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EAN : 9782714480613
400 pages
Belfond (04/10/2018)
4.62/5   21 notes
Résumé :
" Que la guerre est belle ! Mensonges, tout ça. " Dans les tranchées de la Grande Guerre, le sergent Philippe Moreau dessine les horreurs qu'il ne peut dire. Son chef, le sous-lieutenant Guillaume de Kostrowitzky, écrit des articles, des lettres et des poèmes qu'il signe du nom de Guillaume Apollinaire. La guerre, comme une muse tragique, fascine l'auteur d'Alcools. Pour Philippe Moreau, jeune paysan de Champagne, elle est une abomination qui a détruit à jamais son ... >Voir plus
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Le sergent Philippe Moreau vit l'enfer sur terre, enrôlé non par choix mais par obligation dans cette Grande Guerre qui sera l'une des plus meurtrières. Lui qui n'a pas encore connu l'amour est un familier de la mort. Il a déjà tué malgré son jeune âge, ce qui lui a valu quelques honneurs et médailles dont il se serait bien passé. Positionné dans une unité d'attaque en Champagne, il est aux premières loges pour se faire dégommer par l'ennemi. Les tranchées, la boue, le froid, la vermine et la grande faucheuse qui passe toujours plus près, représentent son quotidien de poilu. Pour oublier la peur et se réchauffer l'âme, il y a l'amitié, le vin et les colis alimentaires envoyés par les proches que l'on partage très volontiers avec les copains de misère. Et pour le sergent Moreau, il y également le dessin. Ce fils de paysans qui a décroché brillamment son bac grâce à l'aide financière d'un oncle ecclésiastique, croque sur papier avec beaucoup d'habileté les scènes de l'horreur quotidienne. Un talent inné que va rapidement déceler son sous-lieutenant, Guillaume de Kostrowitzky, qui n'est autre que le poète Guillaume Apollinaire. Un engagé volontaire d'origine polonaise qui cherche à obtenir la nationalité française. Si le jeune Philippe Moreau, de dix ans son cadet, ne partage pas le même idéalisme patriotique que son lieutenant, il goûte en revanche son amour pour la poésie. Une complicité va naître entre ces deux militaires que leurs dons artistiques rapprochent. Grièvement blessés à la tête et démobilisés, les deux hommes vont se retrouver dans le Paris bohème des artistes d'avant-garde et fréquenter les cercles dans lesquels évoluent Picasso, Cocteau, Cendrars, Braque... Malgré leurs divergences d'opinion, le discret Philippe Moreau et le mondain et fougueux Guillaume Apollinaire conserveront une amitié discrète mêlée de respect et d'admiration, qui perdurera jusqu'à la disparition prématurée du grand poète !

Roman historique librement inspiré de la vie du célèbre poète, "Le tombeau d'Apollinaire" nous brosse l'histoire d'une improbable amitié entre deux artistes venus d'horizons différents qui seront réunis par les événements tragiques de 14-18. Mêlant habilement la petite et la grande Histoire et parsemé des sublimes poèmes de l'auteur, ce roman sorti pour le centenaire de l'armistice nous invite à ne pas oublier les sacrifiés de la Grande Guerre qui donnèrent leur vie pour défendre la patrie. Ce récit est également un plaidoyer contre l'injustice d'une guerre particulièrement meurtrière, qui mena au combat des millions de civils habillés en soldat, obligés de combattre l'ennemi pendant que de hauts gradés planqués à l'arrière donnaient les ordres qui les enverraient inexorablement à l'abattoir.
Avec la sensibilité qui caractérise ses écrits, Xavier-Marie Bonnot nous livre un récit tragique et profondément empathique. Un roman qui une fois de plus ne peut manquer de nous faire réfléchir sur la nature humaine et sur les forces et faiblesses de l'Homme, ce mortel désarmé face à l'adversité qui doit faire front aux intempéries de la vie !
Lien : https://leslecturesdisabello..
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2018 étant l'année du centenaire de la Première Guerre mondiale, il était prévisible que les librairies hexagonales voient fleurir les ouvrages dédiés. Pierre Lemaitre avait joué avec un coup d'avance en sortant son magnifique Au revoir là-haut, mais voilà que Xavier-Marie Bonnot propose aux éditions Belfond depuis le 4 octobre dernier le tombeau d'Apollinaire. Entre roman biographique, récit de guerre et éloge funèbre des horreurs guerrières, tout semble y est. Vraiment ?

# La bande-annonce

« du fin fond de ma mémoire, les fusées surgissent de la position boche. Même lumière traçante sur la peau du monde. Je les revois, partant de l'ennemi et foncer sur nous en un tir de nuit. Parfois, j'appelle mon lieutenant, quand la lune monte et que nous sommes au créneau. Il était Apollinaire. J'étais son sergent. Nous étions artistes dans la guerre et copains par la suite. »

Dans les tranchées de la Grande Guerre, le sergent Philippe Moreau dessine les horreurs qu'il ne peut dire. Son chef, le sous-lieutenant Guillaume de Kostrowitzky, écrit des articles, des lettres et des poèmes qu'il signe du nom de Guillaume Apollinaire. La guerre, comme une muse tragique, fascine l'auteur d'Alcools. Pour Philippe Moreau, jeune paysan de Champagne, elle est une abomination qui a détruit à jamais son village.

Blessés le même jour de mars 1916, les deux soldats sont évacués à l'arrière et se perdent de vue. Philippe Moreau va tout faire pour retrouver son lieutenant. Une quête qui l'entraîne jusqu'à Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse, où il croise Cendrars, Picasso, Cocteau, Modigliani, Braque...

Guillaume Apollinaire est mort il y a tout juste cent ans. À travers le regard attendri et critique d'un sacrifié de la Grande Guerre, Xavier-Marie Bonnot raconte avec puissance les dernières années de la vie de l'auteur du Pont Mirabeau.

# L'avis de Lettres it be

Sur le champ de bataille, deux aspirants artistes se rencontrent. D'un côté du ring, Philippe Moreau, jeune fils de paysan appelé au front. de l'autre côté, un certain Guillaume Kostrowitzky appelé à connaître la gloire, plus tard, sous le nom de Guillaume Apollinaire. Sur le papier, et même si le tombeau d'Apollinaire traite de l'un des plus grands poètes français sous la forme d'un hommage mérité et méritoire, on croit retrouver une histoire de guerre plutôt courante. le fond n'aspire pas à créer la surprise. Tout se passe sur la forme…

« Un vent froid souffle sans discontinuer sur notre plaine de craie, croûte de guerre livide et gelée.
Je dessine. Sur une pelure. La neige frise les arrêtes des entonnoirs de mine. Je noircis le fond. Laisse du blanc. La guirlande des barbelés faméliques court dans tous les sens. Les bois ne sont plus que des champs de piquets éclatés où courent follement nos tranchées. »

Quelle langue ! Quelle plume ! Dès les premières lignes, Xavier-Marie Bonnot nous balance au front, il nous expédie la tête la première dans les pages les plus dures de notre Histoire du siècle passé. Des phrases hachées, cadenassées, mitraillées. Un rythme vif et incisif. Les odeurs brûlent le nez, le froid glace la peau, toutes les sensations se tiennent au garde-à-vous prêtent à jaillir dans ces quelques 400 feuilles de papier. Difficile de ne pas se confondre en éloges dans le tombeau d'Apollinaire apporte un vent de justesse littéraire. Même si la première partie de l'ouvrage, plus frontale et guerrière, propose un rythme un tantinet plus soutenu que la seconde, on goûte à ce petit bijou de part en part.

Xavier-Marie Bonnot confirme. Après avoir trempé du côté du polar, de la nouvelle, après avoir fait de sa carrière de réalisateur une pleine réussite là encore dans divers domaines, voilà que le natif de Marseille propose, peut-être, LE livre du centenaire de la Grande Guerre. le tombeau d'Apollinaire ne laisse pas indemne. de par son aspect biographique réussi et haletant (chose peu aisée à réaliser), de par cette plongée au plus profond des tranchées au côté des Poilus plus ou moins célèbres, de par tout ça et bien plus encore, ce roman est une réussite. Et que dire de la langue de l'auteur qui offre aux vers d'Apollinaire un écrin savamment taillé. Rien à jeter dans un roman réussi de bout en bout.

Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Bon, les amis, nous sommes en présence d'un petit bijou.

Il faut admettre que lorsque l'on prend le parti de centrer son roman sur la figure d'Apollinaire, et que l'on est donc amené à citer les poèmes dudit Apollinaire de façon extensive au cours de son récit, on met tout de même toutes les chances de son côté.
Ça apporte un certain cachet, disons.
Mais ça ne fait pas tout.

Bien plus que rendre hommage à un artiste de génie, Xavier-Marie Bonnot parvient à créer son oeuvre propre, avec une atmosphère originale, une sensibilité personnelle clairement exprimée au fil de l'intrigue, un regard tendre et lucide posé sur ses personnages réels comme fictifs, et surtout, surtout, une plume foudroyante, amoureuse de la langue d'Apollinaire, de son univers, de ses amours et de ses angoisses. La narration de Bonnot à travers le personnage de Lucien convainc instantanément, se posant en écho de celle du poète, mais assez mature pour s'en détacher et offrir de nombreux moments de grâce saisissants. Il est rare de devoir poser un roman pour se laisser le temps de digérer une phrase ou un paragraphe, puis de le reprendre, relire lesdits passages, s'arrêter encore, savourer une fois de plus, mais avec le Tombeau d'Apollinaire, ce petit jeu de délectation littéraire devient quasi constant.

Le narrateur fait d'Apollinaire le flamboyant personnage de roman dont on n'a aucun mal à croire qu'il l'était d'une certaine façon tout au long de son existence. Erratique, génial, protecteur, loyal, celui que l'on découvre avant tout comme le lieutenant de Lucien, le narrateur, et qui s'affirme petit à petit comme le poète que l'on connaît. La vision que Xavier-Marie Bonnot a de cette figure historique est lumineuse : à mi-chemin entre l'enfant malicieux et l'artiste un peu amoureux de lui-même, débordant de bonnes intentions et complètement incontrôlable, Apollinaire constitue incontestablement le coeur du roman, sans jamais non plus éclipser les trajectoires des autres personnages, à commencer par celle de Lucien qui ne démérite pas en termes de sensibilité et d'intelligence. On prend plaisir à croiser les parcours des deux hommes, entre l'étranger fou de la France qui s'est précipité de lui-même sur le front et le jeune garçon empêtré dans une guerre dont il n'a jamais voulu, et on s'attache formidablement à leur complicité si naturelle qu'on peine à croire que Lucien n'est bel et bien qu'un personnage de fiction.

Le roman dépasse bien entendu la "petite" histoire de Lucien et de ses compagnons de galère, et brosse à merveille le tableau d'une époque, d'une douleur généralisée, d'une impuissance collective que seule l'art semble à même d'apaiser. L'auteur décrit avec une intensité rare le découragement des soldats, la violence des assauts auxquels il est impossible de se préparer en dépit des mois et des mois qu'on passe à les attendre, et surtout le mélange de désillusion et de déni auquel les anciens combattants se confrontent lorsqu'ils émergent enfin de la guerre, marqués à vie par un conflit dont il est clair qu'il n'a pas servi à grand-chose d'autre qu'à honorer des intérêts politiques distants. le tout crée une atmosphère grave sans être pesante, et il n'est pas rare que la gorge du lecteur se serre à intervalles (très) réguliers au fil de descriptions et dialogues d'autant plus poignants qu'ils n'en font pas trop. C'est un roman fabuleux, qui accomplit le petit exploit de retracer des événements et traumatismes infiniment brutaux avec une délicatesse folle, le tout en conférant à l'art et à la création leur pouvoir le plus puissant : celui de la réparation.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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ALERTE COUP DE COEUR ❤❤❤❤

Le tombeau d'Appolinaire de Xavier-Marie Bonnot chez Belfond

Mon avis :

Mr Bonnot vient de nous écrire un bijou d'orfèvrerie... Ça se dit ça , en littérature ??
L'histoire est aussi belle que noire. Un hommage magistralement bien écrit à Apollinaire ainsi qu'à ses compatriotes à l'approche du 100 ème anniversaire de l'Armistice.
Il y a la vie dans les tranchées, aussi horrible fut elle, mais il y a aussi la quête de Philippe qui va tout faire pour retrouver son lieutenant, les personnages d'une grande puissance, cette histoire que je ne voulais plus quitter et la poésie d'Appolinaire que j'ai découverte grâce à l'auteur ( je ne suis pourtant pas fan de poésie en règle générale ).
Il me manquait juste une petite chose ( mais faut dire je suis pénible comme fille), j'aurais aimé que les dessins que nous décrit l'auteur soient illustrés( mais bon, au moins j'ai fait travailler mon imagination). Ça n'a en rien, entaché cette percutante et vibrante histoire.
Je termine ce retour de lecture par une phrase du livre qui m'a particulièrement touchée tellement elle est vraie "Que c'est dur le vrai, que c'est cruel ce qu'aucun mot ne sait nommer".

Résumé :
Dans les tranchées de la grande guerre, le sergent Philippe Moreau dessine les horreurs qu'il ne peut dire. Son chef le sous-lieutenant Guillaume de Kostrowitzky, écrit des articles, des lettres et des poèmes qu'il signe du nom de Guillaume Apollinaire. La guerre comme une muse, tragique, fascine l'auteur "d'Alcools". Pour Philippe Moreau, jeune paysan de Champagne, elle est une abomination qui a détruit à jamais son village.
Blessés le même jour de mars 1916, les deux soldats sont évacués à l'arrière et se perdent de vue. Philippe Moreau va tout faire pour retrouver son lieutenant. Une quête qui l'entraîne jusqu'à Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse, où il croise Cendrars, Picasso, Cocteau, Modigliani, Braque...
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Xavier-Marie Bonnot offre une vie à Guillaume Apollinaire en l'envoyant au front, au coeur d'un roman, le tombeau d'Apollinaire. le poète, l'homme de lettres devient alors un personnage de roman, tout bonnement. Un personnage parmi d'autre. La fiction lui donne alors de belles allures de réalité...
Le narrateur, Philippe Moreau, jeune paysan de Champagne, est envoyé au front. Il ne va pas bien loin de chez lui puisqu'il est assigné à Tahure. Il quitte son adolescence pour affronter le monde adulte et la guerre. Que fait-il là ? Pourquoi se bat-il ? Il s'interroge sur le monde et son avenir. Ses copains meurent sous ses yeux. Reviendra-t-il chez lui ? Un chez-lui existe-t-il encore dans cette région dévastée par les obus ? Alors pour oublier et se souvenir, il dessine. Il dessine la vie nonchalante des tranchées. Il dessine le départ des soldats guillerets. Il dessine l'horreur de la guerre.

Un jour, un nouveau lieutenant, frais et pimpant arrive. le Lieutenant Kostrowitzky. il s'intéresse aux dessins du jeune Philippe, le prend sous son aile et lui montre sa poésie, qu'il signe sous le nom d'Apollinaire. Il a déjà publié Alcools en 1913 et côtoie, à Paris, les plus grands artistes de l'époque : Cocteau, Picasso, Picabia, Péguy, Léger, Cendrars, Modigliani, ... Il apporte littéralement (et littérairement) de la poésie dans la guerre, des couleurs dans l'horreur.
En 1916, Philippe et Apollinaire sont blessés à la tête. La guerre est terminée pour eux et la démobilisation s'offre à eux. A Paris, une fois guéris, le poète prend de nouveau Philippe sous sons aile et le présente à sa cour d'artistes. La force de ses dessins le font entrer dans cette gente très prisée. le jeune paysan de Champagne se fait rapidement un nom à Paris et commence une nouvelle vie, loin de l'horreur des tranchées...

J'ai trouvé fantastique de croiser, sous les yeux du narrateur, Guillaume Apollinaire. Moi qui n'avait qu'une image figée du poète, j'ai pu le voir vivre. C'est jubilatoire ! Pendant la lecture du Tombeau d'Apollinaire, j'ai ainsi pu passer quelques instants avec lui. Des instants presque privilégiés.
Xavier-Marie Bonnot ne s'arrête pas là, dans son hommage à Apollinaire. Il a glissé, dans son roman, quelques poèmes et quelques alexandrins du poète. Des vers dans la guerre.
Mais surtout, Xavier-Marie Bonnot a soigné son écriture en lui offrant poésie et musicalité. C'était déjà un délice d'avoir pu relire à haute voix les quelques strophes empruntés à Apollinaire, mais l'écriture-même de l'auteur brillait de poésie. J'ai pris mon temps pour lire ce roman, comme on déguste un bonbon. Je ne voulais pas arriver à la fin pour ne pas perdre cette magie. Un bonbon, je vous dit, c'est la réflexion que je me suis souvent faite pendant ma lecture...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Apollinaire me laisse regarder, admirer, m'interroger. Je sens son regard inquiet sans cesse posé sur moi. Il n'a pas changé depuis la guerre. Malgré l'amitié, la familiarité, l'allure bonhomme, il demeure un être d'armure, difficile à connaître vraiment, un homme qui n'accorde jamais pleinement sa confiance, toujours sur le qui-vive. J'ai toujours senti qu'il avait peur qu'on se moque de lui si jamais il baissait la garde. C’est le sentiment qu'éprouvent souvent les gentils.
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Je pose le crayon, les yeux dans le brouillard.
Écrire en pareille situation est encore plus terrible que se taire.
J'ai envie de leur dire, à mon papa et à ma maman, la violence de notre vie, la peur et la mort. Les blessures et les copains passés au tranchoir.
J'ai envie de leur dire qu'ici on ne rit jamais sauf quand on se ment tout à fait.
J'ai envie de sortir cet être de colère qui est entré en moi.
J'ai envie de dire que je ne suis encore qu'une enfant.
J'ai envie de parler simplement de parler sans être un homme décoré, et de poser ma joue sur l'épaule de ma mère. De pleurer longtemps. Moi qui ne pleure plus, même pas devant le carnage.
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Apollinaire. Lieutenant Kostrowitsky. Celui qu'on surnommait Kostro-l'exquis ou Cointreau Whisky. Attablé au Flore. Un hasard. Le revoir comme ça, au débotté, c'est
pareil à un coup de 77 qui tape la tranchée et nous inonde de gravats. C'est abrupt et ça coupe presque la chique.
La guerre n'a pas aboli toutes les émotions, elle les a décuplées. Apollinaire porte encore l'uniforme, boudiné, une étrange sangle autour de la tête, un calot de cuir, percé de petits trous, appuyé sur sa blessure.
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Il était un collégien timoré, maladroit en gymnastique mais fort en maths. J'étais le seul à le défendre dans la cour de récréation quand les plus costauds se payaient sa tête. La guerre a fait de lui un homme redoutable. Il a tué, comme moi. A la baïonnette. Devant l'ancienne boulangerie de Tahure. Il n'en revenait pas sur le coup.
Il tuera encore. Ses mains sont devenues fortes, des serres d'aigle. Son visage a maigri, pareil à ceux des saints martyrs des statues de bois de nos églises. Il a tué Lucien. Oui. Sa jeunesse est partie en miettes, déjà rassise, broyée par la grosse main calleuse du destin.
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En ligne, on s'ennuie surtout. On a toujours l'impression que son futur va s'éteindre tantôt, à la première attaque. On vit petitement avec des rêves grotesques. A chaque instant, le feu peut s'abattre sur nous et bousiller nos pauvres vies. On subsiste en n'étant rien.
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Vidéo de Xavier-Marie Bonnot
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