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Daniel Struve (Traducteur)
EAN : 9782070733453
128 pages
Gallimard (04/05/1993)
4.1/5   46 notes
Résumé :
Œuvre charnière, Le vent se lève (1936-1937) est aussi la transposition d'une expérience vécue. Le héros, un écrivain, accompagne sa fiancée dans un sanatorium des Alpes japonaises. Il tente de fixer dans un récit le bref bonheur qu'il connaît auprès d'elle. Après sa mort, il revient dans le village de montagne où il l'avait connue et trouve enfin l'apaisement. Sur cette mince trame s'élabore un récit d'une grande densité et à l'art très maîtrisé. Œuvre intime dédié... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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«Le vent se lève !... il faut tenter de vivre !», ce vers du cimetière marin de Paul Valéry accompagne ce texte à la beauté mélancolique de Tatsuo Hori, où un écrivain se souvient des mois passés au sanatorium de Nagano, dans les Alpes japonaises, mois partagés avec Setsuko sa fiancée atteinte par la tuberculose.
«Le vers inopinément monté à mes lèvres, deux ans auparavant, l'été où nous nous étions rencontrés pour la première fois, et que j'aimais ensuite à me réciter à tout propos, ce vers : «Le vent se lève, il faut tenter de vivre», que j'avais complètement oublié depuis, avait soudain repris tout son sens pour nous : c'étaient des journées comme en avance sur la vie, pleines d'une exaltation, d'un bonheur poignant, plus intenses que ceux de la vie. Nous commençâmes à préparer notre départ, prévu à la fin du mois, pour le sanatorium au pied du Yatsugatake.» p 27

Le souffle du vent traverse ce livre, souffle de vie parfois léger rafraîchissant, parfois violent coupant la respiration. 
Anxiété et légèreté alternent. La vie suspendue au souffle de Setsuko allongée sur son lit, devient dans le confinement de la chambre, où chaque journée ressemble à la suivante plus dense, plus intense.
« ... à mesure que se succédaient ces journées toutes semblables les unes aux autres, nous finîmes par échapper complètement à l'emprise du temps. Ce faisant, les moindres circonstances de notre vie quotidienne, aussi insignifiantes fussent-elles, prirent un attrait entièrement nouveau.»

Ce livre est inoubliable. le silence dont il est empreint est de la même texture que celui de la neige qui tombe et atténue tous les bruits. Plein de douceur malgré le tragique de la situation, d'une grande poésie, il envahit progressivement et durablement le lecteur comme Setsuko demeure aux côtés de celui qui l'aura accompagnée jusqu'à ce que l'ombre gagne. Et revenant sur les lieux quelques années après la disparition de celle qu'il sent toujours très proche il relit les vers du Requiem de Rilke et conclut

«S'il fallait absolument comparer, mon coeur aujourd'hui ne paraît guère changé, si ce n'est pour un peu de tristesse, quoique, il faut bien le dire, il ne semble pas non plus fermé à toute joie.»
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C'est une histoire d'amour, d'une grande pureté, qui va jusqu'au bout, jusqu'à la mort. Dans un sanatorium, une jeune femme est mourante et son compagnon l'accompagne jusqu'au trépas. La présence de la nature autour du sanatorium renforce l'aspect panthéiste. Peu à peu l'esprit de la mourante se dilue dans le souffle du vent, jusqu'à plus ne plus faire qu'un avec cette nature. Ce récit est bouleversant. Je n'ai plus ce livre mais je me souviens avoir été longtemps perturbé par cette relation amoureuse. En fait, c'est comme si cette jeune femme était toujours vivante. J'ai beaucoup de mal à expliquer mon ressenti face à ce livre. Les Japonais, eux, sont vraiment très forts pour exprimer cette idée d'immortalité.
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Ce court récit d'environ 110 pages est bouleversant. L'auteur nous conte une histoire d'amour, de mort, de solitude, et finalement de résilience, dans un cadre naturel, la montagne, la forêt, des plus poétiques.

Le héros narrateur est écrivain. Il a l'âme d'un solitaire. Un été, dans un village de montagne, le destin lui fait rencontrer Setsuko. Ces deux-là sont fait l'un pour l'autre et se fiancent quelques mois plus tard avec la bénédiction du père chéri de Setsuko.

Pourtant, l'horizon s'assombrit déjà lorsque Setsuko tombe malade, atteinte de tuberculose. Dès lors, il décide de l'accompagner dans un sanatorium, au pied du Mont Yatsugatake près de Tokyo où ils vont s'installer le temps que Setsuko guérisse.
Mais le médecin ne cache pas au narrateur et au père de la malade que le mal est très enraciné…L'écrivain comprend que la femme de sa vie est condamnée.

Dans une langue superbe, l'auteur nous fait vivre les tourments de cet écrivain dans l'adversité : sa pudeur, sa volonté de ne pas montrer sa détresse à sa fiancée, son dévouement et son amour poétique et romantique pour elle, mais aussi sa solitude intérieure constante, sa lutte permanente pour gérer ses émotions…L'histoire d'amour entre ces deux êtres est aussi forte que brève dans son vécu terrestre, mais elle perdurera éternellement dans le coeur du survivant.
Un des aspects remarquables est la puissance de la nature, la montagne, la forêt, les oiseaux, mais aussi du climat, la neige, le froid, éléments dans lesquels le héros va sans cesse puiser de la force pour se ressourcer continuellement et faire face malgré tout dans cette situation dramatique.
A tel point qu'après la mort de Setsuko, il y trouvera le courage de se reconstruire, dans une forme de résilience, pour non pas oublier mais vivre avec cette histoire douloureuse. Il avoue ainsi que si son coeur a encore un peu de tristesse, il n'est pas fermé à toute joie.

Ce roman est aussi une forme d'allégorie de la souffrance de l'écrivain dans la création de son oeuvre, le héros écrivant au jour le jour pendant leur séjour au sanatorium son histoire d'amour avec Setsuko, son deuil annoncé et ses états d'âme.

La figure de Setsuko est celle de l'être aimée, icône, idéal... Pourtant notre héros semble parfois s'en détacher, peut-être en raison de la solitude intérieure qu'il a éprouvé toute sa vie et d'une volonté de distanciation, pour se protéger de la souffrance, sa fiancée étant très souvent désignée comme « la malade ».

Cette oeuvre est d'une puissance évocatrice et d'une beauté extraordinaires. Elle est presque mythique. Elle touche d'autant plus qu'elle n'est pas larmoyante, elle raconte simplement la vie, la vie qui continue malgré les épreuves gravées à jamais.

L'auteur tire cette force décuplée de son propre vécu. L'oeuvre est aussi soutenue par une culture étendue des grands poètes occidentaux, Rilke, Valéry (et ce vers magnifique, « le vent se lève, il faut tenter de vivre ») que l'on sent imprégner ces pages magnifiques. Son caractère japonais se révèle dans la place centrale de la nature, du cycle des saisons, qui dépassent le destin de l'homme.

A noter, comme cela a pu être souligné, qu'Hayao Miyazaki s'est bien inspiré de cette oeuvre pour son film animé éponyme de 2013. Cependant, son film est au moins autant consacré au destin professionnel du héros (qui n'est pas écrivain mais ingénieur chez Mitsubishi et inventeur du fameux avion zéro qui servira à son grand désespoir aux kamikazes quelques années plus tard), qu'à l'histoire du couple.

Je vous invite avec enthousiasme à visionner ce film non moins magnifique, mais finalement assez différent, et à faire la comparaison, cela vaut vraiment la peine de ne pas rater ces deux talents hors normes !
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Ce roman, qui peu à peu prendra la forme d'un journal, débute avec un vers de Paul Valéry : "Le vent se lève, il faut tenter de vivre" et se terminera avec ceux du "Requiem" de Rilke. L'inspiration de l'auteur est donc grâce à une prose subtile plus poétique que romanesque. Celui-ci se montre surtout attentif aux mouvements du coeur et de l'esprit, suivant le fil de ses sentiments et de ses pensées , de même qu'à ceux de la nature, décrivant, selon les saisons, les paysages, tantôt sombres, tantôt lumineux, des Alpes japonaises. le narrateur, un écrivain, accompagne sa jeune fiancée atteinte de tuberculose dans un sanatorium de montagne. Ils y vivent un bonheur intense mais éphémère, tant la maladie, comme des nuages noirs qui s'amoncellent, gagne du terrain jusqu'à emporter la jeune malade. le narrateur reviendra peu après sur les lieux de ce drame qui l'avaient en même temps subjugué. Ce roman évoque l'innocence et la jeunesse aussi bien que la solitude et la mort. le style de l'auteur rappelle l'art du Haiku et la quatrième de couverture qualifie avec beaucoup de justesse ce roman de "poème très japonais du souffle".
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Dans ce récit bref, le narrateur accompagne sa fiancée dans un sanatorium de montagne, pour soigner sa tuberculose. L'écriture se fait alors silence, laissant les sentiments se deviner au bord des yeux.Les choses importantes se taisent et ne se communiquent que de façon détournée.
En une longue méditation sur le bonheur et sa recherche en se concentrant sur l'instantané, le narrateur raconte les derniers mois de Setsuko puis comment il revint dans ces montagnes pour finir son deuil et retrouver la vie.

Fortement imprégné de littérature européenne, Hori Tatsuo ouvre son roman avec une citation de Paul Claudel, "Le vent se lève, il faut tenter de vivre" pour le conclure avec "Requiem" de Rilke.
Ce livre se lit comme un tableau, Hori consacrant une grande partie de son récit à la description de la nature magnifique des montagnes Yatsugatake et au passage des saisons. Par rapport à la terrible maladie de Setsuko et à son aggravation, il reste très sobre, sans épanchement ni grands cris. Les deux protagonistes semblent pris tous deux dans une bulle de cristal, fragile et sensible.

D'après mon libraire, Hayao Miyazaki s'inspirerait de ce roman pour son prochain long métrage d'animation. J'ai déjà hâte de voir le rendu des paysages et le traitement qu'il va apporter à cette histoire.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'essaie de me rappeler ces premières journées de vie commune où je ne quittais presque pas le chevet de Setsuko, j'ai l'impression de ne plus pouvoir reconstituer leur succession chronologique tant chacune d'entre elles ressemblait aux autres, du fait de leur monotonie qui ne manquait pourtant pas de charme.
Ou plutôt, à mesure que se succédaient ces journées toutes semblables les unes aux autres, nous finîmes par échapper complètement à l'emprise du temps. Ce faisant, les moindres circonstances de notre vie quotidienne, aussi insignifiantes fussent-elles, prirent un attrait entièrement nouveau. Cet être tiède et parfumé à mes côtés, sa respiration un peu précipitée, sa main souple dans la mienne, son sourire, les propos banals que nous échangions de temps à autre: sans cela il ne serait rien resté de ces journées vides et uniformes. Et cependant je pus me persuader que l'essence même de notre vie n'était réellement rien d'autre, et que le fait que nous puissions nous satisfaire si bien et de si peu n'était dû qu'à ce que ce peu, nous le partagions, cette femme et moi.
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Par ces journées d'été dans la prairie recouverte d'une herbe haute et drue, alors que tu peignais avec passion, je restais toujours non loin de là, allongé à l'ombre d'un bouleau. Quand le soir tombait, que tu achevais ton travail et venais me rejoindre, nous restions un long moment nous enlaçant les épaules, à regarder l'horizon encombré de lourds nuages sombres aux franges garance. Comme si à cet horizon enfin gagné par l'obscurité quelque chose, au contraire, était en train de naître...

( Incipit )
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Je me rappelle le temps, il y a bien des années, où je me plaisais à rêver à la vie que je mènerais en hiver, dans la solitude des montagnes, seul loin du monde, en compagnie seulement d'une belle jeune fille, avec qui nous vivrions un amour d'une intensité allant jusqu'à la douleur. Cette aspiration démesurée à une vie de beauté exquise, j'avais voulu la réaliser tout entière, telle que je l'avais conçue, dans une nature terrible et inhospitalière. Pour cela, je ne pouvais me passer des rigueurs de l'hiver, de ces montagnes désolées...
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Le vers inopinément monté à mes lèvres, deux ans auparavant, l'été où nous nous étions rencontrés pour la première fois, et que j'aimais ensuite à me réciter à tout propos, ce vers : " Le vent se lève, il faut tenter de vivre", que j'avais complètement oublié depuis, avait soudain repris tout son sens pour nous : c'étaient des journées comme en avance sur la vie, pleines d'une exaltation, d'un bonheur poignant, plus intenses que ceux de la vie. Nous commençames à préparer notre départ, prévu à la fin du mois, pour le sanatorium au pied du Yatsugatake.
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Je m'approchai enfin du chevet de Setsuko. Ses yeux vacants étaient grands ouverts, mais elle donnait plutôt l'impression de dormir. Je caressai son front trempé de sueur froide, arrangeant les petites mèches folles qui s'étaient éparpillées sur son visage, pâle comme un linge.
Et comme si elle ressentait enfin la chaleur de ma présence, un sourire énigmatique flotta légèrement sur ses lèvres.
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