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EAN : 9782847202038
172 pages
Gaïa (24/08/2011)
3.7/5   38 notes
Résumé :
Rongé par le remords de n’avoir pas eu le courage de parler, Miklus se décide à raconter les siens, ces Roms qui vivent depuis des décennies sur une rive slovaque du Danube. Le jour où Lubko, le gadjo est arrivé avec son violon chez les Tziganes, voleurs de poules, la communauté s’est égayée.
Que lire après Le silence ne sera qu’un souvenirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Les débuts de cette lecture furent assez difficiles.
Qui est ce vieillard qui parle ? Est-il vivant ? Est-il mort ? A qui s'adresse-t-il ?
Qui est cet enfant blond ?
Et puis les choses se mettent en place et on entre dans un tourbillon douloureux.
Les passages racontés par Maruska sont poignants.
Ce séjour au milieu des roms de Slovaquie m'a complètement absorbée, passionnée, bouleversée.
Et puis il y a ce visage, à chaque fois que j'ai pris le livre en main, ce regard qui en dit tant et reste dans mes pensées.
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Difficile de parler de ce livre... Soyons clairs, le texte est absolument magnifique, Laurence Vilaine a trempé sa plume dans un bain de poésie, aucun doute là-dessus...
Quant à ce qu'elle nous raconte... eh bien elle nous raconte plein de choses dont il est un peu difficile de faire le tri..., des choses dures, terribles, atroces même…
D'abord, il y a la communauté Rom : c'est Miklus le narrateur un vieux tsigane, qui raconte son histoire tout en évoquant sa communauté, ces Roms qui se sont sédentarisés sur la rive slovaque du Danube, de l'autre coté du rideau de fer (en tous cas jusqu'à la chute du mur de Berlin évoquée dans ce roman) ; ils se sont installés dans un campement de fortune sur les bords du Danube, un endroit qui n'est que poussière et chaleur en été, boue, déluge et froid en hiver, misère et saleté en toutes saisons. de ces Roms, il nous dévoile certains traits par petites touches, leur amour pour la musique, leur besoin de promiscuité, leur sens de la fête, leur méfiance envers les « gadgé »…
Ensuite il y a l'histoire dont il aurait du parler depuis longtemps mais qu'il n'a jamais eu le courage de révéler qui met en scène une jeune et belle femme Rom et un violoniste « gadjo ». C'est une histoire qui prend sa source pendant la 2ème guerre mondiale, sous le règne nazi, et qui se perpétue de nos jours, dans l'indifférence générale, voire l'hostilité que suscitent les malheurs du peuple Rom. Une histoire de malheur, de discrimination, de génocide, où la musique tient une place prépondérante et fait se rencontrer les communautés tsiganes et juives, les peuples opprimés et rejetés depuis l'aube des temps.
Mais cette histoire, et je ne vous en révèlerai pas plus, est une histoire extrêmement triste, terrible, insoutenable, où le (mauvais) sort s'acharne, la folie rôde et le destin frappe avec une violence maléfique, à la limite du rationnel, alors que Miklus, rongé par le remords parce qu'il a plusieurs fois laissé passer l'occasion de parler et d'arranger les choses, mais plein de tristesse et d'humanité, dévide ses souvenirs...
Un récit envoutant et dérangeant, difficile à lire donc, et en ce qui me concerne, j'étais contente de refermer mon livre… en attendant le prochain roman de Laurence Vilaine dont la qualité d'écriture m'a « scotchée » !
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Une lecture chaotique, le début nous invite dans un drôle de souvenir, on ne sait pas trop où l'auteur veut nous emmener. Il faut dépasser plusieurs pages pour que le récit commence à poser ses jalons. Je dois avouer que c'est assez déroutant. Bien que le roman soit court, il y a beaucoup à en dire sur ce "témoignage" d'un peuple persécuté. La pauvreté, le rejet, l'indifférence, la maltraitance aussi, bien des sujets sensibles qui sont le lot des Roms.
C'est aussi l'histoire d'une Allemagne divisée, la chute du mur de Berlin, le nazisme avec les conséquences que l'ont connait.
C'est au-delà de tout cela, l'histoire d'un homme gadjo qui prend pour épouse une Rom, chose quasi impossible et pourtant. Mais le destin n'est pas toujours heureux, mais là s'arrête mon récit, à vous de poursuivre.
Vous serez certainement très sensibles à la magnifique plume de l'auteur et vous serez aussi touchés par cette histoire des Roms, et peut être cesser de leur coller des étiquettes de voleurs de poules. C'est un peuple avec ses croyances, ses traditions, ses coutumes et ses besoins de vivre dignement dans le respect de chacun. de très grands musiciens aussi et bien d'autres qualités que les gadjés n'auront jamais.
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D'une plume vibrante et absolument magnifique, Laurence Vilaine nous entraîne en même temps dans le peuple rom, sa fierté et ses souffrances, et dans une terrible histoire d'amour et de silences. le vieux Miklus enfin parle de sa communauté installée sur la rive slovaque du Danube. Mais il parle aussi de rejet, de mépris, de violences inutiles et de musique. le réalisme est parfois insoutenable.
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En lui seul, le titre de ce roman porte les accents mélancoliques qu'on sentira vibrer tout au long du récit. Mélancolie qui, chez les Tsiganes, les Rom, les Manouches fait bon ménage avec une soif de vivre chevillée au corps par des siècles de persécutions et de rejets quel que soit le point cardinal où l'on pointe le regard. Mélancolie des violons, musique omniprésente qui transmet mieux que les mots la culture et la profondeur des sentiments d'un peuple fier et fidèle à ses traditions.

La puissance de ce roman s'annonce dès l'incipit. Magistral, il est à la mesure d'une écriture qui frappe aussi fort qu'une pluie d'orage. le décor est posé, sans concession, sans flonflons, sans l'hypocrisie ni la frilosité qu'on retrouve si souvent quand il s'agit d'aborder, romancée ou pas, la question des différences, de l'exclusion, du déplacement des peuples et de leur rejet.
Laurence Vilaine fait entrer le lecteur chez les Tsiganes par la voix d'un mort de fraîche date, Miklus, doyen du clan, dont le poids des souvenirs trop lourd à porter impose qu'il s'en déleste. Ce sera auprès de celles et ceux qui tourneront les pages, plus ou moins désorientés comme les gadjé peuvent l'être dans ce monde dur à cuir, dur à mourir mais qui survit, pugnace, entêté, sur la friche des Cigàni, à Supava, sur la mauvaise rive du Danube. Ou comme partout ailleurs.

L'histoire ? A travers celle de l'énigmatique Dilino –l'idiot-, enfant à peau claire et cheveux blonds, qui joue du violon en silence, que les autres malmènent, qui vit à l'écart du clan, c'est celle de ses ascendants qui refait surface. En trame de fond, c'est finalement aussi celle des destins douloureux et tourmentés des Tsiganes du monde entier que l'auteur livre en 173 pages d'un récit émouvant, dérangeant parfois, instructif et captivant toujours.
le talent de l'auteur n'y est pas pour rien. Laurence Vilaine possède un style tout à la fois direct et poétique, riche, vibrant, coloré, dense.
Une très belle et puissante écriture qui signe l'entrée en littérature d'un écrivain dont, je l'espère sincèrement, on entendra parler.

Extraits
… Etions-nous forgerons, vanniers ou rétameurs, nous n'étions attendus nulle part. Retors à éduquer et à blanchir, ils nous ont frotté le dos pour nous emmener propres à la ville : ils ont jeté au feu tout ce qui n'était pas digne de prendre place dans les logements qu'ils nous réservaient et nous rendraient civilisés. Pensaient-ils vraiment que nos différences se consumeraient en un frottement d'allumette ? La vie de plusieurs générations s'est envolée dans la fumée épaisse de nos cabanes en cendres…

… Il me parlait normalement, je veux dire sans ces efforts d'articulation que fournissent parfois certains gadjé qui, quand ils n'aboient pas comme des chiens, croient nécessaire de s'adresser à nous comme à des arriérés ou des étrangers. On dirait qu'ils s'entêtent à ignorer que nous partageons le même pays, et du même coup, ne soupçonnent pas que, pour une fois, peut-être le seul certes, nous avons bien souvent un avantage sur eux qui s'appelle le bilinguisme…

… Nos superstitions nous empêchaient-elles de parler des malheurs, des viols et des morts, ou nous convainquions-nous sottement que le silence les ferait sombrer dans l'oubli ? Nous ne poussions pas si loin l'analyse ; et par habitude surtout, transmise depuis des siècles, nous nous accommodions de l'amertume qui nous collait au palais, en espérant secrètement une saveur sucrée qui la camouflerait, un pis-aller finalement, comme le sirop rouge sans saveur qui enrobe les pommes des fêtes foraines

Lien : http://www.lascavia.com
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critiques presse (2)
Lexpress
08 novembre 2011
Par ses mots, sa poésie sombre, ses interpellations, elle recompose les silhouettes, offre des visages précis à ces ombres qu'on rejette. Le plus loin possible des cités où les hommes et les femmes se cachent derrière les rideaux.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Actualitte
08 septembre 2011
ce texte n’a rien d’un plaidoyer en faveur des Roms ; il est plus que cela, mieux que cela : Un hommage vibrant, plein de poésie, aux êtres fragiles malmenés par la vie ; un précieux hymne à la tolérance. Un sacré beau livre !
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Pour trouver un emploi, il fallait désormais être qualifié. Même les musiciens, pour jouer dans les auberges ou les réceptions, devaient détenir un permis attestant de leur qualification. Inutile de dire que nos chances étaient pour le moins réduites. Avant même de prouver que nous étions en mesure de lire des notes sur une portée (ce qui aurait impliqué ou des nuits de travail ou une supercherie digne des plus grands fourbes de notre espèce), nous étions bien incapables de franchir avec succès la première étape du formulaire à remplir : nous avions beau nous appliquer à travers des croix propres et régulières, elles ne tombaient qu’une fois sur dix dans les bonnes cases, et les agents administratifs, peu friands de notre jeu du hasard, nous refoulaient vers la sortie
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Il joue comme un dieu. S'endormant bien souvent à nos pieds, quand nous jouions des nuits presque entières, il nous a regardés faire, ils nous a écoutés, et, seul, il a fait de la musique sa raison d'être; des heures pouvaient s'écouler sans qu'il pose son archet.
Quand il joue, il a les yeux de son père, tout ronds; levés vers le ciel, mais tournée en-dedans, intra muros, dans sa forteresse.
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J'ai compris ce soir-là que la vie ne se résume pas à une maisonnette, à un livre d'histoires et à des mots brodés sur la poche d'un tablier, j'ai lu dans le sourire heureux de mon père qu'elle est aussi une route balisée d'inconnu, un immense terrain vague que je foulais pour la première fois, sans poser mes pieds dans les empreintes de ses pas.
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« Sans doute que ça m’arrangeait de laisser l’enfant se terrer dans le silence ; et lui ne lâchait même pas une larme pour crier sa souffrance. Était-il à ce point un roc ou allait-il pleurer en cachette ? Qu’allait-il faire quand il disparaissait pendant des heures, où dormait-il quand il désertait la cabane de la Vieille? Veillant à ce que personne ne me surprenne, je l’attendais sur le seuil, scrutant la nuit et implorant les étoiles pour qu’il revienne. Parfois, je l’avoue, je remettais aussi sa vie entre les mains du destin. Ces nuits-là, il m’arrangeait de croire en Dieu qui, après tout, pouvait bien prendre la relève, veiller sur le petit s’il devait ne pas revenir ; en optant pour cette possibilité, j’accordais à ma conscience un instant de répit. Le fuyard revenait toujours au petit matin, sans jamais une explication, personne ne lui en demandait. J’avais envie de lui flanquer une taloche ou de lui caresser la tête, de remettre en ordre sa tignasse blonde, hirsute d’avoir dormi je ne sais où, avec les poules ou contre le flanc maigre d’un vieux chien. Mais dans l’embarras, je ravalais mes gestes et lui tournais le dos pour me ronger les ongles en cachette ; je n’avais pourtant pas à craindre qu’il vienne frapper à ma porte, le chenapan fuyait comme la taupe. Sans doute me convenait-il ce jeu du silence, nous en avions inventé les règles sans même nous concerter. Vieux singe, au lieu de tricher pour nous sortir de ce pétrin, j’enfonçais la porte déjà béante, et je faisais en sorte de ne pas le croiser de la journée. Je l’évitais, oui, et lui, ne se montrait pas avant le repas du soir, il était même capable de jeûner",
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Dire adieu n'est rien, l'insupportable, c'est la séparation qui suit l'étreinte. Dire adieu, c'est un concentré d'amour, l'ultime peut-être, mais à l'instant où notre corps avec celui de l'autre ne fait qu'un, à quoi bon vivre par avance l'instant où ils se sépareront.
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Vidéo de Laurence Vilaine
Interview de Laurence Vilaine, journaliste-enquêtrice et romancière, auteur d'un premier livre intitulé Le Silence ne sera qu'un souvenir. Dans cette première oeuvre elle aborde la condition du peuple Rom à travers l'histoire d'une communauté vivant en Slovaquie et dont elle nous a fait part lors d'un "café littéraire" de l'Institut Français de Valencia
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