AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848051048
373 pages
Sabine Wespieser (24/04/2012)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Dans son dernier roman, Le Va-nu-pieds des nuages, Takis Théodoropoulos, toujours curieux de revisiter la Grèce antique, s’intéresse à l’histoire d’une comédie : Les Nuées, qu’Aristophane écrivit en 423 av. J.-C. pour vilipender Socrate.
La pièce n’eut pas le succès escompté par l’auteur comique. Lors de sa première représentation, le jury des Grandes Dionysies refusa de lui accorder la moindre récompense. Le public athénien, lui, se contenta de réagir par qu... >Voir plus
Que lire après Le va-nu-pieds des nuagesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans ce dernier roman, Takis Théodoropoulos revient aux sources de la philosophie grecque, faisant preuve d'une remarquable maîtrise et connaissance de l'histoire grecque. Ce roman atypique mêle en effet théâtre, mythologie, philosophie et histoire, dans un étonnant cocktail de savoirs. On y découvre, entre autres,

Que Socrate était habité d'un vrai démon, envoyé par les dieux de l'Olympe pour l'encourager. le but étant de se venger de l'outrecuidancedes Athéniens en les faisant douter d'eux-mêmes, par la célèbre philosophie socratique du questionnement.

Comme les Gaulois, les dieux organiseront ensuite "un banquet [...] afin de fêter la déconfiture de l'orgueil humain"

Par ailleurs, c'est ce démon qui dicte ce récit à "l'écrivain". Il a traversé les siècles, et c'est d'ailleurs ce qui lui permet de dresser constamment des parallèles avec la culture occidentale contemporaine, en tant que spectateur privilégié !

Qu'Aristophane a écrit, alors que Socrate n'était pas encore très connu, une comédie intitulée Les Nuées, décrivant ce dernier comme gouvernant un "institut à penser", où l'on enseigne l'art d'arnaquer les gens par le langage ... Bien sûr, Aristophane était inspiré par Athéna, qui voulait sauver du ridicule ses adorateurs en contrecarrant le projet des autres dieux.

Une pièce où l'on accuse Socrate de ne pas respecter les dieux, de dévoyer la jeunesse, etc. Des accusations qui le condamneront, près de 20 ans plus tard.
Que les dieux sont jaloux car les Athéniens se targuent d'avoir inventé le grec, alors que ce se disent eux-mêmes à l'origine de cette langue ... En réalité, ce sont bien les Athéniens, mais les dieux sont trop fiers pour le reconnaître. "Ils décidèrent un jour de s'adapter les uns aux autres, de se civiliser en quelque sorte et, pour ce faire, d'adopter à leur tour la langue de leurs sujets. Ils ne cessèrent pas d'échanger, bien sûr, tonnerre, éclairs, foudres, pluies, signes, regards, comme outils de communication, mais s'employèrent dès lors à agrémenter ce langage d'éléments nouveaux : datifs, plus-que-parfaits, participes présents et aoristes, etc."

Et bien d'autres choses encore. Ce qui en fait un roman délirant, véritable feu d'artifice rendu avec humour et dérision envers cette culture essentielle : "au demeurant, c'est la gaieté de tous les convives qui avaient connu une baisse de régime par rapport à jadis, et dès lors certains immortels aimaient ressasser les souvenirs du passé avec nostalgie, au grand agacement des autres, pour qui nostalgie et existence divine constituent deux entités parfaitement contradictoires dans la mesure où l'éternité, logiquement, ne saurait admettre la division du temps en passé, présent et avenir". C'est dit !

Cependant, il me semble que parfois l'auteur s'est perdu dans son propre récit, peut-être un peu ambitieux pour un simple roman. Il lance des pistes et le lecteur a parfois des difficultés à voir où il veut en venir. Ce qui fait qu'il finit par se lasser de ce roman un peu décousu.

Néanmoins, pour les amoureux de la Grèce antique, c'est une manière étonnante et originale de la redécouvrir, par un auteur plein de talent, qui n'épargne aucun des personnages traditionnels qu'il met en place : d'Aristophane ("un soi-disant dramaturge, un être effeminé"), à Socrate (toujours sale et repoussant), en passant par Aspasie (la femme du grand Périclès, pas si grand que ça ici, même s'il n'apparait que mort ...), et les dieux de l'Olympe (qui passent plus de temps à se bagarrer qu'à s'occuper des affaires des hommes, et heureusement pour ces derniers ...; et pourtant, pour vaincre l'ennui : "toute la beauté de l'univers terrestre réside dans cet orgueil humain : l'indocilité.")
Lien : http://wp.me/p1Gkvs-OT
Commenter  J’apprécie          200
Alambiqué, emphatique, pompeux, boursouflé, le style de ce livre, s'appuyant sur une logorrhée d'enfer est parfois marrant, parfois lassant, entre le documentaire, l'analyse et le roman proprement dit. On se sent pris par moments dans les rouages de la pensée de l'auteur, un peu comme Charlot dans ceux des temps modernes.
Mais force est de reconnaître que le récit est passionnant et nous renseigne de façon magistrale sur les personnages que sont Périclès, Aspasie, Aristophane et Socrate (pour ne citer qu'eux), sur l'époque dans laquelle ils vivaient et sur la façon dont ils étaient perçus par leur concitoyens. L'Antiquité comme si vous y étiez, raconté par le démon de Socrate, démon n'étant pas ici à proprement parler un djinn aux humeurs imprévisibles (quoique...) , mais le souffle donné par les dieux à l'intelligence de chacun, souffle qu'on appelle d'ailleurs dans certains cas le génie, et dans d'autres l'ange gardien. Il m'a bien fallu passer les 150 premières pages pour me faire à ce texte, composé d'un mélange assez hétéroclite d'effets de style, de récits et de commentaires divers. Mais finalement je trouve l'ensemble plutôt réussi, quand bien même il aurait gagné à être moins long. Et je verrais bien ce livre lu par un Fabrice Luchini en grande forme, cela pourrait être très drôle. Je lirai volontiers d'autres oeuvres de cet auteur, histoire de réapprendre de façon peu orthodoxe mais efficace l'histoire des grands personnages de l'Antiquité.
Commenter  J’apprécie          180
Takis Théodoropoulos est aussi l'auteur du Roman de Xenophon et de l'Invention de la Vénus de Milo, deux ouvrages que j'ai lu avec beaucoup de bonheur.

Le Va-nu-pieds dans les nuages c'est Socrate, ou plus exactement, Socrate mis en scène par Aristophane dans les Nuées.

Le Va-nu-pied-dans les nuages commence avec la mort de Périclès de la peste (la contagion) en 429. Roman historique? Certainement, mais avec certains anachronismes qui font sourire le lecteur. le narrateur est un Démon, le temps des mortels ne le concerne pas. 

Un roman ironique et très amusant : p.21, "L'IRONIE N'EST PAS UN EFFET STYLISTIQUE, monsieur l'écrivain." Affirme l'auteur. [....] "L'ironie est une perspective existentielle. " J'ai beaucoup souri et même franchement ri au cours de cette lecture.

"AU COURS DU BANQUET  organisé par le cercle de l'éternité afin de fêter la déconfiture de l'orgueil humain, Athéna eut peine à cacher sa maussaderie"

Un roman mythologique : les scènes qui se déroulent sur l'Olympe sont les plus jouissives. Les dieux veulent rabattre leur caquets à ces prétentieux d'Athéniens. Après avoir envoyé l'avertissement de la contagion, ils pensent à d'autres mesures. Socrate, l'Original, pourrait servir leurs plans. Ils envoient le Démon, le narrateur du roman. Aristophane pourrait aussi être utile. le Dieu en charge du Théâtre étant Dionysos, Athéna va essayer de le séduire, elle se maquille, porte une robe rouge sexy....la scène est absolument roulante..

Un roman philosophique? l'auteur possède une solide culture classique, il présente le cercle de Socrate, présente la plupart de ses disciples. Alcibiade, le sublime est aussi un chef d'oeuvre  comique. Intéressant mythe de la Caverne...syllogismes...et allusions à Nietzche (on s'est permis des anachronismes). le procès de Socrate est annoncé.

J'ai moins aimé la fin : la mise en scène et la représentation des Nuées ne m'a pas vraiment fait rire. Théodoropoulos est très fidèle  au texte d'Aristophane.

Un roman érudit? Certes, mais une érudition qui se veut comique, et qui l'est. Une réussite


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il [Périclès] se pencha pour lui baiser le pied... Or, en voulant se baisser, privé de point d'appui,il bascula et s'abattit. Son front alla s'écraser contre le gros orteil du pied droit de la déesse, et le choc s'avéra fatal pour son organisme affaibli, de sorte qu'il rendit son dernier souffle dans cette attitude, pieuse mais inélégante, le visage contre terre, les deux bras écartés comme pour étreindre les énormes genoux de la statue. Afin de détailler pleinement la scène, je me dois de préciser que le gros orteil de l'Athéna chryséléphantine avait la taille du poing d'un lutteur muni de gants et que le marbre pentélique est d'une dureté suffisante pour provoquer de sévères lésions sur le squelette humain.
Commenter  J’apprécie          90
"Ils décidèrent un jour de s'adapter les uns aux autres, de se civiliser en quelque sorte et, pour ce faire, d'adopter à leur tour la langue de leurs sujets. Ils ne cessèrent pas d'échanger, bien sûr, tonnerre, éclairs, foudres, pluies, signes, regards, comme outils de communication, mais s'employèrent dès lors à agrémenter ce langage d'éléments nouveaux : datifs, plus-que-parfaits, participes présents et aoristes, etc."
Commenter  J’apprécie          120
Désespoir stupéfait, désenchantement fasciné. De toute manière nul désenchantement n'a de valeur sans fascination. Tel était Aristophane. Tel est Aristophane. Professeur de lettres, chercheurs, historiens et consorts s'accordent à dire que l'auteur en question a renouvelé le genre ou plutôt qu'il fut l'architecte de la comédie telle que nous la connaissons aujourd'hui. A raison. Il avait reçu en héritage un joyeux bric-à-brac où s'entassaient masques, chants, musiques et solos, galipettes, chutes, gifles, vents et rots -tout cela en l'honneur de Dionysos- et il y a mis bon ordre : début, milieu et fin, plancher et charpente, contenu dramatique... Aujourd'hui on le présente comme un auteur de théâtre populaire et, pour justifier la "popularité" de ses intentions, on se croit obligé de charger ses mises en scène de force clins d'oeil à l'attention du public dans l'espoir de le faire rire. Or, lui, c'est l'élite qu'il visait, l'élite de son désespoir afin de partager avec elle le théorème du désenchantement fasciné.
Commenter  J’apprécie          30
"au demeurant, c'est la gaieté de tous les convives qui avait connu une baisse de régime par rapport à jadis, et dès lors certains immortels aimaient ressasser les souvenirs du passé avec nostalgie, au grand agacement des autres, pour qui nostalgie et existence divine constituent deux entités parfaitement contradictoires dans la mesure où l'éternité, logiquement, ne saurait admettre la division du temps en passé, présent et avenir"
Commenter  J’apprécie          30
Il n'y a rien de plus absurde que la logique, l'écrivain. C'est un mécanisme en roue libre qui s'enclenche dans le vide, et dont la force réside dans le fait que son début implique son milieu et son milieu, sa fin.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Takis Théodoropoulos (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Takis Théodoropoulos
Institut français d'Athènes : ''Ecrire en français, venir d' ailleurs'' Animé par Takis Théodoropoulos
autres livres classés : littérature grecqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1875 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}