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EAN : 9781908836397
80 pages
Salmon Poetry (01/03/2013)
5/5   1 notes
Résumé :
Dreaming My Animal Selves is an intriguingly surreal journey through myth, legend, fantasy, and more – all guided by a shape-shifting narrator searching far and wide for cosmic unity within the discontinuous landscape of dream and the dreamy, fragmented quality of the everyday world. The dual-language text works to heighten the narrator’s shifting perceptions, symbol by symbol, vision by vision.
—Brian Turner
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

La poésie d' Hélène Cardona s'inscrit dans une filiation affective et familiale, son père José Manuel Cardona est lui aussi poète ; C'est une poésie portée par des langues, l'espagnol la langue paternelle, le français langue du pays où elle a passé son enfance et l'anglais, Hélène vit aujourd'hui aux États – Unis. Trilingue, Hélène Cardona est aussi traductrice de recueils de poésie, elle publie en revues et a fait paraître des poèmes dans des anthologies.

Les poèmes de ce recueil Life in suspension ont d'abord été écrits en anglais, puis traduits en français ; la résonance en ce recueil des 2 versions ajoute à la force poétique de l'ensemble.

Le poème qui ouvre le recueil est pour Kitty, la mère, « l'ange aux senteurs de mon enfance », trop tôt disparue et toujours si présente…
L'absence, si elle fait naître le tristesse, thème du deuxième poème, est source d'apprentissage, la tristesse est un joyau à ciseler, elle peut être bijou à porter et peut paradoxalement embellir la vie !... Dépasser la souffrance, la regarder avec amour pour renaître, en poésie…
Car étrangement, l'ange maternel est aussi Ceridwen la magicienne celtique qui peut dispenser la potion de la connaissance et de la sagesse et donc donner naissance au poète, Ceridwen : « lumière » à « l'âme en bordure des ténèbres » « mystérieuse » « insaisissable » ; elle est l'initiatrice des mots. Elle est celle qui invite à la cérémonie druidique pour que reviennent les souvenirs livrés en offrandes. Hélène Cardona est de plusieurs terres, son enfance a traversé plusieurs pays, la France, l'Italie, l'Allemagne, la Suisse, le Pays de Galles, la Californie ; elle a été bercée par plusieurs langues.
Le long poème La vie suspendue proche de la prose poétique,aux accents autobiographiques, donne le titre au recueil , c'est d'une vie vécue pleinement, mais « suspendue » aux souvenirs dont se fait écho le recueil.
Cette première partie du recueil illustre bien la citation de Carl Sagan qui ouvre le dernier poème de cette partie : « Un chant d'amour lancé dans les profondeurs de l'immensité ». le pantoum est la forme choisie pour celui-ci : Pantoum d'Ouranoupolis, cette forme dont certains vers se répètent, rappelle le chant et donne rythme au poème. « Vivre c'est défier la douleur » et la chanter.

La partie 2 s'ouvre donc sur l'espoir, la confiance, grâce au souvenir de la mère ou d'un dieu à peine nommé qui peut illuminer la vie. Il semble bien que la poésie tisse le lien entre la terre et le ciel, par la fenêtre entrouverte entrent les anges. L'univers tout entier appelle alors à la prière.
Les vers libres de poèmes tantôt brefs, tantôt plus longs, suivent le souffle qui se déploie au rythme des sentiments, des sensations. Parfois, la structure du poème adopte une forme fixe, le quatrain comme dans le poème Rituel, constitué de 5 quatrains, ou le tercet comme dans le poème Galahad ; le rythme se fait alors plus régulier et convient mieux à des poèmes plus méditatifs qui font penser à des ballades celtes, alliant tradition et modernité. L'univers ouvre au mystère, la magie de la nature opère. L'Esprit de la Nature apaise, réconcilie. La poète ne devient-elle pas alors fée ou magicienne, telle Viviane sortie de son lac. Autant de poèmes qui ont leurs sources dans la mythologie celtique d'avant le christianisme.
Il y a en cette partie une quête de sens, une interrogation constante, la chrysalide a du mal à devenir papillon, à prendre son envol et donc à devenir libre !
Si le dernier poème de la partie 1 était teinté d'espoir, le dernier de la partie 2 résonne plus tristement.

La partie 3 s'ouvre sur une image surprenante, deux cygnes « enlacés » « enchassés » ; cette image est un héritage symbolique, le cygne est le symbole de chant et de mort, de pureté aussi. Nombreux étaient à l'époque féodale, les chevaliers qui firent de cet oiseau leur emblème. Ce cygne, symbole aussi de la lumière et de l'amour éternel ce que rappelle le premier quatrain du poème qui ouvre cette troisième partie : « notre attachement est éternel ».
Ces poèmes qui prennent des oiseaux comme symboles des voyages et de la quête d'une promesse, d'un nouvel envol, d'un nouveau départ, ont des accents mallarméens :
« Tel un fou aux pieds bleus volant
………………..
je voyage……………
……………………..
J'ai foi que je trouverai ce qu'il me faut
……………………
La promesse d'un nouveau départ
un sanctuaire bâti par Dieu, un coin juste pour nous
avec des oies sauvages et des roseaux en abondance. »

En lisant ces vers comment ne pas penser à ceux de Mallarmé :
« fuir ! là-bas fuir !
Je sens que les oiseaux sont ivres
d'être parmi l'écume inconnue et les cieux. » (Brise marine)

La vie d'Hélène Cardona a été traversée par la mort, celle de la mère, cette absente magicienne, prêtresse du temps et de l'espace, est-ce pour la rejoindre que le monde se fait onirique, fantasmagorique, apocalyptique ou chamanique ; pour entrer de l'autre côté du miroir et peut-être avoir un aperçu de cet autre monde « aux confins de l'esprit ».

Deux artistes qui produisent entre ombre et lumière, Klimt et Giacometti, ouvrent la dernière partie.
La poésie d'Hélène comme les oeuvres de ces artistes s'écrit entre symbolisme et effacement, la créativité poétique, « trait de lumière », oscille entre croyance et magie, entre ignorance et connaissance, en quête de rituels magico religieux, évoquant la figure de Lillith, la Lune noire, figure obscure voire démoniaque et pas seulement pour les enfants…des poèmes comme des incantations séductrices pour fusionner entre réel et irréel.
L'esprit habite tous les éléments de la nature, une Nature divinisée où les bouleaux se font temples quand l'âme habite tout l'espace et que dans le souffle du vent, c'est le souffle de la mère ou « les voix ancestrales qui apaisent et soulagent le chagrin ».
En cette dernière partie, la poésie se fait danse rituelle pour exorciser la mort. Mais, il n'y a pas d'apaisement, le monde n'est pas sacré, il est magique, il envoûte, il jette un sort, emprisonne et laisse encore plus dans le doute et l'interrogation. L'absence reste lourde et entière. La voie empruntée ne permet pas d'atteindre la quiétude, même si elle libère une parole poétique qui seule peut apaiser…
Ghislaine Lejard
Note de lecture parue dans la revue littéraire le Capital des Mots
Lien : http://www.le-capital-des-mo..
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Notre relation au monde

par : Michel Cazenave


J'avoue très humblement que, jusqu'à ce que Gabriel Arnou-Laujeac, l'auteur de « Plus loin qu'ailleurs », me fasse connaître ses derniers poèmes, je n'avais jamais entendu parler d'Hélène Cardona. Mais, à vrai dire, comment connaître l'oeuvre de tout le monde ? Tâche impossible, même dans un milieu restreint comme, aujourd'hui, celui de la poésie

Et je dois à la vérité de dire que j'ai été ébloui par le recueil que je découvrais de la sorte : « Dreaming my Animal Selves » - ou en français (puisque le recueil édité est bilingue) : « le Songe de mes Ames Animales ». Que j'aurais plutôt traduit quant à moi par : « Rêvant mes Sois animaux ». Car peut-on vraiment avancer que le Self (le « Soi », tiré des Upanishads, et particulièrement de la Chandogya) et l'Ame soient réellement la même chose ? Ou l'Ame n'est-elle pas le réceptacle naturel pour la manifestation de ce Soi divin et cosmique ?

Mais ce n'est là, je le sais bien, que broutilles… Et quel émerveillement, à travers des songes qui touchent de si près au chamanisme, que de ressentir en ces mots l'unité la plus profonde du cosmos, et cette expansion de la conscience (une conscience née, selon Jung, de l'Inconscient collectif - autrement dit, et il l'avoue à la toute fin de sa vie, du nom moderne que nous donnons à l'Ame du Monde des Anciens), cette expansion de la conscience qui permet d'accéder à la découverte vivante de cette même unité !

Est-ce pour rien, de ce point de vue, que l'auteure conclut son avant dernier poème (« Diapositives de pensées »), par ces quelques mots :



« …soulagée de ne plus être hantée,
D'être simplement la substance du cosmos »,



et termine son recueil (« Harmonies parallèles »), par cette phrase indubitable :



« Nous mûrissons musicalement
Couverts de fleurs de cerisier
variation divine,
conscience en quête d'expansion » ?



Hélène Cardona, outre tous ses diplômes universitaires, et les langues vivantes qu'elle parle couramment, est extrêmement cultivée : qui d'autre, de nos jours, oserait mettre en exergue à sa « production », des extraits de Rumi, de Dickinson, de Gibran ou de Rilke ? Mais on voit bien là que la fine pointe de la culture n'assèche pas l'esprit et ne débouche pas forcément, comme on voudrait trop nous le faire croire, sur un scepticisme généralisé - mais que c'est au contraire, parfois, et comme c'est ici le cas, une ouverture à ce qui nous transcende et nous appelle dans l'espace de nos nuits.

Mais peut-être, dois-je ajouter, l'origine multiculturelle de Cardona (irlandaise, grecque et espagnole), de même que son amour sans partage pour la musique, n'y sont pas totalement étrangers ?
Lien : http://www.recoursaupoeme.fr..
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Nous mûrissons musicalement
Couverts de fleurs de cerisier
variation divine,
conscience en quête d’expansion.
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