🎶 C'est le plus grand des voleurs 🎶
🎶 Oui mais c'est un gentleman 🎶
Au cours de sa vie, Max Costa, voyou au sourire d'ange, a tout tenté pour oublier son enfance miséreuse dans les faubourgs de Buenos Aires. Légionnaire, danseur mondain, gigolo, "voleur aux gants blancs", joueur de casino, homme d'affaires, chauffeur... cet aventurier a connu ses heures de gloire et des revers de fortune. Sa spécialité : les femmes, riches de préférence. Or parmi les conquêtes de sa jeunesse, une seule se distingue : la belle aristocrate Mecha Inzunza. Quand en 1968, devenu un vieil homme, Max la croise à Sorrente où elle accompagne son fils pour un tournoi d'échecs, il décide de jouer sa dernière carte...
Au coeur de cette intrigue sur fond de Guerre froide s'imbrique un autre récit qui remonte le temps pour reconstituer l'histoire de Max et Mecha depuis leur première rencontre sur le Cap Polonio, en route vers l'Argentine en 1928.
Mecha accompagne alors son premier mari, le célèbre compositeur espagnol Armando de Troeye. Celui-ci a parié avec Maurice Ravel qu'il allait supplanter son boléro avec un tango. Max, danseur mondain sur le transatlantique, va nourrir son inspiration en lui faisant découvrir l'authentique "tango de la Vieille Garde", celui que les caïds et les prostituées dansent dans les bouges de Buenos Aires au son d'un maigre orchestre. Une chorégraphie sexuelle sur une musique sans paroles, bien différente de la danse de salon dont s'entiche la haute société européenne des années 20.
Le tango, fil conducteur du roman, va ainsi rapprocher deux êtres que tout opposait à leur naissance. Entre Max et Mecha naît une passion violente et brève, qui les réunira de nouveau à Nice en 1937...
« du plaisir et du danger », voici la recette de cette aventure romanesque qui mêle tension psychologique, complots politiques et sensualité autour de deux figures complexes et attachantes.
Arturo Pérez-Reverte, dont je découvre pour la première fois l'écriture, est un auteur à l'imagination fertile qui soigne la mise en scène et la psychologie de ses personnages, au prix d'une certaine lenteur dans la narration. Avec ses accents de nostalgie (de la jeunesse, du bonheur enfui, de l'élégance d'une autre époque...), "
Le tango de la Vieille Garde" ferait un excellent film dans la catégorie drame romantique, agrémenté de somptueux décors et d'une musique inspirée des tangos argentins.
Monsieur
Pérez-Reverte, si vos autres héros sont aussi séduisants que Max Costa, je vous accorderai volontiers une autre danse.
-- Livre lu dans le cadre du jury "Libraires en Seine" 2014 ; prix décerné à "Kinderzimmer" --