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EAN : 9782745300270
256 pages
Honore Champion (01/01/1999)
3/5   1 notes
Résumé :
Au sein d'une culture qui ne relève plus de la res christiana du Moyen Âge, l'hagiographie médiévale constitue dans la littérature des XIXe et XXe siècles un riche réseau intertextuel. Sa présence dans l'univers romanesque, par l'entremise de saints historiques ou fictifs, reflète la condition humaine et la spiritualité contemporaines et contribue à la mémoire du passé sans verser dans la nostalgie ou l'apologie. Au contraire, ces vies de saints ne sont jamais simpl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Qu'elle reproduise le contexte historique ou médiéval, le transpose à l'époque de l'écriture ou fasse un usage métaphorique de la figure du saint dans un contexte non religieux, la production littéraire du dix-neuvième siècle est partagée dans la reprise de la figure du saint entre les oeuvres pieuses et subversives. le XXème siècle est plus souvent critique.

Chateaubriand reconnaît des inventions littéraires au bénéfice de la narration mais reste fidèle aux motifs récurrents des vies de saints pour exalter la puissance évocatrice du christianisme. Sismondi, tout en reconnaissant sa force positive dans l'histoire, est plus embarrassé : les excès de la Terreur lui font considérer les institutions, y compris celle de l'Eglise, avec circonspection et accusent les saints d'avoir abusé de la crédulité des populations (par exemple en simulant des miracles). Leconte de Lisle suggère carrément que les martyrs ont pu user, pour la promotion de la foi religieuse, des mêmes violences que celles que les païens leur ont infligées. Flaubert fait passer en toute impunité ses critiques du christianisme dans les délires de saint Antoine. Quant à Anatole France, il reprend certes un canevas hagiographique, mais subvertit l'image du saint en peignant des personnages qui ne refusent pas la sensualité. Et si Mme de Ségur et George Sand reprennent les topos de la figure sainte, leurs personnages sont des enfants et des femmes qui peinent parfois à accorder leur religiosité exclusive avec la modernité. de tout cela, il ressort tout de même une adaptation de l'image du saint masculin et martyr à des personnages peu courants dans l'hagiographie médiévale : promotion de la sainteté féminine (peut-être sous l'influence du culte croissant de la Vierge), pureté de l'enfance. Les autres se moquent ou critiquent ces images d'Epinal.

Au XXème siècle s'opère la séparation de l'Eglise et de l'Etat, éclate la seconde Guerre Mondiale qui génère des réflexions nouvelles sur la notion d'humanité et se tient le concile de Vatican II qui assouplit les positions dogmatiques de l'Eglise, entre autres, sur les relations sexuelles. Dans le même temps, on remet en cause le jugement objectif de la canonisation pour des critères mouvants, politiques voire aléatoires. Ce faisant, on déplace le jugement extérieur à la conscience personnelle. le saint s'évertue maintenant à suivre le parcours que lui inspire non la foi mais sa conscience. Son inspiration reste animée d'un mouvement vers les autres (altruisme, générosité, charité, solidarité), mais la composante religieuse n'y est plus nécessairement associée. de l'amour de Dieu, on passe à l'amour de l'Humanité (Camus). Les personnages emblématiques sont alors potentiellement subversifs du point de vue de la sexualité (chez Jean Genêt), de la sincérité de son investissement dans la recherche de l'absolu (Gide), dans son acuité à séparer le bien du mal (Bernanos). Dans ce processus, le lien exclusif et intérieur du saint avec la divinité dont la pureté est objectivement évaluée se transforme en un lien multiple et extériorisé avec l'humanité dont la valeur est estimée selon les critères de sa conscience personnelle. Il s'ensuit une sorte d'écrasement d'un mouvement vertical ascendant en un mouvement horizontal diffus. Les clivages essentiels du christianisme s'estompent : âme et corps, amour divin et amour physique, bien et mal.

L'emprunt des caractéristiques idéalisées de la figure sainte continuent malgré tout à inspirer les auteurs pour, par exemple, réintroduire la notion de merveilleux dans la littérature contemporaine, mais au même niveau que des imaginaires mythologiques (Tournier), fondant en un même tout des inspirations très variées dont la seule finalité reste de permettre au personnage la poursuite de sa quête personnelle. En ce sens, on retrouve la recherche de l'aspect fantasmatique des hagiographies médiévales, mais sans leur composante transcendantale.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Que reste-t-il de la notion de saint quand celle de Dieu a disparu ?
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Il semble y avoir dans la littérature du XIXème siècle une promotion de la sainteté féminine (Sand, d'Aurevilly, Bloy, Zola), qui peut sans doute être mise en rapport avec la popularité croissante du culte de la Vierge.
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