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EAN : 9782267026214
148 pages
Christian Bourgois Editeur (06/03/2014)
3.68/5   14 notes
Résumé :
A l'article de la mort, dans la grande demeure délabrée où il réside en Suisse, le Magicien Ténor convoque le président Hoffmann pour lui remettre son testament. Il fait de Bouddha l'Eternel son unique bénéficiaire. Mais quelle est la nature exacte de cet héritage ?
Quel intérêt la société Brain Force trouve-t-elle à soutenir financièrement ce Bouddha, ruiné et retiré dans une vallée reculée de l'Inde ? Jean Ball, l'assistant d'Hoffmann, va-t-il découvrir un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Décidément, je n'accroche pas à César Aira, pourtant tellement plébiscité, notamment, par Vila-Matas et par Bolaño, lequel voit en Aria une des quatre ou cinq meilleurs plumes contemporaines en langue espagnole, rien que cela.

J'avais déjà renâclé à la lecture du Congrès de littérature, mais ici, encore davantage. Pourtant, j'aime l'absurde et j'aime l'innovation stylistique. Je regrette, je ne dois rien comprendre. Pour moi, c'est une totale absence de sens. J'ai l'impression de voir défiler les mots et l'histoire, l'histoire ?, sans parvenir à suivre le fil. C'est une pelote à plusieurs fils ? J'ai plutôt l'impression d'un fuseau de laine éparse, dont le fil n'a pas encore été tissé.

Il y a pourtant des passages fort drôles, comme la description de Bouddha rattrapé par la société capitaliste.

Je ne sais pas si j'irai jusqu'aux Nuits de Florès pour me faire une idée définitive. Je vais laisser passer du temps en tout cas.
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Avec le testament du magicien ténor, je lis pour la première fois un livre de César Aria, un des grands noms de la littérature argentine.
L'histoire? Un magicien suisse à la retraite vend ses tours de magie l'un après l'autre pour vivre mais sentant sa mort prochaine, il décide de léguer son dernier tour, le plus extraordinaire, - celui qui lui permet de monter et de descendre en même temps un escalier- à Boudha l'Eternel. le président Hoffman qui est l'exécuteur testamentaire confie le secret enfermé dans une enveloppe scellée à Jean Ball, un jeune avocat. Celui-ci part immédiatement en Inde où vit Boudha l'Eternel, un petit être minuscule, avec l'énigmatique madame Gohu, sa gouvernante. Sur le bateau, Jean Ball a une liaison avec Palmyra , brillante étudiante indienne, qui retourne chez elle à Bombay. Que va-t-il se passer en Inde?

A cette question, j'avoue ma surprise car rien ne se passe comme je l'attends. J'ai l'impression d'être non seulement en face d'un anti-héros mais aussi d'un anti-roman qui part dans des directions si étranges que l'action a l'air de se défaire au lieu de se faire. Par exemple, le lecteur s'attend à ce que Jean Ball rencontre le Boudha; il s'attend aussi à ce que l'on reparle du tour de magie qui l'intrigue et le ferait entrer dans une dimension fantastique car il ne s'agit de rien de moins que de se rendre maître du temps. Si l'on peut monter et descendre un escalier en même temps, n'accède-t-on pas à l'immortalité? Et bien non, ces pistes ne débouchent sur rien! L'histoire d'amour tourne court; la découverte de l'Inde aussi, malgré la visite de Bombay, car le "héros" s'enfuit après trois jours passés dans ce pays! Je vous l'ai dit, un anti-roman!

Voilà un livre qui me déroute totalement à sa lecture! La langue en est simple, belle, élégante, mais je n'ai pas la clef pour entrer dans cette oeuvre. Les nombreuses critiques de presse sont unanimes pour en célébrer la grandeur, soulignant surtout sa portée onirique… sans donner d'autres pistes. Moi, j'y ai vu pourtant une bonne dose de réalisme, surtout dans la description de la vie de Boudha et de sa gouvernante qui fricote avec des trafiquants de drogue et la dénonciation du capitalisme qui apparaît dans toute son horreur! Celui-ci fait irruption dans ce qui devait être une aventure spirituelle sous la forme d'une multinationale la Brain Force qui exploite l'image de Boudha de la manière la plus lamentable : autocollants, chocolats, sirop contre la toux, lanternes, amulettes … et romans populaires à deux sous qui racontent les aventures fictives de Boudha L'Eternel!

Finalement, la clef m'a été donnée par une interview de l'auteur sur France-inter qui m'a permis de comprendre que j'abordais mal ce roman, dans un esprit trop rationaliste : César Aira se réclame, en effet, du surréalisme et du dadaïsme dans lesquels il puise : " L'invention, la liberté, une certaine irresponsabilité, la possibilité de faire tous les arts sans faire aucune de façon professionnelle. "
Ainsi, si vous arrivez comme je l'ai fait avec des idées toutes faites et une idée traditionnelle de l'art romanesque vous risquez bien de passer à côté. César Aira déclare, en effet, qu'il n'a aucune intention précise quand il commence un roman :
"Je crois qu'il est inutile de l'avoir parce que l'écriture se moque des intentions, surtout dans mon cas, parce que j'écris en improvisant et je ne sais jamais ou me mènera l'imagination. Dans ce livre du Magicien Ténor, l'idée initiale était celle d'un magicien qui invente un tour  de magie très spécial : monter et descendre une escalier en même temps. Quoi faire avec ce tour merveilleux ? Qui mériterait de connaître son secret ? Ainsi a commencé le voyage, qui m'a mené très loin."

Enfin, j'ai lu une belle analyse du roman par Matthieu Hervé dans Paper blog que je vous conseille parce que cet article m'a vraiment fait comprendre la démarche de l'écrivain mais aussi ce que doit être celle du lecteur : l'illusion étant au centre de l'oeuvre, il ne faut pas entrer dans ce roman avec des idées établies, à la recherche de réponses qui de toutes façons s'infirment toutes.

"Impossible pour le lecteur d'anticiper une direction." Il faut donc "comme devant un spectacle d'illusionniste, (..) se laisser aller à l'étonnement, celui des couleurs et des paysages, de la Suisse et de l'Inde, des aventures rocambolesques, absurdes ou romantiques, de l'apparition de créatures étranges et amusantes, ou de lieux propices aux considérations philosophiques.

Tout le contraire de ce que j'ai fait en lisant ce livre! Il me reste donc à me laisser aller à mon imagination si je veux aimer César Aira.

En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/7133842/le-maitre-des-illusions-cesar-aira-le-testament-du-magicien-tenor-christian-bourgois-trad-marta-martinez-valls-par-matthieu-herve/

http://www.franceinter.fr/depeche-salon-du-livre-les-argentins-invites-et-les-absents





Lien : http://claudialucia-malibrai..
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Un roman surréaliste que le testament du magicien ténor et l'illustration, avec la toile du Douanier Rousseau tombe à pic.
Ce livre est le troisème de César Aira et sans doute le plus déglingué, sans que cela soit péjoratif. Au contraire, il ne faut pas s'accrocher au texte pour y trouver une logique, mais plutôt se laisser porter par sa magie et découvrir en filigrane les véritables propos, les véritables pensées de l'auteur. Au final que sait-on de l'histoire elle-même, en fait rien. L'on pourrait presque dire que c'est un roman à l'envers puisque la solution ne nous vient que de coupures de journaux et d'un roman à deux sous.
Un roman drôle et à ne pas prendre au pied de la lettre.
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Un tour de magie suisse légué à un bouddha comme métaphore déjantée de la mondialisation.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/02/18/note-de-lecture-le-testament-du-magicien-tenor-cesar-aira/
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Le testament du magicien ténor est ma première lecture d'un livre de César Aria. J'ai beaucoup apprécié ce livre, je pense lire d'autre ouvrages de cet auteur. César Aria nous entraine dans un voyage entre la Suisse et l'Inde.
Lien : https://aliehobbies.wordpres..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Seul et oublié, à la retraite depuis déjà longtemps, le Magicien Ténor se mourait. Sans espoir ni panique, couché dans le lit où sa dernière attaque l’avait confiné, il attendait le dénouement. En fin de compte, tout s’était déroulé dans l’ordre, et sa sortie de scène ne faisait pas moins partie de l’intrigue que chacun des épisodes précédents : le regard perdu à travers la fenêtre, l’esprit vide, le silence englué dans l’immobilité de ces longues journées. Comme personnel de maison, il ne lui restait que la gouvernante. Ses pas feutrés, le tic-tac d’une montre et, à l’extérieur, le chant égaré d’un oiseau, voilà les seuls bruits qui parvenaient dans la chambre du Magicien. Depuis la cuisine, les pièces de service, l’escalier, les longs couloirs sinueux jadis élégants mais désormais en désuétude, le trajet qui menait jusqu’à lui était le seul que l’on pouvait emprunter dans toute la maison. Le reste était fermé et négligé, les salons étaient sombres, certaines portes et fenêtres ne s’ouvraient plus depuis des années, la poussière s’entassait dans l’indifférence. Enfouis dans leurs cadres dorés, les tableaux sur les murs des salons plongeaient leurs figures dans une pénombre qui se refermait sur elle-même. Si quelqu’un s’en était approché – et, à ce moment-là, seul un fantôme aurait pu le faire, il aurait vu des scènes de gesticulations dramatiques, le vernis aminci par le temps révélant le vrai visage de figures spectrales. Les miroirs s’étaient voilés, les tapis répétaient leurs labyrinthes paresseux. Sur l’estrade de la salle de musique, un piano avait créé le vide autour de lui et battait la mesure du silence. Au plafond, les caissons semblaient s’effondrer comme des bouches quadrillées. Les fauteuils se resserraient sur eux-mêmes, les ténèbres s’appropriaient les billards et les marbres.
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« Ce qui est intéressant c’est qu’avec un matériel si local vous ayez réussi à vous globaliser. »
Cela allait de soi. On pouvait dire qu’il s’agissait d’un détail insignifiant. Les phénomènes religieux tendaient à l’universalité, de sorte que la globalisation était simplement venue s’insérer dans un cadre dessiné pour elle. Il était encore plus curieux que tant de choses universelles puissent cohabiter. Dans les portefeuilles de leurs clients, ils détenaient un millier de divinités de tous niveaux et de toutes catégories, et ils continuaient à en acquérir. De fait, ils y mettaient des restrictions, pour ne pas être débordés. L’idéal aurait été de se séparer des actifs improductifs, mais ils suivaient une politique de loyauté qui les portait à conserver des clients dont les comptes étaient en veille ou carrément morts. C’était le cas de Bouddha l’Éternel. De ce côté-là, arrivés à certaines extrémités, ils avaient créé des départements pour se développer dans d’autres directions : le pétrole, les télécommunications, les compagnies d’assurances, l’agrochimie… Ce n’était pas aussi incohérent que cela pouvait le paraître. Tout partait du même principe : face aux caprices bizarres de la culture populaire, face aux ésotérismes et aux mystères que son oncle avait dû affronter depuis son fauteuil roulant, le prince s’était dit ce que n’importe qui se serait dit : « Il faut bien que tout cela ait un sens ». Un minimum de confiance en la rationalité du monde vous obligeait à prononcer cette phrase, et à y croire, et à croire que, tôt ou tard, ce sens finirait par se manifester. Eh bien, cette manifestation, c’était l’argent.
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Bouddha l’Éternel, éternellement distrait par ses séances de contemplation et ses illuminations, resta avec tous les éléments de cette histoire mélangés dans sa tête. Il pouvait suivre le fil de la narration, comme un panorama vu des hauteurs. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était le rapport que pouvait entretenir cette histoire aux personnages multiples (qui se développait tout au long de leur vie moyennant des enchaînements et des entrecroisements subtils de causes et d’effets), avec l’instant discret, très bref par définition (puisque c’était un « clic »), où Mme Gohu mettait en marche la climatisation.
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"Il faut bien que tout cela ait un sens". Un minimum de confiance en la rationalité du monde vous obligeait à prononcer cette phrase, et à y croire, et à croire que, tôt ou tard, ce sens finirait par se manifester. Eh bien, cette manifestation, c’était l’argent.
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La célébrité était un bien éphémère dans une profession qui manquait d’historien
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