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EAN : 9782072699269
288 pages
Gallimard (04/11/2016)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Yuri Herrera nous ouvre les portes d’un monde fascinant et implacable : celui de la frontière qui sépare les deux rives du Rio Grande, entre le Mexique et les États-Unis. Il s’agit d’un territoire métis et changeant où l’indécente richesse des narcotrafiquants côtoie quotidiennement la misère des clandestins, où la corruption cohabite avec les plus beaux rêves, où la violence extrême se confond parfois avec le combat pour le respect et le droit. Sur les pas du chant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre est une trilogie. Il contient trois courts romans, Les travaux du royaume, Signes qui precederont la fin du monde, et Transmigration des corps. Ayant deja recense les deux premiers, ce billet ne traitera que du troisieme.

Dans une ville touchee par une epidemie dont on ne connait la cause, ou les habitants se terrent chez eux de peur d'etre contamines, nous est contee la negotiation pour un echange de depouilles de morts entre deux familles ennemies. C'est la transmigration des corps. Nous sommes habitues a ce que de nombreuses religions croient en la metempsychose, la transmigration de l'ame d'un mort vers un nouveau corps. Herrera subvertit le concept traditionnel et ici ce qui passe d'un endroit a un autre ce sont des corps, des cadavres qu'on echange. Deux jeunes, morts tous deux par accident, mais que chaque famille croit l'autre responsable de ces morts.

Comme il s'agit de deux familles ennemies, le transfer, le troc, ne pourra se faire qu'avec l'aide d'un intermediaire. Ici ce sera L'Emissaire. Nous ne connaitrons jamais son nom. Comme a son habitude (dans les deux precedents livres de cette trilogie) nombreux sont les personnages qui sont designes par des fonctions, des attributs ou des signes singuliers: le Dauphin, le Mennonite, L'Indomptable, La Poupee, La Trois Fois Blonde, Nandertal, a cote d'autres a qui il est permis un nom: Vicky, Oscar, Gustavo, Romeo. Les familles, elles, portent fierement leurs patronymes: les Fonseca, les Castro.

L'Emissaire, avant de faire l'echange, doit s'assurer que cela ne degenere pas en une petite guerre. Pour cela il doit agir avec diplomatie et doigte, il doit comprendre les perceptions de chaque cote et leurs etats d'ame, il doit savoir ecouter et parler. Il doit posseder “le verbe" et savoir l'ajuster a chaque incident. Et les paroles de cet Emissaire arrivent a calmer, a panser des plaies, a les guerir, aussi parce que tout le monde sait que c'est un homme d'honneur. C'est l'ange depourvu d'epee, le messager par excellence. Et c'est evidemment un homme tres seul, mais comme recit secondaire emboite dans l'intrigue principale, il lui arrivera un petit miracle: il couchera avec sa belle voisine, La Trois Fois Blonde, et ils deviendront peut-etre amants, couple.

Comme toujours, Herrera lorgne vers des mythes anciens et des reminiscences culturelles. Outre la transmigration des corps du titre, nous avons un Romeo qui nous ramene a deux familles antagonistes Shakespeariennes, un Dauphin qui s'averera etre le frere cadet de l'autre famille, et un Nandertal aux gros bras et a la petite cervelle.

Herrera utilise ici une prose relativement simple et concise, coupee de dialogues ou il insere une langue orale plus fleurie d'americanismes. C'est tres reussi et tres bien rendu dans la traduction de Laura Alcoba. Un grand plaisir de lecture. C'est peut-etre le livre le plus acheve de la trilogie, peut-etre celui que j'ai le plus apprecie. Grace a lui toute la trilogie recevra mes cinq etoiles et j'irai meme jusqu'a en conseiller, sans aucune retenue, la lecture. Allez-y!


P. S. Mes amis connaissent bien mes lubies. Apres avoir lu ce livre en francais j'ai voulu me plonger dans la version originale, pour savourer a mon aise les americanismes. Et la, surprise! L'Emissaire n'est pas El Emisario mais El Alfaqueque. Alfaqueque? Ca sonne arabe. al fakkak? al fukkak? Mais oui, comme mon verbe ladino fuquear ou fukkear qui veut dire aider, arranger, sortir d'une impasse (au figure). Mais bien sur! Alfaqueque! C'est la fonction qu'avait instaure Alphonse X d'Espagne au treizieme siecle! L'Alfaqueque, l'homme choisi pour negocier avec l'ennemi le rachat des captifs. Il devait etre homme de verite, desinteresse, instruit et expert en arabe (la langue de l'ennemi d'alors), courageux, et bienveillant puisqu'il avait le pouvoir de laisser le prisonnier en captivite et meme de le tuer apres l'avoir rachete. Herrera n'aurait pu choisir meilleure denomination pour son heros. Encore un de ses clins-d'oeil historiques. Malheureusement je ne connais pas de terme equivalent en francais et il faut croire que Laura Alcoba non plus. Contentons nous donc de L'Emissaire.
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Publiée d'abord en espagnol en trois tomes, Gallimard réunit la trilogie de la frontière. Un magnifique roman contemporain fort et plein de rebondissements mais aussi une fable magnifique sur le pouvoir, la vie, la mort. "Le royaume, le soleil et la mort" tient autant du réalisme magique cher aux hispano-américains qu'à l'allégorie! Un régal inconseillable selon ma collègue mais ça c'est une autre histoire...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Qui pourrait bien enterrer la jeune femme ? se demanda-t-il, Car ça ne va pas être eux, ceux qui ont tant pleuré et proféré tant de menaces ne vont pas creuser sa tombe. Quand avons-nous cessé d’enterrer de nos propres mains ceux que nous aimons ? pensa-t-il, Qu’est-ce qu’on peut attendre de gens comme nous ?
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Ils sonnèrent. On entendit un bref échange à l’intérieur. Va ouvrir, toi, Qu’il y aille, lui, Bon, ben c’est moi qui y vais, Non, n’y va pas maman, Laisse-la y aller, Non, j’y vais. Putain, la bonne s’est tirée, dit Vicky, Maintenant il faut qu’ils apprennent à ouvrir la porte.
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J’ai besoin d’acheter des capotes, se souvint à voix haute l’Émissaire. Vicky le regarda, moqueuse. Pourquoi, tes mains sont râpeuses ? Non, parfois des miracles se produisent.
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Sa Coccinelle le regardait l’air circonspect, comme pour dire Moi, je n’en ai rien à faire des épidémies. Aucune voiture ne te regarde droit dans les yeux comme les Coccinelle, pensa-t-il. C’était l’être le plus expressif du quartier.
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