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EAN : 9782702442098
240 pages
Le Masque (06/04/2016)
4.05/5   107 notes
Résumé :
Valentina vit dans la zone interdite de Tchernobyl. Les seuls habitants de cet endroit maudit sont ceux qui n'ont pas d'autre choix ou qui cherchent à se cacher. Cette femme usée par la vie attend désespérément le retour de sa fille dont elle n'a plus de nouvelles depuis des mois. Elle semble avoir disparu, comme beaucoup d'autres étudiantes parties pour l'Allemagne avec une bourse en 2009. Pour combler le vide et garder l'espoir de la retrouver, Valentina consigne ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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L'envers de l'espoir. Son côté pile, opaque, mystérieux… Un peu comme la face cachée de la lune, cette zone grise et inconnue. C'est là que vont se retrouver Valentina, Katerina, Olena, Matthias et le flic Léonid. Au départ, ce sont des gens bien ordinaires, des gens honnêtes, travailleurs, vaillants qui, plein d'espoir, s'agitent sur cette basse terre pour se construire une vie, gagner un peu de bonheur. Jusqu'au jour où le destin ou la malchance décident de les envoyer de l'autre côté…
Tout se dérègle pour eux alors, et c'est la « nuit des cavaliers bleus » où un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose. C'est le mensonge d'état qui camoufle les périls du nuage radioactif. C'est la fuite éperdue de milliers de gens qui ont tout perdu et sont regardés par le reste de la population comme des lépreux. Ce sont les jeunes et insouciantes Katerina et Olena prenant consciences bien trop tard que l'Allemagne n'est pas un pays de cocagne. C'est Léonid qui soulèvera des montagnes pour les retrouver et se rendra compte que l'Ukraine indépendante est aussi sale et corrompue que l'ancienne URSS. C'est Matthias qui désespéré voit l'histoire se répéter une nouvelle fois. C'est Valentina enfin qui décide de quitter le monde des humains pour rejoindre la zone d'exclusion de Tchernobyl. L'air irradié la tue à petit feu, et la nuit, des loups efflanqués s'approchent dangereusement de la clôture de son jardin ; mais c'est ici, dans ce désert d'hommes, dans les ruines de cette ville dévorée par la nature, dans cette atmosphère assassine, qu'elle se sent encore le mieux pour attendre l'improbable retour de sa petite fille chérie.
L'histoire est poignante. Ils nous ressemblent tant ces personnages si ordinaires qui perdent soudainement pied et dont la vie va se transformer en véritable chemin de Croix, qui se raccrochent farouchement à quelques souvenirs lumineux : le sourire radieux de Glev et ses épaules musclées, l'irrésistible fougue de la petite Olena, les câlins de Mykola, un grand appartement baigné de soleil, les folles baignades dans la rivière toute proche, la tendresse de Vera, la révolution orange, la vie d'avant…
Un livre noir, très noir, sans concession, qui montre à quel point les salauds tiennent le haut du pavé. Et si parfois il leur arrive de perdre de justesse une manche, ils finissent toujours par emporter la partie.




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L'Envers de l'espoir est un roman sombre et poignant, d'un réalisme puissant, cruel et tragique.

Mechtild Borrmann développe une douloureuse réflexion sur l'espoir, l'espoir d'une vie meilleure. Tous les personnages attendent, rêvent d'une vie meilleure, d'un changement, d'une amélioration. Contre toute raison parfois, ils s'accrochent à ce rêve, parce que c'est la seule chose qui les aide à tenir debout.

Ce roman bouleversant s'inspire de faits réels et m'a beaucoup touchée. Il rejoint certaines de mes réflexions. Son pessimisme est le reflet de la vie de certains hommes, certaines femmes, certains enfants. Mechtild Borrmann, par le biais de cette fiction, leur donne la parole et fait connaître leurs tragédies.

L'Envers de l'espoir est d'abord le récit qu'écrit une mère, Valentina, pour sa fille Katerina, une jeune Ukrainienne qui a disparu. Elle croyait partir en Allemagne avec son amie Olena, pour un échange d'étudiants organisé par l'université de Kiev. Sauf qu'elle n'est pas étudiante, elle rêve juste de le devenir, de pouvoir payer les frais d'inscription, de devenir interprète. Puisqu'on lui dit qu'elle aura un travail là-bas et qu'elle gagnera de l'argent, il serait idiot de ne pas saisir cette opportunité.

Valentina est sceptique, angoissée, son instinct l'avertit que quelque chose ne va pas, que c'est peut-être trop beau pour être vrai mais face au chagrin de sa fille : « Tu ne veux pas mon bonheur, maman ! », elle ne peut que céder. Elle est sans doute trop vieille, dépassée, elle ne comprend pas les opportunités qui s'offrent aux jeunes, pense-t-elle.

L'ultime espoir de Valentina est désormais d'attendre le retour de sa fille. Elle lui écrit l'histoire de sa vie.

L'enquête est menée par Leonid Kyjan. Nous sommes en 2010. Dans les années quatre-vingt-dix, il rêvait de changer l'Ukraine, de mettre un terme à la corruption qui " gangrenait la vie politique et la milice". Il avait enfin pu intégrer la milice sans donner des enveloppes ou avoir des proches influents. Il s'était engagé pour participer activement, « plein d'espoir dans le changement et convaincu que les paroles ne suffisaient pas. »

Les chapitres consacrés à Leonid alternent avec le récit de Valentina. Grâce à ce dernier, j'ai découvert une partie de l'Histoire tourmentée de l'Ukraine et les malheurs des Ukrainiens qui prennent vie dans cet ultime témoignage de l'amour d'une mère pour sa fille. L'Ukraine, c'est la Seconde Guerre mondiale et la mère de Valentina qui a été emmenée contrainte et forcée en Allemagne par les nazis mais c'est aussi la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et la zone d'exclusion.

D'autres chapitres sont consacrés à Matthias Lessmann qui sauve la vie d'une jeune fille ukrainienne, Tania. Elle s'est échappée, elle était prisonnière d'un réseau de prostitution forcée.

L'ensemble est très bien construit et écrit. Matthias Lessmann est le personnage que j'ai le moins aimé car certains de ses choix m'ont déçue ou déplu, rajoutant une noirceur supplémentaire et peut-être inutile à un univers qui l'était déjà bien assez à mon goût. « Noir, c'est noir, il me reste l'espoir… » Mais s'il n'y a même plus d'espoir, cela devient parfois un peu lourd et suffocant.

L'Envers de l'espoir est un roman émouvant, qui permet de mettre en lumière, grâce à une enquête captivante, la corruption institutionnelle et les réseaux de prostitution forcée. Un roman noir mais nécessaire pour s'informer sur la situation de l'Ukraine et éveiller les consciences. Je ne connaissais pas cette écrivaine allemande. Je dois sa découverte à une très belle chronique d'Eric76. J'en profite pour le remercier. le sujet de ce roman, bien que sombre, m'intéressait beaucoup et a tout de suite attiré mon attention.
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Prenante et douloureuse histoire , malheureusement très proche de la réalité, contée par une auteure allemande que je découvre avec grand intérêt...

Trois narrations, durant l'année 2010, vont converger peu à peu , éclairant chacune à sa manière L Histoire, à travers des destins individuels. Celle de l'Ukraine, avant et après Tchernobyl.

Nous faisons connaissance avec Valentina, vieille femme habitant la zone d'exclusion irradiée, dans une maison à l'abandon, avec sa chatte Kisa. Elle attend, l'espoir au coeur malgré tous les drames de sa vie, que sa fille Katerina, partie travailler quelques mois en Allemagne sous contrat, revienne. Elle n'a jamais eu de nouvelles. Pour tromper l'angoisse et la solitude, elle lui écrit sur un cahier, lui confiant toutes les étapes de son existence si tourmentée.

Nous aurons également le point de vue d'un homme de soixante-dix ans ,veuf solitaire, Matthias Lessmann, élevant des moutons dans sa petite ferme allemande proche de la frontière hollandaise. Son morne mais tranquille quotidien est bouleversé lorsqu'une jeune fille terrorisée, pieds nus dans le froid, trouve refuge chez lui. Et qu'une voiture à sa poursuite rôde...

Enfin, nous rencontrons Leonid, membre d'une milice ukrainienne dont il ne supporte plus les compromissions. Creusant la piste de deux jeunes filles disparues de façon suspecte, il sera empêché par ses chefs de poursuivre ses recherches mais décidera d'agir seul et se rendra à Dussseldorf , là où on perd leurs traces...

Trafic d'humains, conséquences désespérantes de Tchernobyl, société ukrainienne gangrenée , même après l'indépendance acquise, autant de thèmes forts abordés ici avec justesse et lucidité. Tout est bouleversant, révoltant. La citation de Goethe au début du roman le reflète tellement bien :" L'espoir est la seconde âme des malheureux".









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Mechtild Borrmann créée un double récit entrecroisant en Ukraine la période de la catastrophe de Tchernobyl, et les années qui en ont suivi, avec le trafic de prostitution de jeunes filles d'Europe de l'Est de nos jours en Allemagne.
A travers le récit de Valentina, qui a vécu ses meilleures années, avec son mari et son fils, quand elle était infirmière dans la cité privilégiée de Prypiat, à côté de la centrale nucléaire, Borrmann reconstitue la situation de ces habitants, qui ont subi la radioactivité, sans être informés des évènements, qui ont été jour après jour déplacés toujours un peu plus loin, jusqu'à ce qu'une zone interdite ne soit décidée, les condamnant à ne plus jamais revoir les lieux de leur enfance, leurs fermes, ou simplement les endroits où ils ont vécu heureux.
Victimes, déplacés, proscrits, car porteurs de la radioactivité, les habitants de la zone ont été parqués dans des villes-dortoirs par le gouvernement soviétique, qui interdisait au corps médical d'associer la radioactivité aux atteintes que leur corps subissait. L'effondrement de l'URSS a été encore plus catastrophique avec la disparition des aides d'État, contraignant ainsi Valentina à repartir survivre dans la zone interdite.
La fille de Valentina, élevée prés de Kiev, a tenté, elle, de trouver une vie meilleure à l'Ouest. Mais elle a disparu. Une disparition de jeune fille comme il y en a eu d'autres dans une Ukraine, dont les milieux politiques, universitaires et militaires sont corrompus. Leonid est un officier de la milice qui a sincèrement cru qu'avec la démocratie, l'Ukraine changerait et qu'une société saine serait possible. Ses désillusions atteignent leur paroxysme lorsqu'il constate que l'enquête sur le réseau qui attire les jeunes filles ukrainiennes à tenter leur chance à l'Ouest est couvert par les plus hautes autorités. Il est chassé de son travail, mais continue l'enquête, cette fois en Allemagne.

Mechtild Borrmann aborde de front le trafic d'êtres humains, la barbarie des organisations criminelles qui se fournissent en jeunes filles rêvant d'un avenir meilleur et qui se retrouvent battues et droguées par leurs souteneurs, puis violées par les clients de passage. Cette partie du livre est crue et désespérante.
La partie sur Tchernobyl ne décrit pas la catastrophe en elle-même. Juste les lueurs bleutées au dessus des réacteurs, visibles à des kilomètres, et l'affolement des compteurs Geiger. Elle concentre son histoire sur les liquidateurs, ouvriers envoyés en enfer limiter les dégâts en enfouissant tout ce qui était contaminé, et sur le sort des habitants des la zone. Les déplacés n'ont jamais revu leur ville d'origine. Ils ont subi le black-out médiatique. La négation de leurs maux. Tout pour cacher l'incurie des autorités et le raté de l'industrie nucléaire soviétique.

L'ouvrage est fort, mais son côté désespérant le rend par moment de lecture difficile. Les chapitres sur la protection dont disposent les criminels des réseaux de prostitution sont des plus pénibles. le regard posé sur les victimes de Tchernobyl est lui plus humain. Comment des vies entières ont été détruites par l'atome. Cette partie pose bien des questions...
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Les chapitres de ce roman se déroulent tour à tour et parallèlement (du moins à partir d'une certaine date) dans trois lieux différents avec trois protagonistes principaux et d'autres, parmi lesquels je me suis un peu perdue.
Dans la zone interdite de Tchernobyl, Valentina note sa vie mouvementée et malheureuse sur les pages d'un carnet.
Un fermier allemand verra la sienne bouleversée par l'arrivée d'une jeune fille en fuite.
Un policier ukrainien part en Allemagne, en dépit de l'opposition de sa supérieure, pour enquêter sur un réseau de prostitution d'Europe de l'Est.
J'ai malgré tout réussi à suivre ces récits imbriqués les uns dans les autres car ce roman est bien fait et hélas ! réaliste.
Le journal de Valentina, en particulier, est glaçant de vérité.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Je me souviens encore exactement de l'annonce : " En raison d'une situation radiologique défavorable dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, il a été décidé d'évacuer la ville de Pripiat, à titre de précaution temporaire. Nous vous invitons à emporter avec vous des vêtements pour trois jours, quelques provisions pour la route et vos papiers les plus importants." A 14 heures, nous devions nous tenir prêts devant nos maisons.
J'ai pris Mykola et la valise. Dans les couloirs, les voisins discutaient de l'évacuation. Quelques-uns refusaient de partir, trouvant tout ce cirque exagéré, d'autres se rongeaient les sangs. J'ai mis la valise dans le coffre et je suis partie. A la sortie de la ville, des autocars étaient stationnés à perte de vue et, tandis que je roulais le long de cette file interminable, l'expression "mesure de précaution" perdit son vernis trompeur. Je savais que jamais ils ne déploieraient autant d'efforts si la situation n'était pas grave. Je persistais pourtant à croire à cette histoire de trois jours. Ces trois jours au cours desquels tout allait s'arranger.
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Il raconta la confiance et l'élan qui les avaient poussés, lui et beaucoup d'autres, à essayer de changer le pays au début des années quatre-vingt-dix. La rechute et le retour aux anciennes structures, puis le nouvel espoir suscité par la Révolution orange et la déception quand le nouveau gouvernement s'était révélé aussi corrompu que le précédent.
- Le système n'a pas changé. Pas de travail, pas de place à l'université, pas même une bonne note à ton semestre, si tu n'as pas les bons contacts ou une enveloppe pleine de billets à donner à qui de droit, expliqua-t-il. Tout marche comme ça, même la milice. Des hommes comme Bergermann ont tellement "intériorisé" ce principe qu'ils l'appliquent où qu'ils soient. Et il semblerait que ça fonctionne ici aussi.
Et il s'ensuivit une discussion animée sur la différence entre corruption et lobbying.
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Tous les matins, on se rassemblait dans la cour de l'école et on saluait la journée en proclamant : " Pour la lutte en faveur de la cause du Parti Communiste d'Union Soviétique, soyez prêts ! Toujours prêts ! " En classe, l'institutrice nous parlait avec dévotion du Petit Père des peuples, des conquêtes de l'Etat ouvrier et paysan et fustigeait les ennemis de l'Union soviétique qui menaçaient notre pays et notre brillant avenir. Ensuite, on chantait debout, le bras levé et le coude plié : " Plus haut les feux de joie, les nuits bleues. Nous, pionniers, sommes enfants de la classe ouvrière… " J'aimais ce sentiment d'appartenance, j'aimais nous savoir unis dans une vision supérieure.
Dans le village, des affiches nous rappelaient que l'ennemi n'était pas loin, que des espions se trouvaient parmi nous. Je me souviens encore de l'image d'une ouvrière agricole coiffée d'un foulard rouge, l'index sur les lèvres. Au-dessous, on pouvait lire : " Les saboteurs sont parmi nous. Prends garde à qui tu parles ! "
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Elle disparaissait presque entièrement sous la couette en duvet dont il l'avait couverte. Son visage avait cette innocence lisse qui rend jolies toutes les jeunes filles. Les lèvres charnues, exsangues, ressortaient à peine dans l'extrême pâleur du teint, qui soulignait d'autant plus les sourcils doucement arqués et les cheveux sombres, encore humides, ondulant autour de sa tête. Il ne connaissait même pas son nom.
Il avait perdu l'habitude d'être avec d'autres, perdu l'habitude de s'intéresser aux autres.
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L'été, nous, les enfants, allions nous baigner dans la rivière toute proche. En fin de journée, les adultes nous rejoignaient parfois. Tandis que le soleil couchant embrasait la rivière, nous plongions d'un arbre dont les branches s'avançaient loin au-dessus de l'eau. Les femmes nous chuchotaient à nous, les filles, que la baignade dans la lumière du soir nous rendait belles, et nous sautions à qui mieux mieux dans les reflets scintillants jusqu'à ce que le soleil ait complètement disparu.
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Vidéo de Mechtild Borrmann
http://www.librairiedialogues.fr/ Annaïk de la librairie Dialogues nous propose ses coups de c?ur du rayon Polars : "Sur le toit de l'enfer" de Ilaria Tuti (éd. La Bête Noire), "Présumée disparue" de Susie Steiner (éd. Les Arènes) et "L'envers de l'espoir" de Mechtild Borrmann (éd. le Livre de Poche). Réalisation : Ronan Loup. Questions posées par : Delphine le Borgne.
Retrouvez nous aussi sur : Facebook : https://www.facebook.com/librairie.dialogues/ Twitter : https://twitter.com/dialogues Instagram : https://www.instagram.com/librairiedialogues/
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