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EAN : 9782846269230
118 pages
Au Diable Vauvert (22/01/2015)
3.85/5   10 notes
Résumé :
David Foster Wallace possède cet incroyable talent de plonger le lecteur dans la psyché de ses personnages. Une voix et un sens de l'observation unique, un humour éblouissant, une finesse incomparable dans la description des états d'âme: à travers ces deux nouvelles mêlant malaise et humour, il entraîne le lecteur dans des univers et des esprits à la fois familiers et totalement étrangers. « Il n
'hésite pas à s'attaquer à tous les sujets graves ou anodins. T... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le Sujet dépressif de David Foster Wallace suivi de petits animaux inexpressifs.
Elle était incapable de mettre en mots sa souffrance alors elle utilisait les exemples, celui de son enfance où ses parents divorcés, riches, l'utilisaient pour régler leurs différends, les frais d'orthodontie dont elle avait besoin, ce que chacun reconnaissait mais qu'ils refusaient de payer estimant que c'était à l'autre de le faire suite à une « ambiguïté byzantine » dans le jugement de divorce. Il firent appel à un « Spécialiste en résolution de conflits » à 130$ l'heure plus les frais pour régler le problème. Elle était suivie par une thérapeute appartenant à une école qui préconisait pour chaque dépressif un « Échafaudage émotionnel » composé de six femmes « bienveillantes et généreuses »auprès desquelles elle pourrait se tourner sans avoir à mentionner ces épisodes d'enfance avec ses parents. Elle ne prenait en ce moment que du Prozac et savait qu'elle était un fardeau pour ses amies. Elle avait assisté à un »Week-end de retraite » thérapeutique expérientielle centrée sur l'Enfant intérieur pendant lequel lors d'une »Rage cathartique » elle avait touché au »Noyau profond de sa problématique de ressentiment ». Et puis sa thérapeute était décédée d'une combinaison de coupe faim homéopathique et de caféine…
Julie fait l'amour avec Faye, elles se connaissent depuis presque deux ans, elles échangent leurs souvenirs, ce qu'elles aiment ou détestent. Julie déteste les insectes, John Updike et curieusement aime Dee, sa mère qui l'avait abandonnée au bord d'une route avec son frère quand ils étaient jeunes, Faye travaille au département Recherche du jeu Jeopardy alors que Julie est la championne de Jeopardy depuis plus de 700 émissions…
Deux nouvelles typiques de l'esprit de cet auteur, humour et analyse psychologique des personnages, une bonne façon d'aborder l'unique Foster Wallace. Avec lui pas de demi mesure, on adore ou c'est illisible…
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La première nouvelle met en scène une jeune fille - le sujet dépressif -, sa thérapeute et son Échafaudage émotionnel - soit un groupe d'autres jeunes filles, des femmes en fait, et même pour certaines déjà mères, principalement des anciennes camarades de classe qui sont loin maintenant donc on se téléphone surtout. On peut dire que c'est une nouvelle presque personnelle, connaissant la vie de David Foster Wallace, ce qui permet de toucher là où ça pique, où ça démange, où ça fait mal, de parler de dépression et du besoin d'être soutenu•e, malgré la peur de ne pas arriver à s'exprimer, à faire le tour de sa dépression, d'être de trop, de se sentir pathétique. Si l'auteur prend beaucoup de recul - énormément en fait - et écrit cette nouvelle de façon très froide, distante, analytique et répétitive, c'est sûrement parce que lui-même est passé par là et qu'il est extrêmement difficile d'y plonger, de peur de s'y perdre.

De grandes phrases, des émotions au bord du gouffre, de l'humour de répétition, une peur viscérale, de la caricature et une pointe de désespoir, voilà comment je qualifierai la première partie du livre. Ce n'est pas tant clinique que totalement angoissé, empêtré, engoncé dans un système qui se mord la queue. C'est tellement puissant pourtant que je me suis sentie à la fois hypnotisée, détachée, empathique et désintéressée, à la fois comme le sujet dépressif et ses interlocutrices payées ou non payées qui ne peuvent qu'appréhender ce qui semble de loin un petit point noir et qui ressemble de près à un énorme trou noir.

La deuxième nouvelle, Petits animaux inexpressifs, est beaucoup moins lourde et intense à digérer. On retrouve le David Foster Wallace de la Fonction du Balai, avec ses personnages travaillés, parfois hauts en couleur, clairement exagérés, et ses traits d'humour, son ironie aversive envers la société de consommation - ici, via la télévision.

Faye travaille pour une émission télé type culture générale slash questions à buzzer et rencontre Julie, elles tombent amoureuses. Julie est bizarre, différente. Sa mère les a abandonnés au bord d'une route, elle et son frère, parce que son copain de l'époque ne voulait pas de ses enfants. Son frère est autiste. Elle, peut-être un peu, aussi. Mais elle arrive à survivre, son frère lui a besoin d'aide. Ils connaissent par coeur l'encyclopédie. Elle déchire tout à l'émission.

C'est cinglant, sarcastique, critique, voire dur, impitoyable - tout en même temps : drôle, parfois lumineux, avec des petits moments de bonheur à deux. Est-ce que ce serait trop s'avancer de penser que David Foster Wallace était / se considérait lui-même comme autiste (si on me demande, je sais où trancher) et que sa vision du monde, de la société, et sa capacité à la prendre tout à la fois super au sérieux, puis de façon monstrueusement détachée, sa capacité à écrire tout un système qu'il dénonce par ailleurs font que cette nouvelle le touche aussi pas mal - sachant que son rapport à la télé était aussi royalement ambigu. Ici, les autistes sont montrés comme des bêtes de foire (sans blague ?) de deux façons différentes : les autistes surdoués qui percent à la télé et fascinent le public et les autistes institutionnalisés qui ont du mal à parler, ont des mimiques bizarres et sont sujets de moqueries.

Bref, on peut dire que ce n'est pas le livre le plus joyeux de l'auteur et je regrette toujours qu'il soit parti trop tôt parce que je ne retrouve nulle part son écriture si singulière, son intelligence pointue, son regard sur le monde acéré, son humour parfois subtil et sa prose juste parfaite. L'avantage de ce livre, c'est que si vous ne connaissez pas David Foster Wallace, c'est court à lire et ça montre deux de ses facettes à la fois sombre et ludique. À la prochaine pour C'est de l'eau.
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Une femme dépressive qui va voir le psy, dont son odyssée personnelle nous est comptée.

J'ai trouvé ce récit d'une justesse incroyable, l'histoire d'une femme qui ne cesse de se tourmenter, de radoter, que ce soit avec sa psy ou avec son cercle amical rebaptisé par sa psy son « échafaudage émotionnel ». En plus de ce récit qui montre de plein phare ce qu'est la dépression profonde et coriace, j'ai trouvé la manière d'écrire de l'auteur totalement unique.

Comme la protagoniste qui radote, qui parle à quiconque qui souhaite (ou non) l'écouter, la narration commence et n'en fini plus. Les phrases qui n'en finissent plus, qui deviennent des paragraphes puis des chapitres, entrecoupés de parenthèse et de notes de bas de pages afin de remettre dans son contexte certaines situation, même si elles ont été déjà précisées. Comme si, à l'instar du sujet dépressif, la narration avait peur que mettre une fois une pause, une virgule, ou un point, cela devienne une pause qui devient finalement une fin. le sujet dépressif ayant tellement peu d'ego, mais tellement prise dans sa maladie, ignore tout de son environnement, pour faire un « moi-je moi-je » interminable, égocentré, et insupportable.

Cela en devient parfois sordide et pathétique, puisque le monde continue de tourner autour d'elle. Et si elle s'imagine que son entourage vit une vie meilleure, et que du coup elle ne peut que les embêter à se plaindre, à s'excuser de se plaindre, à s'excuser de s'excuser de se plaindre de sa pathétique personne, la fin nous montre que cette personne –le sujet depressif, donc, à force de vivre de plein fouet sa dépression, s'anesthésiera des malheurs des autres.

Le livre et puissant, et le sujet traité de manière tellement lucide -je sais ce dont je parle-, que malgré l'écriture très difficile à avaler tant tout se mélange et s'empêtre, j'en viens à regretter que cela ne soit qu'une nouvelle, et qu'elle se finisse, finalement.
Lien : https://cyberlecture.wordpre..
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Mon édition ne contenait que la première narration quant au trouble dépressif. Malgré tout mon intérêt quant au sujet (situation personnelle connue); les longueurs extrêmes des phrases et l'ajout de c-a-d référant systématiquement à qui parle à ce moment là, m'a rendu totalement indigeste la lecture. Je l'ai donc abandonnée. Je ne noterai pas.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Une grande partie du travail effectué avec la thérapeute dans la première année de son (c.-à-d. celui du sujet dépressif) cheminement vers la guérison et la plénitude intrapersonnelle avait porté sur la certitude qu'elle avait d'être assommante au possible, au point de paraître répugnante ou torturée ou pathétiquement égotiste, et sur son incapacité à se croire en mesure d'éveiller l'intérêt de la personne vers qui elle se tournait ou de lui inspirer une compassion et une affection authentiques ; et en fait la première avancée décisive de la relation d'aide, révéla le sujet dépressif à certains membres de son Échafaudage émotionnel pendant la période atroce consécutive au décès de la thérapeute, avait surgi vers la fin de la deuxième année, lorsqu'elle s'était avérée suffisamment consciente de sa propre valeur et maîtresse de ses ressources intérieures pour pouvoir partager non sans assurance avec la thérapeute qu'elle (c.-à-d. le sujet dépressif pleine de respect mais aussi d'assurance) eût préféré qu'elle (c.-à-d. la thérapeute) levât purement et simplement les yeux vers l'horloge hélioforme ou tournât explicitement le poignet afin de regarder sa montre, au lieu de penser - ou du moins au lieu d'adopter des comportements qui laissaient croire, du point de vue il est vrai hypersensible du sujet dépressif, qu'elle pensait - que le sujet dépressif pourrait être bernée par sa façon malhonnête de consulter l'heure à la dérobée, par des mouvements et des gestes essayant de se faire passer pour un coup d’œil gratuit au mur ou une manipulation absente de la petite figure carcérale polydactylomorphe sur ses cuisses.
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« Merv estime que cette force, Mesdames, Messieurs, est la capacité des faits de transcender leurs propres limites factuelles et de devenir, en et par eux-mêmes, des signifiants, des émotions. Cette fille ne se contente pas de mettre une claque aux faits. Elle transforme le futile en important. Elle le rend humain, elle en fait quelque chose qui a le pouvoir d'émouvoir, d'évoquer, de provoquer, de purifier. Elle donne au jeu le mystère et la transparence simultanés que nous recherchons à tâtons depuis des décennies. Une forme de fusion de la tête, du cœur, des tripes et du doigt buzzeur compétitionnels. Elle est, ou elle peut devenir, le jeu télévisé incarné. Elle est mystère. »
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Sur un plan rationnel, intellectuel, « cérébral », elle (c.-à-d. le sujet dépressif) était parfaitement consciente de toutes ces réalités et compensations, avait-elle dit à la thérapeute, et il lui semblait même n'avoir bien sûr aucune raison rationnelle, aucun droit, d'éprouver les sentiments vains, puérils et tyranniques dont elle venait juste de prendre le risque émotionnel inédit de confier qu'elle les éprouvait ; et pourtant, avait-elle avoué à la thérapeute, elle n'en continuait pas moins à ressentir, sur le plan plus basique et émotionnellement intuitif des « tripes », qu'il était véritablement humiliant, insultant et pathétique que sa douleur émotionnelle, son isolement chronique et son inaptitude à créer des liens la contraignissent à dépenser 1080 dollars par mois pour acheter ce qui constituait, à bien des égards, une sorte d'amie imaginaire capable de répondre au fantasme narcissique puéril de trouver quelqu'un qui assouvît unilatéralement ses besoins affectifs, sans qu'il lui incombât à son tour s'assouvir les besoins de ce quelqu'un, ni même de s'en soucier, empathie et souci d'autrui que le sujet dépressif au bord des larmes confia désespérer parfois d'avoir en elle, de pouvoir donner.
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« Mon mot préféré, dit Alex Trebek, est moiteur. C'est mon mot préféré, surtout quand il est combiné avec mon deuxième mot préféré, qui est provoquer. » Il regarde le praticien. « Je ne fais qu'associer. Ça va si j'associe ? »

Le psychiatre d'Alex Trebek ne répond rien.

« Un rêve, dit Trebek. Je fais un rêve récurrent où je suis derrière la fenêtre d'un restaurant, je regarde le chef qui fait sauter des pancakes. Sauf qu'en réalité ce ne sont pas des pancakes - ce sont des visages. Je regarde un type avec une toque et une spatule en train de faire sauter des visages. »

Le psychiatre fait un clocher avec ses doigts et contemple le clocher.

« Je crois seulement que je suis fatigué, dit Trebek. Je suis fatigué jusque dans mes os. Je continue de m'inquiéter pour mon sourire. Qu'il commence peut-être à devenir un sourire fatigué. Ce qui n'est pas un sourire engageant et qui est inquiétant dans mon métier. » Il se racle la gorge. « Et je pense que c'est avant tout l'inquiétude qui me fatigue. Je suis dans un cercle vicieux et souriant. »
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(...) puisque ce n'était qu'en prenant les risques et en exposant les vulnérabilités indispensables à l'approfondissement de relation de soutien qu'un individu pouvait découvrir quelles amitiés étaient susceptibles de combler ses besoins et dans quelle mesure.
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Vidéo de David Foster Wallace
Relecture de l'oeuvre labyrinthique de David Foster Wallace, dont le regard aigu sur la société américaine nous éclaire plus que jamais. Avec Jakuta Alikavazovic, écrivaine et traductrice des "Considérations sur le homard", et Pierre Ducrozet, écrivain et auteur de la préface de "L'Oubli".
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