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EAN : 9782226442345
224 pages
Albin Michel (24/04/2019)
3.69/5   156 notes
Résumé :
C'est un avis de recherche collé sous un abribus qui va bouleverser la vie de Nathan. Gavril, le vieil homme disparu, a sauvé son enfance de l'ennui et de la solitude auprès d'une mère taciturne en l'entraînant dans les rues de Paris et en l'enchantant de poésie et de fantaisie. Trente ans plus tard, Nathan mène une vie fade et morose que ce soudain rappel à l'enfance et aux silences maternels fait éclater. Lui qui n'a jamais voyagé se rend en Roumanie dont il ignor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Nathan, 45 ans s'abrite sous un abribus par temps de pluie. Il y découvre des photos de personnes disparues et reconnaît parmi celles-ci Gavril Krantz, un personnage qui avait beaucoup compté pour lui dans son enfance.
Nathan a connu Gavril en 1980. Il était enfant à Paris, souvent livré à lui-même car il vivait seul avec sa mère qui devait travailler.
C'est dans ces moments de solitude qu'il a connu Gavril, un comédien de rue avec une personnalité très riche.
Ce sont pour moi, les plus beaux moments du livre : ceux où Gavril fait découvrir les giboulées de mots, les palindromes au petit garçon Nathan. Ensemble, ils parcourent les rues et s'arrêtent devant les plaques commémoratives. C'est ainsi que Nathan apprend une partie de l'histoire de France.
Cela me faisait penser aux multiples promenades de Patrick Modiano dans les rues de Paris mais dans un tout autre genre.
Gavril est un personnage plein de vie, comédien de rue mais aussi amené à faire de petits boulots. Il est plein de vie, débrouillard. Il sera vraiment un personnage fondateur dans la vie de Nathan.La vie les a séparés à l'adolescence. Sylvie Germain fait parler Gavril avec un langage poétique, fantaisiste, très beau à lire et à relire même pour de nombreux passages.
Après l'apparition de la photo de l'abribus, Nathan part à la recherche de Gavril, de sa vie passée en Roumanie.
J'ai pour ma part préféré la première partie pleine de vie même si je comprends la recherche que fait Nathan devenu un homme solitaire. Il semble aller à la recherche de ses racines.

Challenge plumes féminines
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Quel bonheur de renouer avec Sylvie Germain, que je lisais beaucoup il y a une quinzaine d'années ! Ce dernier livre d'elle, prêté par une amie, est un coup de coeur, comme l'a été pour moi " Magnus" en son temps.

C'est d'abord l'écriture si poétique, évocatrice, inventive, que j'ai retrouvée avec plaisir. Poétique, oui, il sera d'ailleurs souvent question de poèmes , notamment roumains, mais aussi français , particulièrement d'Apollinaire et Rimbaud, dans cette histoire émouvante.

Le 6 septembre 2015, le hasard va bouleverser la vie de Nat(h)an, lorsqu'il aperçoit cet avis de disparus sur un abribus parisien: y figure la photo de celui qui a illuminé son enfance et son adolescence solitaires, en manque de tendresse maternelle.

L'homme-ibis si farfelu, au regard roux, avec qui il a déambulé dans Paris, qui lui a appris tant de poèmes qu'il déclamait aux passants, entrecoupés de sons étranges, et de musiques soufflées d'instruments improbables. Gavril , le roumain exilé, le tzigane dont toute la famille a été broyée par les nazis. Gavril qu'il croyait mort, par sa faute. On le lui avait dit. Mais il est toujours vivant!

S'en suit une enquête, une quête personnelle, des révélations bouleversantes, et une renaissance... Je préfère ne pas en dire plus, laissons la magie des mots, la source d'émotions toucher aussi d'autres lecteurs...
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Une averse et Nathan s'en protège sous un abribus. Côtoyant quelques annonces, y sont placardés des avis de recherche, des portraits mal photocopiés de disparus. Parmi eux, celui d'un vieil homme, une tache noire sur la tempe gauche : Gavril, échappé d'un hôpital.
L'émotion submerge Nathan. Des flashs, des souvenirs le ramènent plus de vingt-cinq ans en arrière.

Gavril est ce saltimbanque, perché sur des échasses, qui a su tromper la solitude de Nathan alors qu'il avait neuf ans et traînait son ennui dans un quartier de Paris. Gavril, l'inventeur d'instruments à vent et à mots, lui a ouvert un monde de fantaisies et de poésies et lui a insufflé confiance et énergie qui lui faisaient tant défaut.
Mais cette surprenante amitié intergénérationnelle a été rompue.
Nathan a continué sa vie, sans enthousiasme, sans saveur « …et sa vie, il l'a sirotée ainsi qu'une infusion tiède. »

Histoire tout en finesse, magnifiquement écrite, qui oscille entre mélancolie et joie de vivre choisie et défendue par Gavril. Il faut se laisser charmer par ces phrases si artistiquement composées. Elles déroulent, progressivement, un subtil chemin vers une compréhension de soi et des autres.

L'idée de Sylvie Germain est très belle. En revenant sur les images, mais aussi sur les blancs laissés par cette amitié, Nathan va trouver des réponses sur le passé de son ami, sur la froideur de sa mère, sur sa vie inaccomplie. de cette nostalgie qui l'étreint au souvenir des années illuminées par cette amitié, Nathan va s'éveiller.
L'auteure nous éclaire avec la lumière que Gavril a su tirer des ténèbres malgré l'oppression et la persécution subies dans son pays natal, la Roumanie. C'est tout un univers musical et poétique qui l'a porté vers la liberté et la vie.

Les pages sont habitées de nostalgie, de mélancolie, de regret, d'injustice historique et amoureuse mais aussi de joie, de poésie, de dynamisme et d'optimisme.
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Je viens juste de le terminer. Je ne sais pas trop comment rédiger cette critique. Car sans m'identifier réellement à ce personnage, Nathan, cet enfant, adolescent, homme, j'ai tout droit été touché au coeur par son cheminement, sa découverte de la vie, qu'il s'est fabriquée comme il a pu. Sa rencontre, lorsqu'il est encore enfant, avec cet homme excentrique, qui a su l'émanciper du manque d'amour maternel, amorcer son chemin de vie, est bouleversante de bonheur, de vie, autant que pour l'enfant que pour l'homme. On apprendra un peu plus loin que cet homme, Gavril a survécu aux coups de l'Histoire, en s'échappant de la Roumanie communiste. On apprendra encore un peu plus loin pourquoi la mère de Nathan est elle aussi une rescapée des aléas de la vie et n'a pu apporter l'amour que son fils attendait. Tout le monde, finalement, se construit comme il peut, avec ce qu'il a. C'est ce qu'on appelle la résilience. On finit tous par se reconstituer. On sent tout l'amour que Sylvie Germain apporte à ses personnages malmenés. C'est un roman qui permet de ne pas perdre de vue qu'il y a toujours une voie de sortie, lorsque tout semble perdu.
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Il était de passage à Paris, sous un abri bus pour se protéger de la pluie, quand il a vu son visage sur un avis de recherche placardé. Il pensait cet homme mort depuis de nombreuses années, portant la culpabilité de cette disparition. Alors les émotions jaillissent, d'abord le rire, la stupéfaction puis la joie, l'espoir mais aussi la crainte.

Retour en 1980, Natan a neuf ans quand il fait la connaissance de Gavras qui déambule dans les rues sur des échasses et avec des instruments à vent dans un carquois. Il a une enfance solitaire, et désoeuvré traîne dans le quartier pour observer la vie. Ce petit bonhomme bègue regrette le h dans son prénom qui pourrait lui donner un peu d'air pour ne pas se sentir emprisonné. Gavras va l'encourager à corriger cette erreur.

Quelques années plus tard et un accident, Nathan se réveille d'un coma et sa mère lui annonce la mort de Gavras. Ses plus belles années et une amitié disparues. La vie paraît fade. Il termine ses études, fuit le domicile maternel et sécurise sa vie.

La recherche de la vérité, de la vie de son ami, va l'amener à de la colère puis de la haine. Il lui faudra du temps, un voyage en Roumanie, une vengeance pour arriver sur le chemin de l'apaisement.

C'est une sublime histoire sur une rencontre ratée qui tourne à la haine entre une mère et son fils et une amitié salvatrice. le style est poétique et mélancolique à la hauteur de l'histoire.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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critiques presse (4)
Chatelaine
13 juin 2019
Parce que c’est une belle histoire, lumineuse, et sombre aussi. Sylvie Germain ose les bons sentiments tout en évitant le piège de la mièvrerie.
Lire la critique sur le site : Chatelaine
LeSoir
27 mai 2019
La poésie habite les personnages de « Le vent reprend ses tours » autant qu’elle imprègne le texte.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
17 mai 2019
Sylvie Germain a écrit ici, serrés, entrelacés, une fable poétique, un roman d’initiation, un grand livre des origines, un carnet de voyage, une anthologie de littératures sensibles.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
10 mai 2019
Sylvie Germain raconte l’amitié insolite d’un jeune garçon et d’un artiste de rue roumain, libre et fantaisiste. Un roman sur la naissance à soi.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
Elle se tait un moment, puis reprend :
- Ces histoires sont sans fin, elles se reproduisent siècle après siècle. Histoires de guerres, de déportations, d'emprisonnements, de supplices et de réductions en esclavage, de purifications ethniques, sociales, religieuses, et à la fin, d'exterminations. Jusque dans ma famille en patchwork, où que je me tourne je trouve des exemples de cette incurable folie d'intolérance dont certains de mes ancêtres ont eu à faire les frais. Même du côté breton ! Pendant longtemps, les Bretons ont été considérés en France comme des étrangers dont la langue était ravalée au rang de borborygmes, les mœurs, les traditions taxées de grotesques, d'arriérées. Du côté de la famille de mon mari, c'est pire, ses arrières-grands-parents accusés d'être des koulaks, du moins désignés comme tels, sont morts d'épuisement, ou fusillés, dans un camp de détention implanté sur une île au milieu du Danube. C'était du temps du stalinisme, tout ce qui sortait du rang tracé au cordeau bétonné par le pouvoir devait être éliminé. Le nom de l'île pénitentiaire est joli : Béléné. Parmi les survivants de la branche paternelle, certains se sont exilés, dont mon beau-père. Et si je me tourne du côté du Mali, c'est pire encore. Là, ce n'est pas du passé, c'est maintenant. Dans le cru du présent, la désolation...
Son débit s'est fait de plus en plus saccadé et d'u coup sa phrase s'arrête, comme cassée. Elle détourne son regard qui file à l'oblique vers un point de fuite indéfini où il semble se perdre.
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La beauté lui faisait mal. Il s’était enfui loin de lui-même, exilé dans un no-self-land. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à elles qu’il avait confié son trésor ; à la misère intérieure d’abord et durablement, à la haine pour finir, avec brutalité. Celle-ci avait fait sur lui le bond sourd de la bête féroce, elle l’avait étranglé, mordu, entravé, étouffé, inversant la dynamique libératrice de Rimbaud. Alors il avait rusé avec sa haine, à chaque assaut qu’elle lui livrait il avait répondu par l’envoi d’un bouquet à la personne qui en était la source pour tenter d’assécher cette dernière, de la tarir sous un amoncellement de fraîcheur, de délicatesse et de faste. Il inspectait des sites de livraison de fleurs et choisissait des bouquets en fonction de leur composition, de leur dominante de couleur et du nom qui leur était attribué.
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La liberté, non pas dans le déracinement, mais dans le non-enracinement. Dans le mouvement, le déplacement. La danse de la pensée dans les mystères du monde, les chaos de l’Histoire, sa contredanse face à Dieu, au néant. Gavril aura dansé jusqu’au bout, jusqu’à l’épuisement, se dit Nathan qui, lui, émerge tout juste d’une longue somnolence.
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Il aimait procurer du bonheur, de l'énergie, pas de la tristesse, il retournait très vite la gravité d'un propos en quelque chose de plus gai, plus vivace. Il avait le sens de la joie, qui m'a toujours fait défaut. Il disait que la joie, on peut en donner sans compter, même quand on n'en éprouve pas soi-même, parce que du seul fait d'en donner, on la crée. De la joie ex nihilo ! On crée quelque chose qui n'existait pas, à partir de rien, et on le fait exploser pour le multiplier et le distribuer ! Ça le faisait rigoler, il déclarait qu'ainsi on pouvait se faire pareil à Dieu, et que finalement ce n'est pas si difficile de jouer à être Dieu, il suffit de souffler dru sur le néant et de racler les ténèbres pour en faire émerger la lumière.
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Gavril était un grand marcheur et lecteur. Il déambulait dans la ville comme dans un livre, il la feuilletait dans tous les sens. Il considérait en effet les villes à l’égal de livres débrochés, aux pages éparses mais gravitant autour d’un axe invisible lentement dessiné par l’Histoire au fil des siècles. Certaines pages étaient sans intérêt, car non ou mal écrites, d’autres bruissaient de mémoire. Il disait qu’une ville, ça s’arpente et ça se lit, que marcher c’est lire, avec tout son corps, tous ses sens, et que lire c’est marcher, dans sa tête, dans le temps, jusqu’aux confins de soi, jusqu’aux lisières du monde.
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Vidéo de Sylvie Germain
Lecture de Sylvie Germain : une création originale inspirée par les collections de la BIS.
Ce cycle est proposé depuis 2017 par la BIS en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (MéL). Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne".
Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot
Captation, montage et générique par Corinne Nadal
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