Avouons qu'il n'y a pas de quoi se réjouir depuis quelques temps, notamment en matière de « news environnementales ». Il suffit de lire le site de Reporterre pour s'en convaincre. Pas un jour ne passe ou presque sans un nouveau projet délirant, une décision administrative absurde, un saccage organisé pour le plus grand plaisir des promoteurs, élus, chasseurs ou agriculteurs.
Ce (trop) court essai de
Pierre Athanaze surprend et ravit pour deux raisons. D'abord car il ne se présente pas comme un gestionnaire de la nature. Ce partisan du laisser-faire a créé le concept des réserves de la vie sauvage avec l'association ASPAS, sur le principe de la non-intervention humaine. Une pensée révolutionnaire dans notre pays où le moindre espace naturel est sous contrôle via des organismes tels que les conservatoires des espaces naturels ou autres entités.
Ensuite parce qu'il espère et encourage le retour des zones – et accessoirement des animaux – sauvages partout où c'est possible. Là aussi cette pensée est novatrice en France pour plusieurs raisons : les populations animales sauvages sont gérées et contrôlées, majoritairement par le biais de la chasse et il ne saurait en être autrement tant on craint la « pullulation » de certaines espèces. Ensuite, la nature sauvage fait peur ou dérange. Faire comprendre à un élu, un décideur ou même un citoyen qu'il est préférable pour la biodiversité de laisser s'installer une friche ou que non, le bois mort en forêt n'est ni « sale » ni « désordonné », et bien ce n'est pas gagné d'avance !
Dans son ouvrage,
Pierre Athanaze passe en revue les différents scenarii du retour de la nature en France, et rappelle que ce retour s'est déjà amorcé dans quelques cas. Il récapitule les différentes espèces – pour la France et l'Europe – qui sont revenues (naturellement ou grâce à des plans de réintroduction), celles qui sont encore en danger (l'ours brun, l'esturgeon d'Europe, la grande mulette, le lynx…) et celles qui pourraient revenir dans un avenir proche, comme l'élan ou le tarpan.
Il insiste particulièrement sur la nécessité de protéger les milieux naturels de ces espèces, les uns ne vont pas sans les autres. Cela peut paraitre évident et logique, mais c'est terriblement difficile de le mettre en pratique sur le terrain. Gestionnaires et écologistes ont parfois une vision étriquée de l'équilibre naturel : les nombreux partisans des milieux ouverts craignent le retour de la forêt, l'agropastoralisme est encouragé et maintenu dans certaines réserves naturelles, on privilégie une espèce animale ou végétale eu détriment d'une autre (je reviendrai sur le problèmes des espèces invasives dans un autre billet)… ah, cette fameuse biodiversité à visage humain qui occasionne tant de dégâts.
Car ce réensauvagement de la nature (par opposition à la nature domestiquée par nos pratiques, notamment agricoles) a, et aura, des effets bénéfiques à tous les niveaux : écologique certes, mais aussi économique et culturel.
Enfin le lecteur pourra découvrir, peut-être pour la première fois, que des initiatives fort intéressantes fleurissent à l'échelle européenne, comme le projet Rewilding Europe, les travaux de l'association Arthen, ou encore ceux du groupe Forêts Sauvages qui prône les valeurs de la naturalité.
En résumé, voici un ouvrage d'une centaine de pages qui a le mérite d'inciter à la réflexion, d'ouvrir d'autres perspectives, de montrer qu'une autre voie est possible pour la nature et les hommes (A bas la pensée unique !) et qu'il n'est pas trop tard pour changer notre société, notre comportement.
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