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EAN : 9782226476746
320 pages
Albin Michel (01/02/2023)
4.16/5   37 notes
Résumé :
Saint-Avre, village de la Creuse vidé par l'exode rural. Le château, devenu un orphelinat, vient d'accueillir des enfants d'ailleurs, dont Mila, une petite Réunionnaise, arrachée à son île et à sa famille. La fillette trouve auprès d'Ernestine et d'Hector, les épiciers du village, un peu de réconfort. Or, l'attachement profond qui se crée entre ce couple sans enfant mais débordant d'amour et cette gamine livrée à la solitude et au racisme semble contrarier les autor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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C'est l'histoire de Mila une réunionnaise accueilli dans un orphelinat de la métropole. L'arrivée de ces enfants sont mal vu dans le village de la Creuse. Mila va retrouver du réconfort auprès d'Ernestine et Hector les épiciers qui ne peuvent pas avoir d'enfant. Ils vont vouloir l'adopter mais ça ne va pas être si simple.
Cette fiction écrite à 4 mains évoque une part de notre Histoire quand on envoyait des enfants dans les endroits vides de la métropole. On ne peut être que touché par l'histoire de Mila qui essaye de se construire et de comprendre son passé. On ressent également de la colère de se que l'on a fait vivre à ses enfants arrachés à leur île
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L'enfant du volcan” est un roman où la fiction se mêle à l'histoire et se réfère à une page sombre : Mila est l'une des 1600 enfants de la Réunion qui ont été transférés en métropole de 1964 à 1984.
Ils étaient déclarés pupilles, même si certains ont été enlevés à leur famille pour leur offrir de meilleures conditions de vie.
Michel Debré, alors député de l'île, a fait évacuer le “trop-plein” de la surnatalité car “la Réunion est hors d'état d'absorber toute sa jeunesse. Une part doit venir en métropole.”

Ce livre entame une restauration mémorielle de drames restés dans l'indifférence.

L'autrice et son fils narrent l'amitié touchante liant un couple simple et vieillissant, sans enfant, à une fille qui va bousculer leur vie comme une éruption volcanique.

Les personnages sont pittoresques et attachants.
Les dialogues équilibrent les descriptions et sont remplis de mots d'enfants amusants : “On te pisse sur les pieds et on t'explique qu'il pleut.”

C'est avec une écriture douce et lumineuse que les auteurs ont fait d'une tragédie une histoire émouvante, donnant chair à cet invraisemblable drame vécu par les enfants déplacés.
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Ghyslène Marin puise aux sources de son propre passé et mêle la fiction à son histoire personnelle dans ce joli roman bouleversant.

"Mila, l'enfant des roches volcaniques, l'enfant au regard de lave, l'enfant aux mots brûlants".

Ernestine en mal d'enfant, qu'elle n'a pu avoir avec son mari Hector,
Ernestine qui va laisser s'apprivoiser à leur contact, cette enfant révoltée,
livrée à la solitude et au racisme.

Hector, considéré comme l'idiot du village depuis sa plus tendre enfance, qu'on surnommait "hirsute" à l'école,
Hector que tous se plaisent à dire, qu'il est fou et idiot,
Hector et sa sensibilité à fleur de peau, à fleur de coeur, taiseux bien souvent ; des mots rares mais des mots virevoltants, des mots consolants, des mots puissants, des mots jetés par brassées de pensées, que seules Ernestine et la petite Mila attraperont au vol comme autant de couleurs chatoyantes pour adoucir la vie.

Le thème - D'une tristesse sans nom, cruauté gratuite, racisme imbécile
et cette décision d'une Administration sans coeur et sans état d'âme, d'un "remplissage" dans un Département déserté par l'exode rural, la Creuse.

La séparation d'avec leurs familles consentantes ou trompées par l'Administration,
Promesses d'avenirs troubles,
Destin de ces petits déracinés dans un climat de totale indifférence face
à tous ces cris de détresse ignorés.

Amour déchirant et déchiré entre trois êtres simples et épris d'un même désir d'une Vie familiale sereine.

Ai reposé ce livre avec dans le coeur une profonde tristesse,
car bien qu'en en ayant entendu parler,
l'autrice a su me toucher à travers une écriture vraie et profondément sensible.

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L'enfant du volcan est un livre dans lequel la fiction côtoie la réalité. Pendant près de 20 ans, de 1963 à 1981, des milliers d'enfants sont arrachés à leur terre natale de la Réunion et à leur famille pour repeupler des zones désertiques dans les campagnes françaises. Un scandale d'état qui a éclaté bien plus tard, puisqu'il aura fallu près de 20 ans encore avant que les premières contestations naissent de la part des familles bafouées.

Ici, à Saint-Avre, petit village de 800 habitants dans la Creuse, le château municipal, devenu orphelinat, accueille des centaines d'enfants réunionnais, déracinés et séparés de force de leur famille. C'est dans ce village que vivent Ernestine et son mari Hector, un couple vieillissant, sans histoire, mais parfois moqués, du fait de l'étrangeté d'Hector, que les autres habitants ne considèrent pas comme normal. Ernestine tient l'épicerie du village et a le bonheur de voir quotidiennement la petite Mila passer dans sa boutique. Une bouffée de fraîcheur, de gaieté et de bonne humeur, qui vient mettre de la joie dans la vie de cette petite mamie, qui n'a jamais pu avoir d'enfant. Les jours passant, le couple s'attache davantage à cette petite fille, qu'ils invitent fréquemment à passer le week-end loin de l'orphelin, dans leur maison douillette. Un havre de paix pour elle, qui n'a jamais connu l'amour familial.

Mila détient un sacré caractère. Elle a un tempérament de feu, elle est dynamique, enjouée, honnête, parfois directive, mais très attachante. C'est une personnalité qu'elle s'est forgée seule à l'orphelinat, alors qu'elle se retrouve entourée d'enfants dans le même cas qu'elle, sans attaches familiales, obligés de se conforter aux règles strictes imposées par les soeurs, directrices de l'établissement. J'ai été émue par cette jeune fille, si fragile mais pourtant si forte. Son histoire est à l'image des milliers d'autres, qui n'ont pas pu avoir une enfance décente, en raison de la migration forcée imposée à leurs familles. Chaque famille pensait donner des conditions de vie plus clémentes à leurs progénitures, d'autres signaient les documents sans même les lire, parfois en raison de la peur, parfois par manque d'éducation. Bien que le scandale ait éclaté et que les tords tentent d'être réparés, il est essentiel de mettre en lumière cet épisode dramatique, pour montrer tout le tragique de cette histoire : le racisme subi par les enfants déplacés, la méchanceté, la discrimination à leur égard, leur perte totale d'identité et de repères. Autant de faits marquants qui les empêcheront certainement de se construire convenablement.

Malgré tout l'intérêt que j'éprouve pour cette histoire, j'ai trouvé qu'il y avait un fossé entre le fond – le contexte global, les faits historiques alliés à la fiction – et la forme – comment tout ça est décrit. Bien malgré moi, j'ai parfois ressenti de la lassitude et un peu d'ennui en lisant ce livre, non pas à cause de l'histoire, mais plutôt de la façon dont elle était écrite. J'aurais sans doute aimé plus de dynamisme, une écriture moins pesante, plus aérée et aérienne.

Une histoire émouvante sur les milliers d'enfants réunionnais déportés en France pour repeupler les campagnes. Un habile mélange de fiction et de réalité, pour mettre en lumière cet épisode dramatique de l'histoire de notre pays et les conséquences directes et indirectes engendrées pour les enfants et leurs familles.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Après la guerre, le village de Saint-Avre, dans la Creuse, s'est vidé. Les écoles ont fermé, seul l'hospice a résisté. En 1969, le Département a alors décidé de le réaffecter. Pour contrer l'exode rural, il a d'abord été destiné à devenir un établissement d'accueil pour les enfants atteints de maladies tuberculiniques. Ils sont arrivés par petits groupes. Ils étaient pleins d'énergie, ne semblaient pas avoir de problème de santé. Certains villageois ont fait part de leur mécontentement. « On les trouvait bruyants, mal-élevés et querelleurs. On n'aimait pas leur teint basané, leurs yeux bridés, leurs bouches trop grandes. On n'aimait pas certains prénoms qui ne figuraient pas dans le calendrier des saints. » (p. 61) Ils s'appelaient Mila, Tiago, Rose-Neige, etc. et ils étaient orphelins.
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Ernestine et Hector étaient les seuls à apprécier la vivacité de cette jeunesse. Propriétaires de l'épicerie, ils étaient indulgents avec cette clientèle indisciplinée. Hector monta même un stand d'articles de plage, alors qu'il n'y avait pas la mer aux alentours. « Pour faire rêver les gosses ». Ernestine avait vingt-cinq ans quand ses parents l'ont forcée à se marier. Elle n'aimait pas celui qui était surnommé « le Demeuré ». Après la guerre, elle l'a vu de manière différente. Hélas, ils n'ont pas eu d'enfants.
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En 1973, la gestion de l'orphelinat a été confiée à deux femmes à l'allure aristocratique. Elles étalent soeurs. Cette même année, est arrivée Mila, âgée de neuf ans. Elle venait de la Réunion. Pour peupler les campagnes métropolitaines, des enfants ont été arrachés à leur île. La liste de critères pour les enlever à leur famille s'était étoffée. « Pendant deux décennies, l'exportation d'enfants se poursuivit. Les parents se trouvaient confortés par l'assurance qu'on leur donnait que leurs enfants reviendraient passer les vacances sur l'île. Aux enfants, on promettait une instruction : ils deviendraient médecins, avocats, banquiers. » (p. 68) Deux mille cent cinquante enfants furent transférés.
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Le jour des obsèques d'une des demoiselles qui tenaient l'établissement, Hector se meurt. Ernestine déroule ses souvenirs et s'attarde sur ceux qui concernent Mila. Elle raconte leur rencontre et l'attachement du couple à la petite déracinée. Sa vivacité emplissait leur vie et ils auraient tant aimé lui offrir ce qu'elle recherchait. Mais l'administration remplit des lignes et ne se préoccupe pas des sentiments. Auprès du vieux couple, l'enfant s'est dévoilée et s'est transformée. Auprès d'elle, Ernestine et Hector se sont ouverts. Tous trois se sont apprivoisés et aimés. Hector, que tous appelaient « le Demeuré », a offert le respect et la liberté d'être elle-même à la petite ; Ernestine lui a donné sa patience et son écoute. Hélas, les autorités n'aiment pas que les règles soient contournées.
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Avec son fils Léo, Ghyslène Marin, a fait appel à son histoire pour écrire L'enfant du volcan, un roman poignant dans lequel la fiction se mêle à la réalité. J'ai aimé la petite Mila, qui cachait ses souffrances sous une carapace d'impertinence. Je me suis énormément attachée à Ernestine et à Hector qui, avec abnégation, se sont employés à adoucir son quotidien et à lui proposer une image de bonheur. Tous trois m'ont émue et j'ai aimé la délicatesse avec laquelle sont décrits leurs liens. J'ai été en colère envers l'Etat français, qui a utilisé des enfants à des fins démographiques, sans hésiter à détruire des vies. J'ai été touchée par la sensibilité du récit : les sentiments d'Ernestine sont dépeints avec pudeur et émotion. J'ai adoré L'enfant du volcan.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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critiques presse (1)
Bibliobs
07 mars 2023
La force du livre ? Il n’est ni inquisitorial, ni prisonnier d’une cancel culture vengeresse. A lire à l’ombre des flamboyants du piton de la Fournaise.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Très vite, il ne se trouva plus assez d'enfants orphelins, abandonné ou délinquant. On dépêcha les assistantes sociales jusque dans les coins les plus reculés sur les hauteurs les plus escarpées. On les somma de visiter chaque case, de soustraire aux familles tout enfant sur lequel on aurait remarqué des traces suspectes de coup, tout enfant dont la silhouette aurait pas eu famélique. Mais non, il ne se trouvait plus d'enfants nécessiteux. On s'en désola: la politique du chiffre exigeait qu'on respecta les quotas définis par une administration soucieuse du bien commun. Il n'était pas possible d'arrêter les contingents d'enfants, des établissements avaient été créés à cet effet, il fallait les remplir.

Les enfants volaient. Un jour lointain, un jour de septembre 2014, ces mots prendraient un tout autre sens: on dirait les enfants volés.
Mais on y était pas encore. Le scandale prenait son temps, choisissait ses victimes et travaillait à identifier les plus fragiles.
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Mila aimait quand Mémé refaisait ses pelotes. Elle lui demandait de s'installer sur une chaise, en face d'elle, et de tendre ses mains, là, comme ça. Mila ne devait plus bouger. Mémé évidait l'écheveau autour des mains de l'enfant. Mila ne pouvait s'empêcher de se tortiller et de demander à Mémé si elle allait la ficeler comme un rôti. Mémé souriait. Mila contemplait les mains vieillies et remarquait pour la premier fois les veines bleues sous la peau fendillée, les taches brunes comme des motifs. Elle avait envie de la prendre, cette main, de la coller à sa joue, de l'embrasser.
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Les villes s'agitaient au rythme du twist et du rock. Les caves ne voulaient plus être des celliers, mais des lieux de danse et de concert. Les guitares électriques criaient plus fort que les cloches des cathédrales. Les cheveux toujours plus longs imitaient la pousse effrénée des herbes folles des sentiers désormais délaissés. Les jupes raccourcies permettaient à Dim de révéler les jambes, les chemisiers et les tee-shirts laissaient deviner des poitrines libres.
Moulinex robotisait les cuisines.
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«Au collège, les enfants-en-famille sont plus nombreux que nous. Devant eux, on peut pas dire que nos parents sont morts. Sinon, ils te regardent de traviole. Ca commence toujours comme ça. Après les regards louches, y a les mots ; après les mots, y a les coups. Ils sont comme ça les enfants-en-famille. Yvonet en a bavé quand il a dit la vérité. II aimait plus les récrés, il allait se planquer dans les toilettes, il osait pas respirer, il attendait la sonnerie, c'était long, surtout à cause des portes qu'avaient pas de verrous, il se collait dessus de toutes ses forces, il flippait qu'on le reconnaisse à ses chaussures. C'est comme ça qu'on apprend à mentir. On ment pour pas recevoir de coups. Moi, je raconte que mes parents m'ont laissée ici parce que j'ai pas bonne mine, qu'ils reviendront me chercher quand je serai d'aplomb.
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Lui dit qu'il se souvient très bien de la Réunion. Il dit que c'est de l'autre côté de la Terre. Il dit que c'est un lotus flottant sur l'eau. Il dit que là-bas les fleurs sont en couleurs, que les nuages volent si bas que tu peux monter dessus, que les bambous parlent dans le vent, que les montagnes sont grandes, entortillées dans les arbres, que quand il pleut, tu bois du jus de ciel, que les arbres sont hauts parce qu'ils broutent le bleu infini. Il dit que le Piton des Neiges est une glace géante, avec son cône et au-dessus une bouleà la vanille. Yvonet voulait pas quitter son île. II disait que ses parents étaient pas morts, mais on l'a pas écouté, on l'a obligé à partir. A l'aéroport, il a essayé de filer en douce, de se camoufler dans un coin, mais on l'a retrouvé. "
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