes, leurs variations, qu'il les observait avec minutie et gourmandise, toujours prêt à s'en amuser au prix de quelque simplification. Il avait l'esprit caustique, ou de l'esprit tout court, rapide, vif, sans illusion sur les autres ; pour tout dire, il était porté à la médisance.
(Page 341).
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Ainsi, Chirac était-il parvenu à ses fins. Sa politique fut celle qu'on pouvait attendre ; elle connut des fortunes diverses.
(...) Toutes ces déceptions le convainquirent que son action devait désormais prendre le visage d'une sagesse apaisante ; elle laissa aux Français le sentiment d'une interminable immobilité.
(Page 421).
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Video de Edouard Balladur (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edouard Balladur
Ajoutée le 22 sept. 2014 Les coulisses de la cohabitation Mitterrand / Balladur. Un Docu-Fiction réalisé par Jérôme Korkikian produit par Endemol Fiction. Laurent Claret dans le rôle du Président et Didier Bezace dans celui du Premier Ministre. Diffusion France 5 et LCP. Catégorie Films et animations Licence Licence YouTube standard
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