AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Claude Ligny (Traducteur)
EAN : 9782221103784
322 pages
Robert Laffont (06/01/2005)
4.01/5   47 notes
Résumé :
Moscou, vers 1925... Obscur journaliste, Maksoudov a écrit un roman mais il est persuadé que personne ne l'a lu. On lui demande pourtant de l'adapter pour le théâtre ; la pièce serait montée par le célèbre Ivan Vassiliévitch - en qui l'on reconnaîtra Stanislavski. Aussitôt, Maksoudov se met à l'ouvrage, achève sa pièce, vient la lire à Vassiliévitch qui propose (c'est-à-dire impose) des changements tellement ridicules et inacceptables que Maksoudov envoie tout prome... >Voir plus
Que lire après Le roman théâtralVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Roman bien moins connu que le Maître et Marguerite, mais qui vaut le détour. Il faut dire qu'il n'a jamais été achevé et n'a été publié que tardivement (1965) à titre posthume. Il est inachevé mais, avec le sous-titre Mémoire D un défunt, on peut interpréter la fin comme le suicide du narrateur Maksoudov. En réalité Boulgakov a interrompu l'écriture du Roman théâtral pour se consacrer au Maître et Marguerite et n'a jamais eu le loisir de reprendre son écriture. Ici Boulgakov a mis toute son expérience du théâtre soviétique des années 20, l'aspect autobiographique est assez évident. L'histoire, c'est celle de Maksoudov, journaliste, obscur auteur d'un roman, à qui on demander d'adapter son roman pour le théâtre. La pièce sera monté par un célèbre metteur en scène (dont le prototype est à coup sûr Stanislavsky). le metteur en scène impose une succession de modifications ridicules, au point que Maksoudov finit par tout envoyer balader. le metteur en scène monte quand même la pièce et invite Maksoudov à la première, où celui-ci découvre son oeuvre totalement défigurée… Ce roman est une satire de la vie culturelle et en particulier théâtrale dans la deuxième moitié des années 20 (du Xxème siècle !). Ce roman était une petite vengeance de Boulgakov pour la non prolongation pour une année de plus d'une de ses pièces qui avait pourtant beaucoup de succès. L'humour désespéré de Boulgakov montre comment la bureaucratie réussit à paralyser toute créativité, comment, au fil des modifications d'un texte, augmente la probabilité de non publication. C'est désopilant, loufoque et en même temps très beau et très poétique car il s'agit aussi d'une émouvante déclaration d'amour du théâtre, dépeint comme un lieu magique, mystérieux, où peuvent naître toutes sortes de fantasmagories. A découvrir ou redécouvrir.
Commenter  J’apprécie          260
On pourrait dire du "Roman théâtral" qu'il est "Le château" de Boulgakov; l'univers kafkaïen étant ici transposé dans les coulisses labyrinthiques d'un grand théâtre moscovite qui symbolise à lui tout seul la situation du monde culturel russe à l'époque stalinienne. Boulgakov fait ici une éblouissante démonstration de la manière dont une bureaucratie peut réussir à paralyser toute créativité. Comment il est possible de faire s'activer fébrilement toute une population, dans le seul but de dissimuler l'effroyable néant qui l'accompagne.
L'humour (noir) de Boulgakov brille ici de tout son éclat désespéré; car l'aspect autobiographique du récit est ici évident et de même que son personnage qui voit sa pièce disparaitre aux oubliettes, à chaque page qu'il rajoutait à son livre, il ne pouvait qu'être davantage conscient de l'impossibilité croissante de sa publication. Pour vraiment connaitre ce prodigieux écrivain qu'est Boulgakov, ne vous arrêtez pas à l'excellent Maitre et Marguerite car ce " Roman théâtral" tient également du chef-d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          122
Étonnamment étonnant ce récit qui nous plonge dans le labyrinthe hallucinatoire de la vie théâtrale moscovite des années 20 (du vingtième siècle). Dès l'abord nous sommes prévenus, ce texte est l'ultime témoignage d'un auteur qui se serait suicidé par dépit. le dépit du dramaturge débutant qui échoue à faire jouer sa pièce. Une fois passé ce préliminaire nous suivons notre auteur qui relate ses aventures à la première personne. Toutes se déroulent dans une Moscou grouillante d'une foule de personnages fantasques, déconcertants et souvent ridicules. Ses errances pour trouver celui qui sera susceptible de programmer sa pièce le font passer par des rues pluvieuses, froides, parfois brumeuses : « une atmosphère obscure enveloppe la ville », c'est une Moscou qui a des allures londoniennes. Et subitement par une porte basse nous pénétrons dans des salles immenses, éclatantes de lumières et de couleurs, comme si la vie et la chaleur n'existaient plus que protégées par des murs. le monde extérieur disparaît derrière des remparts de soies, de carton pâte et de toiles peintes : c'est le « théâtre », enfin ! le lieu de tous les possibles. Et effectivement, à l'invraisemblable se joint l'impossible ; dès lors nous sommes emportés dans un tourbillon de personnages de toutes contrées, époques, professions. Lorsque brutalement le récit s'arrête, comme si notre pauvre dramaturge avait décidé de mettre son projet de suicide à exécution plus tôt que prévu. Car ce roman est une oeuvre inachevée.

Boulgakov n'a pas fini ce récit parce que le projet littéraire « du Maître et Marguerite » a mobilisé toutes ses forces. Avec ce « Roman théâtral : mémoires d'un défunt » il cherchait à se venger par l'écrit de la déconvenue que le Théâtre des Arts lui avait faite subir en ne programmant pas une année de plus une de ses pièces qui avaient un franc succès . Nombre de personnages connus du monde culturel moscovite de ces années, comme Stanislavsky, sont joyeusement ridiculisés. Bien sûr ils apparaissent sous un autre nom, mais pour les contemporains c'était transparent. Ainsi nous assistons à une répétition hilarante menée par un pseudo-Stanislavsky qui impose des contraintes délirantes à ses acteurs. Personne n'ose s'élever contre ce quasi-dieu vivant qui exige que des déclarations d'amour soient proférées par un acteur juché sur une vieille bicyclette, alors qu'au centre de ses évolutions cyclopédiques, une actrice, figée par la peur de se faire percuter par le bolide, est censé s'épanouir de plaisir ; et bien entendu, la percussion finit par se produire après quelques égarements dans les rideaux et chutes dans les coulisses.
Quoi qu'il en soit, ce texte est une sorte d'hommage, un hommage certes très ironique mais c'est tout de même une déclaration d'amour au théâtre.
Commenter  J’apprécie          42
Roman inachevé du grand Boulgakov, un écrivain russe majeur du 20 ème siècle, ayant souffert dans les années 1920 et 1930 de la dureté du régime stalinien, de la tyrannie des médiocres, au service du pouvoir, à l'égard des créateurs. Ce roman décrit à la manière d'une fable comico-tragique ces conditions de vie des romanciers et auteurs de théâtre. le héros est un jeune, pauvre et obscur journaliste au "Courrier de la navigation" qui se met à écrire un roman puis une pièce de théâtre. le voilà d'abord confronté à la critique et à la jalousie des écrivaillons, puis au monde du théâtre où il rencontre la tyrannie et l'incapacité du metteur en scène (un portrait sans concession du célèbre Stanislasvski) ainsi que la vanité, la mesquinerie, et la médiocrité des acteurs. C'est truculent, souvent loufoque, plein d'ironie, d'humour féroce mais aussi d'une merveilleuse poésie (ah, quand les personnages et les décors de son roman se mettent à vivre sous ses yeux!).
Même inachevé, c'est au niveau de ses grands romans, dont "Le Maitre et Marguerite", et de ses nouvelles, dont l'incroyable "Coeur de chien".
Commenter  J’apprécie          52
En 3 mots…Ombre, lumière, scène
Extrait de mes impressions de lecture… Plusieurs semaines après ma lecture du Roman Théâtral, il me reste un souvenir un peu confus, nébuleux et recouvert d'une fine couche de neige comme les paysages et les rues de Russie que ses écrivains capturent sur le papier avec brio. Leurs livres m'envoient au visage des bouffées d'air glacé. Ce froid omniprésent dans les romans slaves, qui fait du « manteau » un mythème récurrent et ô combien important. Ce froid mortel qui accentue les contrastes. Contrastes de températures, de couleurs, de lumières, entre la beauté menaçante de l'extérieur et les replis inquiétants des intérieurs : les petites chambres minables, les bureaux austères, les salons qui accueillent alcool, banquets et mondanités ou, comme c'est le cas dans ce roman de Mikhaïl Boulgakov, les théâtres.
L'auteur fait ici une déclaration d'amour poignante au Théâtre. Lieu mystérieux où la lumière et l'ombre cohabitent. Espace merveilleux où prennent vie et s'épanouissent les fantasmagories. Territoire de création et de magie, où comédiens et spectateurs sont invités à vivre une expérience puissante et tout à fait singulière.
Dans ce livre, inachevé, et hautement autobiographique, Mikhaïl Boulgakov nous conte l'histoire d'un petit journaliste du nom de Maksoudov qui a écrit un roman qu'on lui propose d'adapter au théâtre. Il met en scène le sort de l'écrivain qui tente de survivre et d'évoluer sur les voies escarpées du monde éditorial et de l'univers théâtral et qui se heurte à la censure (économique ou politique, Mikhaïl Boulgakov a vécu à une époque où le Parti Communiste régentait la vie théâtrale). L'écrivain qui se voit dépossédé de son oeuvre, par des intermédiaires peu scrupuleux, par d'autres artistes ou des administrateurs qui lui imposent coupes et modifications afin de servir leur propre vision. le lecteur reconnaitra entre ces pages la silhouette d'un Stanislavski despotique (dans le personnage d'Ivan Vassiliévitch) et arpentera les couloirs labyrinthiques du théâtre sur les pas du héros, visitant ainsi chaque recoin de ce lieu fascinant.
Pour lire la suite rdv sur http://quelscaracteres.eklablog.com/le-roman-theatral-de-mikhail-boulgakov-a117554358
Lien : http://quelscaracteres.eklab..
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Comment, du reste, n'aurait-il pas connu les gens, lui qui, en vingt-cinq ans, en avait vu défiler des dizaines de milliers : ingénieurs, chirurgiens, acteurs, militantes féministes, dilapidateurs, ménagères, mécaniciens, professeurs, mezzo-soprani, maçons, guitaristes, voleurs à la tire, dentistes, pompiers, demoiselles sans profession définie, photographes, planificateurs, pilotes, spécialistes de Pouchkine, présidents de kolkhoses, putains clandestines, jockeys, électriciens, vendeuse de grands magasins, étudiants, coiffeurs, architectes, ex-propriétaires, retraités, instituteurs de campagne, viticulteurs, violoncellistes, prestidigitateurs, femmes divorcées, gérants de café, joueurs de poker, homéopathes, accompagnateurs, graphomanes, ouvreuses, chimistes, chefs d'orchestre, joueurs d'échecs, préparateurs, escrocs, comptables, schizophrènes, dégustateurs, manucures, calculateurs, anciens ministres du culte, spéculateurs, phototechniciens...
Commenter  J’apprécie          40
Je posai le canon sur ma tempe, et cherchai la détente d'un doigt tremblant. A ce moment me parvint des étages inférieurs un bruit familier : le son criard d'un orchestre transmis par un phonographe enroué, puis la voix aiguë d'un ténor qui chantait :
"Mais Dieu me rendra-t'il ce que j'ai perdu?"
Mes aïeux ! m'écriai-je intérieurement. Faust ! Vraiment, le moment ne pouvait pas être mieux choisi. ! Bon, je vais attendre jusqu'à l'apparition de Méphistophélès. (...)
Le ténor jeta un cri de désespoir, et l'orchestre gronda.
Mon doigt tremblant était appuyé sur la détente. En cet instant, le grondement de l'orchestre m'assourdit, le cœur me manqua, je crus voir les flammes de la lampe monter jusqu'au plafond, et je lâchai le pistolet.
Un nouveau roulement de tonnerre. Puis une voix de basse épouvantable monta vers moi :
- Me voici !
Et je me tournai vers la porte.
Commenter  J’apprécie          40
Et comme un ver, une affreuse pensée commença à ronger mon coeur : je ne deviendrais jamais un écrivain. Et puis soudain, il me vint une pensée plus horrible encore : si j'allais devenir comme Likospastov ? M'enhardissant, j'ajoutai même : ou comme Agapénov ? Ataxique ? Que veut dire ataxique ? Ah! je vous le jure, tout cela est absurde!
Commenter  J’apprécie          80
Mes pensées et mes rêveries tournaient autour d'un seul objet : ma pièce. Dès l'instant où l'on m'avait apporté la lettre décisive de Thomas Strij, ma vie avait changé jusqu'à devenir méconnaissable. J'étais un autre homme soudain venu au monde, ma chambre était devenue tout autre, bien qu'elle fût restée en tous points la même, et les gens qui entouraient cet homme nouveau étaient autres, eux aussi, - et l'homme que j'étais maintenant avait acquis, eût-on dit, le droit à l'existence dans la ville de Moscou, il avait acquis une signification - voire une certaine importance.
Commenter  J’apprécie          30
"Je me rends compte maintenant, pensai-je, du nombre d'amateurs qui vont au théâtre gratuitement à Moscou. Mais il y a une chose bizarre : apparemment, aucun d'entre eux n'essaye de voyager gratuitement en tramway. De même, je n'en ai jamais vu aller dans un magasin demander une boîte d'anchois gratuite. Pourquoi pensent-ils donc qu'au théâtre, il n'est pas nécessaire de payer?"
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Mikhaïl Boulgakov (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mikhaïl Boulgakov
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Que faire quand on n'est plus libre de s'exprimer ? Quand des chefs politiques, tout en se déchirant pour le pouvoir, embrigadent, surveillent, intimident, déportent ou exécutent qui bon leur semble ? Réponse dans un roman sublime, un monument de la littérature russe.
« le Maître et Marguerite » de Mikhaïl Boulgakov, dans une nouvelle traduction d'André Marcowicz et Françoise Morvan, c'est aux éditions Inculte.
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature russeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (139) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}