Magda Szabo est une auteure que j'ai appris à apprécier, tranquillement, à travers chacun de ses romans. Pas de grands drames, ni de gestes héroïques. Ceci dit, les petits gestes du quotidien qui font souvent autant de bien méritent leur pleine reconnaissance et c'est à ceux-là que l'autrice s'est «attaqueé» dans son oeuvre. Je suppose que sa vie est à l'image de ses romans. En effet, dans
le vieux puits, elle plonge dans ses souvenirs d'enfance qui l'auront forgée : Szabo est née vers la fin de la Frande Guerre, dans une Hongrie libérée du joug des Habsbourg, une vie calme, (généralement) paisible, dans une famille cultivée ù on aime lire les poèmes d'Arany et de Petofi qui font la louange des héros de l'indépendance.
J'ai beaucoup aimé le début du roman. L'histoire du vieux puits dans la cour, que la petite Magda n'avait pas le droit d'approcher, qui ouvre le roman, laisse planer une aura de mystère. Puis, les chapitres suivants, même s'il ne s'y passe pas grand chose, permettent de se faire une tête de l'univers de l'enfant. La rue Szent-Anna, les différentes boutiques et les commerçants qui les tiennent, les membres de a famille, les animaux domestiques, etc. C'était découvrir l'Entre-deux-guerres, une existence agréable, rassurante.
Toutefois, à partir de la moitié du roman, cette succession de souvenirs, de tableaux sans beaucoup de liens entre eux – autres qu'une vague chronologie – commençait à me perdre un peu. Je suppose que c'est le genre de livre qu'il ne faut pas essayer de lire d'une traite. C'est que l'écriture est si fluide, simple (je ne dis pas ça négativement) que ça se lit très bien. Trop bien. Et ces portraits que l'autrice insiste à partager me semblaient d'une importance inégale que l'envie me prenait de passer rapidement sur certains d'entre eux.
Heureusement, la petite fille de vient une adolescente, elle s'intéresse sérieusement aux livres à son tour, parle de ceux qu'il y a à la maison, les grands poètes hongrois du XIXe siècle. Ça m'a intéressé, leurs noms m'étaient familliers (pour les avoir vus dans d'autres oeuvres) et ça m'a donné envie de me tourner prochainement vers eux. L'histoire de la famille Szabo se complexifie un peu, les relations de famille étrange puis les divergences religieuses prennent beaucoup de place (trop, à mon goût) mais, plus on approche de la fin, l'intérêt de Szabo pour l'écriture se précise et on assiste à ses débuts, au processus derrière sa création.
Donc, dans l'ensemble, j'ai apprécié
le vieux puits. Ce roman donne un aperçu d'une grande autrice, de sa jeunesse et de ses influences. Cela permet, dans une certaine mesure, de jeter un regard plus aigu sur son oeuvre. Magda Sazbo n'est pas encore suffisamment connue, tout comme la littérature hongroise en général, et ce genre de livres, même s'il ne révolutionne rien, est plaisant et enrichissant.