Le profil de Jean Melville

Gary Prudent, détective privé pour l'agence Gaggioli, est chargé d'enquêter sur un sabotage de câbles du réseau internet mondial. Allergique aux nouvelles technologies, il doit utiliser des lunettes connectées et Jimini Me, une fameuse application de coach à la personne, alimentée par les données personnelles des clients des plus grosses multinationales.

Robin Cousin parvient à ménager un suspens certain, à maintenir son lecteur en haleine et à porter un regard critique sur les technologies en train d'être mises en place, sans notre consentement et ni le moindre débat. Toute ressemblance ne peut évidemment être fortuite. Habilement didactique, aucunement vindicatif, il donne à voir le monde de demain matin, les risques encourus à laisser des algorithmes gouverner nos vies : « Pourquoi tu crois que t'as oublié les cours d'histoire du lycée ? Parce que t'as délégué ta mémoire à Google et Wikipédia ! » La question mérite pourtant bien d'être clairement posée : sommes nous prêt à laisser un « logiciel qui analyse méthodiquement les possibilités », prendre pour nous des « décisions optimales », pour « échapper à nos automatismes », de crainte que nos choix ne soient dictés par notre inconscient et nos peurs ?

À mettre entre toutes les mains.


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Le graphisme est simple, en noir et blanc avec quelques touches de couleurs qui viennent marquer certains aspect de l'aventure, les textes des lunettes connectées, quelques flashbacks… Malgré sa simplicité, ce graphisme sert le récit avec justesse. le rythme de l'histoire paraît assez lent au début, deux amis qui discutent dans une voiture, une société de détectives privés travaillant pour le secteur industriel... Tout se met en place petit à petit, le propos est en réalité sur les objets connectés et les réseaux sociaux, c'est un récit d'anticipation, mais une anticipation qui n'est pas très éloignée de nous. On se retrouve alors dans un thriller bien construit, avec tout une réflexion sur le “tout connecté”, sur le stockage des données personnelles, sur le coaching en réseau… un polar high-tech prenant, un récit en fin de compte assez glaçant. On ne ressort pas de cette lecture sans une multitude de questions sur nos habitudes numériques, c'est un récit fort et marquant. Après avoir aimé “Des milliards de miroirs” de Robin Cousin, c'est encore un récit intelligent et passionnant que je découvre ici, et qui me donne envie de me précipiter sur son nouvel opus, “Cursus fin du monde”.

Voici une BD que je n'aurais sans doute jamais empruntée si il n'y avait pas le challenge BD de Babelio.
Le dessin n'est pas à mon goût et je ne trouve ni le titre ni la couverture accrocheurs, je ne connaissais même pas l'auteur ni même la maison d'édition...
Et j'ai trouvé cette BD géniale.
Une sorte de polar high-tech bien ficelé qui ne dénoterait pas dans la série Black Mirror.
Une histoire qui ne peut que faire frémir les personnes qui sont un peu frileuses des nouvelles technologies et qui n'arrangera rien aux convictions des complotistes...
Quand j'ai eu terminé cette BD, je peux vous assurer que j'ai regardé ma montre connectée avec suspicion...
Une très chouette découverte.

J'ai été très surprise par cet ouvrage. Je ne savais pas à quoi m'attendre mais le graphisme rondouillard m'a convaincue de me laisser tenter. Ce graphisme n'est pourtant pas une merveille, il est simple et efficace. C'est le fond qui fait tout dans cette BD. Un fond bien réaliste sur la dépendance que notre société peut avoir avec le numérique, la réalité virtuelle et l'hyper-connexion. Laisser un programme statistique nous guider dans les actions et émotions, ça pourrait être notre futur. Sous couvert d'un polar bien mené, le contenu est actuel, contemporain et prend ainsi encore plus d'impact à la fin de la lecture. Je regrette un tout petit peu cette fin trop abrupte.

La science-fiction est un genre qui va de pair avec son temps, use d'une problématique pour l'extrapoler et ainsi en pointer les abus et déviances. Avec « Le profil de Jean Melville », Robin Cousin s'attaque à notre dépendance au numérique et plus principalement à la transparence de nos vie sur la toile, à la collecte de nos données à des fins marketing par de grosses entreprises et à cette dictature progressive du numérique sur l'Homme. Un vaste et intéressant sujet parfaitement traité ici par l'auteur à travers une intrigue policière.


Désarçonné de prime abord par la simplicité et la sobriété des dessins et des couleurs, j'ai découvert au fil des pages une histoire riche en suspens et intelligemment menée. « Le profil de Jean Melville » assure à la fois un bon divertissement et une réflexion sur le monde de demain. Une excellente bande dessinée qui mériterait d'être davantage connue.