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EAN : 9782259219389
336 pages
Plon (03/01/2013)
3/5   7 notes
Résumé :
Le portrait d’un homme aux identités successives, habité par une schizophrénie dont on ne sait si elle est voulue ou subie, qui est aussi l’esquisse d’une génération bouleversée et bouleversante, celle de l'après-guerre.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« L'envers d'une vie » remonte le fil du temps, c'est une vie à l'envers… celle qui découvre la réalité d'un parcours, l'histoire intime de Paul-Armand Delaunay de Coutainville . La rubrique nécrologique classe le défunt dans la bonne société versaillaise, retraité des cabinets ministériels, membre d'une société de bienfaisance, familier des offices religieux, son profil était « respectable ». Caroline Pascal dissèque une vie par strates chronologiques , elle découpe les différentes peaux du personnage pour en atteindre le coeur et les plaies . Marqué par la laideur dès la naissance, reconnu par un père aristocrate qui meurt à la guerre, il est rejeté par sa famille paternelle qui le déshérite. Il endosse un nouveau nom au remariage de sa mère. Tiraillé entre deux identités, il se marie grâce au jeu de séduction que son ami René a mené auprès de France. Elle espérait René elle aura Paul-Antoine. Il s'engage et part en Algérie, ce sera une sale guerre pour lui. La naissance de sa fille ne le rapproche pas de sa femme qui met un doute sur sa paternité. le divorce s'impose. L'alcool le marginalise. René, fidèle et dévoué , joue de ses relations familiales pour l'intégrer dans les bureaux ministériels. Un second mariage l'intègre à la bonne société , mais il a un double langage, une double vie. Paul-Armand Delaunay de Coutainville est mis à nu, dépouillé d'une double personnalité. Paul-Armand rebondit grâce aux relations politiques, appuis et aisance financière lui assurent une fin de carrière et de vie « respectée ». le style fluide et incisif pigmente une satire sociale sans concession et dépeint efficacement un personnage caméléon .
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Si l'on regarde passer dans une rue de Versailles, Paul-Armand, le héros de ce roman, on voit un homme sûr de son statut, à la mine pas vraiment attirante, avec à son bras une dame bien mise, portant vraisemblablement tous les codes vestimentaires de cette bourgeoisie locale suffisante. Leur fille, après des études dans une bonne institution privée, vient de donner naissance à un héritier mâle, permettant ainsi de sauver leur patrimoine des griffes de l'état. Fréquentant l'église de leur quartier huppé, on les imagine bien manifestant contre le mariage gay, et totalement investis dans les fêtes de charité que les gens nantis organisent pour s'assurer, à défaut d'une vraie empathie pour la pauvreté pas vraiment ambiante, un place au paradis.
Tout l'art du roman de Caroline Pascal est de démonter, de gratter, d'enlever le vernis de cette belle image. Car si Paul-Armand est bien cet homme au port guindé et coincé, à la suffisance indéniable, le chemin a été long pour y arriver. le parcours on ne peut plus cahotique de cet homme, est raconté à rebours, d'aujourd'hui jusqu'à sa naissance . Car Paul-Armand s'est créé un personnage. Il a du batailler ferme entre sa laideur de naissance, assez repoussante, ses deux mariages, l'emprise de la boisson, son manque de père, la mort subite de sa mère et sa bâtardise.
On pourra trouver ce procédé narratif inutile, voire difficilement accrocheur au début, mais très vite, il apparaît comme évident. En remontant le fil du temps, on enlève ainsi toutes les couches successives qui ont permis à cet homme de se construire, découvrant ainsi, petit à petit, une vérité enfouie au plus profond de lui.
Portrait assez cinglant de cette bourgeoisie versaillaise, sûre d'elle et cynique, camouflant de moches secrets derrière les lambris dorés des beaux appartements, "L'envers d'une vie" est également une fresque historique sur une génération d'après guerre, ébranlée et bouleversée par des changements qu'elle refuse de voir comme inéluctables.
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Opération Masse Critique :
"- À peine soixante-dix ans, c'est pas bien vieux quand même pour partir...
- tu m'diras, la vie ne l'a pas épargné...
- Et cette laideur, faut bien reconnaître que...
- Oui, sûrement pas facile tous les jours...
- Et pourtant, pas du genre à pleurer sur son sort...
- C'est le moins qu'on puisse dire...
- Grand chrétien...
- Un exemple, j'vous dis !"

Paul-Armand a un double nom, un double prénom, il oscille de l'un à l'autre, selon l'heure de la journée, selon l'humeur, selon l'interlocuteur, ballotté de trait d'union en particule, soumis à une double vie, à tromper les gens, autour de lui, à se tromper lui-même. Coups (doubles) d'un soir, être divisé, père, ou pas, beau-père, douleur entière, il titube entre ivresse et sobriété, entre Versailles et Valenseulles, entre une femme qui ne l'aime plus et l'autre qui tient à son disparu, toujours dans une demi-vie, ou une autre, jamais la sienne.

Mise en abyme, écho du chapitre à venir/de la vie passée dans celui en cours, dans celle à venir. L'histoire passée se répète à l'avance. On avance dans sa vie en remontant le temps.
Il a voulu changer les choses, changer de visage, changer de nom, sans savoir comment, au final. Il voulait partir, sans savoir d'où il venait. Il voulait refaire le monde, alors qu'il ne connaissait rien du sien, il voulait donner un nouveau souffle à la France, alors que la sienne l'en avait privée, lui donner une nouvelle identité, alors qu'il n'était pas sûr d'en avoir jamais eu une bien à lui. Il a connu le pire, il a fait au mieux, du moins avec ce qu'il avait et surtout ce qu'on ne lui avait jamais donné.

Porté par le "sirocco insurrectionnel de 62, le vent de révolte de 68, le souffle nouveau de 81", il échoue entre deux plages, il tente d'accoster près du "château de sable d'une famille fragilement recomposée", dont la reine, rose des sables éternelle, "sans passion peut-être, mais avec droiture, se donnera tout entière à lui, tout entière consacrée à le restaurer, alors qu'il était à nu, griffé, éraflé, cogné".

C'est un enfant à la recherche d'un nom perdu, qui en trouvera plusieurs, un enfant bercé par "trois sales fées" : embrouille mensonge perfidie, un enfant à qui l'on a raconté des histoires de "fantômes invivables, de morts encombrants", pour l'endormir et qu'il transmettra, malgré lui, à sa fille : "comme lui, elle ne saurait jamais vraiment".

C'est un peu l'histoire "d'un chien errant avec une gueule de bâtard"  dans un jeu de « qui » embourgeoisé
Mais la laideur la plus atroce n'est pas forcément celle qui se voit.

Je dirais, comme les autres lecteurs/trices du livre, que la plume est habile mais l'encre n'est pas indélébile : les contours de l'histoire s'estompent à vive allure et disparaîtront à ma prochaine lecture

Lien : http://www.listesratures.fr/
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Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse critique : merci à Babelio et à l'éditeur

J'ai plutôt apprécié ce livre qui plonge dans l'existence d'un homme malmené par la vie, ses déboires amoureux, son rapport complexe à la famille et à la paternité/la filiation. Mais comme le disait une précédente babelionaute, même si sa supposée laideur est souvent mise en avant dans le roman, on a du mal à comprendre comment elle peut être le déclencheur de tout ce qui lui arrive. C'est avant tout une histoire qui prend racine dans des "traumatismes" d'enfance.
Je mettrais un bémol sur la construction du livre, complètement à rebours, de la mort du héros à sa prime enfance. Cela ne me semble pas apporter quoi que ce soit à l'histoire, et gêne parfois la compréhension, puisqu'il est fait question dans les premiers chapitres de personnages ou d'événements dont on n'a pas encore eu connaissance. L'alternance passé/présent dans un roman peut être justificée, mais ce n'est pas ce dont il s'agit ici, et cette construction à rebours me semble un peu artificielle.
En conclusion, je dirais que c'est un livre qu'on lit assez facilement, le style est agréable, mais il ne s'agit pas pour autant d'un vrai coup de coeur pour moi.
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Si la 4ème de couverture met en avant la laideur de Paul-Armand comme le socle sur lequel son histoire s'établit, et bien que cette idée jalonne les 70 années que court le récit, je n'ai jamais réussi à ressentir celle-ci comme un élément décisif dans les grandes étapes de sa vie. le poids du passé de Paul-Armand se rappelle en revanche constamment, à chaque page, distinctement dans les mots, ou moins indistinctement dans l'errance, les remises en questions, les choix de Paul-Armand et, bien que l'on remonte à l'envers le cours de son existence, on sent pleinement à quel point l'absence de son père qu'il n'a pas connu et l'idée qu'il se considère comme un "bâtard" il est omniprésente. Alors comment se construire, comment apprendre à se connaître soi-même et appréhender qui l'on est, quand il manque à la naissance un des deux pieds sur lesquels se tenir debout? Caroline Pascal remonte alors le fil du temps, et l'on découvre peu à peu quel a été le parcours de cet homme que l'on vient d'enterrer, de ses dernières à ses premières amours, des apparences paisibles et rangées à la véritable détresse, l'abandon et l'absence, on remonte le cours de ses batailles et de ses capitulations. Jusqu'à apercevoir l'homme dans son ensemble, un homme qui a subi sa vie bien plus qu'il ne l'a vécue et qui tente de combler les vides de son passé avec des mensonges qui remplissent les blancs, les souffrances et les désertions.
J'ai aimé l'écriture de ce roman, sans pourtant parvenir à y entrer. Les personnages m'ont laissée plutôt froide et indifférente. Comme si je les regardais de loin, et qu'ils essayaient de prendre forme sans y parvenir. J'aurais aimé me sentir davantage impliquée, moins spectatrice. C'est peut-être l'absence du temps présent, le voyage ininterrompu dans le passé qui m'en a empêchée. de ce fait j'ai eu le sentiment de survoler l'existence des personnages et du contexte historique dans lesquels ils évoluent.
Lien : http://tracey.skyrock.com/40..
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critiques presse (2)
Lexpress
07 mai 2013
Tout l'art de L'envers d'une vie de Caroline Pascal est de démonter, de gratter, d'enlever le vernis de la belle image que s'est forgé Paul-Armand, bourgeois au port guindé et coincé, à la suffisance indéniable.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
01 mars 2013
Et Caroline Pascal d'enquêter sur les métamorphoses de ce bâtard "assoiffé de reconnaissance" [...] Mais la romancière s'y prend à rebours [...]. Un pari risqué, pourtant remporté haut la plume, élégante, incisive, habile, pour mettre à nu les blessures les plus profondes d'un homme en mal d'identité, qui fut trop souvent rejeté.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quand il quitta la chambre, à l'arrivée du médecin, il se prolongeait d'une génération et le sentait jusqu'au creux de ses os. Désormais, il aurait mal à l'oreille quand le petit aurait une otite, mal au ventre quand il passerait son examen de solfège, mal tout court quand l'enfant souffrirait. (p.25-26)
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Paul laissa traîner quelques mois d'indécision comme une vieille facture impayée. L'air de rien, il continuait de se rassurer auprès de Marie-Jeanne. L'air supérieur, il continuait de régenter sa maisonnée. (p.64)
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[la mort] Il connaissait ses ruses et ses méprises, ses triomphes et ses reculades. Cette fois-ci, il ne lutterait pas, il savait trop qu'on ne gagnait que du temps, et, à son âge, le temps ne valait rien. (p.38)
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Vidéo de Caroline Pascal
Caroline Pascal présente La femme blessée .
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