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EAN : 9782081335752
96 pages
Ombres Noires (05/11/2014)
3.33/5   23 notes
Résumé :
Franklin Altman est parvenu à quitter l'Allemagne au lendemain de la Première Guerre mondiale et a refait sa vie aux États-Unis. Après avoir changé de nom, il a su gagner une place honorable parmi les intellectuels new-yorkais.
11 novembre 1968, cinquante ans après la signature de l'Armistice. Franklin prononce un discours à l'occasion de cette commémoration lorsqu'un ancien camarade de jeunesse se fait connaître à l'assistance, faisant ressurgir chez lui un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
En ce 11 novembre 1968, New-York s'est parée de ses plus belles couleurs et a vu défiler, dans ses rues, une foule joyeuse et rieuse. Si l'on commémorait le cinquantenaire de l'Armistice, Franklin Altman, lui, peinait à croire que cette date était arrivée pour de bon. Ayant fui l'Allemagne, pauvre et humiliée par sa défaite, juste à la fin de la guerre, il était venu s'installer aux États-Unis, pays de nouvelles promesses. Aujourd'hui encore, alors qu'il doit faire une conférence dans une librairie, il se réjouit de ses choix de l'époque et ne regrette en rien d'avoir tourné le dos à son pays natal. le public était venu en nombre pour l'écouter. Après quelques questions, la foule se disperse. C'est alors que Franklin Altman repère un vieil homme, encore installé sur sa chaise. Après quelques échanges, les deux hommes décident de prolonger leur discussion dans un restaurant, non loin de là, Altman ne se doutant pas un seul instant de son identité...

Notre nom de famille peut-il influencer notre destin ? Modeler notre vie ? Et pourquoi pas changer le cours de l'Histoire ? C'est ce qu'imagine Thomas H. Cook dans cette nouvelle dont le titre originel, « What's in a name ? » est beaucoup plus parlant. L'on fait ici connaissance avec Franklin Altman, un homme un brin prétentieux, arrogant, sûr de lui et pourtant totalement ignorant de l'importance de sa rencontre avec ce vieil homme, Adolf Schicklgruber, expatrié allemand lui aussi qui garde de nombreuses rancunes. S'engage entre les deux hommes une conversation troublante, emplie de non-dits. Mais ce qui frappe en premier lieu est bien ce jour de commémoration de la guerre 14-18, la Grande guerre « qui [a] mis fin à toutes les guerres ». Thomas H. Cook aurait-il eu un énorme trou de mémoire et oublié totalement la seconde guerre mondiale ? Que nenni évidemment ! Il imagine tout simplement que le Führer n'a pas eu le destin qu'on lui connaît... tout ça à cause de son nom. Une nouvelle originale, courte certes, mais puissante et intelligente.

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Le 09 avril prochain aura lieu le centenaire de la méconnue bataille d'Arras, la commune qui m'a vu naître et où je réside encore aujourd'hui. Elle se déroula du 09 avril au 16 mai 1917 et avait pour objectif de percer les défenses germaniques et d'engager l'Allemagne dans une guerre de mouvement. Etaient présents les alliés britanniques, canadiens, australiens et néo-zélandais. Au prix de lourdes pertes, les soldats canadiens s'emparèrent notamment de la crête de Vimy, un point stratégique.
Pour cette commémoration, ces communes attendent la venue du président de la république, du premier ministre canadien, de la famille royale d'Angleterre, ainsi que de très nombreux "touristes" qui viendront des quatre coins du globe honorer leurs morts et accomplir un devoir de mémoire.
Ce sont 150.000 soldats de l'alliance qui ont alors succombé sur les terres d'Artois.

Dans la nouvelle de Thomas H Cook, c'est le cinquantenaire de l'armistice de la grande guerre qui est célébré dans la liesse, le 11 novembre 1968.
A cette occasion, Franklin Altman prononce un discours dans une librairie de New York lors duquel il revient notamment sur l'oeuvre "Les héros" de Thomas Carlyle : Aucun héros ne peut changer l'histoire d'une nation. Il ne peut ni la réguler ni en changer le cours ; pas même Jules César ou Napoléon Bonaparte.
"Ce qui fait l'histoire, ce sont les grandes forces, et non les grands hommes."

Mais ce que le lecteur va surtout retenir, c'est cette partie : "Cinquante années avaient passé depuis la fin de la Grande guerre, et les prédictions improbables de quelques optimistes à tout crin s'étaient avérées justes. Ce fut vraiment la guerre qui avait mis un terme à toutes les guerres."
- Euh, monsieur Cook ? Vous n'avez jamais entendu parler de la seconde guerre mondiale ?

Diplômé en philosophie de l'Histoire, Thomas H Cook a probablement eu vent de la guerre 39-45, qui est d'ailleurs au centre de son roman La vérité sur Anna Klein. En revanche, Franklin Altman n'en n'a pas eu connaissance puisque Le secret des tranchées est une uchronie dans laquelle cette deuxième guerre n'a jamais eu lieu. Le cours de l'Histoire a-t-il été modifié ? Pourtant, dans la nouvelle de Cook, il est toujours question des conflits en Palestine qui perdurent.

A la fin de son élocution, un homme attend Altman et engage la conversation. Tout oppose les deux protagonistes.
Ils sont d'origine allemande tous les deux, ils sont âgés, ils ont fréquenté le même établissement secondaire ... Oui bon, ok, tout ne les oppose pas mais Franklin - autrefois Ziegfried - a eu une scolarité parfaite, a fait la guerre planqué dans les renseignements puis quand son pays natal a été vaincu et humilié, il a migré aux Etats-Unis. Issu d'un milieu favorisé, il a pu refaire sa vie, devenant collectionneur de livres : La terre promise lui a plutôt bien réussi.
"Il était devenu un homme qui, désormais, vivait heureux parmi sa collection de livres et de manuscrits".
Le second homme lui n'était pas si doué à l'école, était le souffre-douleur de ses camarades. Il a quant à lui connu les tranchées et a vu pendant la guerre des soldats mourir trahis par les services de renseignements de son propre pays.
"Il était clair que le malheureux, visiblement infirme, n'avait pas eu la vie facile."

Il y a donc bien une dualité entre Altman et "ce revenant si frêle qu'il paraissait transparent, persécuté." La vie a souri au premier tandis que le second semble avoir tout raté. Dès le début de leur échange, Altman sent une menace, une accusation muette. Son interlocuteur l'a reconnu, mais l'inverse n'est pas vrai. Même physiquement, ils sont différents : "C'était un vieillard cacochyme. Que pouvait craindre de lui un homme tel qu'Altman, robuste et bâti comme une montagne ?" Dans un sursaut de patriotisme, Altman invitera son dernier auditeur à dîner. Les deux hommes iront ensemble au restaurant et partageront quelques souvenirs de jeunesse, parleront de la difficile reconstruction de l'Allemagne et partageront leurs points de vue sur l'Histoire suite à l'allocution d'Altman.

Courte de 79 pages, la nouvelle de Thomas H Cook a été écrite en 2014 et était initialement disponible en e-book. L'éditeur ombres noires la propose sous format papier avec une interview de l'auteur clôturant le récit proprement dit. Le choix de la traduction du titre original est curieux : What's in a name ? - Ce qu'il y a dans un nom - était beaucoup plus approprié.
La nouvelle évoque en effet l'importance du patronyme davantage qu'un quelconque secret des tranchées, illustrant dans ce monde où l'Holocauste n'a jamais eu lieu les théories contraires de Marx et de Carlyle. Sans se noyer en réflexions philosophiques, Cook évoque l'aveuglement des hommes et introduit ce grain de sable venu perturber les rouages de l'Histoire, et qui ne nous sera révélé qu'à la fin de l'uchronie.

Pour cet écrivain, dire que c'est bien écrit relève du pléonasme, mais on ne retrouve pas non plus la magie de la plume d'Au lieu-dit Noir-Etang. La nouvelle est également bien trop brève pour permettre au lecteur une réelle immersion dans ce New York parallèle de 1968.
Mais la taille du texte n'empêche pas la force du message qu'il laisse passer. Et si un minuscule détail avait suffi pour épargner des dizaines de millions de vies ?
Un récit qui demeure donc néanmoins marquant et dérangeant avec sa chute, point d'orgue faisant tout l'intérêt de la nouvelle, que j'ai d'ailleurs aussitôt relue une seconde fois avec un tout autre regard.
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Le Secret des Tranchées de Thomas H Cook
11 novembre 1968, Altman prononce un discours 50 ans après l'armistice et la capitulation de l'Allemagne. Il insiste sur le fait que contrairement à la théorie de Carlyle, aucun homme seul ne peut changer la face de l'histoire, ce sont les grandes forces et non les grands hommes qui en sont capables. Altman a quitté l'Allemagne pour les États Unis juste après la guerre et est devenu professeur et collectionneur de livres, un homme qui a réussi. Après son discours, tout le monde s'en va sauf un homme, un vieux monsieur qui tient un manuscrit sous son manteau tout effiloché. Au départ Altman n'a qu'une idée, aller dîner mais l'homme évoque l'Allemagne d'avant guerre et la Realschule, l'école qu'il fréquentait. La rencontre prend alors une toute autre tournure.
Une courte nouvelle d'environ 80 pages qui est une uchronie, en 1968 il n'y a pas eu de guerre depuis 50 ans contrairement aux plus sombres prévisions, seule la Palestine reste un lieu de tensions. Un récit qui multiplie les thèmes et les fausses pistes pour une fin imprévisible.
A noter que le titre en anglais « What's in a name? » évoque beaucoup mieux l'histoire que le titre français.
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Et si l'intelligence finissait par rendre bête !

"Le secret des tranchées", nouvelle de Thomas H. Cook, est une sorte de plaidoyer contre la suffisance intellectuelle, et surtout, une critique envers le sentiment de supériorité qu'elle peut engendrer, pouvant même se conclure par un aveuglement.

New-York, 11 novembre 1968.

Ce jour-là, on commémore le cinquantenaire de l'Armistice, la fin de la Grande Guerre. Pour Franklin Altman, un intellectuel new-yorkais, cette célébration est l'occasion de prononcer un discours. Ce travail de mémoire est important pour lui, puisqu'il a fui son pays natal, l'Allemagne, au lendemain du traité qui plongea sa nation dans la misère sociale, et aviva des tensions de guerre civile.

A sa grande surprise, son discours se fait devant une assemblée plus importante qu'il ne l'avait pensé. Une fois celui-ci terminé, Altman n'est pas peu fier de sa performance et répond à quelques questions. Puis, au moment où tout le monde quitte l'endroit, il est interpellé par un vieil homme. C'est alors qu'un dialogue troublant s'engage entre les deux hommes...

D'abord intrigué, Franklin Altman va devenir méfiant. Puis la pitié va prendre le pas, lui conférant un sentiment de supériorité et une attitude hautaine. Il faut dire que son interlocuteur paraît faible, pauvre, abattu par la vie et dresse un portrait flatteur d'Altman. Pourtant, dans ce dialogue où se dégagent une tension et un suspense prenant, plus d'une fois le vieil homme va faire preuve de cynisme...

Thomas H. Cook se moque joliment des grands penseurs de nos sociétés, que nous pouvons définir en quatre mots : les nombrilistes intellectuels auto-déclarés ! Et comme pour leur faire un pied-de-nez, l'écriture de cette nouvelle est ô combien très intelligente. Les deux personnages sont aux antipodes des idées, mais l'un comme l'autre peuvent facilement mettre le monde en péril... A vous de lire !
YB.
Lien : http://dunoirdupolar.blogspo..
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Cette jolie collection en petit format chez Ombres noires met en valeur des nouvelles d'auteurs de polars. J'ai eu la chance de gagner quelques livres à un concours lancé par cet éditeur, et voici ma première lecture.
La nouvelle de Thomas H. Cook a pour titre « What's in a name ? » ce qui pourrait se traduire par « le poids du nom », comme évoqué dans l'entretien de post-face avec l'auteur, mais absolument pas par « le secret des tranchées »… Hormis cette erreur (à mon sens) éditoriale, j'ai beaucoup apprécié cette nouvelle de Thomas H. Cook qui n'était pas un inconnu pour moi (Les feuilles mortes, Les rues de feu)
Franklin Altman a quitté l'Allemagne après la première guerre mondiale, et en 1968, il mène à New York une vie de septuagénaire érudit et bibliophile. A la suite d'une conférence historique, un vieil homme engage la conversation avec le conférencier. Il semblerait qu'ils aient fréquenté le même établissement scolaire… Je ne vous révèlerai rien de plus, car dès les premières lignes, un élément étonnant vient perturber ce que l'on connaît de l'histoire mondiale, et jeter le lecteur dans une étonnante distorsion de l'histoire. La rencontre entre les deux hommes mène de révélations en surprises.
« Mutato nomine de te fabula narratur » ce qui signifie : change le nom et cette histoire sera la tienne, cette citation latine revient en mémoire au narrateur, et résume bien ce petit joyau, une uchronie qui donne à réfléchir sur les théories de l'Histoire : un homme peut-il changer le cours de l'histoire, ou sont-ce seulement les grandes idées qui la font évoluer dans un sens ou dans un autre ?
Évidemment, c'est court, mais ce serait dommage de passer à côté pour autant !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quand la soupe fut servie, il devint clair pour Altman que son compagnon de table ne mangeait pas à sa faim. Il aurait sans doute pu le deviner à la minceur de sa silhouette, à sa peau distendue. Il avait déjà vu la faim, c'est pourquoi il trouva curieux, voire un peu dérangeant, que ses années d'abondance en Amérique lui aient fait oublier l'aspect fantomatique qu'elle donnait - les joues cireuses, les yeux creux, cette façon dont le pauvre diable ne pouvait s'empêcher de prendre deux bouchées à la fois du pain servi avec la soupe en s'essuyant vivement la bouche, avant d'en prendre deux autres. En allemand, on appelait cela fressen : manger comme un animal.
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- Une nation peut toujours rechercher un héros capable de lui redonner son optimisme et sa foi en elle-même, poursuivit-il, mais ce qui fait l'Histoire, ce sont les grandes forces et non les grands hommes. C'est, dit-il avec un sourire, la conclusion à laquelle j'ai abouti au bout de nombreuses, très nombreuses années de recherches.
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