AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Dimitri Sesemann (Traducteur)Hélène Châtelain (Préfacier, etc.)
EAN : 9782864321453
403 pages
Verdier (01/10/1992)
3.93/5   7 notes
Résumé :
« J’ai commencé à écrire ce roman à l’automne de l’année 1943, sur un lit d’hôpital, n’ayant en ma possession qu’un unique cahier d’écolier dont m’avait fait cadeau le médecin… » L’auteur de ces lignes, Iouri Dombrovski, écrivain, historien anthropologue, archéologue, poète, juif, tzigane, russe et polonais a trente-six ans. Il sort de quatre ans de camp sibérien.
Ce roman, son premier texte achevé, déjoue toutes les attentes. Car en pleine guerre patriotique... >Voir plus
Que lire après Le singe vient réclamer son crâneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La singularité rappelle chaque fois qu'elle incarne un odieux paradoxe : innombrable comme les individus, elle n'existe pourtant qu'à de rares occasions, le reste n'étant que suites à la manière de… une fois rencontrée, elle risque aussitôt de s'affadir, jusqu'à disparaître… et toujours de laisser dans son sillage un cortège d'interrogations sur sa primauté, sa pertinence, voire même son existence, tel ce chat dans une boîte…

Voici donc un livre plus qu'original, rappelant à chacun combien un éditeur peut avoir d'importance dans sa vie de lecteur, menant par la main vers la singularité, des écrits ayant tout de l'oublié, dont la mise en lumière se traduit par un simple acte d'amour.

À ce jeu là, Hélène Châtelain fait office de modèle à suivre. Editrice, traductrice, directrice de la collection « Slovo » chez Verdier — sans parler de ses activités audio-visuelles, dont son rôle dans l'archi-mythique « La Jetée » de Chris Marker — elle introduit ici ce texte de manière magistrale, donnant à voir ce que devrait être à chaque fois une quatrième de couverture ou une préface.
Paix à son âme.

Sa collection, comme l'éditeur, en était à ses débuts, n'ayant pas encore adopté sa couleur jaune si reconnaissable ( bénédiction pour le chasseur de livres d'occasion un peu pressé ) ; son catalogue s'ouvrait alors avec la découverte tardive de l'oeuvre de Sigismund Krzyzanowski, morceau de littérature sauvé miraculeusement de l'oubli soviétique ( si vous ne connaissez pas encore… ) ; viendront ensuite Chalamov, Harms, Golovanov, etc., prolongeant les travaux de L'Age d'Homme ( et autres héritiers ) dans la diffusion de ces trésors slaves.

De ce roman, il faudrait encore parler de sa rédaction décousue et chaotique, entreprise sur plus de vingt années, entre deux déportations au goulag, son auteur ayant dès sa jeunesse essuyé de terribles et absurdes persécutions du régime stalinien, connaissant en tout plus de dix-huit années de camps, en plus d'avoir été éloigné de sa Moscou natale vers la capitale kazakh d'alors, où sa réputation d'intellectuel réfractaire n'a pas réussi, malgré les brimades l'accompagnant, à l'éloigner de cette oeuvre si singulière, taxée de dangereusement « cosmopolite »…

Une bien curieuse uchronie, où la Seconde Guerre Mondiale se serait achevée sur un statu-quo assez flou, laissant une France occupée mais en voie de dénazification, les Russes restés loin des frontières. La situation n'est vraiment pas claire, et son appréciation vient en partie de ce qu'en dit la préface, elle-même très bien tournée pour laisser entendre sans affirmer.
Elle nous a prévenu, cette oeuvre n'est jamais là où on l'attend ; le gros du livre use de l'analepse pour nous replonger pendant la guerre, à travers les yeux du narrateur, alors enfant, fils de ce grand paléontologue que les nazis tentent de « convertir » à leur cause, celle d'une théorie raciale bien différentiée, l'Aryen comme sommet évolutif, la science devant le confirmer.

Le titre fait bien-sûr référence à ce primate revenu des âges et mettant l'Homme devant ses contradictions, absolu du dérisoire…

Une forme de huit-clos, étouffant, centrée sur le développement des personnages, des rivalités humainement universelles, où la mise en scène n'est surtout pas une transposition du Stalinisme, comme on pourrait à première vue le penser, évidente manière de contourner la censure.
Non, Dombrovski fait dans le réalisme historique, le premier degré, pour ce qui est de la partie centrale située autour de 1942 ; ce qui sonne fort curieux parait dans cette troisième partie, attendue comme retour aux années post-guerre — développement naturel de cette forme narrative, qui n'adviendra finalement que lors d'un court épilogue — mais qui prolonge cette plongée dans l'esprit de ces personnages sous haute pression.

Le tout est effectivement singulier, de facture « moderne » à défaut de pouvoir bien la définir ; cette force est à la fois sa faiblesse, laissant le lecteur au trousse d'un souffle difficile à poser, pot-pourri pas toujours bien assemblé.
Il faudrait plutôt le considérer comme un geste d'éditeur, ne pouvant laisser de côté l'autre grand roman de cet auteur déjà reconnu pour son chef-d'oeuvre « La faculté de l'inutile » ( disponible au « Livre de Poche - Biblio » ), comme lorsque Verdier a publié le confidentiel « Le contre temps », autre texte de Boris Khazanov, célèbre pour son multi-publié « L'Heure du roi » (Vivianne Hamy).

Cela reste donc une belle curiosité, à réserver au lecteur de livres jaunes et bleus , laissant aux autres la signification de telles couleurs.
Commenter  J’apprécie          8610
En 1958, Hans Maisonnier, 27 ans, dirige la rubrique juridique de son journal. A la poste, il reconnaît un ancien nazi gestapiste responsable de la mort de son père et de quelques uns de ses amis. Ce Gardner vient d'être remis en liberté pour raison de santé, ce qui ne l'empêche pas d'occuper un poste important et d'être protégé par des politiciens influents.
Au journal, les problèmes se multiplient pour Hans et il entend "derechef le hurlement angoissant des sirènes ... la musique triomphante des envahisseurs". Après la parution de son dernier article concernant Gardner où il donne libre cours à son indignation, l'ex-nazi est assassiné et Hans est considéré comme coupable d'appel au meurtre.
Hans se souvient alors de la guerre et de la pression qu'exerçaient les nazis sur son père pour qu'il les aide à réaliser leur projet : "emprunter les voies d'une science authentique des origines de la race aryenne et à prouver sa place proéminente et exceptionnelle dans l'histoire de l'humanité". Pour sauver leur peau, certains savants renient leurs convictions personnelles, ils désavouent leurs travaux sur la recherche des origines de l'homme et ils signent une déclaration où ils affirment que "ils rompent tout lien avec Maisonnier et [ceux] qui soutiennent les théories pseudo-scientifiques sur l'origine unique et les voies de l'évolution de l'homme."
L'histoire se situe en Europe, pendant l'occupation, en France peut-être, où se croisent des nazis, des traîtres et des résistants qui laissent tous éclater leur cruauté, leur sadisme, leur folie, leurs lâchetés ou leur courage.
Ce livre ne m'a pas laissée pas indifférente mais il ne fait pas partie de ceux que je dévore en quelques heures, il m'a fallu du temps pour en arriver au bout.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Nous vous combattons parce que vous avez inoculé à l'humanité le virus de la compassion.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}