Dérangée au début par le style un peu confus, je l'ai oublié très vite en rentrant dans l'histoire belle et tragique de l'amour d'une maman pour sa fille, une adolescente dépressive.
Le livre ne donne que peu d'explications sur le suicide de Sarah, encore moins sur le suicide des adolescents en général. En revanche, il décrit admirablement comment elle s'enfonce dans une spirale de malheur et de mort, devant laquelle ceux qui l'aiment sont impuissants : sa mère, son père, son frère ne parviennent pas à soulager sa souffrance, même un peu, malgré l'amour qui les lie et les stratégies qu'ils mettent en place tour à tour, faire comme si de rien n'était, l'exhorter à aller mieux, l'écouter, la surveiller pour repousser le pire...
Forcément, on se prend à esquisser des jugements sous forme de questions 'comment ont-ils pu fêter Noël et Nouvel An normalement, exactement comme prévu, alors que Sarah avait fait quelques jours avant sa première tentative de suicide?'. Mais ces questionnements n'ont absolument aucun sens, car, comme le rappellent la maman dans le récit et les scientifiques dans la notice annexée, la dépression ne touche pas en priorité les adolescents objectivement les plus défavorisés, loin de là.
Ils n'ont pas de sens, surtout, parce qu'on sent constamment l'amour infini de la maman pour sa fille, allant même presque jusqu'à lui donner le droit de mourir, si vraiment c'est pour elle la seule solution. Cet amour inconditionnel, associé à une incompréhension totale de ce qui ne va pas, et évidemment à beaucoup d'angoisse et de culpabilité, est très émouvant.
Fort et triste, le livre est aussi dérangeant, car il montre comment un proche peut sombrer juste à côté de notre amour, sans qu'on puisse véritablement l'aider.
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Peut-être vous demanderez-vous comment on peut mettre 5 étoiles à un livre racontant le suicide d'une jeune femme? Je me propose de vous l'expliquer....
C'est un livre on ne peut plus marquant.... Une mère raconte la vie de sa fille, les divers événements qui la jalonnent jusqu'au terrible dénouement. Elle tente ainsi de trouver une explication au suicide de sa fille Sarah, jeune femme vivante ne manquant de rien (ni amour familial, ni argent, ni beauté...).
Pour moi, cette oeuvre est surtout un hommage d'une mère à sa fille. C'est un livre vraiment poignant, très émouvant. Plus on avance dans la lecture, plus on comprend que la fin est inéluctable. La maman offre à sa fille le plus beau cadeau qu'elle pouvait lui donner : le droit de mourir. Ce passage m'a vraiment fait pleurer. Il faut vraiment avoir lu tout depuis le début pour comprendre ce que la mère peut ressentir, et pourquoi elle finit par accepter le désir de mort de Sarah.
Son témoignage avait également pour but, je pense, d'aider les autres parents se trouvant dans cette situation à déculpabiliser : la famille a beau tout faire, dépenser des trésors d'imagination pour faire aimer la vie, montrer tout l'amour qu'elle porte à la personne dépressive : rien n'y fait.
A toutes les personnes avec lesquelles j'aborde le sujet du suicide, je conseille inévitablement ce livre. Il apporte un éclairage nouveau, déculpabilisant, aimant.
Je ne suis habituellement pas amatrice de témoignages et autres autobiographies. Mais on ne peut qu'être subjugué par cette histoire d'amour. Tout simplement bouleversant de vérité, d'émotions : inoubliable!
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Poignant témoignage de cette maman qui aura tout fait pour que sa fille choisisse la vie plutôt que la mort..
En étant moi même maman,je me suis demandée à plusieurs reprises comment réussir à accepter que son enfant qui n'est qu'au début de sa vie, ne voit dans celle-ci que souffrances et n'est plus qu'une seule idée en-tête " en finir ". comment imaginer "survivre"à son enfant ?
On suit cette famille désemparée dans son parcours médical, avec leurs espoirs, leurs doutes, les joies et les peines.
On se dit souvent que ça n'arrive qu'aux autres, que pour que certaines personnes en arrivent à ces extrêmes, il y a forcément des "raisons" graves.
Et pourtant...
Sarah était une jeune fille joyeuse et entourée par les siens, alors comment un "simple " déménagement a t-il pu lui faire perdre tout envie de vivre ?
On se rend compte que même les professionnels de santé restent parfois démunis face à ce mal, que parfois malgré toute l'aide familiale et médicale possible l'issue est tragique
Ce qui est sur c'est que Sarah et sa famille resteront longtemps dans ma mémoire.
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On est souvent malheureux à force de rêver à une autre vie. Il faudrait lutter contre soi-même pour faire taire ce double qui nous regarde et nous juge.
Le réel ne se construit-il pas à partir de l'imaginaire?
On rêve à l'amour sublime, à un monde parfait Mais la vraie vie n'est pas cette irréalité, même si rêver nous aide à trouver notre équilibre.
Parfois j'ai l'impression que c'est ce que crie Sarah, la volonté que la vie soit un rêve. Et si elle n'avait pas tort?
Le quotidien que nous avons laissé à nos enfants, à l'aube du XXIè siècle, est parfois si morose...Ne sommes nous pas tous coupables, nous adultes, de nous contenter de ce monde si peu enchanté, si hypocrite, si féroce?
J'ai ouvert son bureau. J'ai repris ses cahiers d'école abandonnés en pleine année scolaire. Il y restait de grandes pages blanches. De ma douloureuse plume, j'ai fait revivre les lignes désertiques du temps qui s'arrête pour vous raconter son histoire, mon histoire, notre histoire.
"On est souvent malheureux à force de rêver à une autre vie. Il faudrait lutter contre soi-même pour faire taire ce double qui nous regarde et nous juge. Le réel ne construit-il pas à partir de l'imaginaire ? On rêve à l'amour sublime, à un monde parfait. Mais la vraie vie n'est pas cette réalité, même si rêver nous aide à trouver notre équilibre."
Un des plus grands défis de l’existence est d’accepter les gens tels qu’ils sont réellement.
Interview d'Agnès FAVRE sur son livre "L'Envol de Sarah, Ma fille : sa vie, son suicide" sur France 2 au 13 H le Lundi 5 février 2007