Aux officiers qu'on y appelle, qu'ils oit demandé avant tout d'être des convaincus, des persuasifs, osons dire le mot, des apôtres doués au plus haut point de la faculté d'allumer le feu sacré dans les jeunes âmes: ces âmes de vingt ans prêtes pour les impressions profondes, qu'une étincelle peut enflammer pour la vie, mais qu'aussi le scepticisme des premiers chefs rencontrés peut refroidir pour jamais.
Nous voudrions que les voix les plus hautes, à la Sorbonne, à l'Ecole normale, fissent entendre les paroles fécondes qui, se répandent à travers le corps enseignant jusqu'au plus humble maître d'école, porteraient partout cette conviction que l'obligation du service militaire, au lieu de se déployer comme un arrêt déplorable dans le développement commencé, doit devenir le complément salutaire de toute éducation.
Tout est au métier, au côté technique, à la science. C'est dans cet ordre d'idées que sont choisis généralement les officiers instructeurs: on consulte leurs numéros de sortie, leurs notes professionnelles, lorsqu'on ne se contente pas de leurs convenances personnelles: quand à leur aptitude à développer, chez la jeunesse qui va leur être confiée les plus nobles qualités du chef, c'est ce qu'on examine en dernier lieu.
Comme une barre à l'embouchure d'un grand fleuve, le service militaire se dresse désormais devant toute la jeunesse à l'entrée de la vie. Sera-t-il un péril où risqueront de sombrer son corps, son cœur, et son esprit, ou sera-t-il l'épreuve fortifiante dont elle sortira mieux trempée?
C'est dans l'armée un fait constaté que l'officier garde toute sa vie l'empreinte ineffaçable de ses premiers instructeurs de l'école, et qu'on reconnait à travers les grades les générations formées par tel ou tel.