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Johannes Honigmann (Éditeur scientifique)
EAN : 9782742785889
256 pages
Jacqueline Chambon (30/11/-1)
3.08/5   12 notes
Résumé :
Avant la chute du communisme, Leo, un étudiant qui a fui un pays de l'Est, est accueilli en Suisse par un couple et s'installe dans leur maison de banlieue. Martha, une mère de famille de trente-quatre ans, accepte de lui donner gracieusement des cours d'allemand. Dans cette langue qu'il maîtrise à peine, il s'entend avouer pour la première fois qu'il a abandonné sa fiancée au pays. Mais cette trahi-son n'est qu'un début. Alors qu'il est devenu l'amant de son profes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Alain Claude Sulzer, écrivain suisse, est connu en France surtout pour son roman Un garçon parfait qui a reçu le Prix Médicis en 2008. Je me fais toujours un plaisir de faire découvrir aux autres des romans qui passent un peu plus inaperçus, d'où mon choix d'aujourd'hui qui se porte sur Leçons particulières, le huitième roman de cet auteur bâlois.

Dans ce livre intimiste, l'écrivain met en scène un jeune homme, Léo, qui vient d'arriver en Suisse en 1968 pour demander l'asile. de quel pays vient-il exactement ? A moins que je ne sois passée à côté de certains indices (ce qui est fort probable), la réponse à cette question reste un peu floue. On sait néanmoins que Léo émigre l'année du Printemps de Prague, que les descriptions des repas de Noël qu'il se remémore sont très proches de ceux que j'ai dégustés moi-même, mais il parle russe. Les conditions de vie de sa grand-mère, abandonnée seule dans son pays, me font davantage penser à une région pauvre, marquée par l'agriculture, dans l'ex-Union Soviétique. Pour brouiller les pistes encore plus, l'auteur remercie à la fin deux dames, dont l'une est Slovaque et l'autre Tchèque. C'est bien sûr une question marginale, mais j'aurais bien aimé savoir. Il ne me reste plus qu'à utiliser l'expression tant aimée par les Français : Léo vient de l'Europe de l'Est. Une phrase qui ne dit rien et tout en même temps.

Evidemment, ce serait fort dommage de réduire ce livre à une question d'origine. D'autant plus qu'il nous fait rentrer dans la vie intime de plusieurs personnes, chacune dans une autre étape de sa vie. Léo, la vingtaine, considère la Suisse comme un pays transitoire – il aimerait bien rejoindre son frère parti au Canada. Il est assez ambitieux, il accepte donc tout de suite la proposition d'apprendre l'allemand pour pouvoir avancer.

Pour cela, on lui choisit Martha, car elle est très disponible. Elle a 34 ans, deux enfants. Son travail d'enseignante est mis de côté pour pouvoir se consacrer à la famille (son mari est avocat). Ses motivations de départ, c'est probablement sa volonté de se rendre utile, elle est donc parfaitement préparée pour chaque leçon. Et elle retrouve en Léo un étudiant de rêve : appliqué, volontaire et concentré. Pendant leurs conversations, comme Léo arrive à s'exprimer de mieux en mieux, Martha en apprend davantage sur son passé, sa famille ou alors sa bien-aimée qu'il a laissée au pays.

Léo et Martha sont seuls, chacun à leur façon. Léo se retrouve coincé dans un pays étranger, hébergé dans une famille de médecins suisse. Martha se retrouve dans un impasse différente – les enfants adolescents qui vont bientôt quitter le nid familial et puis son mari qui a ses intérêts plutôt ailleurs. Ces deux êtres vont s'attirer l'un vers l'autre pour une relation courte mais sensuelle qui va les marquer (ou pas) de façon différente.

Le tout est observé par Andreas, le garçon de Martha âgé de 16 ans. Ses mots introduisent le livre, car c'est lui qui entreprend ce voyage pour questionner Léo sur son passé, des dizaines d'années plus tard.

Avant de rédiger ce billet, je suis allée voir la quatrième de la traduction française et j'étais assez scotchée en lisant ceci : « Obnubilé par le but qu'il s'est fixé, il utilise froidement tous ceux qui l'aident sans se préoccuper de leurs sentiments. » Je ne voyais pas Léo sous cet angle. J'ai trouvé plutôt un garçon qui certes s'est fixé un but (rejoindre son frère, partir en Amérique – il était tout de même encouragé pour cela durant toute sa vie par sa famille qui considérait l'Amérique comme la terre promise), mais qui, dans l'insouciance de la jeunesse, s'attachait peut-être moins aux gens. Il a cherché la proximité, la tendresse de quelqu'un, car il était quand même tout seul, sans ami ni famille, dans un pays étranger. Dans les souvenirs, je suis assez loin d'utiliser ces mots forts que sont « obnubilé, utiliser froidement, sans se préoccuper ». Néanmoins, l'auteur pose ici la question intéressante de la « culpabilité » de l'immigré, de sa conscience, de l'impact de ses décisions sur ses proches qui eux restent dans un pays totalitaire et sont souvent contraints à en subir des conséquences.

Un roman intéressant, touchant (je dois ici mentionner surtout Olga, la grand-mère abandonnée) et toujours d'actualité.
Lien : https://evabouquine.wordpres..
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un texte qui vaut le détour .Une écriture claire et précise ,des personnages décrits de façon admirable .Sulzer peint les protagonistes de son histoire avec finesse .que ce soient les principaux personnages ou non;nous les voyons vivre leur quotidien,penser leur présent ,leur avenir.Sulzer nous fait toucher du doigt la fracture existant entre celui qui vit dans le monde occidental et celui qui a fui un pays situé derière le rideau de fer.
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L'an dernier, Alain Claude Sulzer a reçu le Prix Médicis étranger pour son roman, Un garçon parfait. Récompense amplement méritée car ce roman est admirable, d'un souffle rare et si vous ne l'avez pas encore lu, je vous le conseille.

Leçons particulières confirme si besoin était, le talent authentique de Sulzer. L'histoire est banale : une femme suisse, Martha, mère de deux enfants, délaissée par un mari qu'elle soupçonne de la tromper, se propose de donner des cours d'allemand à des émigrés.

Son premier élève est Léo Heger qui a fui un pays de l'est communiste. Bien évidemment et bien involontairement, la professeure et l'élève deviennent amants, chacun sachant que cet état sera transitoire.

Sulzer dissèque la relation naissante entre Martha et Léo, les sentiments, les sensations, les perceptions qui les traversent et c'est tout simplement épatant.

Les personnages secondaires sont étonnants, attachants et nécessaires au roman : Olga, la grand-mère de Léo, qui par procuration à travers le destin de ses deux petits-fils et de son chien, Mazko ; le père de Martha devenu muet et bientôt sénile, mais confident de sa fille et de son petit-fils, Andreas, le fils de Martha, adolescent qui apprend le monde des adultes, qui découvre son identité, son caractère et sa sexualité.

Avec précision, chaque détail, fait ou impression minutieusement décrits, bâtissent le récit qui vit, revit et se magnifie dans le souvenir.

La fin, qu'on ne peut révéler au risque de détruire la magistrale architecture de ce roman et d'annihiler la tension qui court nerveusement dans cette histoire, est inattendue, surtout lorsqu'on découvre l'identité du narrateur, et du même coup un amour qui n'a jamais dit son nom.

Roman bouleversant, Leçons particulières instille une douce mélancolie d'un passé vécu, embelli ou honni, qui demeure comme un lien, une attache aux rêves de jeunesse.
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A travers son accent, son passé se confondait avec son futur

Une belle langue. Une construction soigneusement élaborée, jusqu'au titre polysémique. Leçons particulières de langue allemande pour ce jeune réfugié de l'est bureaucratique. Leçons particulières que tirent Andrea en début et fin de livre ou surprenant, enfant, les amours de son père puis de sa mère. Leçons particulières de Martha d'abord en enseignante puis en amante. Leçons particulières d'Olga, etc.

Que dire du père de Martha devenu muet, de la voisine, de cette famille qui recueille Léo. de ce monde a peine évoqué mais puissamment présent de la dictature du communisme réellement existante.

Leçons sur le mariage peut-être, sur ces rapports inégaux entre l'homme et la femme, sur les sentiments en passage, sur les mots, comme sur cette courte lettre…

Leçons de la lectrice ou du lecteur sur ces histoires, somme toute, banales et pourtant… Précision des descriptions, des ressentis, comme ce viol conjugal, comme ces solitudes.

Les langues comme apprentissage, expression de la vie, de la perte, de l'abandon, de l'exil…

Bonheurs fugitifs, entre deux personnes, entre deux lieux, entre hier et la vie.

La quatrième de couverture me paraît très réductrice. Un faible résumé des possibles littéraires, des puissances de recréation des lectrices et des lecteurs. Intentions de l'auteur, peut-être, mais qu'importe.

Du même auteur : Une mesure de trop, chez le même éditeur 2013
Lien : https://entreleslignesentrel..
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À cause de la quatrième de couverture, j'ai cru que ce roman n'était qu'une sulfureuse histoire de fesses. Je me suis résolue à le lire d'abord parce que j'aime beaucoup la lectrice qui l'a enregistré, mais aussi parce que sachant ce que cette lectrice enregistre habituellement, il me paraissait étrange qu'elle ait enregistré un récit de ce genre. J'ai eu raison de dépasser mon a priori. Ce livre aborde finement et intelligemment certains thèmes. Par exemple, le mariage. En général, je suis agacée par les couples mal mariés dans les romans. Ici, les choses sont bien exposées. L'auteur n'en fait pas trop, mais explique comment la situation est possible.

Chaque personnage est riche d'une histoire, d'une expérience, de sensations. Chacun doit faire avec les souffrances que lui infligea la vie.
Le père de Martha restera une énigme. le lecteur ne sait pas vraiment ce qui le pousse à être ainsi. À l'instar d'Andreas, il interprètera son attitude de plusieurs façons. Ce personnage sera également le réceptacle de secrets dont on a besoin de se décharger, mais qu'on ne peut dire.
[...]
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A travers son accent, son passé se confondait avec son futur
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Vidéo de Alain Claude Sulzer
Alain Claude Sulzer - Post-scriptum .Alain Claude Sulzer vous présente son ouvrage "Post-scriptum". Parution le 7 septembre aux éditions J. Chambon. Rentrée littéraire 2016. Traduit de l'allemand par Johannes Honigmann. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/sulzer-alain-claude-post-scriptum-9782330066567.html Notes de Musique : No Love Song by Berlinist. Free Music Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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