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Florence Lévy-Paoloni (Traducteur)
EAN : 9782070787630
336 pages
Joëlle Losfeld (03/09/2009)
3.75/5   216 notes
Résumé :
Roseanne McNulty a cent ans ou, du moins, c’est ce qu’elle croit, elle ne sait plus très bien. Elle a passé plus de la moitié de sa vie dans l’institution psychiatrique de Roscommon, où elle écrit en cachette l’histoire de sa jeunesse, lorsqu’elle était encore belle et aimée. L’hôpital est sur le point d’être détruit, et le docteur Grene, son psychiatre, doit évaluer si Roseanne est apte ou non à réintégrer la société. Pour cela, il devra apprendre à la connaître, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 216 notes
Je suis sortie de cette lecture indignée et atterrée. Je savais que la situation des femmes en Irlande jusqu'à tard dans le 20è siècle n'était vraiment pas enviable. Mais de savoir que le moindre soupçon sans le moindre début de preuve peut vous accuser d'adultère puis conduire à l'annulation de votre mariage. Alors, si en plus c'est un prêtre (catholique) qui est "témoin"... Et n'espérez pas faire entendre votre version des faits, surtout si vous êtes protestante... Cela signifie mise au ban et misère noire pour une femme. Ou l'internement dans un asile. Là où se trouve Roseanne après avoir en plus été accusée du meurtre de son bébé (illégitime) Elle a 100 ans et est là depuis 1945... Mais enfin un médecin va essayer de savoir ce qu'elle fait là, va essayer de savoir si son internement se justifie ou s'il n'est que social car elle était gênante... Notre bon docteur va aller de surprise en surprise.
A travers Roseanne, c'est la condition des femmes mais aussi toute l'histoire, assez confuse, des débuts de la République d'Irlande qui renaît. Celle-ci est plus malheureuse qu'heureuse ; pourtant la centenaire trouve toujours matière à se réjouir. Et assez paradoxalement, le lecteur se prend à se dire que peut-être elle était plus en sécurité derrière ces murs que dans la "vraie vie". La liberté ? En tant que femme, elle ne l'a jamais connue.
Heureusement, tout cela est maintenant de l'histoire, pas tout à fait ancienne.
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Attention pépite ! J'ai englouti ce livre en quelques jours, littéralement prise par la spirale infernale de l'Histoire de l'Irlande et du destin particulier de Roseanne Clear.

A priori, en ouvrant ce livre, je m'attendais à une thématique pure sur les "Magdalen Sisters", fait social irlandais que le cinéaste Peter Mullan a rendu célèbre aux yeux du public par le film éponyme. Or, si le roman de Sebastian Barry aborde sans conteste ce fait, il va beaucoup plus loin en montrant à travers le destin personnel de Roseanne, comment l'Histoire du pays ont eu un impact direct sur la vie personnelle.

Le lieu où est enfermée l'héroïne depuis soixante ans est en fait peu présent dans le roman (contrairement au film de Peter Mullan qui s'attardent plus à montrer le sadisme des religieuses à l'égard de leurs pensionnaires). Ici le récit s'échappe hors les murs, à Sligo où elle a grandi, mais aussi dans le village reculé Strandhill et sa plage. C'est l'Irlande du mont Ben Bulben, du mont Knocknarea qui abrite le tombeau reine Maeve, d'une Irlande pétrie de secrets, de légendes, de mystères. Mais aussi d'Histoire. Et c'est là que Sebastian Barry plante le décor et promène le lecteur, ne le ramenant dans les murs de l'hôpital psychiatrique de Roscommon que de brefs instants.

Sebastian Barry laisse la parole alternativement à la vieille dame centenaire (qui d'ailleurs n'est plus très sûre de son âge) et à son médecin psychiatre, le docteur Grene, veuf, qui a beaucoup d'affection pour elle. Roseanne entreprend d'écrire ses mémoires ou plutôt un "témoignage sur elle-même" alors que l'hôpital psychiatrique de Roscommon où elle enfermée depuis 1957 va être détruit. Il y a donc urgence. Et parce qu'il y a urgence, le médecin doit enquêter sur la vie de ses patients pour savoir s'ils sont aptes au retour à la vie "civile" ou non. Mais cela semble une question vaine, un prétexte à bien autre chose quand, comme Roseanne, on est centenaire et que votre vie a été rayée de la société des hommes.

Par l'écriture, Roseanne tente donc de se réapproprier sa vie. Et le carnet du docteur dévoile peu à peu son enquête sur sa patiente, (mais aussi sur lui-même), sur les écrits que le Père Gaunt a laissé sur elle : des écrits qui, a priori, parraissent un peu trop "soignés" pour être totalement exacts. Car le testament caché n'est pas une enquête sur la vérité d'exactitude des choses mais sur la mémoire, sur une "vérité utile", sur la manière dont chacun peut interpréter des événements qui se sont déroulés, soixante ans auparavant, dans les années 20, dans une Irlande malmenée par L Histoire (notamment la guerre civile engendrée par l'avènement de l'Etat libre), où l'Eglise catholique joue un rôle sans cesse grandissant dans la société, s'immiscant sans complexe dans la vie privée des gens."Dans une large mesure, Roseanne et le Père Gaunt se sont tous deux montrés aussi sincères qu'il leur était possible, compte tenu des caprices et des ruses de l'esprit humain" remarque le docteur Grene.

Sans cesse Roseanne est accâblée dans sa destinée par une Eglise et une société étriquées, bien plus soucieuses du "qu'en dira-t-on" que du bonheur individuel.Mais le destin lui révèle cependant bien des surprises et au lecteur aussi ! Si l'on se demande tout au long du récit pourquoi Roseanne a été internée et que l'on s'en doute, on se demande surtout QUI est coupable de cette infâmie. Ce n'est pas celui qu''on croit. Je n'en dis pas plus si ce n'est qu'on ne le découvre qu'à la fin, avec plusieurs surprises de taille qui m'ont de ce point de vue-là laissée un peu perplexe !

Roseanne et le docteur Grene sont deux personnages vraiment attachants, émouvants et pétris d'humanité. On les laisse avec regret. J'ai vraiment passé un très bon moment avec le testament caché qui est le premier livre que je lis de cet écrivain irlandais, de père britannique et de mère irlandaise, considéré comme l'un des meilleurs de sa génération. Il puise l'inspiration de ses romans dans l'histoire personnelle de sa famille et le personnage de Roseanne lui a été inspiré par une de ses grande-tantes, semble-t-il. On retrouve ici le personnage d'Eneas McNulty, qui semble être le même que celui des Tribulations d'Eneas McNulty (paru chez 10/18).
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Ce roman à deux voix est une vraie réussite. Au fil des chapitres, le récit fait alterner le journal de Roseanne McNulty, cent ans environ, internée dans un asile psychiatrique depuis plus de cinquante ans et celui de son médecin, le Dr Grene, chargé de fermer l'hôpital, qui va se pencher sur son cas et s'attacher particulièrement à elle.
L'histoire tragique de Roseanne est fortement imbriquée à celle, non moins tragique, de son pays, l'Irlande. Cette jeune femme d'un milieu très modeste va connaitre un destin fortement influencé par les drames de la guerre civile et surtout par un prêtre à la puissance effrayante.
De son côté, le Dr Grene, enfant adopté, a également eu une vie assez malheureuse, rongé par la culpabilité de la mort accidentel de son frère lorsqu'il était enfant et triste avec sa femme dépressive qui n'a jamais pu devenir mère.
Malgré son terrible destin, l'écriture de Roseanne sous la plume de Sebastian Barry n'est jamais larmoyante et l'amour qu'elle porte à son père (qui finira pendu dans des circonstances troubles) illumine les pages relatant son enfance et son adolescence. Elle possède une grâce, une naïveté et finalement, une force de caractère qui vont lui permettre de traverser ses épreuves.
Le Dr Grene va quant, à lui, puiser peu à peu du réconfort auprès de cette vieille femme et la fin assez inattendue se révèle être une bonne surprise.
Sebastian Barry nous offre un très beau roman sur l'histoire de son pays, à travers le prisme de personnages ordinaires dont il dépeint la psychologie avec beaucoup de finesse et en particulier celle d'une femme qui va se révéler être une héroïne à la grandeur d'âme exceptionnelle.
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Au milieu du passé d'une très vieille femme, depuis très longtemps enfermée dans un service psychiatrique, c'est une partie douloureuse de l'histoire de l'Irlande que l'on perçoit.
Même si les souvenirs de Roseanne ne sont pas toujours très précis, elle n'a pas l'air si folle que ça. Alors pourquoi est-elle là ?
Lentement, on découvre qu'un fait totalement anodin a fait basculer sa vie... et avant elle, son père a également vécu un dramatique bouleversement sans véritable raison. L'un et l'autre étaient protestants, alors la "charité chrétienne" d'un prêtre catholique est passée par là.
Le psychiatre qui la suit tient aussi un journal, et, par ses recherches sur Roseanne, nous aurons une fin assez inattendue.

Une écriture poétique avec de nombreux très beaux passages sur la mémoire ou l'amour filiale. Une belle histoire aussi... mais je n'en ai pas forcément apprécié la narration, un peu trop décousue, confuse parfois.
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Réalisé par Jim Sheridan, auteur de films irlandais particulièrement réputés, My Left Foot en 1989 the Boxer ou Au Nom du père et même quelques beaux films américains comme Brothers ou In america , LE TESTAMENT CACHÉ, le nouveau film de Jim Sheridan est sorti mercredi 4 avril dernier chez Wild Side en portant en bandoulière son casting prestigieux : Rooney Mara, Vanessa Redgrave, Jack Reynor, Theo James et Eric Bana et un matériau d'origine particulièrement prometteur.

En effet le roman écrit en 2008 par Sebastian Barry , chef de file de la littérature irlandaise actuelle, dont est adapté le film de Shéridan, est une sublime fresque irlandaise sur le poids des secrets de famille et sur le conséquence de ces sommes de « non-dits » brassant sur plus de 600 pages son intrigue particulièrement tourmentée et tortueuse , au sein d'une société corsetée par ses règles morales puritaines et impitoyables concernant l'adultère.
Une histoire incroyablement romanesque sur fond remous de l'histoire de l'Irlande et des conséquences de nos actes passés ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (114) Voir plus Ajouter une citation

C'est une des grâces de la vie maritale que pour une raison magique nous paraissons toujours le même aux yeux de l'autre. Même nos amis n'ont jamais l'air de vieillir. C'est une vriae bénédiction dont je ne me suis jamais douté quand j'étais jeune. Mais voyons, autrement , que ferions-nous ? Il ne s'est jamais trouvé personne dans une maison de retraite qui n'a pas regardé d'un air dubitatif les autres résidents. Ce sont eux les vieux, ils forment le club dont personne ne veut faire partie. Mais nous ne sommes jamais vieux à nos yeux. Parce que, à la fin du jour, le bateau sur lequel nous naviguons est notre âme, pas notre corps.
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Mon père a occupé tout mon esprit et je n'ai presque pas parlé des religieuses de l'école.
Je dois maintenant signaler que je vais les laisser dans l'ombre de l'histoire, sans les détailler, bien qu'elles aient été des femmes intéressantes. Envers nous, les filles les plus pauvres, elles étaient féroces, mais nous l'admettions. Nous hurlions et pleurions quand elles nous battaient et nous observions avec une jalousie parfaite la bienveillante sollicitude qu'elles montraient envers les filles plus riches de la ville. Il existe un moment dans l'histoire de chaque enfant battu où il abandonne ses espoirs de dignité -où il repousse l'espoir comme un bateau sans rameur, le laisse dériver à son gré sur la rivière et se résigne au bâton de comptage de la souffrance.
C'est une vérité cruelle, parce qu'un enfant ne connait rien d'autre.
Un enfant n'est jamais l'auteur de sa propre histoire.
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La mémoire, il me faut le croire, si elle est délaissée devient une sorte de pièce remplie de boîtes ou un débarras dans une vieille maison, son contenu est tout mélangé, peut-être pas seulement par négligence mais aussi à force d'y chercher au petit bonheur et, par-dessus le marché, d'y jeter des choses qui n'ont rien à y faire.
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La terreur et les blessures de mon histoire se sont produites parce que, quand j'étais jeune, je croyais que les autres étaient les auteurs de mes heurs et malheurs ; je ne savais pas qu'on pouvait ériger un mur de briques et de mortier imaginaires contre les horreurs et les mauvais tours cruels du temps qui nous assaillent et être ainsi l'auteur de ceux-ci
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Le deuil dure environ deux ans, paraît-il, c'est une platitude sortie des manuels pour endeuillés. Mais nous portons le deuil de notre mère avant même d'être nés.
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