Née à Mascara, « citoyenne du monde», Maia Alonso, fille et petite fille de colons met en scène une famille espagnole émigrée en Algérie à la fin du XIXème siècle : pionniers défricheurs de terres arides, « seigneurs des cailloux », dit elle, dont la vie est bien différente de celle qu'on attribue au grand colonat. Elle a voulu témoigner du courage et de la «grandeur de ces femmes et de ces hommes [[qu'elle] a vus à la peine pour fertiliser une terre sauvage et souvent hostile. » » Terre passionnément aimée, dans la peine, la souffrance et le désepoir.
Menée avec tendresse et pudeur, avec grande amitié pour les populations musulmanes, dont le point de vue n'est cependant pas vraiment évoqué, l'histoire, focalisée sur les « Européens » d'Algérie, avec leur courage, leur dureté au travail et leur « forfanterie », est menée sur quatre générations et se termine, dans la violence des dernières années, par le maelstrom magnifiquement conté des massacres d'Oran, qui oblige la famille à se séparer de cette terre.
Quelques beaux portraits de femmes généreuses, (amours, peines, deuils) qu'on aurait aimés plus approfondis, et un ton onirique, une perception poétique du surnaturel qui donnent toute sa valeur littéraire à l'ouvrage : comme dans « L'odyssée de Grain de Bled », on trouve ici encore, une belle sensibilité de poète.
Dernière minute : "Le soleil colonial" vient d'être couronné à l'unanimité du jury pour le prix 'Terre d'Eghriss / L'autre rive " 2014.
Commenter  J’apprécie         170
On appelait colons tous ceux qui étaient propriétaires de la terre et la travaillaient. Certains vivotaient sur leurs hectares de cailloux, d'autres réussissaient à créer de magnifiques domaines, souvent administrés par des fermiers et des métayers.
(...)
Je suis des leurs pour toujours et à jamais. Par ce roman inspiré de faits réels et relatifs à ma famille, je leur rends hommage en les baptisant : "seigneurs des cailloux". En effet, il est courant désormais que l'opprobre soit jetée sur les 10% d'Européens qui étaient colons. Moi qui suis fille et petite fille de colons, fière de leur travail, j'ai voulu témoigner de la grandeur de ces femmes et de ces hommes que j'ai vus à la peine pour fertiliser une terre sauvage et souvent hostile. Une terre qu'ils ont passionnément aimée.
José plastronnait. Sa réussite sociale renforçait sa propension à la forfanterie, trait de caractère assez répandu dans ce peuple en formation. Beaucoup avaient tenté le diable, quelques uns avaient incroyablement réussi. Il en résultait une fierté naïve, une ostentation à la fois malicieuse et ridicule, un brin attendrissante au regard du poète qui chantait cette Algérie balbutiante.