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EAN : 9782843449604
140 pages
Le Bélial' (13/02/2020)
3.51/5   179 notes
Résumé :
Bouquiniste indépendant, Emmett Leigh déniche un jour un petit recueil de poèmes lors de la liquidation de la librairie d'un confrère. Un recueil, Le Temps fut, qui s'avère vite d'une qualité littéraire au mieux médiocre... En revanche, ce qui intéresse Emmett au plus haut point, c'est la lettre manuscrite qu'il découvre glissée entre les pages de l'ouvrage. Pour le bouquiniste, tout ce qui peut donner un cachet unique et personnel à un livre est bon à prendre.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
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« le temps fut » est loin d'être un roman parfait. Il est bourré de petits défauts et ne brille pas par son originalité. Il n'y a rien de vraiment surprenant dans ce roman, ni les péripéties, ni le dénouement que beaucoup trouveront attendu. Et pourtant, tout a totalement fonctionné sur moi. C'est tellement bien fait, le rythme est si bien maîtrisé, les personnages si finement brossés et si attachants que je me suis laissée embarquer par le talent de conteur de Ian McDonald. S'il est pétri d'imperfections, « le temps fut » vise le coeur et vise si juste qu'on lui pardonne toutes ses petites faiblesses pour ne retenir que ses qualités.

Une des premières qualités du roman est, comme je l'ai déjà dit, le sens du rythme de l'auteur. le récit est maîtrisé de bout en bout. L'auteur sait toujours où il va, la construction est parfaite, les passages d'une époque à l'autre sont très fluides et rendent la lecture très addictive.
L'intrigue est très bien développée, très bien menée. L'équilibre des genres, entre romance, science-fiction et enquête, est parfait. L'auteur gère parfaitement chacun de ces registres. le côté enquête est passionnant et donne un côté page-turning au roman. L'histoire d'amour est belle et touchante. le côté science-fiction n'est pas anecdotique, le mystère temporel (je préfère parler de mystère ou de hasards temporels que de voyages temporels) est au coeur du récit.
En peu de pages et avec beaucoup de subtilité, McDonald donne vie à des personnages vivants et très attachants.

Outre toutes ces qualités, il y a bien d'autres choses que j'ai aimé dans « le temps fut » et que je vais évoquer de façon un peu désordonnée.
Je reviens sur l'aspect romance du roman que j'ai trouvé subtil et touchant. J'ai beaucoup aimé la façon dont est traitée l'histoire d'amour de Ben et Tom, de façon naturelle. McDonald ne propose pas un récit militant, et c'est tant mieux. Non pas que je sois contre, mais il y en a suffisamment. Et en en ne faisant pas du fait que ce sont deux hommes qui s'aiment une thématique de son récit, il évite de se disperser et se contente de raconter une histoire. En n'évoquant pas vraiment le caractère clandestin d'une telle relation ni le problème du regard des autres, il centre son récit sur la force des sentiments qui unissent Ben et Tom, sur la force de leur amour qui défie le temps.
Il y aussi quelque chose de très émouvant dans le fait que les retrouvailles des deux amants, incarnation de l'amour vrai, se fassent toujours dans des contextes de guerre. L'histoire d'amour de Ben et Tom prend ainsi une dimension tragique qui m'a plus d'une fois mis les larmes aux yeux. La pureté apaisante de l'amour des deux hommes tranche avec l'horreur éternelle de la guerre, barbarie dont l'intensité trouve son paroxysme dans l'évocation du sac de Nankin. Ce passage atroce pourra heurter les lecteurs qui découvriront ici les abominables exactions de l'armée japonaise à Nankin, et pourtant la réalité fut encore pire que la description, déjà effroyable, qu'en fait McDonald. Que l'amour de Ben et Tom ne puissent exister que dans ce genre de circonstances semble tellement injuste…

J'ai aussi été charmée par l'atmosphère que l'auteur parvient à imprimer à son récit. Il y a un côté chaleureux dans « le temps fut », notamment lors de jolies escapades dans de vieilles librairies. Une chaleur teintée de tristesse cependant car le spectre de la disparition des librairies plane sur le roman. Ce ton à la fois mélancolique et romantique m'a vraiment séduite. En plus, l'auteur a une écriture vraiment agréable, fluide et douce.

Le roman m'a également permis de découvrir des événements historiques mystérieux mais réels qui ont éveillé ma curiosité et au sujet desquels j'ai bien envie d'en savoir plus.

« le temps fut » n'est certainement pas un chef d'oeuvre, il ne marquera sans doute pas les annales de la SF mais ce roman procure un tel plaisir de lecture et tant d'émotion que je ne peux parler que d'une franche réussite. Ce délicieux moment de lecture fut aussi pour moi l'occasion de lire pour la première fois Ian McDonald, auteur dont j'ai bien envie de poursuivre la découverte.
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Je découvre Ian McDonald avec cette excellente novella qui a reçu le British Science Fiction Award en 2018. J'aurais même pu parler d'un coup de coeur mais, à mon sens, la 4e de couverture dévoile un élément qui m'a "gâché la surprise".

Cela étant dit dans l'ensemble, j'ai adoré l'histoire de ce bouquiniste qui trouve une lettre d'amour datant de la Seconde Guerre Mondiale dans un vieux recueil de poésie. Il va tout faire pour retrouver la trace de Tom et Ben. Il va y arriver mais ce qu'il va découvrir est invraisemblable.

Les théories successives de Thorn (la partenaire d'Emmett) donnent le sourire et petit à petit on devine ce qu'il en est vraiment. En parallèle on suit Tom pour comprendre ce qu'il s'est passé avec un autre point de vue.

J'aurai adoré que ce soit un roman.

L'écriture et le style m'ont beaucoup plu. Quelques passages n'étaient pas exempts de poésie :

« Le vent semble souffler d'une direction absente de toute boussole ; il emporte au loin la musique fraîche, nouvelle, imprégnée d'une splendeur solitaire que je n'ai jamais entendue dans la lumière plate et morne. »

J'ai beaucoup aimé la fin et j'imagine bien le relire plus tard.

Je vais plus que probablement lire quelques-uns de ses romans.



Challenge ATOUT PRIX 2020
Challenge mauvais genres 2020
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Régulièrement, la collection Une Heure-Lumière des éditions le Bélial' dévoile un nouveau titre, le plus souvent picoré dans la nombreuse production de novellas chez les Anglo-Saxons. Cette fois-ci, pour le 23e titre de la collection, il s'agit d'un récit de Ian McDonald datant de 2018 : le Temps fut.

Une histoire de livres
Le Temps fut est le titre d'un recueil de poésie médiocre et inconnu que découvre un jour Emmett Leigh, bouquiniste anglais, lors de la fermeture de The Golden Age, une très ancienne librairie londonienne. Comme souvent, ce n'est pas le livre lui-même qui l'intéresse, lui ce passionné d'histoires en tout genre, mais plutôt l'histoire du livre. En effet, il y découvre par hasard une lettre romantique d'un certain Tom adressée à son « cher Ben ». Ni une ni deux, le côté enquêteur d'Emmett prend le dessus et il se met à vouloir en savoir bien le plus sur ce couple atypique. Il situe le lieu et l'époque de ladite lettre et commence à se mettre en quête d'informations sur ces deux personnages. Il rencontre ainsi d'autres bouquinistes ou des amateurs d'histoire militaire qui le renseignent efficacement. Seul hic au tableau : si les informations concernent bien les mêmes personnes, elles ne renvoient pas à des dates cohérentes. Comment Tom et Ben peuvent-ils s'être connus à plusieurs dizaines d'années d'intervalle sans avoir vieilli ? Pourquoi cette lettre s'est-elle retrouvée dans un recueil de poésie quasiment introuvable habituellement ? La réponse est dans le livre, mais aussi dans les livres, supports de bien des réponses existentielles.

La forme novella parfaitement maîtrisée
Le Temps fut est l'exemple-type d'une novella bien cadrée avec une intrigue qui ne demande surtout pas plus d'informations que ce que ces 140 pages nous offrent, tout en allant au bout de thématiques tout à fait passionnantes. Cette novella est avant tout une histoire d'amour : celle que traque le héros, mais également celle qui le concerne davantage. En effet, le lecteur suit un aller-retour constant entre les tendres échanges épistolaires de Tom et Ben et les affres romantiques du narrateur. On devine assez vite quand chaque scène se passe, mais dans quel ordre tout cela s'est-il déroulé ? L'auteur se garde assez de munitions pour les délivrer au bon rythme aux lecteurs ; cela lui fait évidemment parler du temps qui passe, questionner ce qui est vraiment constant, voire immuable. Pour faire tenir tout cela, Ian McDonald a recours à de la science-fiction qui peut paraître complexe, mais n'use qu'en un seul chapitre d'un peu de « hard science », c'est léger et rapide pour justifier efficacement de la raison invoquée comme point de départ à l'intrigue. Comme dans tout voyage de ce type – et le format novella est très bon pour cela, les derniers mots saisissent le lecteur pour l'encourager à repenser tout ce qu'il a lu.

Finir le Temps fut marque comme tout récit de voyage temporel bien réalisé : on bade sur les derniers mots, on se triture à repérer les points cruciaux de l'intrigue et on relit plusieurs passages pour se convaincre que tout est bien conçu.

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Encore une belle pépite publiée dans la collection UHL du Bélial.

Emmett est un bouquiniste anglais qui s'est fait une spécialité des récits tournant autour de la deuxième guerre mondiale. Un jour il trouve un recueil de poésie contenant, glissée entre les pages, une lettre d'amour poignante. C'est un certain Tom qui écrit à son amant Ben. Emmett va chercher à identifier ces deux individus et rebondir de mystère en mystère. Comment, en effet, est-il possible que l'on retrouve leurs traces à diverses époques ?

Le récit alterne entre l'enquête mâtinée des tribulations de la vie personnelle d'Emmett et émaillée de lettres des amants, et des passages de Tom le poète qui représentent le début de l'histoire selon son point de vue. Les pièces du puzzle s'emboîtent petit à petit, accroissant d'abord la profondeur de l'énigme avant d'éclairer le lecteur d'une lumière jubilatoire (enfin, moi j'ai jubilé).

Ian McDonald a un talent certain pour dépeindre les personnages même fugaces en quelques mots, d'une manière qui donne envie de mieux les connaître. Une manière qui rappelle Jean-Pierre Jeunet. Exemples « le grand Lionel, dans son éternel costume anthracite luisant au cul et aux coudes, qui explorait les bacs en plastique à la manière d'un héron en chasse », ou Lee qui ne cesse de répondre aux questions d'Emmett par des « Tu délires ou quoi ? » ou « Tu te fous de moi ? ».
Pour Tom le poète, l'auteur adopte un langage effectivement très poétique, celui d'une âme qui aime rêver et créer en regardant les étoiles. Ses qualificatifs me surprennent parfois, comme dans « Sous un ciel couleur de Jugement ». Bon, je devine que ça doit être orageux, tonnerre et éclairs, mais ce genre d'expression déstabilise mon esprit rationnel, lol. Ben est beaucoup plus mon style, physicien jouant avec le principe d'Incertitude, donc cartésien, ce qui ne l'empêche pas d'être un passionné au contraire.
Un style qui m'évoque assez Robert Charles Wilson, pour le peu que j'ai lu de ce dernier.

Marrant, ce récit m'a tout de suite fait penser à une nouvelle plus ancienne, écrite et jamais publiée par une personne de ma connaissance, mais en mieux. Fifrildi voit de qui je parle 😉.

Avec tout ça, voilà encore un auteur dont il me faudra l'oeuvre un peu plus avant. J'ai vu qu'un numéro de Bifrost lui accordait un dossier. Je vais peut-être commencer par là.
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Le livre démarre étrangement, tout d'abord, la liquidation du stock d'un bouquiniste, et puis ce recueil de poésie avec une étrange lettre à l'intérieur. Au chapitre suivant, on se perd un peu. Ian McDonald met en place son histoire de façon à nous intriguer, le style est assez élégant, le rythme est trompeur, fait de moments perdus dans le temps, actuel, seconde guerre mondiale, puis la première et ainsi de suite, et le puzzle reconstitue l'image au fil des pages. Les personnages sont bien campés en peu de pages, assez troubles, mais qu'on apprécie de suivre. le lecteur est placé dans la situation du bouquiniste, un peu voyeur sur l'histoire d'homosexualité des deux personnages sur lequel il enquête, c'est je trouve une bonne idée, on sort du côté sulfureux de cette relation à l'époque de la première guerre mondiale, et cela renforce le trouble autour de ce couple étrange, il y a un secret encore plus grand à découvrir. C'est une revisite assez classique du thème du voyage dans le temps, ce n'est pas l'originalité du propos qui rend cette lecture si réjouissante, c'est la maestria avec laquelle l'auteur nous la présente et nous amène à son dénouement. Je sais que je suis bon public pour ce genre d'histoire, et cette novella m'a donné quelques frissons, j'ai adoré la fin.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
"Tu n'aurais pas pu te contenter d'..." ai-je commencé, mais elle avait déjà raccroché. D'un texto. Mais non, mon chou, pas de textos, ces petits trucs délicats. C'était bon pour se passer des messages entre gamins à l'école. Elle ne pouvait pas juste m'envoyer un truc. Il fallait qu'elle m'appelle pour me dire qu'elle m'avait envoyé un truc.
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Mon cher Ben,
J’ai regardé les feux s’éloigner sur le port Ouest puis se fondre dans l’obscurité de l’horizon. J’ai dit au chauffeur de taxi de longer Al Max jusqu’à ce que je ne les voie plus. Je n’aurai jamais cru qu’ils t’emmèneraient comme ça, dans un transport de troupes. J’imagine que Sa Majesté a davantage besoin que moi de son photographe. Et que nous aurions dû prendre davantage de temps. On ne le fait jamais. On devient tellement paresseux, quand on est amoureux. Mais l’amour est paresse ; don de son temps à l’autre pour qu’il le dilapide ou l’investisse. Je me souviens de tes bras, je me souviens du gin horrible et de l’odeur de tes cheveux. Ta peau sent le miel. Ces moments précieux – ces chambres précieuses – à Osborne House et à l’Heliopolis Sporting Club. Le révérend Anson s’est toujours douté de quelque chose.
Les ballons de barrage montent tout le long de la Corniche. L’air est d’une merveilleuse immobilité, je te jure que j’entends les coups de canon sur le front. L’horizon à l’ouest se parsème de lueurs. Dieu sait ce qui se passe là-bas. Cela me rappelle la Russie, quand on ne pouvait que regarder le monde brûler.
Je prends l’avion dans trois nuits. Je sais ce que tu dirais : Alex est la plus ancienne des villes du plaisir, sois enjoué, sois gai, bois encore de cette horrible gin, paye-toi une cuite. Cette ville n’aucun attrait pour moi. Comparés à toi, ses plaisirs sont secs, éventés. J’ai besoin d’être là où tu es, peu importe où. Quelle ironie, non ? que je parte après toi, mais arrive avant toi.
Je crains que la prochaine translation ne soit pour bientôt... on finit par sentir ces choses-là, comme avec les orages. J’ai peur d’être séparé de toi. Si cela arrive, je laisserai un exemplaire ici, à l’endroit habituel.
Le temps fut, il sera de nouveau.
Tom
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Les émotions n’ont pas d’autre définition qu’elles-mêmes. Elles sont irréductibles, ce sont les atomes des sensations. Tout art écrit est une tentative de communiquer ce qu’est de sentir, de poser la terrifiante question : toi et moi éprouvons-nous la même chose ? Terrifiante parce qu’on ne peut jamais avoir de certitude. On espère, on prend le risque.
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Les librairies – comme les collectionneurs et revendeurs de livres – sont des êtres stables, conservateurs, bien ancrés. Modes et tendances glissent sur eux ; les quartiers changent, leurs populations vont et viennent, mais les librairies et leur contenu s’accrochent, tiennent bon.
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Terry Prentice-Hall. Je le croyais mort depuis des années. Je suis certain d’avoir assisté à ses obsèques. Toujours en quête des mythiques premières éditions de Harry Potter.
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Videos de Ian McDonald (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ian McDonald
Ian McDonald - La Petite Déesse et autres nouvelles .A l?occasion des Utopiales 2013 à Nantes, Ian McDonald nous présente son nouveau recueil, « La Petite Déesse et autres nouvelles » publié aux éditions Denoël lunes d?encres. Pour en savoir plus : http://www.mollat.com/livres/mcdonald-ian-petite-deesse-9782207111260.html http://www.mollat.com/livres/mcdonald-ian-fleuve-des-dieux-9782070453610.html http://www.mollat.com/livres/ian-mcdonald-maison-des-derviches-9782207111307.html Notes de musique : treasureseason, Return to Dope Mountain, Fjords ®
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