J'ai été happé en deux secondes par ce roman graphique, un panoramique de sentiments qui touche ce qu'il y a de plus profond en nous. le graphisme mêlé de noir, de gris et de blanc est une pure merveille. Ces trois couleurs dominantes représentent, à mon sens, le chemin de la vie, tantôt noir, parfois gris mais toujours une grande lueur d'espoir : le blanc.
Nous sommes en 2048, Ranièro, la cinquantaine, psychologue, nous prend la main et nous emmène avec lui dans un univers fait de relations humaines, du temps qui passe, du décalage entre les générations, de l'amour qui s'enfuit, la solitude et toutes ces névroses que nous cultivons en chacun de nous. Peut-être pour nous sentir plus vivant ?
Dora, 21 ans, va devenir la patiente de Ranièro. Cette jeune femme va bousculer la vie déjà bien tourmentée de ce psychologue. Dora est libre de ses paroles et de ses sentiments. L'époque permet à la nouvelle génération d'être adepte de la convention de non exclusivité du partenaire. Ranièro se sent vite dépassé par ce bouleversement social. Mais pourquoi a-t-il les mêmes visions que Dora ?
Peu importe finalement que l'histoire nous projette en 2048, nous avons et aurons toujours les mêmes questions existentielles : qui suis-je et ou vais-je ?
Ranièro m'a conquise par sa fragilité intérieure. Instantanément, dans son regard se dégage quelque chose de mélancolique et saisissant. Les personnages souvent dessinés de dos évoquent un sentiment étrange de malaise et de désarroi qui incite le lecteur à tourner la page comme si nous voulions les obliger à confronter notre regard.
Néanmoins, quelque chose m'a un peu chagriné. Deux personnages ont disparu trop vite du récit. J'aurai aimé les connaître davantage pour mieux comprendre leur attitude, leur ressenti. La chute était trop rapide à mon goût peut-être parce que le graphisme et le récit m'ont tellement embarqué que tourner la dernière page a été une véritable frustration.
Manuele Fior, une première entrevue éblouissante d'images et de sentiments forts !
Manuele nos chemins n'ont pas fini de se croiser.
Un grand merci à ma Tête de Thon pour ce magnifique album qui m'a embarqué une fois de plus dans ce qu'il y a de plus tortueux chez l'homme : Les Sentiments Profonds.
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